Quarante-deux, Quarante-trois, Quarante-quatre, ah, quelque chose a bougé dans les fourrés !
Nezu tourna lentement la tête, observant. Rien. Peut-être avait-il halluciné. Il se leva, et, d'une démarche sordide et bancale, avança vers la source du bruit. En fait, une goutte d'eau était tombée sur une feuille. La première goutte d'eau. S'en suivit ses soeurs, arrivant en trombe, dans un fracas aussi assourdissant qu'agréable. Il sorti un peu de la forêt, attiré par la pluie. L'eau et le froid, il adorait ça. Arrivant à l'orée du bois, il s'ébroua, commençant à être trempé. La pluie avait pris, et elle ressemblait maintenant plus à un gros orage qu'à une simple averse. Il ôta sa chemise, préférant ressentir l'eau à même le corps - et surtout, ne supportant pas être collé à sa chemise, qui devenait lourde, trempée.

Il pencha un peu la tête, et bloqua.
L'eau, en s'écoulant, avait créé une petite rivière boueuse. Et, dans cette boue mouvante, se trouvait un insecte. Peut-être une sorte de bousier, ou de scarabée. Non, un scarabée. Il arracha la tige d'une plante avoisinante, assez dure pour ne pas plier au moindre choc, et s'accroupit à côté de l'insecte. Approchant un peu sa tête de la chose, pour mieux la voir, il appuya un peu dessus avec le bout de la tige. L'insecte bougea, sous le choc, et sembla avoir une réaction. Mais c'était peut-être l'eau qui le faisait bouger. L'hybride recommença son manège, jusqu'à être persuadé que l’insecte était en vie.
Il le sorti de l'eau, galérant avec sa branche qui pliait sans cesse. A la fin, il le mit au creux de sa main, avec une précaution digne du plus grand défenseur de la nature qui soit. Il tilta. Ce n'était absolument pas un scarabée. C'était un forficule - un perce-oreille, en somme. Comment il avait pu confondre ça avec un scarabée ? Ah, mais non, c'était à cause de la pluie. Bah ouais, forcément, l'eau était tombé dans son oeil au moment où son cerveau analysait l'image, ce qui avait brouillé la perception, et provoqué ce quiproquo anormal ! Ou alors, il n'avait juste pas fait gaffe. Il approcha encore un peu son visage de la bête, la dévisageant avec une précision inhumaine.
Puis il tilta. Un perce oreille, à l'orée de la forêt, dans une flaque ? Eux qui se terraient sous les pierres, bien cachés, au milieu des arbres, là où la terre était meuble et fertile ? Il pencha un peu la tête. Toi, t'as rien à foutre là. Et, oubliant toute délicatesse et toute envie de protéger l'insecte - envie qu'il n'avait jamais eu, poussé par sa curiosité -, il le balança sans ménagement, en direction de la forêt.
Il se redressa, et passant sa main sur son torse pour racler le surplus d'eau qu s'y était déposé, suivit la trajectoire qu'il avait imposé peu de temps auparavant à la bestiole, et s'enfonça dans la forêt.

D'un pas lent et irrégulier, il s'éloignait de l'orée, de la lumière et de la pluie. Les arbres, haut et encore un peu feuillus, le protégeait de la pluie, et la lune était filtrée par un entrelacement de branches. Seule subsistait de l’extérieur une fine brise glacée, lui parcourant l'échine dans un long frisson.
Il marchait, sans but, pour rejoindre un point abstrait. Il s'était dessiné un plan dans sa tête, qui lui disait de tourner après tel ou tel arbre avec une conviction étonnante. Il savait où il allait. Il allait dans un endroit bien précis, qu'il ne tarderait pas à découvrir. Et cet endroit n'était pas spécialement démarqué, mais pourtant parfaitement défini. Mais il s'arrêta brusquement, chassant une mouche imaginaire. Et il tourna vivement la tête de l'autre côté. Puis il leva un peu le nez pour humer l'air. Une vampire, femelle. Il se l'imaginait un peu gamine, et l'ai innocent.
Curieux, il l'approcha, avec une discrétion impressionnante. Il l'observa un peu marcher, la suivant, lorsqu'elle finit par prendre la parole.

" Il y a toujours un coin plus sombre dans les forêts.. comme dans tous les contes.. mais.. on tombe rarement sur le loup. "

Sortie de nulle part, sa voix retenti, comme un murmure.

" Je ne sais pas de quel compte tu viens.. "

Puis, se déplaçant dans les buissons avec une vitesse ahurissante, juste pour l'effet, il effectua un demi cercle autour de la vampire, pour arrive de l'autre côté. il n'avait pas cherché à être discret, ayant été assez vite pour qu'elle ne puisse voir qu'une vague silhouette pendant son déplacement. Il finit par s'arrêter et sorti des fourrés, fixant la suceuse de sang dans les yeux, avec un regard teinté de sadisme et de folie. Un sourire suivit, dans le même genre. Il l'observait, la jugeait.

" .. mais ici, il y a des grands méchants loups ~ "

Le loup s'avança un peu, et décrivit un cercle autour de la jeune femme. Il l'observait, comme un animal découvrant [un] objet inconnu. A première vue, elle semblait douce et fragile. Un peu comme un enfant perdu, un peu comme un pauvre petit [mouton]. Pourtant, il le savait : c'était une vampire. Et, aussi frêle pouvait-elle semblait, elle restait un prédateur. Dans ce cas, les [deux] points qu'elle serrait contre elle pouvaient s'avérer bien plus dangereux que ce qu'ils laissaient paraître, et de doux, le [mouton] deviendrait enragé. Nezu se remit face à elle, et, en enfouissant ses mains dans ses poches, il se pencha un peu. En [trois] étapes, il réactionna ce qui lui servait de cerveau, fit un pas et redressa le menton. Avait-elle peur de passer de [mouton] à méchoui ?

" Vous... vous êtes ? "

La réplique lui arracha un mince sourire. Alors c'était tout ce qu'elle trouvait à dire, [ça] ? Il se moqua intérieurement d'elle. Petite nature, pour que son cœur s'emballe si vite. Il rit, et s'assit. Ça [fait] maintenant des années qu'il ne s'était pas amusé avec une pauvre inconnue. Sans forcément être méchant, vous savez. La taquiner, [juste] un peu. Il haussa une épaule et leva le nez au ciel. La pluie traversait les arbres. Je trouvais ça amusant. Elle [me] plaisait bien, la pluie. Tant de gens la trouvaient désagréable. Peut-être venait-ce de moi, mais l'eau arrivait à me [donner] des frissons. C'était une des rares sources sures. Puis il sauta et s'accrocha à une branche et s'y hissa. [Des] gouttes d'eau tombèrent, arrosant la vampire. L'hybride se calla sur sa branche et se pencha. Aujourd'hui, il serait un [cauchemar].
Il ne répondit pas de suite à la question de la demoiselle. Plus le silence se ferait lourd, plus elle flipperait. Encore [une] minute de silence, ou deux. Seul les gouttes d'eau brisaient le calme angoissant de la scène. Et ainsi, Lou, en bonne [victime], resterait éprise d'une solitude maladive. Il commença à balancer ses jambes, puis redescendit, ne tenant plus en place. Sa proie était [choisie]. Pourtant, il se connaissait. Elle aurait beau l'amuser pendant un certain temps, la nocturne le lasserait. Comme tous, elle finirait immanquablement [par] l'ennuyer. Bah, elle resterait tout de même une occupation, ne serait-ce que le temps de quelques minutes. Heures, peut-être. [Le] loup se redressa devant elle, un peu à la manière d'un pantin. Il la fixa droit dans les yeux. Coup du [hasard] ? Malchance ? Coïncidence ? Destin ? Pauvre petite. Tout en s'approchant, et continuant à tourner autour, Nezu finit par lui répondre.

" En effet, je suis. "

Après tout, s'il n'était pas, comment serait-il là ? Bien entendu, il la comprenait bien, cette question. Pourtant, la première chose qui lui était venu à l'esprit en l'entendant était une sorte de longue tirade tragi-comique sur le pourquoi et le comment de la vie, avec un petit chapeau ridicule et un crane dans la main. Il ne lâcha pas les yeux de la vampire, l'observant, attendant toute réaction. Allait-elle le prendre au sérieux ? Ou pas ? Ou simplement, ne pas le comprendre ? C'était ce que beaucoup de gens faisaient. Et il se plaisait bien à garder cette image, d'ailleurs. Il se cambra un peu, faisant craquer sa colonne vertébrale, puis s'assit.
Là, en tailleur, aux pieds de la jeune sangsue, il paraissait bien moins menaçant. Mais il s'en fichait. Déjà, son petit jeu malsain et tordu de toute à l'heure avait disparu. Alors il planta ses coudes dans ses genoux, et enfouit sa tête dans le creux de ses mains.

" Moi c'est Nezu. "

Il ne lui demanda pas son prénom. Si elle voulait le lui donner, elle le lui donnerait toute seule, comme une grande. De toute manière, lui s'en fichait. elle resterait la vampire plantée de compte de fée, dans sa tête. En parlant de ça, pourquoi la princesse s'était-elle égarée au milieux des loups ? Il pencha un peu la tête, et son sourire s'étendit, malsain.

" Et puis-je savoir ce que fait notre princesse en ces lieux ? "