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 Reine de Java, noire Chasseresse † Jezabell Lorena Zucchero

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Thanatos
Lycan
Thanatos

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MessageSujet: Reine de Java, noire Chasseresse † Jezabell Lorena Zucchero   Reine de Java, noire Chasseresse † Jezabell Lorena Zucchero EmptyMer 18 Aoû - 21:15

    La fatigue finit toujours par abattre un être. Le corps tout autant que l'esprit ont besoin de se reposer d'un périple plus ou moins difficile que représente une simple journée ; pourtant Thanatos n'éprouvait pas nécessairement ce besoin. Il se levait plus ou moins tôt et cette journée n'avait pas fait exception à la règle, la Mort s'était extirpée de son linceul au moment même où les rayons du soleil avait caressé sa peau. Une journée qui avait été des plus banales au moins pour ce qui est de la matinée. Le monstre n'avait eu aucun accrochage ou aucun évènement susceptible d'attirer son attention. Pour ce qui était de l'après-midi, la chose avait été différent. Comme il aimait à le faire, Thanatos avait participé à une sorte de combat de rue organisé à l'abri des regards indiscrets. Il affectionnait tout particulièrement ces rings improvisés matérialisés par une simple marque blanche au sol, faite à la craie. Un cercle de trois mètres de diamètre qui éliminait quiconque venait à sortir de là. Ces combats avaient lieu dans des entrepôts abandonnés loin du centre ville, des paris se faisaient et bien entendus, Thanatos était pour le moins connu là-bas.

    Le monstre ne se lassait jamais du silence qui régnait un court instant lorsque sa silhouette se dessinait dans l'entrée de l'entrepôt. Un silence très léger mais tout de même, on respectait l'entrée de la bête, et les avis étaient mitigés quant à ses talents. Personne ne savait qu'il était Lycan, sauf peut-être les autres monstres qui, comme lui, s'amusaient à se mesurer entre eux. On le prenait pour un mastodonte, son nom résonnait parfois dans la salle et même si on ne savait pas quelle en était son origine, on savait le principal : il était la Mort. Certains l'appréciaient et ne venaient que pour lui : s'il ne participait pas aux combats, alors les hommes ne pariaient pas. Bizarrement, les chiffres augmentaient quand le monstre de deux mètres de haut était présent. Ses adversaires étaient divers et variés, mais humains pour la plupart. Qu'importe qu'ils ne soient alors que des tas de graisse ne comptant que sur leur poids pour l'écraser, ou de fins athlètes body-buildés prétentieux au possible. Thanatos était en mesure de les démolir en quelques violents coups de poings. D'autres cependant ne l'aimaient pas, et lorsqu'ils le voyaient arriver, ils geignaient ou râlaient ouvertement parce que leur favori allait être renversé. De ces détails, le Lycan n'avait que faire, tout ce qui lui importait, c'était de se battre, se défouler, et bien entendu, gagner.

    Rien ne se fait gratuitement en ce monde, pour son plus grand bonheur d'ailleurs. Ainsi donc le monstre participait à ces combats et plus il gagnait de matchs, plus il gagnait d'argent. Ce jour-ci, il ne put en faire que trois ; le temps étant relativement mauvais, très peu de personnes avaient fait le déplacement jusqu'aux entrepôts situés dans la zone la moins fréquentée de la ville. Les combats s'étaient succédés mais Thanatos n'avait pas eu grand mal à y mettre fin rapidement. Son poing s'abattait brutalement sur des mâchoires fragiles, incitant le vaincu à cracher une flopée de sang au sol ; ou encore dans des ventres trop peu musclés pour arrêter sa poigne. Cc'est avec une liasse de billets dans la poche intérieur droite de sa veste que la Mort sortait du bâtiment grisâtre, retournant près des quartiers plus glorieux de cette ville. Le ciel menaçait et il était d'un gris orageux, bien noir par endroit. A l'horizon déjà, le monstre entendait l'orage grondant arriver lentement, recouvrant les sols d'une pluie diluvienne et zébrant l'air de décharges électriques.

    Les yeux du monstre se plissèrent faiblement vers cet horizon menaçant alors qu'un vent frais parcourait maintenant la ville. Le monstre accéléra le pas et regagna ses appartements où il rangea les billets dans leur cachette habituelle. Il alla ensuite récupérer sa cimeterre qu'il attacha à sa ceinture avant de partir peu après. Un passage rapide, pourtant en si peu de temps, les nuages s'étaient déjà rapprochés, et le temps qu'il atteigne la périphérie de la ville, ils étaient presque à portée, les grondements du tonnerre étant même audibles pour les humains. Thanatos marcha d'abord lentement au sein de la plaine, jetant quelques derniers regards furtifs à la ville qui disparaissaient bien lentement dans son dos. Lorsqu'il estima être suffisamment loin, l'homme se mit à courir d'abord lentement, puis plus vite, augmentant sans cesse sa vitesse de façon progressive. A cet instant, le Lycan qui était en lui aurait pu surgir, toutefois il n'était pas encore assez tard. Alors même qu'il était caché par les sombres nuages, le Soleil était encore présent pour quelques minutes. Le monstre n'avait qu'une poignée de secondes à attendre avant de pouvoir enfin se libérer. Le souffle ardent de l'homme se heurtait à l'air frais de ce début de nuit, depuis un moment maintenant il avait dépassé les fermes abritant de bien beaux morceaux de viande ; il arrivait maintenant à hauteur des ruines qui pourtant, ne furent pas en mesure de l'arrêter. Les muscles de la bête refusaient de se stopper et les foulées s'enchaînaient jusqu'à ce qu'il rejoigne enfin la majestueuse forêt.

    La Mort s'enfonça un peu plus dans la forêt avant de s'accorder un peu de repos. Un sourire en coin étirait les lèvres du monstre alors qu'il reprenait bruyamment son souffle en observant les alentours. Une succession d'arbres majestueux et un silence inquiétant. Les Loups étaient de sortie, et les proies se méfiaient, d'où le silence presque pesant de la forêt. Pourtant c'était ce genre de moments que le Lycan aimait tout particulièrement, ce qui lui aurait fallu en plus était un brin de brume recouvrant le sol bosselé de la forêt. Maintenant que son cœur avait reprit un rythme normal et que son souffle était devenu plus régulier, Thanatos reprenait sa marche macabre au sein du paysage. Il arriva jusqu'à un arbre mort tenant encore debout, car profondément enraciné dans le sol ; pourtant, en cognant son torse immaculé, seul le vide était en mesure de répondre. C'était tout ce qu'il fallait à l'homme. Il retira son arme de sa ceinture avant de la défaire elle aussi. Le pantalon du monstre ne tenait ainsi plus que légèrement, néanmoins il demeurait à une hauteur respectable. Tel un rituel auquel il ne pouvait déroger : le Lycan enroula sa ceinture de tissus autour du manche de l'arme avant de se hisser à l'arbre mort. Non sans mal, il parvint à trouver un trou déchirant l'écorce robuste du chaîne centenaire dans lequel il glissa habilement son arme. Peu après ses pieds se heurtaient de nouveau au sol pour le moins brutalement ; jamais pourtant, sa silhouette ne chancela. Le regard vif du monstre parcourut rapidement les alentours, puis il se décida à retirer sa veste alors qu'un vent glacial venait caresser sa peau. Pas l'ombre d'un frisson ne le parcourut, pourtant il s'arrêta net. Ce Zéphyr agréable avait apporté avec lui, une odeur des plus enivrantes, une odeur pourtant, qui ne lui disait strictement rien.

    Cette fragrance était, sans nul doute, bien trop délicate pour qu'il s'agisse là d'un congénère quelconque. Alors, qui était-ce ?
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Jezabell L. Zucchero
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MessageSujet: Re: Reine de Java, noire Chasseresse † Jezabell Lorena Zucchero   Reine de Java, noire Chasseresse † Jezabell Lorena Zucchero EmptyJeu 2 Sep - 22:45

___L’obscurité venait à peine de recouvrir les terres que, tel un automate, deux orbes d’un noir abîme s’ouvrèrent avec lenteur. La nuit sonnait et le prédateur s’éveillait, dicté par son instinct nocturne. Sans faire preuve d’une quelconque vitesse, la Vampire se redressa avec grâce sur son lit. Aucune expression ne défilait sur son visage, si ce n’était celle de la lassitude. Une nuit nouvelle à son inlassable panel. Une question subsistait pourtant dans son esprit, particulièrement ridicule mais qui avait son importance aux yeux de la jeune femme. Avait-elle réellement dormi ? Elle ne saurait le dire. L’impression qu’elle ressentait semblait vouloir lui faire croire le contraire mais la belle arrêta de s’en formaliser. Machinalement, mais toujours d’une souplesse incroyable dans ses mouvements, Jezabell s’extirpa de ses draps et posa délicatement ses deux pieds nus sur le sol de pierre glacé. L’effet du froid ne l’atteignit pourtant pas. Attrapant un léger peignoir de soie noir et traversant lentement sa chambre, l’Originelle se présenta devant sa garde robe aux multiples et fines décorations incrustées dans le bois de couleur brun noir. Elle saisit les deux poignets et ouvrit les deux portes en se mettant directement à observer et examiner ses innombrables tenues, toujours avec un air las. En fait, la Vampire opta pour ne pas se casser la tête et dirigea sa main vers l’une de ses robes également de soie en corset. Celle-ci était aussi sombre que le bois de son armoire. Elle aimait se faire discrète et les choses hautes en couleurs ne l’intéressaient pas, les seules fois où elle se permettait ces extravagances, c’était pour servir de modèle à sa meilleure amie, mais pour le reste, c’était perdu d’avance.

___Rebroussant chemin jusqu’à son lit, Jezabell y déposa la précieuse robe avant de se dévêtir, laissant glisser le peignoir le long de sa silhouette élancée, dévoilant ainsi une peau parfaitement lisse et blanche. Le vêtement vint s’écraser au sol alors que la Vampire s’affairait déjà à enfiler le reste, ajustant comme il se devait le corset et passant une main experte sur le bas de sa robe, dont la fin cachait ses pieds encore nus et traînait un peu derrière elle. Demeurer avec ses pieds dévêtus ne la dérangeait pas plus que ça, tant qu’elle restait à l’intérieur des ruines. Pour le reste, elle préférait tout de même porter de simples ballerines toutes noires, tant que ça restait également discret, et c’est ce qu’elle alla ajouter, juste après avoir passé délicatement ses mains dans ses longs cheveux noirs, qui descendaient telle une cascade sur ses épaules et sur une partie de son dos. Tout ceci se passa dans un silence le plus complet, une chose que la jeune femme savourait toujours avec un plaisir certain. Mais son monde de silence, malgré la nuit tombée, s’évanouirait dès qu’elle aurait franchi la sortie des ruines. L’Originelle se retrouverait alors accablée des moindres petits bruits provenant de son entourage, pour son plus grand malheur. Un léger soupir finit par franchir le barrage de ses fines lèvres rosées. Il fallait qu’elle sorte.

___D’une démarche lente mais également assurée, Jezabell quitta sa chambre et traversa le dédale de couloirs du deuxième sous-sol. Elle les connaissait par cœur, à force de les avoir arpenté, il était difficile pour elle de s’y perdre, malgré les nombreuses issues condamnées, plus jamais elle ne venait à se tromper, quitte à les parcourir les yeux bandés… D’ailleurs, la jeune femme arriva bientôt à la sortie, l’air frais de la nuit qu’elle commença à humer ne la trompait pas. Quelques pas en plus et elle la franchit. Comme la Vampire l’avait prédit, ses oreilles furent assaillies de toute la cacophonie de la nuit, allant du bruit le plus audible pour l’oreille humaine, jusqu’à la perception du plus infime son qu’elle pouvait entendre. C’était cauchemardesque. Une ride de mécontentement se dessina sur son front lisse. L’Originelle passa deux doigts sur l’une de ses tempes en fermant quelques secondes les yeux. Un maigre soupir passa à nouveau le barrage de ses lèvres avant que Jezabell rouvre les yeux. Elle était fin prête.

___La Vampire laissa retomber sa main et se mit à scruter l’horizon, observant le moindre mouvement perceptible. Il n’y avait, à l’heure actuelle, aucune agitation qui avait le mérite de retenir son attention, ni même une quelconque proie qu’elle pourrait traquer une fois que sa faim s’éveillerait. En d’autres termes, il n’y avait rien à faire. Etonnant. Peut-être trouverait-elle plus de choses intéressantes du côté de la forêt. C’est donc tout naturellement et dans des gestes remplis de souplesse qu’elle tourna les talons pour prendre son cap vers la sylve avoisinant les ruines. Pendant son trajet, ses sens demeurèrent en alerte, au cas où elle ferait une rencontre indésirable. Grâce à cela, un mouvement furtif et plus loin d’elle n’échappa pas à son ouïe. Il était rapide, très même. L’individu semblait courir à en perdre haleine. Pourtant, sa course ne ressemblait pas à celle d’un animal en détresse, tentant d’échapper à une mort certaine. Non, cette course respirait la liberté, la hâte de quelque chose… mais de quoi ? Ca, la Vampire ne le découvrirait que si elle prenait l’initiative de suivre ces pas pressés, et avec sa curiosité piquée au vif, tout en considérant que c’était la seule chose intéressante qu’elle avait pu repérer depuis qu’elle avait quitté les ruines, Jezabell décida de poursuivre l’inconnu à pas feutrés.

___Il ne s’arrêta que quelques minutes plus tard, au beau milieu de la forêt. La jeune femme ne pouvait pas encore décrire l’endroit exact où il s’était posé, désireuse de garder une certaine distance entre les deux êtres pour le moment. Seulement, tout le monde ne l’entendait pas de cette oreille, et en particulier la brise. Bousculée par la symphonie des sons et l’arrivée soudaine de l’étranger, la Vampire n’avait pas remarqué qu’elle s’était mise de manière à envoyer sa présence vers l’inconnu. Elle ne s’en rendit compte que lorsque le vent effleura sa peau de neige en faisant soulever délicieusement ses cheveux. Elle était du mauvais sens et donnait ainsi l’honneur et le privilège à son antagoniste de pouvoir flairer sa présence. L’idiote. Jezabell serra très légèrement les poings et crispa sa mâchoire avant de se re-détendre. Bien, il n’y avait plus vraiment de raison de dissimuler sa présence, le vent s’était chargé de la dévoiler. Se frayant un passage parmi la végétation, elle prit néanmoins son temps avant de se montrer, profitant de cette légère occasion pour commencer à observer l’individu qui se dessinait devant elle. Un jeune homme se tenait près d’un arbre mort, se déshabillant minutieusement. Il fit preuve d’une agilité hors du commun pour aller soigneusement cacher son arme dans un trou parasitant l’écorce vieillie de l’arbre centenaire, avant de lourdement retomber au sol. Ce petit manège affirma les pensées qu’elle s’était faite sur l’étranger depuis qu’elle l’avait repéré. Il n’était pas humain et si le vent n’avait pas été contre elle, Jezabell aurait probablement déjà deviné précisément la race de celui-ci. Mais ses années d’espionnage n’étaient pas que de la poussière et elle avait apprit depuis longtemps à reconnaître les attitudes qu’adoptaient ceux de sa race, et ceux qui demeuraient ses ennemis. En conséquence de quoi elle pouvait affirmer que le jeune homme était sans nul doute un Lycan. L’option d’un Loup Originel ne lui effleura même pas l’esprit. Pourquoi ? Il faisait nuit, et la lune n’affichait pas un cercle parfait, les Originels ne pouvaient donc pas prendre leur forme humaine.

___Son visage dessina un instant un léger sourire au coin, pendant que ses yeux changeaient légèrement de teinte pour virer sur une nuance pourpre. Non, elle n’avait pas faim, mais rencontrer un Lycan, quoi de plus excitant ? D’ailleurs, Jezabell le vit parcourir l’endroit d’un regard vif, avant d’enlever sa veste. Mais il se stoppa net dès que le vent se releva, emportant encore une fois son odeur vers l’inconnu. Bien, il était temps de se montrer alors. Gracieusement, elle se retira de l’endroit qui la cachait encore, pour entamer son approche, caressant du bout des doigts les feuilles pendantes des quelques buissons qui se trouvaient près d’elle. La couleur de sa peau, en plus d’être reflétée par la luminosité de l’astre de la nuit, contrastait davantage avec le pénombre qui l’entourait, lui donnant l’allure d’une créature tout droit sorti d’ailleurs, que ce soit d’un rêve… ou d’un cauchemar. Pour un pauvre petit humain, elle n’aurait été qu’un rapide songe, qui se serait empressé de lui retirer lentement et délicatement la vie. Mais ici, le cas était différent.

___Au plus elle se rapprochait, au plus elle pouvait continuer de mieux observer le Lycan. Tout comme ceux de sa race qui se respectent, il était doté d’une musculature impressionnante, il est vrai que face à lui, l’Originelle n’était qu’une petite chose frêle et délicate… En apparence du moins. La Vampire se doutait bien que si ce jeune homme se trouvait ici, c’était pour prendre délibérément sa forme de monstre, sinon pourquoi se serait-il ainsi reculé de toute civilisation ? Elle devait se l’avouer que si cette chose se produisait, ce serait la première fois qu’elle y assisterait, n’ayant jamais éprouvé le désir de côtoyer de près les individus de cette espèce, et il y avait dans ceci quelque chose d’excitant…

___Jugeant qu’elle s’était suffisamment rapprochée du Lycan, Jezabell s’arrêta, en gardant le silence. Son examen sur le monstre n’était pas encore terminé alors, parler ne lui serait d’aucun intérêt, elle préférait d’abord se faire son propre CV sur les gens qu’elles rencontraient et pour ça, ses talents d’espionne lui étaient très utiles. Après peut-être, une conversation pouvait être engagée… S’il y avait possibilité de discuter.
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MessageSujet: Re: Reine de Java, noire Chasseresse † Jezabell Lorena Zucchero   Reine de Java, noire Chasseresse † Jezabell Lorena Zucchero EmptyDim 5 Sep - 13:07

    Le monstre s'était immobilisé, et pour cause : une fragrance délicate, attirante, sensuelle, avait pris possession de l'espace qu'il occupait. Un parfum si délicat que le Lycan avait cru comprendre qu'il ne s'agissait pas là de l'un de ses congénères, qu'importe son rang dans la meute. Le monstre avait cessé tout mouvement et il se contentait dès lors, d'observer les moindres recoins. Tout était inexorablement silencieux et immobile, le vent ne faisait plus vibrer les feuilles des arbres et des buissons, le temps semblait s'être arrêté. Pourtant une silhouette se dégagea parmi les arbres hiératiques. Une silhouette aux courbes féminines et au charme vampirique. Elle avait une peau si pâle que même la pénombre de la forêt ne suffisait pas à la dissimuler. Plutôt fine, la vampire en question était enveloppée dans une robe élégante de couleur sombre, si longue qu'elle cachait ses pieds et trainait sur le sol. Thanatos pouvait voir qu'elle avait de longs cheveux détachés, eux également, étaient aussi sombres que sa silhouette et ses vêtements. Quant à son regard. Le Lycan n'y voyait que du vide tant il était noir, malgré cela, une faible lueur l'animait. La faim peut-être.

    Comme si elle se méfiait de l'animal sauvage face à elle, la vampire avançait lentement. Ses doigts venaient à s'égarer de temps à autre sur les feuilles malchanceuses de quelques buissons. Puis, lorsqu'elle s'estima être à une distance raisonnable, la vampire cessa tout mouvement et reprit son immobilisme passé. A cet instant, le monstre attendait une parole, ne serait-ce qu'un mot visant à l'énerver plus qu'il ne l'était déjà, il attendait une provocation de sa part. En bref : une bassesse quelconque. Elle n'en fit rien et ne fit que garder le silence, ce qui amena un grondement sourd aux lèvres du monstre. Le silence était quelque chose qu'il pouvait apprécier. Toutefois, ce n'était pas le cas lorsqu'il était présent alors qu'il n'était pas seul. Actuellement, le mutisme de son interlocutrice, si on pouvait l'appeler ainsi, l'agaçait plus qu'autre chose. La moindre des choses aurait été de lui lancer au moins un mot, après tout, elle le dérangeait dans son environnement. D'ailleurs, que venait-elle faire sur la terre des loups ? A croire que les vampires n'avaient pas assez des ruines et de la ville pour chasser.

    Dans une pareille situation, Thanatos ne trouva pas mieux à faire que de l'imiter. Parfaitement immobile, silencieux, il se contentait de la mesurer et tentait d'en apprendre plus sur elle. Elle avait une prestance et un charisme que n'importe quel autre vampire ne pouvait avoir. Ce détail, et son insolence naturelle lui laissait penser qu'elle était Originelle. Le simple fait qu'elle soit venue à sa rencontre sans se méfier plus que cela lui insufflait cette idée. Par ailleurs, elle ne semblait même pas être sur sa défensive, par conséquent elle devait être confiante, et pour être confiant face à un Lycan, sans doute fallait-il être d'un rang supérieur, faute de savoir l'âge qu'il avait. Soit, par pure précaution, il estimait qu'elle était Originelle. Nouveau grondement alors qu'il se détournait de sa silhouette, reportant son attention sur la veste qu'il tenait encore dans ses mains. Originelle ou pas. Vampire ou non, elle l'empêchait de se transformer comme il avait prévu de le faire. Puisqu'elle était une créature comme lui, le fait qu'il se transforme ou non sous ses yeux n'avait que peu d'importance, pourtant il n'arrivait pas à s'y convaincre. Sa simple présence était gênante pour lui.

    Thanatos ne put alors empêcher un grondement continu de ronronner bruyamment dans sa gorge tandis qu'il pliait sa veste pour la poser au pied de l'arbre devant lui. Le son grave qui, jusque là, brisait continuellement le silence qui ne demandait qu'à se rétablir, se tût enfin. Le monstre adressa un bref regard en coin à la vampire avant de soupirer : elle n'avait pas bougé, ou si elle l'avait fait, c'était infime. Quoiqu'il en soit, elle était encore là. A ce rythme, le Lycan ne serait pas en mesure de se transformer avant que le jour ne se lève à nouveau, ce qui l'en empêcherait donc nécessairement. La vampire serait susceptible de partir avant cet évènement fatidique, ne serait-ce que pour chasser... A moins qu'elle ait la prétention de croire que Thanatos serait sa proie. C'en était trop. Le monstre avait besoin de se libérer, car, si chaque jour il était capable de se lever, c'est bien parce qu'il savait que le soir venu, il redeviendrait lui-même. Le monstre retira ses chaussures alors que ses poings se serraient, laissant apparaitre de longues veines regorgeant d'un sang brûlant d'ardeur. Les muscles du monstre étaient contractés à leur maximum et sa peau se voyait malmenée : tendue, de fins lambeaux retenaient les membres entre eux. L'expression de Thanatos lors de sa transformation n'était pas différente de l'ordinaire, ses lèvres n'en demeuraient que plus closes et ses sourcils, plus froncés. La musculature du Lycan gonfla progressivement alors que ses membres se transformaient, de même, son visage subissait quelques modifications. Ses cheveux s'assombrirent considérablement, le bleu anormal se teinta d'un brun obscur et une crinière longea la nuque, puis la colonne vertébrale de l'individu.

    Peu à peu, la peau du monstre changea également de couleur avant d'être recouverte d'innombrables poils noirs. Un bruyant râle fut poussé par la bête tandis que l'une de ses lourdes pattes venait s'écraser contre l'arbre face à lui. Un appui nécessaire après cette transformation éprouvante bien qu'agréable, pourtant, bien qu'enraciné, l'appui en question vibra sous la forte poigne du monstre. Les pattes avants de ce dernier étaient semblables à celles des humains bien que plus grandes, plus sombres et bien plus griffues. La silhouette maintenant disproportionnée de la bête était calme pour le moment, elle se contentait d'aller et venir lentement car la reprise d'un souffle convenable était nécessaire. Pourtant lorsque le démon au pelage noir reprit ses esprits, un grondement s'échappa de sa gorge par automatisme. En dépit du changement de gabarits du monstre, le pantalon était resté et le monstre n'était pas patient au point de le retirer en toute délicatesse. Le morceau de tissus subit plusieurs déchirures avant de se retrouver au sol, aux côtés d'une veste encore bien pliée. Soudainement, le simple feulement de la bête prenait de grandes ampleurs. Ses mâchoires étaient bien plus dessinées encore, et un froncement imperceptible du museau laissait voir une rangée de crocs impressionnants, tous taillées pour déchiqueter la chair en une seule bouchée.

    A nouveau, il prit appui sur l'arbre pour se redresser. Si ses muscles avaient au moins doublés de volume, sa taille n'était pas restée la même non plus et le mastodonte était imposant lorsqu'il se tenait droit sur ses pattes arrières. Fouettant l'air vigoureusement, sa queue avait profité de la chute du pantalon pour se libérer de l'étreinte du tissus. Maintenant, il était libéré, ou presque. L'œil vif du monstre se porta sur la vampire non loin et tout naturellement, ses babines se rétractèrent. D'ordinaire, le Lycan n'avait rien contre les vampires, même ici d'ailleurs, il ne cherchait pas à tuer la femelle qui se trouvait être face à lui. Pourtant il ne pouvait s'empêcher de grogner face à un quelconque individu lorsqu'il se transformait. Elle aurait été louve, le résultat aurait été semblable quoiqu'un peu plus discret peut-être. Thanatos bifurqua sur lui-même pour être face à la vampire et lentement, ses lourdes pattes arrières s'actionnèrent pour se heurter brutalement au sol. Même si ses foulées étaient immenses, il ne marchait pas rapidement, bien au contraire. Il s'approchait, mais restait méfiant. Elle avait beau ne pas avoir d'attitude hostile envers lui, il ne préférait pas terminer cette rencontre en un combat sanglant. Après tout, il n'avait aucun intérêt à se battre contre elle : aucun contrat n'était posé sur sa tête, pour le moment.

    L'immense silhouette chancela et les longs bras du monstre se posèrent à leur tour sur le sol. Rares étaient les fois où il se trouvait être à quatre pattes. Le monstre continua de s'approcher de la vampire et il réduisit ainsi à rien, ou presque, la distance qui les séparait peu avant. Sa respiration était plus calme et bien que d'un naturel fougueux, nerveux et agressif, il ne ressentait pas encore le besoin de la décapiter d'un simple revers de patte. Ainsi proche, le parfum de la vampire lui parvenait encore plus facilement, et maintenant qu'il était transformé, il y trouvait davantage de nuances, encore plus agréables. Pourtant elle était vampire, et ce même parfum devrait le débecter. Fléchissant un tantinet ses cuisses, le Lycan se redressa à nouveau face à elle. Il lui était sans nul doute inférieur, puisqu'elle était Originelle, mais au moins de par sa taille, il pouvait la regarder de haut. Les yeux du monstre se plissèrent et cette montagne de muscles s'inclina alors un peu pour être à portée de la vampire. Un souffle brûlant fut échappé tandis que sa gueule s'entrouvrait un peu, laissant entendre une voix caverneuse, faiblement voilée.

    ' Que me veux-tu, vampire... ? '
    Tout allait dépendre d'elle. De sa réponse. De ses agissements.
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Jezabell L. Zucchero
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MessageSujet: Re: Reine de Java, noire Chasseresse † Jezabell Lorena Zucchero   Reine de Java, noire Chasseresse † Jezabell Lorena Zucchero EmptyDim 26 Sep - 3:05

___Dès lors, le Colosse avait préféré retenir tout mouvement, se contentant en vain d’explorer chaque coin qu’il pouvait. Même le temps semblait s’être arrêté pendant une minute, minute qui prenait des allures interminables, comprenant peut-être que ce moment était délicat pour les deux créatures. Jusqu’au moment où il l’avait enfin repérée, émergeant des arbres probablement centenaires. Il ne pouvait la rater, elle contrastait tellement avec le reste de l’environnement, pour son plus grand plaisir d’ailleurs. La Vampire le savait en train de l’observer de la tête aux pieds, elle sentait son regard parcourir sa silhouette. Le Monstre la découvrait de la même manière qu’elle l’avait fait précédemment. D’ailleurs, un grondement sourd finit par se faire entendre, prenant sa source dans la gorge du Lycan en face d’elle. Il était frustré, frustré de son mutisme probablement. Sans doute aurait-il préféré l’entendre prononcer quelques mots, ne fut-ce qu’un seul, positif ou négatif, de quoi l’énerver ou pas mais Jezabell n’en fit rien. Suite à cela, le Lycan ne trouva pas mieux que de l’imiter, s’enfermant à son tour dans un mutisme certain, continuant de la regarder pour pouvoir mieux en savoir à son sujet. Sans mot, Jezabell le laissa continuer ses hypothèses, après tout, cela éviterait des présentations trop longues, enfin si présentations il y allait en avoir…

___Un nouveau grondement vint raisonner dans la forêt, alors que le Monstre se détournait pour reporter son attention sur sa veste qu’il tenait encore entre ses mains. Il était tel un gamin envers qui on empêchait de faire quelque chose et qui se mettait alors à bouder. Cette pensée la fit presque sourire, amusée, mais la Vampire se réprimanda aussitôt. Ce n’était pas la situation adéquate pour se permettre ceci, enfin pour le moment. De toute façon, elle eut raison de s’en empêcher, puisque le Colosse lui reporta un bref regard, sûrement pour voir si elle avait bougé, avant de lui tourner le dos à nouveau, un long grondement ronronnant au creux de sa gorge alors qu’il s’attelait à plier soigneusement sa veste, mais profondément énervé de ne pas pouvoir se laisser aller à sa guise. Sauf qu’on ne peut renier une nature si brûlante et s’il avait réellement besoin de se sentir libre, il ne saurait se retenir davantage, tout viendrait naturellement. Désirait-il la voir partir ? Sûrement. Sa présence l’importunait-il ? A coup sûr. Bougerait-elle ? Non. Sa lubie de la nuit serait de voir un Lycan prendre sa forme brute, et rien d’autre ne la ferait partir tant qu’elle n’aurait pas eu satisfaction, même si son être seul incommodait déjà bien assez le Loup. Connaissait-elle les risques face auxquels elle s’exposait ? Evidemment. Mais malgré l’âge que pouvait avoir son antagoniste, Jezabell possédait déjà une avance sur lui. Et puis, qui parlait de devoir se battre et de faire tourner au carnage cette rencontre ? Bien que l’ambiance soit tendue, aucune hostilité n’avait été déclarée…

___Contraint, le Loup finit par s’abaisser afin de retirer ses chaussures, alors que l’Originelle pouvait enfin constater les premiers changements physiques dont était victime le protagoniste. Son expression faciale, du moins ce qu’elle pouvait en deviner, ne changeait pas des masses, si ce n’était d’avoir des sourcils plus froncés. Le plus important se déroulait sur son corps. Ses muscles gonflaient, se faisant plus impressionnants, alors que ces cheveux d’un naturel bleu étrange – de nouveau, de ce qu’elle avait pu en deviner – s’assombrissaient pour devenir d’un brun terne, avant de s’étirer sur le long de son dos, épousant comme il faut la colonne vertébrale du Monstre. Bientôt, c’est tout son corps qui se retrouva couvert de ce duvet sombre, alors que, quelque peu essoufflé, le Lycan s’appuyait brutalement contre le tronc mort de l’arbre à côté de lui. En vue de tremblement dudit arbre, Jezabell se douta que la transformation devait être éprouvante, et n’échangerait pour rien au monde sa nature vampirique pour ça.

___C’était donc ainsi que les Lycans prenaient leur forme bestiale… Malgré la gêne qu’elle avait occasionnée chez le Loup, celui-ci n’avait pu résister plus longtemps, son besoin de liberté étant bien trop grand. Elle devait se l’avouer, c’était quelque chose d’assez impressionnant et rude, il suffisait de voir l’état de l’individu par la suite pour le deviner. D’ailleurs, celui-ci demeurait encore appuyé sur le pauvre arbre, tentant de retrouver une respiration correcte, sa silhouette se balançant en même temps que la reprise de son souffle. De son côté, l’Originelle n’avait pas bougé, pas une seule fois, rassasiant sa satisfaction. Elle l’avait vu se changer, elle était contente. Mais ce n’était pas suffisant, et cela n’avait pas duré aussi longtemps qu’elle se l’était imaginé. Un nouveau grognement la fit porter son regard sur la Bête, celle-ci semblait mécontente. Descendant un peu son regard, la Vampire remarqua qu’il avait oublié de retirer son dessous, dessous qui devait horriblement le serrer vu le grand changement de gabarit. Mais cette gêne fut de courte durée, puisqu’il ne tarda pas, après quelques coups de pattes, à retirer le tissu devenu lambeaux, pour ensuite se soutenir de nouveau sur le tronc mort, se redressant de plus belle sur ses pattes arrières. Une telle vue ne put que renforcer son idée, vis-à-vis de ce Monstre, la Vampire était petite.

___Pour ne pas changer, il la regarda de nouveau vivement, et c’est tout naturellement que le Lycan rétracta ses babines, un grognement s’échappant encore une fois. Elle ne pouvait pas le lui en tenir rigueur, après tout, elle violait volontairement sa bulle vitale, sa tranquillité, qui aurait sauté de joie suite à ça ? Sans doute personne. Bientôt, le Colosse bifurqua sur lui-même pour lui faire face, alors que Jezabell restait encore immobile, se contentant de le fixer sans aucune expression peinte sur le visage. Elle ne recula pas non plus quand il entama ses premières enjambées, certes lentes, mais grandes. Toutefois, il restait méfiant. Il se méfiait d’elle malgré qu’elle n’ait fait preuve d’aucune agressivité. Quoi de plus normal, leur nature les opposait en tout point et un moindre mot mal placé pouvait faire tout chuter, chacun restait donc sur la défensive – quoi que, la Vampire enracinait plutôt sur le neutre mais passons ce détail –.

___Au beau milieu de son avancée, le Lycan joignit ses pattes avants au sol, mais même à quatre pattes, Jezabell demeurait plus petite que cette montagne de muscles. Cette vision aurait de quoi effrayer le premier venu, mais ce n’était pas son cas. Il ne lui fallut pas plus que quelques secondes pour réduire à rien, ou presque, la distance qu’elle avait elle-même imposée entre leurs deux corps. Quelques simples enjambées et tout avait été effacé. Désormais, il se trouvait près d’elle, trop près, si près qu’elle pouvait sentir son souffle chaud lui parvenir jusqu’à sa peau glacée, et réciproquement, son propre parfum vampirique devait lui enivrait le sens de l’odorat. Enfin, il se stoppa, pour mieux se redresser, profitant de cet atout de grandeur pour la supplanter. Pour la première fois depuis le début de leur rencontre, l’Originelle bougea légèrement la tête pour la relever vers celle du Monstre, mais toujours aussi silencieuse. Quand celui-ci s’inclina afin d’être à sa propre portée, sa tête suivit le mouvement, s’abaissant au fur et à mesure que le Lycan le faisait. On aurait dit qu’ils se prenaient à un jeu de découverte mutuelle, bien sûr, ce n’était qu’une face et tous deux se trouvaient être sur un fil délicat, susceptible de se briser au moindre faux pas.
Et puis enfin, la première parole, engagée par le Colosse, se fit entendre, caverneuse.

« Que me veux-tu, vampire... ? »

___Que lui voulait-elle ? Théoriquement, elle l’avait déjà eu, son petit amusement de nuit. Il s’agissait sans nul doute de sa transformation.

« Je l’ai déjà eu.»

___Sa voix s’éleva à son tour, pour la première fois. Une voix envoûtante, envers laquelle on se sentirait obligé de faire confiance, si la victime n’était rien d’autre qu’un faible humain. L’observant encore une fois de face, l’Originelle finit par se reculer un peu, avant d’entamer une lente marche autour de son interlocuteur, l’observant de plus près sans toute fois l’être de trop. Mieux valait profiter de cette minime occasion pour l’étudier davantage. Elle le découvrit ainsi sous tous ses angles, globalement, et qu’ajouter de plus sur ce géant que les impressions premières qu’elle s’était déjà faite ? Revenant à sa place initiale, la Vampire plongea ses yeux abîmes dans ceux aussi sombres que les siens du Lycan, ne cherchant pas encore à y déceler quoi que ce soit.

« Et toi, que me veux-tu ? »

___C’était assez ironique quand on pense car après tout, c’était elle qui était venue empiéter sur le territoire du Loup, pas l’inverse.
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MessageSujet: Re: Reine de Java, noire Chasseresse † Jezabell Lorena Zucchero   Reine de Java, noire Chasseresse † Jezabell Lorena Zucchero EmptyVen 1 Oct - 14:23

    La vampire avait une voix mielleuse, presque envoûtante tant le ton employé était doux. Une voix de velours qui sied à ravir à une vampire telle que celle qu'il avait sous les yeux. Pourtant son attitude était à déplorer : elle aurait pu paraître séduisante, elle aurait pu jouer sur cela mais son visage demeurait fermé et presque macabre. Un visage inexpressif tel que celui qu'il montrait au quotidien. Elle lui affirmait avoir déjà eu ce qu'elle voulait. Thanatos prit cette remarque comme une provocation mais il ne fit pourtant rien, pas un commentaire, pas un geste de plus. C'est elle qui prit le soin de bouger pour la première fois : un pas en arrière, puis une ronde autour de la bête qui restait anormalement calme et silencieuse. Lorsque la vampire fut de retour à sa place initiale, elle attarda son regard dans celui du monstre avant de reprendre la parole. Ses propos incitèrent toutefois le lycan à plisser ses yeux et à surélever brièvement sa babine supérieure. Qui était-elle pour se permettre de lui poser pareille question alors même qu'elle avait elle-même pris la peine de venir à son encontre ?

    Il y avait, au fond, bon nombre de choses qu'il voulait d'elle. Mais parmi ces nombreuses éventualités, une seule était réalisable, et encore. Il avait l'impression que si, par malheur, il s'aventurait à la formuler, alors elle ferait tout pour ne pas la mettre en œuvre. Les puissantes pattes antérieures du monstre se fléchirent avant de le propulser en arrière, l'incitant ainsi à se redresser, encore, dans toute sa hauteur. Un ronronnement rauque commençait à se former au fond de sa gorge, un ronronnement loin de manifester son contentement toutefois. La bête s'apprêtait à parler, et elle l'aurait fait si une nouvelle proie potentielle ne l'avait pas distrait en cet instant. Les mâchoires du monstre se desserrèrent mais sa tête entière pivota sur sa droite pour fixer intensément la pénombre. Une fragrance légère s'emparait de l'air, masquant le parfum de la vampire, masquant jusqu'à sa présence. Le monstre l'avait, pour ainsi dire, déjà oublié et il ne se souvint d'elle que lorsqu'elle entra à nouveau dans son champ de vision. L'humain avait entièrement disparut et seule le Loup, maintenant, demeurait. Alors la violence primait, la faim également et l'agressivité aussi. Les muscles du monstre prirent un peu plus de volume tandis qu'il dévoilait ses crocs. Son poil se hérissant, il formula une nouvelle phrase encore plus sourde que la première.

    ' Je veux que tu dégages, puisque tu as eu toi-même ce que tu voulais. '
    Il aurait pu aussi la prévenir inutilement qu'elle était sur un territoire ennemi, qu'elle ne pouvait plus, dès lors, faire ce qu'elle désirait. Ainsi, suivre la bête ne lui était pas interdit mais elle devait se douter des conséquences que tout ceci pouvait entraîner. La vampire avait, par rapport à lui, un avantage de par son statut au sein de sa race. Elle n'était pas simple mordue. Elle était plus forte, et son âge demeurait inconnu bien que sa prestance laisse penser que bien des années avaient été vécues. La dévorer aurait été également tentant, encore que depuis tant d'années, sa chair ne devait pas être tendre. Un nouveau grondement, plus vif, plus sonore, résonna dans la gueule du monstre alors que sa silhouette disparaissait soudainement. Slalomant entre les arbres, la bête semblait n'avoir aucune difficulté à se déplacer rapidement au sein de cette forêt dense. C'était, tantôt ses pattes avants qui le propulsaient plus rapidement, tantôt ses pattes arrières qui se fléchissaient pour mieux lui faire passer toute sorte d'obstacle. Sa gueule entrouverte laissait voir de longues dents blanches pour l'instant immaculées ; quant à ses yeux perçants : ils scrutaient attentivement toute ombre susceptible de ressembler à ce qu'il avait perçu plus tôt.

    Finalement le monstre déboucha sur une forte pente qui lui permit d'apercevoir dans un rayon lunaire, une biche courant également à travers les bois. Les lourdes pattes du monstre firent vibrer le sol lorsqu'il atterrit en contrebas avant de le propulser un peu plus vite encore sur l'animal qui ne poursuivit plus, dès lors, son accélération à travers la forêt. Maintenant au sol, les nerfs de la biche continuaient de faire aller et venir ses pattes alors que, d'une part, la tête de l'animal avait été détachée du tronc et, d'autre part, un monstre sanguinaire appuyait sur elle de tout son poids. Quelques secondes furent nécessaires pour que la carcasse de l'animal ne s'immobilise enfin, alors le Loup s'accroupit, gardant toutefois ses pattes arrières prêtes à le propulser brutalement en cas d'attaque. C'était une habitude que le monstre avait : rester constamment sur le qui-vive. Ses griffes déchirèrent brutalement les flancs de l'animal, dévoilant ainsi sa chair bientôt mordue à pleine dent par une gueule immense. Les pattes avants du monstre se portèrent de part et d'autre de sa gueule afin de permettre d'arracher quelques lambeaux ; une brève inflexion fut nécessaire avant que la chair ne se détache. Et le geste fut répété jusqu'à ce qu'un trou béant ne soit formé, permettant alors à la gueule du loup de pénétrer jusque dans la cage thoracique de ce qui fut une biche avant pareil carnage.

    Un tel repas entrainait une certaine distraction et Thanatos n'était pas entièrement concentré sur les alentours. Une bonne partie de ses sens étaient trop occupés à déguster. Seule son ouïe restait attentive aux bruits alentours autre que la mastication répétée et difficile du monstre. Après s'être attaqué à plusieurs lambeaux de chair, voilà qu'il s'en prenait aux organes craquant sous sa gueule ou explosant littéralement après avoir été transpercés de ses crocs. Les dents autrefois immaculées n'étaient plus, maintenant, que rougeâtres, quelques filets de sang y demeuraient et les babines sanguinolentes du monstre n'en était que plus luisantes encore. Son pelage étant noir, aucune variation de couleur n'était possible et pourtant, l'odeur qui se dégageait de sa fourrure ne laissait peser aucun doute : il était plus ou moins couvert de sang. Ce phénomène pouvait se deviner par la coagulation que semblait subir le sang sur ses poils entremêlés ; encore fallait-il être en mesure de l'approcher d'aussi près pour faire un tel constat. Ses pattes avant, une bonne partie de son torse et sa gueule illustraient à merveille le phénomène. Lorsque la bête eut fini son repas, il ne restait plus grand chose de la carcasse si ce n'est quelques os encore entremêlés de chair.

    Le monstre resta assis là, silencieux à se lécher les babines à répétition. Son regard se perdait sur le tas de chair informe qui stagnait devant lui, et puis il se remit progressivement en mouvement. La silhouette monstrueuse se redressa et cette ombre peu rassurante s'inclina un peu pour s'emparer de la biche. Ses lourdes griffes s'abattirent brutalement entre les côtes dévoilées, suintantes encore d'un sang gouteux, et la bête se décida à trainer la carcasse tout en avançant. Ses puissantes pattes arrière s'encraient dans le sol à répétition, loin d'être chancelant, il avait l'air d'être le prolongement même du sol : incapable de trébucher ou même de chanceler. C'est, tout du moins, ce que laissait envisager le bruit sec de ses pattes postérieures sur le sol irrégulier de la forêt. Le monstre gravit ainsi la pente qu'il avait dégringolé à vive allure un peu plus tôt, trainant toujours la carcasse derrière lui. Son allure était bien plus modérée et il était peut-être même plus lent encore qu'un homme marchant à allure normale. Il y avait cependant une certaine régularité dans ses mouvements et ses yeux surveillaient attentivement les alentours. Cette fois ils n'étaient plus à la recherche d'une proie puisque son estomac était bien rempli ; cette fois, il cherchait l'éventuelle présence de la vampire qu'il avait abandonné plus tôt.

    Étrangement, la bête s'arrêta à découvert, dans une sorte de clairière où les puissants rayons de la lune éclairaient le sol sombre. La carcasse fut posé là et il tourna longuement autour en guettant les environs avant de s'allonger finalement à ses côtés. Les pattes arrière de la bête étaient posées sur le sol et ainsi placé, ses hanches ressortaient tout particulièrement du reste du corps. Son thorax, plus imposant que le reste de son corps, foulait lui aussi le sol à intervalles réguliers, suivant le rythme de sa respiration lente et paresseuse. Enfin ses longs membres antérieurs étaient tendus et croisés devant lui, laissant apparaître sa musculature saillantes, mais aussi une bonne partie des côtes qui maculaient ses flancs. Enfin la gueule de la bête était posée sur ses avants-bras et elle demeurait close, ne laissant pas ses crocs apparents. Les oreilles pointées à l'arrière de son crâne, elles semblaient presque être plaquées contre un cou anormalement épais. Les yeux du monstre étaient clos, ce qui laissait penser qu'il s'était assoupi là après avoir festoyé. C'est ce qu'il comptait faire, mais seulement après s'être assuré qu'il ne serait plus dérangé. Sa truffe était en éveil, prête à sentir la moindre odeur que le vent aurait la bonté de lui apporter. En parallèle, ses oreilles, bien qu'immobiles, se chargeaient d'entendre instinctivement ce qu'il ne serait pas en mesure de sentir, si le vent arrivait face à un quelconque individu, par exemple. Détail singulier : plutôt que de tomber comme habituellement, les babines du lycan avaient l'air d'esquisser un sourire, ou au moins d'essayer de le faire.

    Il n'y avait bien que lorsqu'elle était Louve, que la Mort souriait.
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MessageSujet: Re: Reine de Java, noire Chasseresse † Jezabell Lorena Zucchero   Reine de Java, noire Chasseresse † Jezabell Lorena Zucchero EmptyDim 9 Jan - 1:13

___Le colosse dressé devant elle mit un certain temps avant de réagir, même sa réponse, pourtant provocante, ne l’avait pas fait tressaillir. Il s’était contenté de rester silencieux, l’observant du coin de l’œil lors de sa ronde autour de lui, restant tout aussi immobile qu’un chêne centenaire que même le vent n’aurait pas réussi à ébranler. Néanmoins, sa dernière phrase prononcée, le Monstre ne put rester de marbre, elle était bien trop insolente pour qu’il ne bouge pas, ne fut-ce qu’un doigt. Et en réalité, ce sont ses babines qui le trahirent, puisqu’elle distingua, dans l’obscure de sa fourrure, un bref relèvement de celles-ci. La Vampire eut au moins la satisfaction de se dire que le Lycan devant elle n’était pas fait de pierre. Un léger rictus à la commissure de ses lèvres naquit, sans plus. Mais encore une fois, le Loup ne laissa aucun son s’échapper de sa gorge, ou tout du moins, pas des sons cohérents, contenant des mots qui formeraient une phrase et qui pourrait permettre, à la longue, un dialogue précaire mais non, au lieu de ça, il fléchit ses longues pattes arrières afin de se propulser plus loin encore de la Vampire, le faisant ainsi se redresser encore plus que précédemment, surpassant davantage l’Originelle. Quiconque de normalement constitué aurait déjà pris ses jambes à son cou pour détaler aussi vite que possible face à cette créature bien plus qu’imposante, mais Jezabell n’était pas normalement constituée, elle était une erreur aux équations des choses relatives que les humains s’étaient inculqués depuis des lustres. Elle était une enfant de la nuit, contraire à toutes les croyances que l’humanité se faisait depuis des siècles.

___Quelque chose finit, cependant, par l’agacer, non pas le long ronronnement rauque que lui lançait la Bête, mais ce qui l’empêcha d’enfin s’exprimer avec des phrases. Le Lycan se retrouva, pendant un instant, concentré sur autre chose que sa propre présence. Un imprudent semblait avoir emprunté le chemin des bois, sans se soucier une minute des terribles prédateurs dont celle-ci regorgeait. Qui s’en douterait de toute manière ? Il suffisait de prendre l’exemple de la Coalition pour montrer qu’encore bon nombre d’humains ne prenaient guère ces histoires au sérieux, puisque ses membres étaient jugés de fous par les plus sceptiques. Quoi qu’il en soit, Jezabell ne s’égara pas à focaliser ses sens sur cet individu et garda son attention sur le Colosse qui, enfin, après avoir perdu la fragrance de l’humain, laissa tomber plus lourdement qu’avant sa réplique.

« Je veux que tu dégages, puisque tu as eu toi-même ce que tu voulais. »

___Mauvaise réponse. C’était la solution facile. Certes, elle aurait pu l’écouter et partir, puisqu’elle avait eu ce qu’elle voulait, mais l’idée de pouvoir rester aux côtés d’un Lycan était bien plus tentante que d’aller narguer quelques humains avant de leur infliger le coup final. La Bête devant elle devait forcément avoir de nombreuses questions s’entrechoquant dans sa tête, pourtant, il était décidé à n’en poser aucune, au lieu de ça, un autre grognement se fit entendre dans sa gueule, avant que celui-ci disparaisse furtivement au travers des arbres. Un court instant de surprise passa sur l’expression du visage de la Vampire. La fuite ? Non, certainement pas, elle décelait bien que le Loup qui demeurait encore devant elle il y avait à peine quelques secondes, bien que Lycan, était suffisamment âgé pour s’imposer. Tentait-il de retrouver la trace perdue de ce qui était venu les distraire quelques minutes plutôt ? Peut-être, à vrai dire, Jezabell ne pouvait pas deviner les pensées qui passaient dans la tête du Colosse, mais ce qu’elle savait, c’est qu’elle n’allait pas le laisser fuir ainsi dans la forêt, aussi dense et fermée soit-elle. Il lui restait encore suffisamment de temps avant l’aube, sa nuit ne faisait que commencer.

___Néanmoins, l’Originelle ne se mit pas de suite à le suivre, le laissant prendre de l’avance dans la forêt en esquivant parfaitement chaque arbre qui entravait sa route. Bien que celle-ci possédait une large superficie, Jezabell ne perdrait pas la trace du Lycan, la moindre subtilité de sa fragrance viendrait lui émoustiller les sens, preuve irréfutable que Loup serait passé par là. Oui, la Vampire misait beaucoup sur la capacité de ses sens et il y avait de quoi, leurs aptitudes étaient quintuplées par rapport à ceux des humains. De la réception du son le plus minime jusqu’à la perception de l’odeur la plus infime, rien ne pouvait y échapper. Qui pouvait se douter que même en ce moment, Jezabell analysait déjà l’espace dans lequel elle se trouvait, afin de mieux se faufiler parmi les arbres et retrouver la piste du Lycan. Sa tête était un véritable dédale de réflexion, c’était comme lorsqu’elle chassait.

___Enfin, estimant que le temps passé fut assez long ainsi, Jezabell inspecta une dernière fois les arbres qui l’entouraient avant de prendre la direction par laquelle la silhouette du Loup s’était évaporée quelques temps plutôt, laissant vaguer ses sens autour d’elle, comme de longs filaments invisibles, telle une araignée le ferait pour tisser sa toile. Après tout, c’était, en quelque sorte, la même chose. A l’inverse du Lycan, la Vampire ne parcourut pas les bois à une vitesse ahurissante, que du contraire. Elle se faufilait ci et là, parmi les racines parfois énormes des arbres les plus vieux de la forêt, profondément enfoncées dans le sol qui était couvert d’un tapis de feuilles mortes. Sa progression à travers la sylve se faisait lente mais méticuleuse, se laissant guider par les preuves invisibles que le Monstre avait laissées derrière lui, pourtant involontairement. Mais bientôt, à cette fragrance bestiale se mêla une odeur encore plus familière, un parfum qu’elle connaissait parfaitement pour être sa nourriture de prédilection, bien que celle-ci n’était que de basse qualité. Le sang animal ne leur servait que de nourriture de substitution, rien ne valait mieux que du sang humain. Dès lors, Jezabell devina qu’elle n’était plus très loin de l’endroit où le Lycan avait fini par se poser.

___Et elle ne se trompa pas. Quelques enjambées en plus, et la voilà qui débouchait dans ce qu’on pouvait qualifier de clairière, où plus rien n’était à l’abri des rayons lunaires. Tout, sans exception, leur était exposé. Quant au Lycan tant recherché, il se tenait là, quelques mètres devant elle, couché à même le sol avec, à ses côtés, les restes de quelque chose qui aurait dû ressembler à une biche, ou quelque chose dans ce goût là. Une expression quelque peu dégoûtée passa sur ses traits. L’animal, enfin la carcasse de l’animal, ne ressemblait plus à rien, preuve d’une férocité certaine. Les Loups ne pouvaient-il pas faire leur besogne sans pour autant tout défigurer ? Aucun raffinement, strictement aucun. Alors qu’eux se contentaient de ne laisser que deux petites marques rondes – sauf peut-être pour ses congénères qui ne savaient se maîtriser –, leurs ennemis semblaient s’arranger pour que leurs proies ne ressemblent plus à rien. Mais passons ce détail.

___Après avoir observé quelques longues minutes le Colosse comme s’il était un sujet pour la science, Jezabell reprit sa démarche aisée et gracile pour s’en rapprocher encore une fois, mais fixant toujours une distance, la distance académique, après tout la méfiance régnait toujours entre les deux créatures et on ne pouvait les blâmer pour ça. Au plus elle progressait vers son protagoniste, au plus elle était en mesure de détailler le cadavre gisant à côté. De ce qui aurait pu être une fière biche, il ne restait plus que des os blancs tachés de sang et des lambeaux de peau ci et là. Quant à la tête, elle n’était tout simplement plus là. A vrai dire, ce monticule de poils et d’os rescapé de la fureur du Lycan ne ressemblait, vraisemblablement, plus à rien. A tour de rôle, Jezabell posa sur regard sur les restes, puis sur le Loup qui, bien que couché, ne devait certainement pas dormir, avant de croiser lentement ses bras, continuant d’examiner l’ancienne biche.

« Pauvre animal. »

___Evidemment, elle n’en pensait pas un traître mot, c’était la dure loi de la nature… Même si de ça aussi, la Vampire n’en avait que faire.

[Je... vais platement m'excuser pour ce délai des plus longs ._. et peut-être aussi de la qualité tant qu'on y est °°]
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MessageSujet: Re: Reine de Java, noire Chasseresse † Jezabell Lorena Zucchero   Reine de Java, noire Chasseresse † Jezabell Lorena Zucchero EmptyVen 28 Jan - 22:37

    Le silence s'était abattu sur la forêt et il semblait désormais y régner en maître. Après l'agitation de la chasse était venu le temps du repos et ainsi, il se contentait d'attendre au milieu de la clairière le lever du soleil qui le transformerait à nouveau. Et comme pour se fondre à merveille dans l'environnement, la vampire avait réapparu non loin de lui, et le plus calmement du monde. Sans troubler le silence, ses pas s'étaient confondus avec les souffles légers d'une brise agréable et le sol avait également pris partie d'étouffer le pas déjà arachnéens de la demoiselle. Feignant le sommeil tout en sachant qu'elle ne croyait sans doute pas un seul instant à sa petite comédie, le lycan gardait les yeux clos et son immobilisme exagéré. Il attendait qu'elle entreprenne une nouvelle conversation, ou même un acte et pourtant la vampire s'abstint en tout. Sans qu'il ne trouve nécessairement le temps long, les minutes se mirent à défiler un peu moins rapidement qu'auparavant semble-t-il, mais était-il seulement en mesure d'avoir une quelconque notion du temps ? La vampire reprit sa marche tout aussi discrètement mais à nouveau, elle se stoppa, cherchant à garder une distance respectable entre elle et lui. Thanatos ne savait trop si cette distance était là pour la sécurité de la vampire, ou pour une autre raison tel que le caractère abject du spectacle qui s'offrait à elle. Spectacle devenu habituel pour le lycan au fil des siècles, mise-en-scène qui se voyait être totalement insipide. Un bref frôlement de tissu se fit entendre et enfin elle se décida à parler ; si jusque là, le monstre s'était forcé à imiter un soi-disant sommeil, il ouvrait désormais les yeux.

    Elle se tenait non loin de lui, fière, les bras croisés sur sa poitrine et à quelques mètres de lui. Le regard de la vampire semblait balayer tour à tour la biche et le monstre, si bien que la phrase qu'elle avait prononcé le plongeait dans le doute. Il ne savait trop si elle parlait de la biche et, entre autre chose, de son état ; ou si elle parlait plus simplement de lui, et de son apparente férocité. Une fois qu'il eut redressé le crâne et jeté un bref coup d'œil à la carcasse siégeant à ses côtés, le monstre estima que la vampire n'avait pas parlé de lui mais bel et bien de l'animal qui avait été sa proie. C'était peut-être compréhensible, il est vrai que l'animal en question ne ressemblait plus à grand chose. Mais en contrepartie, à quoi bon prendre soin de son repas s'il finit par mourir quoiqu'il advienne ? Les lycans, et même les loups en général étaient différents des vampires : ils ne se nourrissaient pas seulement du sang, mais aussi de la chair de leurs victimes, voire même de la chair seule. Partant de ce postulat, il semblait dès lors inutile de ménager l'apparence de la proie car elle finirait dévorée. Alors, le seul geste généreux que les loups pouvaient s'accorder était de ne laisser derrière eux que les os impeccablement nettoyés. Lentement la tête du lycan s'abaissa et la masse sombre formée de poils se mit à se mouvoir. Peu à peu, la bête se redressait et retrouvait toute sa prestance, si l'on peut qualifier son apparence de la sorte, jusqu'à s'immobiliser à la façon de la vampire. Plus monstrueux, les bras le long du corps et toutes griffes dehors, par simple habitude, Thanatos attarda son regard azuré dans celui de la vampire avant de reporter son attention sur la carcasse à ses pieds. D'un geste négligé, sa patte arrière droite se leva pour s'apposer sur les côtes de l'animal, et ses babines se soulevèrent peu à peu, dévoilant la rangée de crocs implantée dans sa mâchoire.

    ' Ne la plains pas, vampire : c'était soit elle, soit toi, bien que tu sois un peu décharnée. '
    Au-delà de la simple apparence étique de la vampire, son âge avait également motivé le lycan à s'abstenir. Par ailleurs, il ne venait pas en forêt pour la facilité, justement, son plaisir était dans la traque, la chasse, après quoi il pouvait se laisser aller à quelque carnage. Dévorer les vampires n'était pas un passe-temps qu'il affectionnait, mais outre cette histoire de goût, il devait avouer qu'elle était la source d'un tout nouveau passe-temps. Bien qu'elle reste silencieuse et discrète, elle avait eu l'audace de l'approcher, de le retrouver même, pour reprendre la conversation abandonnée plus tôt si tant est qu'il y ait eu, à un seul instant, une conversation. Le monstre se mettait alors à penser que le calme apparent de la vampire n'était justement qu'une façade, allant bien évidemment de paire avec son apparence chétive, incitant ses interlocuteurs à la croire fragile. La tête du colosse pivota mécaniquement sur elle-même jusqu'à faire face à la vampire à nouveau, et lentement, la patte qu'il avait levé au préalable exerça une pression de plus en plus forte sur les os qu'elle recouvrait jusqu'à ce qu'un léger craquement se fasse entendre. La pression cessa à ce son, pour reprendre plus brutalement et plus sèchement. Cette fois le monstre ne s'arrêta pas et les côtes se brisèrent sous sa patte, cette dernière se frayant un chemin parmi les restes de chair et de sang.

    Le silence retomba à la suite de cela, tout comme les babines du monstre. Il était venu dans cette forêt pour profiter de la nuit et rester transformé. Il avait essuyé un léger retard par l'arrivée de la vampire, mais il ne s'était pas arrêté en si bon chemin et avait tout de même souhaité achever sa transformation. Mais voilà qu'elle était encore là. Il avait trouvé le temps nécessaire pour se repaître et jouer un peu, pour se défouler et même se reposer en attendant, éventuellement, la venue de la vampire. Mais plusieurs questions se posaient alors : d'une part, pourquoi s'était-il arrêté au beau milieu d'une clairière à attendre qu'elle vienne le retrouver sans même chercher à brouiller les pistes ; et d'autres part, pourquoi cherchait-elle également, de son côté, à le retrouver alors même qu'elle ne lui posait aucune question ? Elle semblait le suivre, et s'en amuser simplement. Pourtant elle avait pris son temps pour le retrouver, ainsi elle ne devait pas chercher plus que cela à l'espionner. Sa présence en ces lieux n'avait pas pour but d'étudier le comportement du lycan, ou des lycans en général. Elle n'avait pas l'air de vouloir chasser non plus, à moins qu'elle ait l'intention de faire du monstre son futur repas. En guise de réponse à ses nombreuses réflexions, le colosse se contenta de soupirer bruyamment, mais sa gueule, inexorablement fermée, et les muscles de sa mâchoire, anormalement tendus, transformèrent ledit soupir en un grognement rauque et prolongé.

    La neutralité naturelle du monstre - à moins qu'il ne s'agisse d'une mauvaise humeur constante - sembla reprendre place sur ses traits alors qu'il retirait sa patte arrière des décombres de la carcasse. A nouveau et exagérément lentement, son corps se courba et l'une des immenses pattes du monstre empoigna les os restants, encore attachés au reste de la carcasse. Plongeant la presque entièreté de son avant-bras dans les entrailles de l'animal, le colosse le souleva avant de jeter un bref coup d'œil à la vampire. Au sein de son poil noir, très peu de nuances apparaissaient, aussi, dès qu'il s'aventurait à dévoiler ses crocs, le geste n'avait pas coutume de passer inaperçu, comme en l'occurrence même si ses dents n'étaient apparues qu'une fraction de secondes. Dans le but de faire reculer un peu plus la vampire, le lycan avait projeté la carcasse plus loin devant lui et droit sur la belle sans y mettre beaucoup de force : maintenant que l'animal avait été en grande partie dévoré, ce n'était pas nécessaire. Le sac d'os restant décolla du sol et resta quelque peu en l'air tout en se mouvant à la manière d'un pantin désarticulé. Bien vite pourtant, la masse noirâtre piqua à nouveau vers le sol et s'y écrasa mollement en un bruit désagréable. Thanatos quant à lui, n'avait pas suivi des yeux le trajet de la carcasse, ses pattes arrières s'étaient peu à peu mises en mouvement et alors qu'il marchait extrêmement lentement, les muscles du monstre se contractèrent peu à peu. Soudainement, la bête avait l'air un peu plus tendue et la plupart de ses muscles étaient contractés à l'excès, petit à petit d'ailleurs les poils désépaissirent et la peau du lycan fut visible : d'abord foncée, elle reprit peu à peu une coloration plus humaine. De même, le faciès de la bête se voyait modifié et quelques craquements pouvaient être entendus... Lorsque le lycan s'arrêta, il était à nouveau homme et se tenait tout près de la vampire. Son souffle était un peu saccadé et sa peau était encore couverte, par endroit, du sang de la biche déchiqueté plus tôt. Les poings serrés et la mâchoire également, le monstre avait les yeux vaguement plissés et les sourcils froncés. Son corps se pencha sur la vampire, réduisant encore la distance qui les séparait initialement. Il avait déjà réduit grandement cette distance de sécurité improvisée en approchant alors qu'il se re-transformait, mais le fait qu'il se penche vers elle n'arrangeait pas non plus la chose. Thanatos vit son nez se froncer un court instant et sa tête se pencha finalement sur le côté, tandis qu'il croisait les bras sur son torse nu, oubliant, encore par habitude, sa totale nudité.

    ' N'as-tu rien de mieux à faire que de trainer dans mes pattes, vampire ? '
    Une voix sèche, mais une curiosité qu'on ne lui connaissait que trop peu.


    [Il n'y a aucun problème, Patronne, et la qualité est parfaite :)]
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