Physique :Vous le voyez ?
Mais si, allons, regardez mieux. C'est l'humain, là, au fond. Mais non, pas lui, celui avec deux jambes. Non, pas celui-là non plus. Celui à droite, là. Mais allez, quoi, faites un effort, il est reconnaissable : il a deux bras. Et en plus, au bout de chaque bras, il a une main. Et au bout de chaque main, il a cinq doigts. De trois phalanges chacun. Même le pouce, alors qu'on dirait pas. Sisi, j'vous jure ! Et ça fait même dix doigts, en tout. Deux bras, deux jambes, dix doigts. Quoi d'autre, me direz-vous ? Quoi de mieux ? Accrochez vous bien. Il a des yeux. Deux. Comme les pandas. Comme les tueurs en série, aussi. Ce qui n'est sûrement pas une coïncidence. Vous verrez bien, un jour, le lien de parenté entre de dangereux tueurs et des pandas. Et ce jour là, vous ne pourrez plus nier.
Accessoirement, Jack a des cheveux, aussi. Je parle là d'un accessoire, mais ça n'en n'est pas vraiment un, dans la mesure où il ne peut pas l'enlever et le remettre à sa guise. Remarquons qu'avec un duo ciseaux colle, c'était vaguement possible. Mais bon, le résultat n'était pas garanti. Ses cheveux, donc, sans compter d'être nombreux, étaient noirs. Noirs bleus. Noirs avec des reflets bleutés. Enfin, un truc qui tourne autour de ça, donc.
Tapons dans le classique mais nécessaire, maintenant. Cheveux plus ou moins bleus, yeux plus ou moins bruns, taille plus ou moins normale, agilité plus ou moins développée, bonne maitrise des deux katanas qu'il garde constamment attachés dans son dos, et ça devrait vous suffire. De toute manière, fous ferez bien avec, j'ai mes dix lignes, j'suis pas hors-lois.
Caractère :Par où commencer ?
Ai-je un caractère digne d'être raconté ?
Non, vraiment. Mon caractère était indigne d'un humain. Pas que les humains soient plus dignes qu'une autre espèce, seulement, j'étais fou. Fou, vraiment fou. Comme ces vampires, qui pouvaient, dans un manque de sang, dévaster des familles entières, sous les cris effroyables d'une population apeurée. Mais, n'étais-je pas
pire qu'eux ? Eux tuaient parce qu'il était de leur espèce de le faire. Eux avaient besoin de sang parce leur corps en souffrait. Moi, je n'ai aucune de ses excuses. Je tue, sans raison, sans but.
Je crois que je ne pourrais pas me faire confiance à moi même. C'est peut-être pour ça que je trouve que Sullivan a du mérite. Surtout après ce qu'il a du subir. Je ne sais pas pourquoi il ne m'a pas encore fui. Comme les autres. Comme tous les autres. Qui voudrait rester à la merci de quelqu'un étant capable de vous arracher les tripes, dans un simple débordement de colère ?
Pour être franc, je me fais peur à moi même. J'ai peur d'être capable de tuer les seules personnes qui tiennent à moi. Enfin, les... Ça se résume éternellement à la même personne. Sullivan. Toujours.
Les vampires ?
Je ne crois pas les détester. Pas réellement. Qui serais-je pour décréter de la folie d'une race ? Qui serais-je pour affirmer qu'ils sont dangereux ? Non, je ne peux faire rien de tout cela. Mais ils ont fait du mal à Sullivan. Directement, indirectement, il avait pour but d'en tuer le plus possible. Pour éviter plus de massacres. Il avait bien raison. Et ça m'amenait toujours à la même question. Pourquoi vouloir encore de moi. Mais bon, j'essayais de ne pas y penser. Ce n'était pas la peine de vivre dans le déni et dans le rejet de soi-même. N'est-ce pas ?
Et, pour cela, autant ne pas faire dans les questions pseudo-existentielles. Se contenter de se demander pourquoi l'herbe était verte, et comment elle faisait pour ne pas mourir quand on lui marchait dessus était amplement suffisant. D'ailleurs, peut-être mourrait-elle, mais tout en conservant sa forme. D'un côté, ce n'allait pas êtres ces bouts de verdure dont on allait savoir l'heure et la cause du décès. C'était pas juste, eh.
En temps "normal", on peut dire que je suis quelqu'un de.. normal. Quoique le mot ne conviendrait que peu. Je suis à la fois excentrique et effacé. Excentrique, puisque, pour me protéger de cette dépression qui me ronge depuis mes premières crises, j'ai cessé de penser aux choses importantes de la vie. En compensation, je peux passer une heure et des poussières devant les lavabos des toilettes publiques, à me demander dans quel évier je devrais me laver les mains. Parce que, voyez vous, celui du milieu est trop au milieux, et je devrais surveiller ma garde aussi bien à gauche qu'à droite. Contre le mur du fond, je serais pris au piège si je devais sortir. Mais, du côté de la porte, il devrait subir les allées et venues des passants ayant envie de se soulager. Dilemme effectivement très idiot, mais j'y avais droit à chaque fois. Ce sont ce genre de pensées qui me viennent, souvent. Des choses dont je me fous éperdument, mais qui ont le mérite de me faire passer le temps.
J'ai toujours été d'un naturel terre à terre, réaliste et pessimiste à la fois. Fataliste, surtout. Ce qui doit arriver arrivera, un point c'est tout, et tant pis. Mais ce point de vue est lassant et déprimant. Du coup, je me contente de rêvasser. Vous l'aurais-je déjà dit ? Cette attitude fait de moi quelqu'un de relativement tête en l'air. Ça a peut-être un lien avec mon manque complet de sens de l'orientation, d'ailleurs. Enfin bon.
Histoire :A quoi bon vous raconter ça ? Ce ne sont que des éléments, futiles, enchainés. Pour être franc, je ne me souviens plus de ceux qui pourraient être les plus importants.
Je ne me souviens pas de mon enfance. Je crois qu'elle a été normale. Je sais que mon meilleur ami était Sullivan, mais je ne me souviens plus de notre rencontre. Pour moi, je le connais depuis toujours. Aussi loin que je puisse me souvenir, il était là. Il était là quand j'étais normal, et il est resté dans je suis devenu un monstre. C'était le seul. C'était le seul à avoir survécu.
J'ai fait ma première crise dans la cour de l'école, en primaire.
Je ne me souviens absolument pas de ce qu'il s'est passé, ni comment elle est arrivée. Je ne me souviens absolument pas ce qu'il s'est produit. Je me suis contenté du récit d'un article de journal concernant ledit massacre. " Aujourd'hui, dans l'école de ***, un drame s'est produit. Un jeune enfant, dénommé Jack Reagan, a mutilé et éventré une dizaine de ses camarades de classe, pendant la recréation de dix heures. L'enfant est désormais placé et suivi par un psychiatre. " Ce n'était peut-être pas exactement ça, mais ça s'en approchait.
Tous, autour de moi, me fuyaient. Ils avaient peur. Mes parents, surtout. Les autres, je ne les avait pas revus avant un petit moment. J'ai passé quelques mois, enfermé dans cet asile. J'étais suivi, par un psychiatre. Suivi, traqué, harcelé. Il voulait comprendre ce qui n'allait pas dans ma tête. Mais rien n'allait pas dans ma tête. J'étais juste un monstre, sans aucune raison, sans aucun déclenchement psychologique.
[ Rapport du 12/11/1995 - par le Dr. Johann ]
Crise non répétée.
Aucun symptômes repérés, hormis une certaine angoisse crée par le premier délire.
Un comprimé de Prozac ® matin et soir.
Apte.
Et une semaine après, j'ai tué mes parents.
Je.. les ai tué. Je les revois encore, tous deux, assis à table. Les mains sur la table, couverts prêts. Immobiles et silencieux, m'attendant pour diner, droits, sur leurs chaises respectives. Ils ne me regardaient pas, mais je savais qu'ils ne regardaient plus rien. Dans leurs assiettes trainaient leurs entrailles, encore reliées à leur ventre, ouvert et ballant sur leurs jambes, rouges de ce liquide qui en ferait frémir plus d'un.
Sans aucune raison valable, sans aucune excuse, sans savoir. Je n'ai jamais su. Pourquoi étais-je devenu ce monstre ?
Que dire de plus. Je suis retourné à l'asile, et, sans me trouver plus de symptômes, le même docteur m'avait décrété inapte. Inapte à vivre. J'ai fait beaucoup de crises, à ce moment. Avec je ne sais quels médicaments adaptés, on m'avait guéri. Seulement, je déprimais. Et comme j'étais relativement guéri, ils m'ont relâché. En liberté surveillée. J'ai revu Sullivan, et ma déprime est partie. superficiellement, tout du moins.
De plus, n'ayant pas récidivé, ils m'ont laissé obtenir une liberté plus convenable.
Seulement, autour de moi, les gens avaient peur et manquaient horriblement de confiance. J'ai ignoré tout ça. De toute manière, à quoi bon en déprimer, ça n'allait pas changer. Aujourd'hui encore, les gens ont peur de moi. Enfin bon. Si ce n'est que ça, je vivrais avec.
Un peu après, Sullivan me présentait sa petite amie. Une vampire. La première que je voyais. Ou en tout cas, dont je connaissais la race.
Encore un peu après, elle tuait sa famille dans un accès de folie.
Encore un peu après, je me retrouvais, ligué avec Sullivan, dans la coalition, avec pour but d'empêcher les vampires de nuire.
Je ne crois pas avoir un jour réussi à tuer quelqu'un de sang froid. Même les vampires, ici, dans un but que l'on pourrait qualifier de raisonné, dans le cadre de la coalition. Peut-être n'ai-je pas la force de tuer quelqu'un. Je finis toujours par revoir mes parents, à table, morts étripés. Et c'est à partir de ce moment là que je perds tout contrôle. C'est quand je commence à douter et à avoir peur que je redeviens un monstre, avalant tout sur son passage.
Ah, vraiment, si vous pouviez savoir à quel point je me sentais bien. Là, accompagné de mes deux plus grands amis, j'étais tout puissant. Personne ne nous résistait. J'étais là, et j'avais le droit de vie ou de mort sur chacun des êtres qui passaient à ma portée. J'avais le pouvoir de faire jaillir leurs entrailles, et de leur arracher les membres, uns à uns, en admirant leurs regards se déchirer sous la douleur, et la peur. Les voir, eux, qui regardaient la faucheuse dans le blanc des yeux, priant un quelconque Dieu passant par là pour avoir une chance de survie. Tous étaient si pitoyables, quand on les confrontait à l'évènement ultime.
Et moi, au milieu, je me sentais bien. Vraiment bien. Je ne ressentais plus la douleur, et pourtant, j'admirais le sang qui bouillonnait, qui butait contre mes tempes et qui voulait s'échapper de mes veines, comme pour rejoindre celui du cadavre tout frais, étendu sur le sol. Mon cœur battait, fort, peut-être un peu trop, implosant sous la pression de ce sang, un trop excité afin de rester en place.
Je ne sais pas si cette sensation se rapproche plus de l'extase d'une drogue ou à l'orgasme d'une relation sexuelle. Peut-être même qu'elle dépassait ces stades. Tuer était fascinant. Excitant, même. Quitte à être un monstre, autant en retirer le plus de plaisir possible.
Je ne sais pas comment je peux encore avoir une place dans la coalition. Je crois bien avoir tué plus d'humains que de vampires, avec toutes ses histoires de folie. Peut-être qu'ils n'ont pas le choix de me garder, parce que je manie bien les armes. Ah, je ne vous l'avais pas dit ? Pendant mon adolescence, j'ai du subir quelques cours de combat pour apprendre à canaliser ma folie. Je n'en suis devenu que plus dangereux, mais bon.
Je n'ai pas vraiment l'impression de servir à quelque chose dans la coalition, à part peut-être pour ce qui est des attaques de vampires. Je ne prends pas souvent parti, me contentant de suivre Sullivan. Après tout, si il a eu raison toutes ses années, pourquoi douter ? Je n'étais pas capable de douter de lui, de toute manière.
Et, je crois que nous en sommes à peu près là.
Autre ? : Ok, j'ai un
chouïa baclé l'histoire. M'en voulez pas x3