Encore un ?! (pv adel' & thithi)

La nuit était tombée, Adelicia était assise sur le rebord de sa fenêtre comme chaque nuit, fixant au travers de la vitre la forêt au loin. Parfois, elle entendait même les hurlements des loups et restait là, pendant des heures à les écouter sans détourner le regard. Oui, cette immense forêt qu'elle voyait depuis la fenêtre de son studio miteux était le seul rattachement qu'elle avait avec son ancienne vie, son ancienne meute. Tous l'avaient chassé, exilé pourtant, elle désirait plus que tout les rejoindre à nouveau, elle était prête à leur pardonner à tous leur injustice, tant qu'elle pouvait à nouveau fouler le sol de la forêt, boire l'eau d'une rivière, sentir l'air frais et pur qu'offrait la nature....

La sonnerie de son studio retentit, tirant brusquement la louve de ses rêveries. Elle fixa la porte et sentit tout de suite l'odeur du concierge du bâtiment. Soupirant, l'hybride se leva et s'avança, faisant claquer les talons aiguilles de ses cuissardes en cuir et entrouvrit la porte, demandant, méfiante:

- Oui ?

L'homme face à elle était grand, gros, âgé d'une quarantaine d'année et sentait la vinasse à plein nez, affublé d'un jean mal fichu pour lui et d'un débardeur blanc couvert de graisse et tâché d'huile de moteur. Il la fixa d'un regard sévère et cracha froidement de sa voix rauque:

- Le loyer! Ça fait une semaine que tu me dis que tu vas me le donner ! Si tu me le files pas ce soir je te fous à la porte ! C'est clair ?

La main de la louve se crispa si fort sur la poignée de la porte qu'elle se cassa net, laissant entendre un bruit mate que le propriétaire ne semblait pas avoir entendu. Adelicia serra la mâchoire, étouffant un grognement et poussa la porte pour la fermer tandis que l'homme restait derrière en attendant, bas croisés sur sa poitrine. La femme baissa les yeux et desserra le poing pour regarder le manche de la poignée de porte en métal déformé par sa poigne et siffla entre ses dents:

- Vacherie !

Secouant la tête, elle le pose sur une sorte de vieux meuble tordu près de la porte et s'éloigna dans la pièce, ouvrant le tiroir de sa table de nuit et sortit une enveloppe pleine de billets puis retourna voir le concierge, ouvrant la porte et le lui tendit. L'homme la détailla un instant, savourant la vue qu'offrait la femme vêtue d'un bustier noir en cuir, galbant sa fine poitrine, ses jambes et ses hanches finement dessinés dans un fin pantalon de cuir moulant surplombé de cuissardes qui montaient jusqu'au dessus de ses genoux. Adelicia soupira, ennuyée, tous les humains masculins avait ce genre de comportement en sa présence, elle était habituée mais cela la gênait toujours autant même après tant de siècles d'exil. L'homme prit l'enveloppe en rougissant faiblement, l'ouvrit et se mit à compter les billets avant de lâcher d'une voix mauvaise pour cacher sa gêne:

- Ouais... le compte y est.

- Oui je sais, merci. Je sais encore compter.

Sur ces mots elle claqua la porte violemment au nez du concierge, faisant vibrer dangereusement le mur, de la poussière se détachant du plafond. La femme soupira et s'éloigna, passant devant sa fenêtre et s'arrêta, la fixant le regard pétillant. Finalement, elle s'empara rapidement de son long manteau de cuir et l'enfila, prenant la décision de prendre l'air, elle en avait besoin, elle étouffait dans ce vieil appartement miteux et insalubre. Marchant vers la porte elle s'arrêta et soupirant, la poignée étant brisée, elle ne pouvait pas ouvrir la porte, se retrouvant bloquée à l'intérieur.

- Oh et puis mince !

Adelicia glissa ses doigts de chaque côté de la porte, fronçant les sourcils et soudain, l'arracha de ses gonds, la portant à bout de bras et la posa contre le mur. La louve traversa le couloir, descendit les étages et passa devant le concierge qui la regarda de haut en bas, toujours avec ce regard remplit d'envie alors que la femme lâcha, posant une liasse de billets dans sa main:

- La porte de mon appartement... Il faut la réparer... Et ne posez aucunes questions.

La femme déboula hors du bâtiment sans laisser le temps au concierge de répondre et marcha rapidement dans la ruelle remplie de junky et de SDF. Adelicia marcha près de deux heures dans les rues de la ville, essayant simplement de se changer les idées quand elle arriva dans le centre ville, toujours aussi animé même de nuit. Les gens se bousculaient, les centaines de lumières de la ville éclairant la rue, les bars, les boutiques... Soudain, la femme se stoppa, sentant une odeur, puissante et savoureuse. Un loup... Oui, un originel.. Encore ?! A croire qu'elle collectionnait les rencontres hasardeuses en ce moment !!! Humant l'air discrètement, elle cherchait d'où venait l'odeur, en mouvement constant. Non, avec toutes ces foutues odeurs d'humains autour d'elle, l'odeur des voitures et de la pollution, c'était horrible, pas moyen de savoir et cela la rendait folle de rage, bouillonnant au fond d'elle. Adelicia lâcha un faible grognement,serrant les dents puis ferma les yeux, se concentrant sur l'odeur de l'originel, quand enfin, elle réussit, elle ouvrit les yeux, le regard écarquillé car l'odeur avait bougé et se trouvait juste derrière elle, à moins de quelques centimètres, elle pouvait même sentir le souffle de la bête frôler sa chevelure brune qui volait gracieusement au rythme du vent...

Mes crocs d'argent brillent,
Et la lune, pleine, étincelle...

Elle est perdue,
Perdue dans la nuit noire.
Elle est perdue,
Seule avec son désespoir...
Poèmes des Enfants de la Lune

22h00 : Quelque part en banlieue, la fête bat son plein.

Le premier était perché sur le vieil immeuble qui faisait le coin du croisement de la rue piétonne. Celui dont le rez-de-chaussée abritait une modeste épicerie de produits importés d’Irlande. Les yeux rouge sang brillaient légèrement dans la nuit, assez pour qu’on les voit percer la foule à la recherche d’une personne en particulier. L’autre était près du panneau d’affichage. On ne la voyait pas bien, car cette femelle était ridiculement petite, comparée à son compagnon haut perché. Cependant l’odeur alléchante qu’elle dégageait montrait avec exactitude sa position, pour qui savait la sentir. Tout deux restaient immobiles, telles des statues de marbres antiques, à la pâleur irréelle. Les gens passaient à côté d’eux sans les voir pour autant, mais inconsciemment sans doute, ils s’écartaient pour ne pas avoir à les frôler. Au-dessus de ce piège sournois et silencieux, il y’avait un homme qui patientait. Le cloché de la chapelle qui surplombait le quartier était son poste d’observation. Thiago… Le Loups, la Bête. Son regard argenté, fixe et attentif, était braqué sur ses ennemis, mais ce n’était pas eux qu’il attendait maintenant….

18h30 : Les Montagnes par une chaude fin d’après-midi.

Un peu plus tôt dans la journée, il avait été convoqué par Azghar. Thiago ne faisait que de rares apparitions dans la meute, si ce n’était pour voir Emma, et pour accepter les contrats que lui proposait le patron. Ce dernier avait une mission qu’il qualifiait « de routine ». Protéger une petite hybride qu’il avait rencontré quelques pleines lunes plus tôt, et qu’il désirait intégrer à la Coalition dans son propre intérêt, bien entendu. Il devrait aussi lui donner son avis sur les capacités de la louve. Jauger ses aptitudes et surtout sa fiabilité. Cette hybride était l’appât idéal, en quelque sorte, en avait jugé le Grand Loup Noir et Feu. Il avait toujours craint qu’Azghar n’envoie sa fille pour une mission de ce genre, mais le soit disant Cœur Pur avait finalement trouvé un pigeon plus facile à envoyer au casse-pipe. Thiago ne s’en plaindrait pas, bien au contraire. Il avait immédiatement accepté le contrat, s’empressant de retourner à sa tanière près du lac pour aller chercher quelques armes avant la tomber de la nuit. Un katana dissimulé sous un long manteau de cuir noir, et une fine dague qu’il cacherait dans ses bottes ferait l’affaire. En temps normal, Thiago n’avait besoin d’aucun de ces artifices… il était assez fort pour venir à bout de dix hommes sans aucun effort. Mais la Pleine Lune changeait pas mal de chose…D’autant plus qu’il serait en ville, ce territoire qu’il jugeait hostile et insupportable. Ainsi armé, il avait parcourut les plaines arides au grand galop, rejoignant les abords de la banlieue juste avant sa transformation.

Adélicia… Quel nom agréable à entendre. Sa demeure n’était pas difficile à trouvé, et il l’avait observé durant une heure ou deux à travers la fenêtre de son appartement miteux. Elle était d’une beauté sombre et intrigante. La voir ainsi songeuse, assise devant la vitre avait rendu Thiago curieux.

*A quoi songes-tu quand tu regarde la lune, Hybride…*

Peut-être à la même chose que lui, bien qu’il en douta fortement. Quelqu’un avait frappé à la porte de la louve, et un instant, il avait cru que c’était un ennemi. Il s’était redressé, près à fondre sur lui, mais ce n’était que le concierge. Légèrement soulagé, il avait fait demi-tour, allant voir de l’autre côté, la vue que lui offrait l’immeuble sur lequel il était installé. Les rues de la banlieue ouest étaient animées ce soir. Une sorte de fête locale avait lieu, et tout le voisinage c’était réuni pour faire la fête. Pour le Loup, c’était plus une cacophonie infernale qu’autre chose. Lorsqu’il était revenu à son post d’observation, les lumières de l’appartement étaient éteintes, plongeant Thiago dans un profond désarroi. Ou était donc passé cette femelle ! Grognant, il avait bondit du haut de l’immeuble de trois étages, et s’était laissé tomber dans une petite venelle sombre, atterrissant avec grâce. En accélérant le pas, il était sortit de la venelle et s’était engouffré dans la rue piétonne, se mêlant à la foule sans cacher sa grimace d’agacement aux passants qui croisaient ce grand et beau brun ténébreux. Il l’avait perdu… c’était un fait. Mais une odeur nouvelle était venue recouvrir la masse de fragrance humaine qui envahissait le paysage. Des vampires. Thiago n’en avait pas douté, car son odorat ne le trompait jamais. Si ces sangsues trouvaient l’hybride avant lui, il ne serait pas payé, et cette idée lui déplaisait fortement. L’ombre du clocher de la chapelle lui avait donné une idée, et c’est d’un pas lent, pour ne pas éveiller les soupçons, qu’il s’était dirigé tout naturellement vers le lieu de culte.

22h06 : Heure actuelle.

Enfin elle arriva, son odeur délicate emportée par une brise rafraîchissante. L'Originel se redressa, reportant son attention sur les vampires aux aguets. S’il avait pu la repérer, nuls doutes que les deux autres aussi. De ses lèvres s’échappa un grondement sourd à l’adresse de ses ennemis, puis il redescendit de sa tour pour rejoindre sa protégée d’une nuit. Il se glissa à travers la foule, d’un pas félin. La cible était arrêtée, attentive. Elle avait dû repérer son odeur, ou celle des vampires. Lentement, il se faufila derrière elle. Bientôt, il ne sentait plus que son odeur, entêtante, tentatrice. Leurs corps se touchaient presque alors qu’il huma une bouffé d’air. Son souffle alla se perdre dans sa longue et fine chevelure brune, presque aussi sombre que la sienne. Il se contenta de murmurer contre son oreille, d’une voix grave et sensuelle, pour ne pas l’inquiéter.

- …Deux vampires te surveillent ma jolie…

La seconde d’après, lorsqu’elle se retourna, il n’était plus derrière elle. Il s’était éclipsé, profitant d’un mouvement de foule pour aller se mettre en retrait sur un trottoir. D’ici, il releva la tête pour voir le vampire haut perché fixer avidement la louve. L’autre vampire s’avançait dangereusement vers Adelicia. Il fallait que cette dernière suive son odeur et le rejoigne. Un combat en pleine rue ne ferait qu’attiser la suspicion des humains. Il fallait attirer ses suceurs de sang dans un coin plus tranquille, et pour cela, il fallait attirer la jeune beauté près de la Bête.

Adelicia ne se retourna pas, elle savait que le loup ne ferait rien contre elle, il y avait trop de monde dans la rue, il ne prendrait pas le risque de révéler leurs deux natures.

- …Deux vampires te surveillent ma jolie…

La louve plissa le regard et scruta les alentours, cherchant les sangsues des yeux. L'inconnu se volatilisa mais Adelicia était trop concentrée... Enfin, elle sentit leurs odeurs. Adel tourna la tête et repérant rapidement l'odeur de l'originel, arôme entêtant et enivrant. Son regard lui permettant de voir loin, très loin, fixant le visage du loup comme si elle était à moins de quelques centimètres de lui, capable de voir le moindre petit détail de son visage, elle avait une parfaite connaissance de ses sens non altérés par la vie en communauté avec les humains, bien qu'elle les appréciait peu. Hmm...il y avait bien trop de monde dans la rue, les vampire avaient déjà remarqué la présence de l'hybride, il fallait vite trouver un coin vide de tout regard pour se débarrasser d'eux. C'est à ce moment qu'Adelicia comprit le regard de l'originel, comme s'il l'invitait à la suivre, attirant les deux immortels dans un terrible guet-apens. Aussitôt, la femme disparut du champs de vision de tous, avec une vitesse et un silence sans pareils, tel un chat. Hybride, le plus bas de l'échelle mais, terrible prédateur tout de même, suffisamment du moins, quand la rage le permet. La femme apparut dans un coup de vent prêt de l'originel, fixant la foule sans un mot, attendant les deux vampires, deux mordus...elle pourrait les vaincre, elle le savait, elle l'avait déjà fait bon nombre de fois. Enfin, leurs odeurs se fit sentir juste derrière les deux loups, l'inconnu resta parfaitement calme, tout comme sa protégée d'ailleurs mais d'un geste rapide, elle repoussa le pan de son long manteau de cuir, dégainant une arme à feu dotée d'un embout pour silencieux et tira.

Aucun son, seul un sifflement se fit entendre, léger, presque inaudible alors que la balle se figea dans le cœur du vampire avec une précision effrayante. L'homme tomba inconscient au sol, il n'était pas mort mais au moins, il mettrait un bref instant avant de se relever. Abaissant son arme, Adel tira son balisong de derrière sa ceinture, caché aux creux de ses reins puis l'envoya vers la femelle vampire qui se le prit dans le cou, déversant un flot de sang alors qu'un gloussement peu ragoutant s'échappa de sa gorge. Adelicia fit un bon, un seul, atterrissant devant la femme et plaqua son pied sur sa poitrine, enfonçant doucement son talon aiguille dans sa peau puis braqua son arme à feu vers elle, posant un doigt sur sa bouche, elle murmura seulement:

- Chuuuut...

Puis trois coups partir, tous dans le cœur de la vampire qui finit comme son ami. Adelicia entrouvrit les lèvres, dévoilant deux crocs puis laissa échapper un léger grognement de victoire, de fierté. La femme se retourna, fixant l'originel et tendit son arme à feu, lâchant, le regard froid et envoutant, sérieux et méfiante:

- Qui es-tu ? Pourquoi me suis-tu ?

Une ombre cache la lune,
Et elle me montre les dents, la jolie brune...

Je suis perdu,
Perdu dans la nuit noire.
Je suis perdu,
Seul avec mon désespoir...

Poèmes des Enfants de la Lune

Le regard gris et envoutant de la belle brune avait rencontré les pupilles argentées du Grand Loup. Elle le fixait, ce visage ténébreux, comme pour s’en souvenir, comme pour s’en imprégner. Puis soudain l’étincelle s’éveilla dans ce même regard. Elle avait comprit ce que Thiago attendait d’elle, chose dont il fut plutôt satisfait, même si il n’en montrait rien. Au moins avait-il affaire à une jeune femme maline. Il lui fit un léger sourire, preuve indéniable de sa satisfaction, et ce dirigea vers la petite ruelle sombre. Une impasse comme tant d’autres derrière un restaurant japonais: poubelles pleines, détritus étalés, quelques rats fouinant ça et là près des murs crasseux. Les mains dans les poches, c’est d’un pas tranquille, dénué de toute inquiétude que Thiago pénétra dans les ténèbres de la venelle malodorante. Il sentait l’hybride sur ses traces, et s’arrêta en face d’elle, l’attendant patiemment. Il profita de cette vision charmante. La jeune femme était habillée de façon bien trop affriolante pour qu’on détourne le regard. Thiago était presque sûr qu’elle était du genre à chercher le regard des hommes, sinon elle ne serait pas aussi provocante.

Bien vite pourtant, il détourna le regard vers la grande rue dont l’effervescence résonnait encore à ses tympans. Adelicia était à ses côtés, patiente et visiblement concentrée. Les deux mordus arrivèrent ensemble. Leurs visages émaciés montraient qu’ils n’étaient pas vraiment sûrs d’eux, surtout la femelle, une petite blonde menue engoncée dans un long manteau de fourrure, bien trop chaud pour la saison. Le mâle, lui tentait de garder une démarche assurée et offensive, mais ses lèvres, que ses canines trituraient à intermittence régulière, prouvaient tout le contraire . En d’autres termes, des adversaires faciles. Un léger sourire se dessina au coin de ses lèvres et il se recula, se disant que la jeune hybride pouvait fort bien s’en défaire toute seule. Il devait la protéger certes, mais le patron lui avait également demandé de la tester alors…
Un léger coup d’œil à sa protégée lui fit comprendre qu’elle était prête. La rapidité avec laquelle elle dégaina son arme à feu ne manqua pas de l’impressionner. Il n’aimait pas ces armes là, mais il fallait avouer qu’elles pouvaient se montrer plus qu’efficace. Le vampire qui tombait à la renverse, une balle enfoncée dans la poitrine, en témoignait largement. Thiago s’effaça un peu plus dans l’ombre, s’adossant tranquillement au mur, bras croisés, se délectant de ce spectacle fascinant. Le Grand Loup regardait encore le mordu sombrer dans l’inconscience lorsque il aperçut à peine la lame aiguisée filer à toute allure pour se planter dans la gorge de la blonde. Adélicia avait bondit gracieusement auprès d’elle, pour lui donner le coup de grâce. Cependant cela ne suffirait jamais à venir à bout de ces créatures. L’Originel espérait qu’elle en avait conscience. Sinon elle n’était pas digne d’autant d’éloge…

Le grognement de victoire qu’elle poussa lui fit esquisser un sourire. Mais soudain elle se tourna, arme dangereusement pointée sur lui. Il devinait la trajectoire en plein sur son cœur. Mauvaise idée… Penchant légèrement la tête sur le côté, il plongea ses pupilles aux reflets lunaires dans celles grisées de la belle. Enigmatique, mystérieux… c’est ainsi qu’on pourrait le qualifier, surtout à cet instant précis. Le regard de Thiago véhiculait tellement de choses qu’il était impossible de savoir à quoi il pensait, impossible de savoir ce qu’il préparait. Il fit un pas en avant, suivit par un autre, lent, félin. Le sourire qu’il avait affiché faiblement un peu plus tôt s’élargit considérablement. Amusé… presque moqueur semblait-il. Il s’approcha encore, car il savait qu’elle ne tirerait probablement pas. Il pouvait le lire dans son attitude. Elle venait de tabasser deux vampires, en partie grâce à lui. Elle ne le tuerait pas pour ça. Non, car plus que tout, elle voulait intégrer la meute. Et il ne fallait pas être devin pour savoir qu’entamer son adhésion à la meute en tuant l’un de ses membres ferait un peu tâche sur son curriculum vitae…Même si Thiago n’en faisait pas à proprement parlé, vraiment partie.

Puis tout sourire s’effaça de son beau visage pâle, alors qu’il se trouvait à un mètre d’elle. Ce fut d’une rapidité effrayante. Son bras gauche alla empoigner la manche d’Adelicia, et tira d’un coup sec vers lui, s’emparant par la suite de son poignet en entier, serrant fermement. La louve percuta violemment le torse musclé du loup, tandis que, profitant de l’effet de surprise, ce dernier s’empara de l’ arme par derrière, avec sa main libre. Aussitôt, il relâcha la pression qu’il faisait sur le poignet de la belle, et s’écarta de quelques mètres. Son regard était plus dur, ses traits plus fermes. Il la mettait en garde, en quelques sortes. Il baissa le visage pour regarder l’arme à feu. Un bel engin, certes… D’un geste expert, il en vida les munitions qui tombèrent dans un bruit métallique sur le macadam.

-Hm… On parlera de ça plus tard si tu veux bien.

En effet, la sangsue mâle commençait à émettre quelques grognements, preuve qu’il reprenait ses esprits. Le Grand Loup fourra l’arme d’Adelicia dans sa poche et bondit par-dessus les vampires pour rejoindre la rue principale. Il se mêla à la foule, ne se retournant qu’une seule fois pour s’assurer que l’hybride le suivait, et disparut dans cet immense rassemblement d’humain. La course poursuite commençait.

*Voyons si tu peux me suivre… jolie Hybride…*

L’air était chargé d’odeur. De la nourriture d’humain pour la plupart, de la sueur émanant des nombreux danseurs. Les bruits… ils étaient plus qu’insupportables d’ici. Les cris, les chants, les rires, se mêlaient aux rythmes agressifs des musiques pulsant à travers les enceintes installées un peu partout dans la rue. Il ne fallut que quelques minutes à Thiago pour parcourir la grande rue - après avoir provoqué quelques bousculades -, et pour s’enfoncer dans une rue adjacente, plus calme. Il bondit sur un muret et grimpa agilement par les escaliers de secours d’un immeuble, après quoi il fit un saut puissant pour atterrir sur le toit de ce même immeuble. C’est ici qu’il l’attendrait. Adelicia…

Adelicia resta là, debout, menaçant le loup de son arme. Elle savait qu'elle lui ferait à peine une égratignure avec mais, elle refusait de se plier face à lui, elle lui ferait comprendre, peu importe la manière. Mais, comme elle s'y attendait, le beau ténébreux ne se laisserait pas faire, après tout, Adel' n'est qu'une hybride, et un originel n'a que faire des hybrides... Il s'approcha, son corps se mouvant sensuellement tel un félin puis s'empara du bras de la louve et lui arracha son arme des mains. Adelicia n'avait pas bougé, sachant pertinemment qu'elle ne ferait pas le poids, elle s'était laissée faire, soutenant le regard argenté du loup qui vidait son chargeur sur le sol.

- Hm… On parlera de ça plus tard si tu veux bien.

Et voilà! Incapable qu'elle était, Adel' n'avait même pas réussi à lui soutirer son prénom. L'homme la libéra de son emprise et s'éloigna, se plongeant dans la foule. La femme se raidit, la foule.. Elle en avait une horreur, elle en était même presque effrayée..devoir se mélanger au humains, non... Elle ne voulait pas, elle refusait. Adelicia fit un pas, s'arrêta et regarda les gens défiler devant elle, la musique assourdissant faisant vibrer ses tympans, lui provoquant une légère doucement qui la fit grimacer. Aaaaah saleté de bipèdes ! Toujours à vouloir se faire remarquer ! Mais bon, pas le choix, Adel' savait que l'originel n'était pas là pour rien et la curiosité la poussait à vouloir le suivre pour découvrir son identité et la raison de sa venue. Reculant, Adel regarda le haut des bâtiments, se trouvant dans un cul de sac, il devait y avoir moyen de passer par les toits pour éviter la foule.. Observant les moindre recoins, la femme sourit, prenant de l'élan, elle s'élança rapidement et sauta contre le mur de brique du bâtiment, se propulsant sur celui d'en face pour se re-propulser sur l'autre et ainsi de suite jusqu'à attendre le toit sur lequel elle se hissa avec facilité. Fixant les alentours, la louve huma l'air, essayant de repérer l'odeur de son inconnu à la chevelure d'ébène. Hmmm, avec toutes ces odeurs, le bruit, pas facile de se concentrer, mais l'instinct animal de l'hybride était plus fort et très vite, son odorat capta l'arôme délicat que dégageait le loup.

Adel s'approcha du bord du toit, fixant la foule sous ses pieds, trop occupée à festoyer. Souriant, elle recula d'un pas puis deux et enfin trois avant de se remettre à courir avec une vitesse hors norme, sautant dans le vide pour atterrir sur le toit d'en face alors qu'un humain ne l'avait vu faire, l'esprit occupé et de toute façon, elle fut trop rapide pour que l'humain puisse la voir. La louve reprit cette opération à plusieurs reprises jusqu'à enfin retrouver le loup, trônant fièrement sur le toit, il semblait l'attendre. Seul un léger courant d'air derrière le dos de l'originel lui fit remarquer la présence de l'hybride tant la jeune femme sur silencieuse et discrète, pas un bruit, pas un souffle, rien. Adelicia se plaça à ses côtés, baissant le regard pour fixer la foule plusieurs mètres plus bas et lâcha, dans un souffle quasi inaudible :

- Laisse moi deviner...C'est Azghar qui t'envoie... Ta façon d'être n'a rien à voir avec les autres loups... Tu es... un mercenaire ?

« Un frisson l’envahit ; étrange, puissant et indescriptible. Une poussée de fièvre, une émotion intense, accapara son âme. Elle sentit tout à coup les senteurs d’humus, elle entendit couler la rivière, le bruissement du vent sur la cime des arbres, Elle respira l’odeur apaisante des ventres chauds et haletants. Elle voyait la fourrure des bêtes se soulever légèrement sous la brise incessante.

C’était un Loup… un Grand Loup sauvage qui se tenait devant elle. »

Poèmes des Enfants de la Lune

Lenteur…Elle était lente, la jolie hybride à la crinière brune. A un tel point qu’un soupçon de nervosité vint titiller les sens de l’Originel perché sur son toit, fenêtre sur le monde. Et si les deux sangsues s’étaient éveillées de leur léthargie passagère ? Peut-être l’avaient-ils rattrapé, cette petite fleur fragile. Fragile ?... Peut-être pas tant que ça. Thiago devait bien admettre qu’elle savait se défendre. Tout du moins, elle connaissait les bases de la défense. C’était déjà pas mal, pour une simple hybride, forcée à rester cloîtrée dans ce capharnaüm qu’on appelle plus communément « ville ». Elle avait des techniques intéressantes, certes. Des techniques qu’il serait sans doute bon de prendre en compte pour ne pas se laisser surprendre, un jour. Thiago marcha jusqu’au bord du toit. En contrebas résonnait encore rire, musique et tambours. Il grimaça et scruta la foule, attentif à tout ce qui pouvait ressembler à la jeune femme. Mais rien. Pourtant son odeur envahissait ses narines à mesure que les secondes passaient. Ses sourcils se froncèrent imperceptiblement lorsqu’un léger souffle se fit entendre dans l’air nocturne. Un léger sourire se dessina sur ses lèvres. Elle avait finalement réussit à le suivre…

Le regard du Grand Loup se promena une dernière fois rapidement sur les mouvements de foules, puis il se retourna, lentement mais sûrement. Il n’y avait décidemment plus rien de bien intéressant là en bas à présent. Ses pupilles se posèrent immédiatement sur la louve au long manteau noir. Encore une fois, elle lui offrait le même genre de spectacle qu’auparavant, marchant sensuellement vers lui. Se rendait-elle seulement compte de l’effet qu’elle pouvait faire à un homme ? Pour Thiago, c’était différent, bien-sûr. En d’autre circonstance il se serait volontiers laissé prendre à ce jeu de séduction, jeu dans lequel il était devenu expert après tous ces siècles. Mais ce soir… Il n’était pas vraiment là pour cela. Il profita néanmoins de cette charmante vision ; celle d’une beauté les cheveux flottant avec légèreté dans la brise nocturne, jusqu’à ce que la beauté en question arrive enfin à proximité. Son visage exprimait une sorte de mécontentement, mais également de la curiosité latente. Elle se plaça nonchalamment à ses côtés, regard abaissé sur la rue et son animation à une vingtaine de mètres en dessous. Lui, il tournait toujours le dos à cette scène d’amusement dérisoire.

-Laisse moi deviner...C'est Azghar qui t'envoie... Ta façon d'être n'a rien à voir avec les autres loups... Tu es... un mercenaire ?

Le pâle sourire du brun ténébreux s’élargit sur son visage. Si elle connaissait la réponse, pourquoi posait-elle la question …? Visiblement, la jeune Adelicia avait un peu de flair. Elle n’était pas dupe, à l’instar de certaines humaines. Quand bien même Azghar aurait voulu rester discret dans ses actions, il aurait mit la puce à l’oreille à la jeune femme. Rien que le fait d’envoyer un Originel en mission en ville alors qu’ils y mettaient rarement les pieds, était tout simplement une erreur. Cela n’avait rien de dramatique bien évidemment. Même si elle l’avait percé à jour, il se contenterait de faire son travail, comme toujours. Cependant, il se demandait bien ce qu’elle voulait dire par sa « façon d’être ». Oh bien sûr, il savait bien qu’il était différent des autres. On le qualifiait même d’étrange parfois. Mais chaque personne avait sa propre définition du mot « étrange» ou du mot « différent». Et notre beau Loup était vraiment curieux de connaître celle d’Adelicia…
Sans se détourner vers elle, le visage fixé sur un point imaginaire devant lui, il répondit amusé.

-Ma…Façon d’être ? …Et quelle est-elle au juste?...Mademoiselle Kyeon…

Le nom d’Adelicia n’avait été que murmuré d’une voix grave et d’un ton plus suave encore. Puis il tourna son visage diablement attirant vers elle, cherchant son regard en penchant légèrement la tête sur le côté. Les reflets de la lune se promenaient sur les traits fin de la louve, dans ces iris grisés, clair comme l’acier d’une lame. Elle avait elle aussi un regard étonnant, envoûtant. Les pupilles argentées du Loup migrèrent l’espace de quelques secondes à peine sur cette bouche, charnue et sensuelle, et revinrent détailler les fines zébrures qui entouraient les iris de la jeune femme.

-Moi c’est Thiago…

Il ne souriait plus, à présent, se contentant de la fixer d’un air énigmatique.
Depuis toujours, Thiago avait un certain pouvoir avec les femmes. C’était l’effet de ses yeux… ces étonnants disques lunaires qui lui servaient de pupilles. Ils avaient le pouvoir d’envouter, de charmer… mais aussi d’intimider. Il en usait très souvent, parce que c’était une arme comme une autre. Mais dans ce cas précis ou il se trouvait en compagnie de l’hybride, il ne pouvait empêcher le charmeur qui était en lui de refaire surface.

Le loup avait quelque chose de fascinant, il fallait l'avouer, mais Adelicia ne se laissait pas avoir par ce physique d'Apollon. Il semblait fixer quelque chose face lui, plongé dans ses pensées les plus profondes, accentuant ce côté énigmatique. La louve quant à elle gardait les yeux fixés sur la lune ronde, la fixant avec un regard pétillant, comme un enfant qui fixait une friandise. Tout de même, Azghar et Adelicia ne s'étaient vus que quelques instant, et cela avait fini de façon.. assez mal. Tu parles d'une discussion ! Sans qu'elle ne comprenne pourquoi le loup , chef de la meute l'avait subitement insulté sans pour autant user de mots insultant.. Non, c'était sa façon d'être qui avait été insultante, il lui avait fait comprendre qu'elle n'était rien, et lui avait dit qu'elle ne pourrait jamais revenir dans la meute...jamais.

-Ma…Façon d’être ? …Et quelle est-elle au juste?...Mademoiselle Kyeon…

La louve esquissa un léger sourire en coin sans répondre pour autant. Oui, contrairement à ses confrères qui aimaient imposer leur force, leur autorité de part leur statut d'originel, lui semblait plus discret, plus effacé, sans étaler aux yeux de tous cette fierté qu'ils ont d'être supérieurs aux autres et ça... Adel aimait cela. Oui, elle aimait cette humilité donc faisait preuve le mercenaire. Et puis, son physique mettait facilement sur la voie de son "métier".. Son corps était taillé de façon incroyable, malgré ses vêtements, Adelicia pouvait facilement deviner la forme de sa musculature, saillante sans l'être de trop, juste ce qu'il fallait... La femme sentit le regard du loup se poser sur elle, mais ses yeux ne se détachèrent pas de la lune qui illuminait son visage et son regard. Mais, pourquoi la fixait-il comme ça ? Quelque chose n'allait pas ? Peut-être n'était-il pas si modeste au final, sans doute devait-il jubiler intérieurement de voir cette petite hybride qui paraissait si faible à côté de lui, son corps fin , menu, qui ne laissait en rien penser qu'elle savait se défendre... Oui, c'est ce que la jeune femme pensait, elle était loin de se douter que le mercenaire la fixait seulement par simple curiosité et par attirance.

-Moi c’est Thiago…

Adelicia tourna doucement la tête et plongea son regard gris dans celui de l'homme. Le regard de Thiago était tout bonnement sublime. Adelicia ne bougea pas, continuant de le fixer, le visage impassible, aucuns sentiments ne semblaient venir perturber ce visage de porcelaine seule sa pupille se rétracta brusquement jusqu'à devenir un tout petit point noir dans un océan gris légèrement teinté de jaune par endroit puis d'un seul coup, cette même pupille s'élargit jusqu'à devenir un disque rond, imposant , faisant disparaitre presque tout l'entièreté de cette jolie couleur grisée de son œil.

- Enchantée.

Sa voix fut froide, pas méchante, ni agressive, juste froide, distante. L'homme serait sans doute étonné de voir que son numéro de charme n'avait aucun effet sur l'hybride. Adelicia se tourna doucement et commença à marcher, dos tourné au loup, il était impossible de savoir à quoi elle pensait en ce moment tant son expression était vide de tous sentiments.

Là, une pleine Lune devant toi, t’envoutant…Tu ne comprends pas…
Une douleurs si rageante et grandissante, s’installe au plus profond de toi !
Tu hurles puis rugis d’une voix vile et perçante, exprimant ton pauvre désarroi.
Te transformant trop lentement dans cette nuit claire, Loup abominable guettant sa proie !

Poèmes des Enfants de la Lune

Deux êtres dans un seul corps. C’est ce que sont Loups, Lycans et Hybrides. D’un côté l’humain, de l’autre la bête…Deux êtres bien distinct en apparence, et pourtant… pourtant si proches. Si proches que bien souvent ils se confondaient, s’empruntaient, se mesuraient l’un à l’autre. Il en était ainsi de la vie des créatures de la Lune. Et la jeune femme qui se tenait fièrement devant lui ne dérogeait pas à cette règle des plus élémentaires. Elle avait le corps de la femme, mais c’est la Louve au fond d’elle qui n’aspirait qu’à sortir en ce moment même. Comment se refuser à ses instincts primaires ? On ne le peut pas… Pas un Loup du moins. Pas Thiago, dans tous les cas.
Quelques secondes plus tôt, les pupilles d’Adelicia arboraient encore une couleur grise métallique, tranchante mais néanmoins envoutante. Mais maintenant qu’elle s’était tournée vers lui, ce sont deux autre iris qui l’observaient, virant progressivement du gris aiguisé à deux disques jaunis et pénétrants. La louve aurait-elle finalement prit le dessus sur la femme ? En observant ce spectacle, le Grand Loup ne put réprimer un sourire.

-Enchantée.

Sourire qui s’effaça instantanément devant la froideur ostentatoire de son interlocutrice. Oui, visiblement la Louve avait repris tous ses droits sur cette chair pâle et tentatrice. A moins que la jeune femme se comporte ainsi naturellement. Il fronça les sourcils en la voyant lui tourner le dos et s’en aller. Ainsi donc, la jeune hybride était de celle qu’on ne charme pas. Encore une de ses jeunes filles frigides qui n’ont jamais connu la volupté des bras d’un homme ? Sûrement pas. Elle avait une démarche et des mouvements bien trop sensuels pour être aussi innocente qu’on pourrait bien le croire. Si Thiago n’avait pas été aussi intrigué par ce comportement fuyant, il aurait volontiers laissé cette proie s’échapper. Après tout, il n’était pas du genre à courir les filles. Aussitôt, il reprit son sérieux, faisant disparaître le charmeur pour redevenir, Thiago : bête sauvage sans état d’âme.

Il la suivit un instant sur le toit, et s’arrêta devant le mur qui abritait la porte conduisant à l’escalier menant au toit. Il y appuya son épaule et fixa cette silhouette fine aux mouvements félins qui s’éloignait. Réprimant un sourire amusé, il baissa le visage et entrouvrit son long manteau de cuir. Il en sortit l’arme à feu de la belle. Il prit son temps pour observer le semi-automatique, le tournant et le retournant entre ses longs doigts puissants. Desert Eagle… Le Grand Loup n’était pas un très grand appréciateur des armes à feu, les considérant plus comme un moyen de facilité qu’autre chose. Mais il fallait bien reconnaître que parfois il pouvait s’avérer utile d’en posséder une. Ne serait-ce que par simple mesures de précaution. Cependant, rien ne valait les armes blanches. Plus intéressantes à magner, et bien plus intimidantes si tant est qu’on savait bien s’en servir. Le long sabre qui pendait à la ceinture du Loup saurait très bien en témoigner le moment venu.

Pour l’heure, il se contenta de faire tourner l’arme habilement autour de son index, fixant Adelicia qui n’avait pas daigné se retourner. Il ne savait pourquoi mais il fallait qu’il la retienne encore un peu. Ne serait-ce que pour être sûr qu’elle soit hors de danger. Cela devait être ce qu’on appelle la conscience professionnelle, sans doute.

-Tu n’oublies rien… ?

Il lui présenta son arme, crosse pointée vers l’avant pour qu’elle vienne la lui reprendre elle-même. La encore, il ne souriait pas. Bien que le ton de sa question - purement rhétorique d’ailleurs - eut été assez ironique. Plus de trace du charmeur. Le regard fixé sur elle, il attendit sa réaction. Imprévisible, petite hybride…

Adelicia se doutait que le loup prendrait assez mal sa réaction. Pourtant, il ne la retint pas quand celle-ci s'éloignait, résignée à mettre le plus de distance possible entre eux. D'ailleurs... Pourquoi cet envie soudaine ? Adelicia serait-elle troublée par ce grand loup étrange ? Peut-être...il faut dire qu'avec sa gueule d'amour, son regard charmeur et ses lèvres sensuelles, il y avait de quoi craquer. Mais..non. Pas Adelicia, elle était trop fière pour s'abaisser à ce genre de réaction, cela lui rappelait trop ces bipèdes, toujours à vouloir se rendre intéressants. La louve continuait de marcher, lentement, pas vraiment pressée, elle avait le temps après tout... elle sentit que le loup la suivait, s'il se montrait trop insistant, elle se verrait dans l'obligation de lui faire comprendre autrement... Alors qu'elle s'apprêtait à sauter du toit, un cliquetis métallique l'interpella suivit de la voix de Thiago...

-Tu n’oublies rien… ?

La femme s'arrêta et plissa les yeux, portant instinctivement sa main sur l'étui vide de son desert eagle. Ah oui, c'est vrai qu'il lui avait "confisqué" son joujou un peu plus tôt. Adelicia se retourna doucement, le vent s'engouffrant dan sa longue chevelure, la faisant voler, augmentant encore cette apparence irréelle. Elle descendit du rebord et s'approcha d'un pas lent, très lent, soutenant le sublime regard du vieux loup. Hmm...oui, décidément, ce regard, elle l'aimait... si envoutant, si profond... La femme se fit violence pour ne montrer aucun sentiment face à l'homme et saisit l'arme qu'il lui tendait avant de la ranger dans son étui et murmura de sa voix mélodieuse, bien que toujours froide:

- J'ai comme l'impression que tu n'as pas l'intention de me laisser partir.. Je me trompe ?

Mais qu'il cesse donc de la fixer ainsi !!! C'était trop insupportable ! Adelicia mordit sa langue, laissant le gout de son sang envahir sa bouche, s'infligent une douleur lancinante volontairement pour revenir à la réalité, éloigner son esprit de ce regard, de ce visage... Est-ce que Thiago sentirait l'odeur du sang ? Ah, elle n'avait pas pensé à cela et sans doute qu'elle se trahirait à cause de cela...remarque, elle pourrait toujours feindre l'indifférence en prétextant se mordre la langue pour éviter de devoir en venir aux mains avec lui..vu son comportement, ce ne serait pas dur de faire croire cela à Thiago, du moins, elle l'espérait...

- Dis moi... c'est un joli jouet que tu as là...

D'un geste lent, Adelicia tendit la main et écarta doucement le pan du manteau de Thiago, jetant un léger coup d'oeil au sabre accroché à sa hanche. Rapidement, elle s'empara du manche et le tira de son fourreau, reculant de quelques pas en pointant la lame vers Thiago, le regard toujours aussi sombre, pourtant, un léger sourire s'imprima sur les lèvres gourmandes, finement rosées.

- Hmm... Alors "Thiago"... si tu m'expliquais avec plus de précisions ta venue ici ?

La femme retira doucement son long manteau de cuir, le laissant tomber au sol, dévoilant un jolie bustier en cuir, un joli loup tatoué dans son dos, bien que seule la tête de l'animal dessiné sur son omoplate soit visible à ce moment. Une nouvelle bourrasque de vent vint fouetter le visage de l'hybride, faisant de nouveau voler ses cheveux, dégageant ainsi ses épaules, son cou et le haut de sa poitrine galbée gracieusement par son bustier, projetant son odeur tout autous de Thiago... La femme baissa le regard sur la lame du sabre et soudain, sans crier gare, d'un geste souple et fluide, entailla la joue du loup avec. Sûr qu'avec cela, il réagirait. La femme le regarda sévèrement, fixant le liquide écarlate couler sur la peau du marbre de la bête alors que son estomac se crispa brusquement, l'odeur du sang réveillant sa faim...

« Et elle pensa à haute voix :

Au creux de mon être bat un coeur dévasté,
Se forgeant une carapace, toute de fer et d'acier.
Ne plonge pas ton regard argenté dans le gris de mes yeux,
Tu te perdrais dans un dédale de souvenirs douloureux.

Voici donc la litanie de la Louve aux abois »

Poèmes des Enfants de la Lune

Le vent glissait sur ce corps gracieux, en caressant les courbes sensuelles. Ses cheveux flottaient sous la brise nocturne, telle un rideau de volupté encadrant ce visage d’une beauté irréelle. Elle s’était retournée lentement vers lui, ses prunelles devenues aussi dorées qu’une coulée d’ambre fondue. Chaude… et pourtant si distante et froide. A présent qu’elle s’approchait, avec une lenteur presque insupportable, Thiago ne put retenir un léger rictus entraver ses lèvres. Elle soutenait son regard, certes. Sans doute pour lui prouver son courage, ou alors était-ce de la fierté mal cachée ? Toujours est-il que le Grand Loup resta immobile, se contentant simplement de fixer ce regard aux couleurs chatoyantes sur ce visage de glace. Il ramena légèrement son bras vers lui lorsqu’elle se saisit de l’arme qu’il lui tendait. Simple réflexe ou envie de l’avoir plus près de lui, il n’aurait su dire. Ce devait être un moyen comme un autre de vouloir l’agacer, car au fur et à mesure qu’il découvrait ce visage de marbre, il avait envie de le dérider un peu. Elle ne tarda pas à murmurer, le son de sa voix toujours emprunt de cette même froideur intransigeante.

- J'ai comme l'impression que tu n'as pas l'intention de me laisser partir... Je me trompe ?

A dire vrai, Thiago en avait l’intention. Du moins c’est ce qu’il devrait faire, c’était indéniable. Il la laisserait partir, lui faisant croire qu’elle était libre d’aller ou bon lui semblait, mais dans l’ombre, il continuerait à la filer, à la surveiller. C’était son job,
et jamais il n’avait faillit à ses missions. Jamais…
Pourtant cette nuit, il avait bien du mal à laisser partir sa petite protégé, quand bien même il savait qu’elle était en parfaite sécurité si il était dans les parages. C’était la curiosité qui le poussait à en savoir plus. Le fait qu’elle soit si renfermée sur elle-même. Une carapace de plomb la recouvrait entièrement, et tout ce qui se cache aussi ostensiblement ne pouvait être que plus désirable. C’était en quelque sorte un défi à elle toute seule. Thiago, dans toute son incommensurable fierté, appréciait particulièrement ce genre de défis. Il se contenta simplement de répondre d’une voix grave.

-Oui… tu te trompes.

Il pencha le visage sur le côté, intrigué. Une odeur nouvelle, très légère, venait de s’immiscer dans ses narines. Du sang. Il fronça doucement les sourcils et la regarda sous toutes les coutures. Il n’avait pas eut l’impression qu’elle fut blessée pendant le combat précédent, alors pourquoi cette subtile fragrance ? Peut-être avait-elle une simple égratignure. Dans tous les cas, le Grand Loup décida que ce détail paraissait bien minime en comparaison du regard qu’elle lui lançait à présent.

- Dis moi... c'est un joli jouet que tu as là...

Immédiatement, le regard de Thiago se projeta sur cette main fine qui se tendait vers lui. A l’avance, il savait déjà ce qu’elle cherchait, car le moindre de ses mouvements était analysé par son regard argenté. Son sourire s’élargit un peu, et sensiblement, il fit un pas en arrière, tout en la laissant approcher. Il restait silencieux, se contentant de plonger son regard attentif dans le sien. Il savait ce qu’elle allait faire mais la curiosité le poussait à ne pas agir. Lorsqu’elle s’empara de son sabre, il fit encore un pas en arrière en ricanant. Ses bras se levèrent légèrement en signe de paix, alors qu’il continuait de la fixer, amusé.

- Hmm... Alors "Thiago"... si tu m'expliquais avec plus de précisions ta venue ici ?

Enfin, ce visage glacial se déridait un peu, s’esquissant d’un petit sourire sensuel qui ne fit qu’accentuer l’amusement déjà croissant de l’Originel. Mais lorsqu’elle commença à retirer son manteau, dévoilant à la clarté lunaire la blancheur de ses bras et de ses épaules dénudées, Thiago perdit son sourire. Son regard se posa lentement sur cette jolie poitrine galbée. Cela n’avait rien de pervers, le Loup était juste appréciateur des belles choses…. Les prunelles argentées redessinèrent le tatouage en forme de loup qui dépassait de son omoplate. Soudain, le vent apporta à ses narines entrouvertes l’odeur délectable de la peau de la louve. Malgré lui, il en fut légèrement déstabilisé. Adelicia eut tout le loisir de profiter de ce moment d’inattention. Il vit le coup arriver trop tard, et ne prit même pas la peine de le parer. Le fer entailla sa joue, lui laissant une fine entaille qui déjà, dégoulinait de sang. L’Originel ferma les yeux, baissant le visage sur le côté en montrant la petite plaie au regard de l’hybride. Un nouveau sourire se dessina sur ses lèvres amusées, alors qu’il porta sa main à la blessure qui était déjà refermée. D’un revers de la main, il essuya la trace de sang en ricanant.

- Tu as dû le deviner toi-même, jeune hybride… Je suis chargé de ta… il daigna regarder à nouveau la louve…protection.

Il se recula encore, toujours les bras légèrement en l’air en guise de paix, puis il se mit à retirer lui aussi son manteau, lentement et une avec sensualité désarmante. Une fois retiré, il le prit par le col et le jeta nonchalamment sur son épaule, sans cesser de fixer son interlocutrice. Il fit un premier pas en avant, suivit d’un second. La pointe de sa lame vint lui piquer doucement la poitrine, visant dangereusement son cœur. Lentement, il leva son doigt et caressa la lame du sabre, fixant l’hybride d’un air impénétrable. Il serra quelque peu les mâchoires et lui fit un léger sourire. Soudain, rapidement, il poussa le sabre sur le côté et profita du fait qu’il ne le vise plus pour balancer sauvagement son manteau sur la jeune femme, dans le seul et unique but d’entraver sa vue et ses gestes. Puis il lui donna un violent coup de pied dans les jambes, la fauchant pour la faire tomber au sol alors que sa main s’emparait de son poignet, récupérant la garde de son arme. Une fois qu’elle fut au sol, il fit tourner le bras d’Adelicia derrière son dos, et se plaça au dessus d’elle. Un léger ricanement s’échappa de sa gorge alors qu’il se penchait à son oreille, murmurant :

-Je constate que tu en a un peu besoin d’ailleurs…

Il relâcha son poignet, après y avoir exercé une petite pression douloureuse, puis il se redressa, tout en rangeant son sabre dans son fourreau. Il se recula un peu et la laissa se relever. Il ne tenait pas à lui faire de mal, mais si elle tenait à jouer à la maline, elle devait forcément s’attendre à avoir une réponse plutôt musclée.

Adelicia savait que Thiago répliquerait, mais elle ne savait pas quand, ni à quel moment ni même de quelle façon... C'est pour cela qu'elle restait sur ses gardes. La louve continuait de fixer son "protecteur" de son regard ambré, sabre tendu face à elle et à bien y penser, Adel se dit qu'il n'avait peut être pas apprécié qu'elle s'empare de son arme. Après tout, l'hybride ne supportait pas que l'on touche à son balisong, s'était son arme fétiche, elle était chère à son cœur, peut être était-ce pareil pour Thiago. Subitement, une sensation de malaise l'envahit à cause de cela, peut être devrait-elle lui rendre son sabre non ? La femme suivit le loup des yeux, suivant chacun de ses mouvements du regard. Décidément, il était bien étrange, toujours d'un calme olympien, Adel ne put s'empêcher de penser qu'ils se ressemblait tous les deux, à croire que c'était un concours à celui qui resterait le plus calme...

D'un geste sensuel, il retira son manteau, Adelicia déglutit faiblement, cela ne l'avait pas laissé indifférente et elle espérait que Thiago n'ait rien remarqué. Elle ne bougea pas non plus quand il fit glisser son doigt sur la lame du sabre. Non, Adelicia était occupée à fixer le visage du loup, en fait, son reflet dans la lame plutôt, trouvant cela plus facile, son regard d'argent étant ainsi, moins dur à supporter car oui, il ne fallait pas craquer, il fallait résister, sinon, elle perdrait toute crédibilité. Mais étant trop occupée à fixer le reflet du loup, elle fut prise au dépourvu quand le bel homme écarta la lame, jetant son long manteau de cuir à son visage. Adelicia écarquilla les yeux de surprise, se maudissant d'avoir fait preuve d'une telle inattention à ce moment, mais ce fut pire quand elle percuta le sol lourdement après avoir était fauchée par la bête. Sa gestuelle était rapide, précise, un vrai prédateur, il savait quand et où taper, c'était évident, il prenait son métier de mercenaire très à cœur visiblement. Adelicia grimaçant quand il vint à serrer son poignet avant de la lâcher. D'après lui, il était là pour la protéger et...

- Je constate que tu en a un peu besoin d’ailleurs…

Hmm, peut être n'aurait-il jamais dû dire cela... Adelicia se releva, grognant de colère d'avoir ainsi était humiliée. Fixant le loup, elle lui mit un violent coup de poing dans la mâchoire avant d'attraper son visage à deux main pour lui envoyer un coup de boule suivit d'un nouveau grognement, son regard plus luisant que jamais, animal, bestial à souhait. Soudain, elle poussa le loup en arrière puis fit un tour sur elle même avec une extrême rapidité tout en levant sa jambe avec souplesse pour abattre son pieds dans le visage de son gardien. Reprenant une longue bouffée d'air, la femme sentit sa tête tourner, prise d'un léger vertige, sans doute dû à la colère qui l'aveuglait, c'était déjà arrivé à de nombreuses reprises... sans crier gare, elle se jeta sur Thiago, le plaquant au sol avec force, se retrouvant à califourchon sur lui...pour être honnête, la posture était assez osée vu les circonstance, surtout quand la louve cambra le dos doucement, entrouvrant sa bouche gourmande pour dévoiler ses crocs, ses cuisses enserrant les hanches de l'originel, son corps se mouvant doucement contre le sien...Adelicia se pencha, c'était claire, la femme avait disparut, laissant un total contrôle à la bête qu'elle était...elle approcha encore son visage, nichant son nez dans le cou de Thiago, humant son odeur en grognant, ses lèvres frôlant sa peau. C'était la première fois qu'elle pouvait toucher un originel de son plein gré (en dehors de son défunt père), c'était étrange, malgré sa beauté, cet arôme envoutant, ce regard de braise...il était..comme elle et c'est sans doute ce qui la perturba sur le coup...il n'avait rien d'un dieu ! Il était juste un loup ! Étaient-ils si différents tous les deux finalement ? non... grognant une fois de plus, elle se redressa et tira son balisong de sa ceinture, le levant au dessus de Thiago, prête à enfoncer la lame dans son cœur. Mais...

La louve croisa une fois de plus le regard de Thiago... Ses immenses disques argentés aussi mystérieux que la lune elle même, son visage, si beau... elle ne pouvait pas faire une chose pareille..non ! Que dis-je, elle ne le VOULAIT PAS ! Si bien, que sa main se mit à trembler, son regard ambré retrouvant une couleur d'un gris pénétrant, ses crocs se rétractant doucement, enfin, elle reprenait ses esprits et déjà, le bruit sourd de son couteau raisonna lorsqu'elle le lâcha sur le sol, fixant Thiago d'un regard suppliant, qu'un son triste s'échappa de ses lèvres:

- Je suis...désolé....

Mes dents, doucement,
Se posent sur son cou, la mordant...

Elle est perdue,
Perdue dans la nuit noire.
Je suis perdu,
Seul avec mon désespoir...

Poèmes des Enfants de la Lune

Un coup… suivit d’un deuxième. Douloureux, lancinant…pour un humain sans doute, mais Thiago ne sentait pas grand-chose. Les hybrides ne lui faisaient pas peur et il avait l’habitude des coups, bien qu’il soit plus habitué à en donner qu’à en recevoir. Dès qu’il avait lâché prise et l’avait laissé se relevé, chose qui lui avait semblé fairplay sur le moment, elle s’était jetée sur lui, le rouant de coups. Elle était rapide, il fallait lui laisser cette victoire. Peut-être même plus rapide que lui, de par sa petite taille et la finesse de ses membres. Toujours est-il qu'il constata, non sans une certaine satisfaction, que la louve était bel et bien sortie de sa tanière charnelle pour s’attaquer sauvagement à ce qu’elle jugeait être l’ennemi. Le Grand Loup trouva cela amusant au départ. La laissant faire car il aimait voir le naturel revenir au grand galop. Mais au fur et à mesure que les secondes avançaient, il trouvait que le naturel galopait bien trop vite à son goût. Elle lui envoya son pied en pleine figure, ce qui le fit basculer en arrière avant même qu’il ait eu le temps de répliquer. Plus surpris que blessé, il couvrit son visage avec sa longue main, observant la jeune femme entre ses doigts écartés. Son visage défiguré par la rage avait des reflets sanguinaires. Elle n’avait plus rien de la beauté divine qui marchait à sa rencontre un peu plus tôt.

Une bourrasque fendit l’air et fit à nouveau virevolter sa longue chevelure. A cet instant, on aurait dit une de ces guerrières Amazones de la Grèce Antique. Ce qu’il ne comprenait toujours pas c’est ce qui avait bien put mettre la jeune femme dans un tel état de colère. Il n’eut pas même le temps de rabaisser sa main pour tenter de calmer le jeu qu’elle avait bondit sur lui tel une panthère d’ébène, le faisant basculer en arrière. Que devait-il faire au juste. La tuer ? Il n’en avait pas le droit, mais cette idée le titillait fortement. Ce n’était pas le genre de Loup auquel on manquait de respect. Le fait qu’Adelicia soit une femelle n’arrangeait rien à l’affaire. Il se laissa lourdement tomber au sol, son esprit restant tout à ses réflexions alors qu’elle s’installait à califourchon sur lui. Cette proximité nouvelle, loin d’être désagréable, le fit sourire intérieurement. En toute autre circonstance, ce doux frottement que laissait la cambrure de ses reins sur son bas-ventre aurait réveillé en lui une animosité totalement différente. Le spectacle de ses lèvres entrouvertes sur ses crocs acérés avait quelque chose de fascinant. Il ne bougeait pas. Non parce qu’il ne le pouvait pas, mais parce qu’il n’en avait plus envie. Il était curieux… curieux de voir jusqu’où sa folie sanguinaire la mènerait.

Elle se pencha sur lui, alors que ses prunelles argentées étaient plongés dans les iris jaunis de l’hybride. Bientôt, il sentit le souffle chaud et rauque de la bête qui était en elle. Elle frôla son oreille, prenant une grande inspiration pour humer son odeur. Un spectateur extérieur à la scène qui se déroulait sur ce toit aurait très bien put penser à un couple en pleine séance de préliminaires un peu musclés. La réalité… c’était que plus Thiago sentait l’odeur de la femme, plus le Loup qu’il était se révélait. Il gronda un peu, soupira et serra les mâchoires. Adelicia s’était relevé et pointait à présent son arme sur lui, prête à lui lacérer la poitrine de part en part. Sans desserrer les mâchoires, l’Originel la fixait avec une intensité toute particulière. Un mélange indistinct de colère, de tristesse, de désir et de défi se lisait succinctement dans son regard mystérieux. Il ne dit rien, n’esquissa pas même l’ombre d’un geste pour se protéger. Quoi qu’elle fasse, il n’en avait que faire. Il regardait la mort en face. Sentiment qu’il n’arrivait d’ailleurs pas à s’expliquer pour le moment.

Puis il se produisit une chose étonnante. Les pupilles ambrés de la femelle retrouvèrent leur teinte froide et métallique. Sa main tremblante laissa s’échapper l’arme qui percuta le sol.

- Je suis...désolé....

Thiago se permit de relâcher la pression de ses mâchoires. Le regard toujours posé sur elle, ignorant le balisong au sol, il la fixait d’un air rassurant, bien qu’il laissa transparaître un peu de soulagement. Ses paupières vinrent lentement recouvrir ses iris et il soupira. Calmement, ses deux mains allèrent se poser sur les cuisses d’Adelicia. Sans vraiment chercher à le vouloir, il palpa le galbe de ses muscles fuselés, et remonta le long de ses hanches. Il l’agrippa avec plus de fermeté et la souleva sans grand difficulté en la repoussant sur le côté. Son geste avait été sec, prouvant son visible mécontentement. Il fronçait les sourcils à présent, presque indifférent à ce que pourrait bien devenir la jeune femme, et il s’assit. Puis sans crier garde, il tendit sa main vers son cou et lui pinça avec précision les deux artères carotides, ce qui eut l’effet immédiat de l’endormir. Il la regarda tomber inconsciente et se releva, essuyant d’un revers de main le sang qu’il sentait coaguler au niveau de ses narines. Un soupire agacé s’extirpa de ses lèvres et il alla ramasser son manteau, après quoi il l’enfila en prenant son temps. Il n’aurait qu’une petite demi-heure tout au plus avant que la jeune femme ne reprenne ses esprits…

Se dirigeant vers elle, le bellâtre s’empara de son bras inerte et l’attira vers lui. Puis il la jeta par-dessus son épaule comme s’il elle n’avait été qu’un vulgaire tas de viande. Au passage, il s’empara de sa veste à elle et la recouvrit avec. Puis il la serra un peu plus contre lui et courut avec une rapidité désarmante, bondissant de toit en toit, évitant ainsi les ruelles trop bondées. En chemin, il ne pouvait s’empêcher de cogiter. Pourquoi l’avait-elle épargné ? Ce revirement de situation l’avait quelque peu dérouté. Elle avait semblé si fragile, si faible. La louve avait disparu de son corps et il avait crut entrapercevoir le fond de son âme. Une âme souffrante…presque autant que la sienne. Tout à ses songes, il arriva sur le toit de l’immeuble de l’hybride. Tout en la retenant d’une main puissante, il s’employa à escalader la paroi murale en sens inverse, descendant jusqu’à atteindre la fenêtre de son appartement qu’il ouvra d’un bon coup de pied. Il s’introduisit dans la pièce ridiculement minuscule qui lui servait de chambre et la jeta sur son lit sans ménagement. Elle ne devrait pas tarder à se réveiller, et il ne devrait pas être là…Pourtant, il se posta à la fenêtre et contempla la Lune encore haute.

Il ne devrait pas rester là…

Les yeux dans les yeux, il prit son sourire et le lui rendit.

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Grogner, mordre, griffer, déchiqueter... C'est ce dont avait envie Adelicia. Ces foutus Originels, toujours à se sentir supérieurs, c'est eux qui avaient voulu sa mort, c'est eux qui l'avaient poussé à fuir la foret, qui l'avaient forcé à rejoindre cette ville polluée par les humains et les vampires...se venger, les tuer...tous...

Mais pas lui.

Ce regard argenté, si beau, si profond, si charmeur..aucune once de haine ou de dégout ne venait le souiller. Comment aurait-elle pu vouloir la mort d'un homme qui ne souhaitait pas la sienne ? Non, c'était trop dur, Adel avec un caractère de fer, elle était froide, parfois mauvaise mais elle n'était pas insensible. Non, pas insensible du tout... ce regard, cette bouche, ce visage... pas du tout...du tout.

Le revirement de situation semblait rassurer vaguement l'originel, quoique, Adel crut presque y déceler une pointe de regret...était-il suicidaire ? Adel soupira faiblement, s'appuyant un peu plus sur lui, moins tendue, comme rassurée..après tout, le combat était fini non ? Un geste...une caresse... Les mains du grand loup se posèrent sur ses cuisses, ses doigts fins palpant ses muscles au travers du cuir de son pantalon moulant... Un contact des plus délicieux tant sa caresse fut incroyablement douce, remontant le longs de ses cuisses jusqu'à ses hanches. Inutile de se perdre dans cette douceur qui prit fin rapidement avant de se voir basculer sur le côté, presque jetée sur le sol. Adelicia prit appui sur ses mains, assise sur le côté gauche, tête baissée. La louve ne pouvait pas le regarder en face, elle n'en était pas digne.. Pour elle il était comme un Dieu, on s'incline face à lui, on ne lui parle pas sans en avoir le droit, on ne l'approche, on ne le regarde pas..on le prie... on le prie de vous laisser en vie car vivre, c'est déjà une bonne chose...et pour le remercier de cette bienveillance si gracieusement offerte, on rampe face à lui, on ne le menace pas, on baise ses pieds...

Perdu dans ses pensées sombres, L'hybride ne sentit pas le loup s'approcher, attraper sa nuque, sans brusquerie certes, mais quand elle se rendit compte de cette nouvelle proximité, son corps s'engourdit brusquement puis vint le noir totale. Endormie. La belle ne se sentit pas soulevée du sol, portée comme un vulgaire déchet mais elle sentit... son odeur envoutante, ses doigts sur sa peau, la chaleur de son corps.

Thiago... Tu n'es pas un Dieu...

La noirceur, c'est tout ce que voyait la louve. Elle errait dans les bas-fonds de son esprit... c'était si noir, si froid...si effrayant.. elle était seule... Perdue. Marchant, elle se voyait, nue. La noirceur n'en finissait pas, mais elle continuait de marcher..pour aller où ? Nul part... plus de famille, pas vie, plus joie, plus rire, plus de bonheur..plus rien.

" Mes crocs d'argent brillent, et la lune, pleine, étincelle... "

- Maman ?

Cette voix, pure et douce. Ce timbre apaisant qu'elle n'avait pas entendu depuis 204 ans, sauf dans ses rêves.

" Elle est perdue, perdue dans la nuit noire. "

- Non, je ne suis pas perdue... je ne suis pas perdue maman !

" Elle est perdue, seule avec son désespoir... "

- Tais-toi... c'est un mensonge... tu n'as pas le droit d'utiliser ses mots contre moi !

" Une ombre cache la lune, et elle me montre les dents, la jolie brune... "

- Silence...

Pourquoi..chaque fois qu'elle fermait les yeux, chaque fois qu'elle dormait, ses mots revenaient..sa mère, si douce et aimante... Pourquoi c'était elle qui la tourmentait ainsi ? Adelicia remuait dans son lit sur lequel l'originel l'avait jeté et non posé. Combien de temps depuis s'était-il écoulé ? Peu importe, pour Adel, le temps n'avait plus lieu d'être à cet instant. Le corps tremblant, gigotant dans ses draps défaits. Brusquement, elle ouvrit les yeux, se redressant dans son lit, le regard fou, le corps luisant de transpiration et haleta:

- Je... Je suis perdue, perdue dans la nuit noire. Je suis... perdue, seule avec mon désespoir...

La femme leva les mains, les glissant dans sa longue chevelure , saisissant son crane entre ses mains et éclata en sanglotant, murmurant:

- Perdue... seule avec mon désespoir...

Elle ignorait que Thiago était là, face à la fenêtre. Les larmes de l'hybride inondaient son visage pâle, exprimant toute sa faiblesse, se croyant seule encore une fois...

Posant une main sur son cœur,
Elle le sentit battre à mille à l'heure ;
Il ne l'as pas tué, pas encore…

Cessant d'inspirer,
Elle reste d'abord pétrifiée ;
Les larmes dévalant conséquemment son visage,
Avant que le rêve s'ensuive de l'orage…

Poèmes des Enfants de la Lune

L’air frais qui s’engouffrait à travers la fenêtre ouverte avait un effet plus que bienfaisant. Thiago fermait les paupières, profitant de ce souffle qui lui changeait un peu les idées, et surtout, qui lui apportait autre chose que l’odeur parfaitement délicieuse de la femme allongée sur le lit à ses côtés. Il préférait ne pas la regarder, et se concentrer sur l’astre lunaire, son amie, ou ennemie de toujours. Mais lorsqu’il rouvrit les paupières, la Lune était recouverte par un immense nuage sombre. Ses sourcils se froncèrent sensiblement. Traîtresse…
A présent il ne savait pas quoi regarder d’autre, et il sentait que tôt ou tard, ses iris d’argent iraient se poser sur le corps alanguit d’Adelicia. Pour gagner du temps, il baissa les yeux et observa la ruelle en contrebas. Mais il n’y avait là absolument rien d’autre qu’une impasse macadamisée et malodorante. Bien-sûr, il pouvait toujours s’en aller. Bondir par cette fenêtre et rejoindre son poste d’observation, tranquille, aurait sans doute été la meilleur chose à faire. Mais, il ne s’expliquait pas pourquoi, il ressentait le besoin de rester. Au fond de lui, il parvint à se persuader que ce n’était que simple zèle professionnel de sa part. Cette femme l’attirait, et c’était bien normal, mais c’était loin d’être la première. Tout cela ne l’aurait pas vraiment irrité s’il l’avait rencontré en dehors du boulot. Mais là… c’était différent. Il prit une profonde inspiration, et se décida enfin à enjamber la fenêtre.

Il ne lui aurait accordé aucun regard, pas même une œillade discrète. Il se serait tout simplement contenté de passer par la fenêtre, de grimper au mur de l’immeuble pour ensuite bondir sur celui d’à côté et continuer sa surveillance. Mais voilà. Alors qu’il était accroupit sur le rebord de la fenêtre et qu’il contemplait la hauteur qui le séparait du sol, un léger souffle se fit entendre à l’intérieur de la chambre. Immédiatement, il dressa l’oreille. Le soupir fut suivit par un mouvement qui fit frémir le tissu des draps. Malgré sa réticence, Le Loup tourna son visage vers elle. Son visage pâle semblait légèrement crispé. Il remarqua que sa respiration était imperceptiblement plus rapide. Alors, peut-être par curiosité, il redescendit de son perchoir et pénétra à nouveau dans la chambre. Fronçant les sourcils, ses pas le guidèrent au pied du lit. Il croisa les bras sur son torse et fixa la belle endormie. Elle était visiblement victime d’un cauchemar, symptômes qu’il connaissait à merveille…

Il s’installa sur la commode en face du lit, toujours les bras croisés. Il espérait ainsi ne pas franchir la barrière invisible qu’il s’était fabriqué entre le lit et lui. Entre elle, et lui. La Lune refit son apparition, libérée de son nuage inopportun, et la pièce s’éclaira d’un voile de clarté. Peu à peu, le visage de la louve s’illumina faiblement. L’Originel pencha le visage sur le côté. Ses paupières se plissèrent légèrement et il crut voir quelque chose. Comme un vieux souvenir enfouit depuis plusieurs siècles, il revit un visage passer dans son esprit. Cette ressemblance troublante le fit se lever de son siège improvisé, et c’est presque inconsciemment qu’il brava les limites de sa barrière invisible. Très vite, il se retrouva le visage penché au-dessus du sien. Il du s’accroupir pour mieux voir. Une larme coulait le long de sa joue, lentement, selon un tracé régulier. Thiago se sentit transgresser les dernières limites en tendant la main pour aller recueillir cette perle sur son doigt.

Alors, fermant les yeux, il se revit des siècles plus tôt. Le Clair de Lune était bas dans le ciel, une simple prairie de fleurs sauvages encadrée par un bosquet de jeunes arbres, empêchant le vent printanier d’y souffler. Il était bientôt l’aurore… malheureusement. Il regardait une femme, blonde, belle, allongée à ses côtés sur un tapis de mousse. Ils avaient fait l’amour toute la nuit. Ils savaient tous deux que c’était leur dernière nuit ensemble, et la passion était plus forte encore. Alors qu’il la regardait, parfaite statue endormie, une larme, telle un diamant, avait perlée sur sa joue. Il l’avait récupérer du bout du doigt.
Miranda… Avait-il murmuré pour lui-même.
Sans se réveiller, elle lui avait susurré de ne pas partir.
Le souvenir défilait, et il se voyait se relever malgré tout, et fuir à travers champs, avant que le soleil ne se lève. Le visage de Miranda lui avait semblé si proche. Et lorsqu’il ouvrit les yeux, c’était comme si elle était encore endormit à ses côtés. Mais ce n’était pas Miranda. C’était Adelicia. Il ne comprenait pas vraiment pourquoi il avait revécu ce souvenir…

Soudain l’hybride se leva en sursaut, le souffle haletant. Thiago s’écarta un peu, mais garda sa position accroupie.

-Je... Je suis perdue, perdue dans la nuit noire. Je suis... perdue, seule avec mon désespoir…perdue... seule avec mon désespoir...

Cette fois-ci, il fronça carrément les sourcils. La phrase qu’elle venait de citer lui disait quelque chose. C’était un des vers des Poèmes des Enfants de la Lune. Comment une simple hybride pouvait elle connaître ces vers. Il n’y avait qu’un seul exemplaire du Recueil qui existe au monde, et c’est lui qui l’avait écrit. A moins que…
Il se leva brusquement, au risque d’effrayer la jeune femme qui ne l’avait visiblement pas remarqué. Il fallait qu’il parte, c’était clair. Cette mission était trop étrange… trop dérangeante. Elle lui laissait un gout amer au fond de la gorge.

- Ça va… t’as dû faire un cauchemar.

Sa voix se voulait dure et indifférant, mais il fut surpris d’y entendre une pointe de gêne. Il hésita à faire un geste envers elle, mais ce n’était pas la chose à faire. Alors il contourna le lit et alla se replacer dans l’encadrement de la fenêtre.

-Je… t’ai ramené chez toi, petite hybride. Alors hum…Bonne soirée maintenant.

Son regard n’arrivait plus à se poser sur elle tant la ressemblance avec cette femme sortit d’outre tombe était troublante. Silencieusement, il se promit de faire comme si de rien n'était.

Miranda…

C'était souvent qu'Adelicia faisait ce genre de cauchemars, mais c'était la première fois qu'elle entendait la voix de sa mère lui faire subir cela. Ce n'était jamais arrivé..pour cause, Miranda, sa chère mère avait toujours été très proche d'elle, toujours très tendre et aimante envers sa fille. C'était d'ailleurs pour la sauver qu'elle s'était sacrifiée 204 ans plus tôt , son père avait fait de même. Le prix à payer pour la survie de leur fille fut cher... mais pas inutile.

Bien qu'Adelicia était une femme à présent et que deux siècles s'étaient écoulés depuis ce drame, la louve en souffrait toujours autant. Elle était comme une enfant, perdue, seule sans sa mère dans un lieu inconnu. Adelicia se souvenait...le visage de sa tendre mère qu'elle aimait tant...elle se ressemblait énormément et pas du tout à la fois. Elle faisait à peu près la même taille, la corpulence, leur bouche et la couleur de leur yeux étaient par contre, en tout point identiques. Une chose qui par contre les différenciait énormément étaient leur chevelure, Adelicia, elle, dotée une longue chevelure noir, très fine et très soyeuse alors que sa mère, elle, avait une crinière d'un blond doré, très bouclé, lui terminant un peu en dessous des épaules. En ce qui concernait le caractère, là, par contre, Adel était quasiment en tout point identique à son père. Toujours d'un calme froid, dotée d'un caractère de fer, n'hésitant pas à se mettre en colère, parfois trop vite, comme sur le toit avec Thiago.

Miranda lui manquait. C'était une vérité qu'Adelicia n'avait pas peur de cacher, mais elle n'en parlait à personne. Pourquoi ? tout simplement parce qu'elle n'avait personne à qui se confier. Toujours à se mettre à l'écart des autres, refoulant ses sentiments. Mais aujourd'hui, l'hybride avait craqué, brisant son masque de froideur pour laisser échapper un soupçon de tristesse. Main posée sur sa poitrine, elle tentait de calmer son cœur affolé, sa respiration saccadée. Elle prit conscience de la présence de l'originel quand celui-ci se redressa brusquement, la faisait sursauter. C'est alors que la louve comprit qu'elle était chez elle, dans son lit aux draps défaits. Thiago... comment savait-il où elle vivait ?

- Ça va… t’as dû faire un cauchemar.

Un cauchemar ? Étais-ce si évident ? Bah, Adel pourrait trouver une excuse à ses larmes, son désarroi. Mais elle ne trouva rien, elle réfléchissait...elle pouvait passer pour une andouille, prétextant un cauchemar bidon du genre " mais...tu ne comprends pas ! C'était horrible ! La terre était envahie par...par..des bananes chevelues ! " Mais bien sur !!! non, le mieux était encore de se taire.

-Je… t’ai ramené chez toi, petite hybride. Alors hum…Bonne soirée maintenant.

Adelicia dévisagea Thiago et c'est à ce moment qu'elle comprit que quelque chose n'allait pas..vraiment pas. Pourquoi cette gêne plus qu'évidente ? Avait-elle fait quelque chose de mal ? Que lui arrivait-il ? Lui qui était pourtant si fier tout à l'heure, là, il semblait..livide, mal à l'aise, voire même un peu triste. La louve se leva du lit, le suivant jusqu'à la fenêtre et le fixa un instant avant de murmurer :

- Merci de m'avoir ramené.

Sa voix n'était plus aussi froide, on y décelait même une pointe de reconnaissance. Après tout, elle n'était rien, il aurait simplement pu la laisser sur ce foutu toit, là bas, en ville. Il l'évitait...ne la regardait pas.... Adelicia baissa les yeux, c'était dommage, ce loup avait quelque chose de passionnant... Ce mystère dans son regard...elle aurait aimé apprendre à le connaitre..mais c'était évident que cette envie n'était pas réciproque. La louve s'appuya contre la fenêtre, fixant le loup qui déjà, partait rapidement. Elle s'étonnait elle même de cette sensation nouvelle et étrange qu'elle ressentait, comme un pincement au cœur, en plus agréable, quelque chose qu'elle ne connaissait pas. Adelicia fixa la lune, soupirant faiblement et murmura:

- Au revoir... Thiago.

Dans ses derniers mots à peine soufflés, elle referma sa fenêtre et comme chaque soir, elle se plongeait dans la pénombre de son minuscule appartement, tel un animal en cage.

Encore un ?! (pv adel' & thithi)

Encore un ?! (pv adel' & thithi)

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