Révélations? [Gena]

Sullivan consulte encore une fois son portable. Midi vingt. Ils avaient dit midi quinze... Il soupire... Qu'est-ce que Gena avait à lui dire? Est-ce qu'il en profiterait pour faire sa déclaration? Le garçon vient encore et Sullivan commande un nouveau café, il n'était pas très réveillé a cette heure de la journée. La faute aux rondes... mais les rondes étaient nécessaires. Il regrettait surtout de ne pas avoir plus de temps pour voir Gena, il n'avait eut strictement aucune occasion de lui avouer ses sentiments...

Le restaurant était il propice? Elle serait capable de faire une scène en plein milieu des clients sans aucune gêne, quoique ils commençaient déjà a quitter leurs tables ; le temps qu'elle arrive ils seraient peut-être seuls qui sait? Il repensait a ses révélations... peut-être qu'il pourrait avoir la complicité de sa cousine? En en profitant pour réfréner les ardeurs de celle ci a voir Gena perdre sa virginité.
Ou pas...

Il allait vraiment finir par se sentir honteux d'abuser de la situation... Elle était plus jeune, pas de beaucoup d'accord... c'était tout de même quatre ans, et surtout elle était beaucoup plus naïve. Elle ignorait tout... enfin... lui il avait une certaine expérience.
Plus qu'elle en tout cas. Mais ça ça ne devait pas être très dur.

Il trompe son attente en regardant la carte, il commençait a avoir faim et elle n'arrivait toujours pas. C'était a se demander si elle ne c'était pas fait kidnapper...
A moins qu'elle ne soit restée collée a la vitrine d'une confiserie? Elle avait aussi pu se perdre... ou oublier. On ne savait jamais avec elle. Enfin cette fois c'était tout de même elle qui avait voulu lui parler. Si elle voulait lui dire quelque chose d'important elle n'allait pas tarder... Pas trop. Mais il commençait a désespérer... peut-être qu'il aurait dû arranger une ambiance plus romantique?

Pourquoi faire? Il risquait d'attendre encore un moment avant de se déclarer. Elle le considérait comme son grand frère... il ne voulait pas briser son affection pour un amour hypothétique...

En retard... encore ! Comme toujours !. Gena, vêtue d'une robe d'un jaune fluo, un gilet verte par dessus, chaussée de santiags roses, ne passait pas inaperçue dans les rues de la ville. La respiration haletante, elle marchait aussi vite qu'elle le pouvait, rehaussant son sac en bandoulière sur son épaule, une large enveloppe marron dans la main. D'un geste rapide, elle sortit son téléphone portable et regarda l'heure: 12h25. La jeune femme accéléra encore le pas, Sullivan l'attendant dans un restaurant chinois en plein milieu du centre ville.

Elle l'avait appelé, expliquant qu'il était urgent qu'ils se parlent. La jeune femme avait reçu l'héritage de ses parents quelques jours plus tôt, Sullivan n'était pas au courant. En fait, Gena avait reçu un sacré paquet d'argent. N'étant vraiment utile à la coalition, elle avait prit la décision d'utiliser cet argent pour l'investir dans le le clan. Pour elle, c'était quelque chose d'important, ainsi donc, aujourd'hui même, elle avait signé les papiers et payé..Elle, officiellement, la détentrice de l'ancien théâtre.

Enfin, elle aperçut le restaurant qui faisait le coin de la rue, des gens en sortaient, d'autre y entraient. Gena s'arrêta un peu avant, repoussant ses lunettes et réajustant ses cheveux, coiffée en deux tresses parfaites qui accentuaient son côté enfantin. Elle se remit à marcher, poussant la porte du restaurant et entra. Pendant quelques instant, elle chercha son ami avant de l'apercevoir dans un coin en retrait, à attendre. Le pauvre, il devait s'ennuyer depuis tout ce temps. Gena se racla la gorge et le rejoint, se penchant, elle embrassa sa joue avant de se laisser tomber sur sa chaise, essoufflée.

- Désolée d'être en retard.

Elle esquissa un léger sourire, un peu gênée et retira son sac de son épaule qu'elle posa au pied de sa chaise, posant l'enveloppe sur son assiette vide.

- Tu vas bien ? T'es rentré tard ce matin encore... je t'ai pas vu...

Gena retira son gilet, dévoilant ses bras fins puis pivota légèrement pour le mettre sur le dossier de sa chaise avant de regarder Sullivan en rougissant, sourire crispé et repoussa ses lunettes, trop grande, qui ne cessaient de glisser sur son nez.

- Oh sulli ! Je suis vraiment désolée ! J'ai fait aussi vite que j'ai pu!

Elle tendit la main et la posa sur celle du jeune homme qui était deux fois plus grande, plus large, plus chaude. Ce contact eut l'effet de calmer un peu Gena, l'apaisant mais très vite, elle la retira. Sullivan la considérait comme sa "petite sœur", il était inutile de trop le toucher, sinon, il finirait par se poser des questions et puis, il la repousserait.

La porte s'ouvre il lève les yeux. C'était elle forcément, il n'avait pas besoin de lever le regard jusqu'à son visage pour en être sûr et certain. Il n'y avait qu'elle pour s'habiller comme ça. Il se demandait parfois si elle n'était pas daltonienne... Remarque sur elle ça n'allait pas si mal. Il eut un pincement au cœur en la regardant. C'était sûr. Si il lui disait quelque chose il la choquerait et il la perdrait...
La bise sur sa joue était une vraie torture.

Désolé d'être en retard.

Il fait un signe évasif, signifiant probablement par là qu'il la pardonnait. En fin de compte il était maintenant d'autant plus heureux de la voir et il devait se retenir pour ne pas la dévorer du regard.

Tu vas bien ? T'es rentré tard ce matin encore... je t'ai pas vu...

Il ne pouvait décemment pas lui dire qu'il cherchait a éviter de nouveaux incidents... mais il lui manquait de revenir pour la trouver endormie n'importe ou. Ça lui donnait l'occasion de l'admirer.

L'hiver commence, les nuits sont de plus en plus longues... donc je dois rester plus tard... Mais j'ai été étonné de voir que tu étais sortie plus tôt que d'habitude aujourd'hui...

Sa peau était pâle, pas du blanc de marbre des vampires mais simplement de la pâleur sans artifice de qui voit peu le soleil. La peau pâle, le rougissement, son geste pour remonter ses lunettes... tout lui plaisait. Gena était une fille enfantine et maladroite mais ça lui plaisait.
Il se demandait parfois s'il n'avait pas un côté dominateur, vouloir une fille frêle pour pouvoir la protéger... d'une certaine façon il se sentait un peu machiste... Mais Gena avait vraiment besoin d'aide. Et malgré ses dehors perturbants elle était belle si on prenait la peine de la regarder.

Oh Sulli ! Je suis vraiment désolée ! J'ai fait aussi vite que j'ai pu!

Il lui sourit doucement avant de tressaillir lorsqu'elle lui prit la main. Cette main douce, fine et fraiche sur la sienne... mais c'était encore le geste d'une enfant... du moins lui semblait il. Elle la retire vite, ça n'avait pas d'importance pour elle.

Ce... ce n'est pas grave. Tu voulais me dire quelque chose? Attend. On va commander avant... on discute mieux devant un repas...

Il cherchait aussi a gagner du temps... le serveur vint prendre leurs commandes. Il y avait du choix comme souvent dans les restaurants chinois. Sullivan prit un petit peu d'une dizaine de plats différents.
Quand on connaissait pas trop pourquoi ne pas tout gouter? Jusque là, la technique avait marché. D'ailleurs le porc confit et le canard laqué n'étaient pas mauvais ensemble. Et tout le monde fait comme il veut en ce bas monde...

Comme à s'y attendre, Sullivan ne semblait pas plus emballé que cela à l'idée de voir Gena. La pauvre fille y ressentit un lourd pincement au cœur. Enfin au moins, il souriait..à peu près. Oui, plus de la politesse qu'autre chose..Pas étonnant que la pauvre se sente à chaque fois de trop, être un poids... c'est d'ailleurs pour cela qu'elle devait lui parler de l'investissement.

- Ce... ce n'est pas grave. Tu voulais me dire quelque chose? Attends. On va commander avant... on discute mieux devant un repas...

Gena esquissa un vague sourire. Plus les minutes passaient et plus il lui semblait difficile de pouvoir parler normalement avec Sillivan. La jeune femme regarda la carte, commande quelques nems et des mets cuits à la vapeur. Gena mangeait beaucoup généralement, mais aujourd'hui, elle avait l'estomac noué, le stress sans aucun doute. Le serveur leur apporta les plats commandés. Gena murmure:

- Bon voilà... il y une semaine, j'ai reçu l'héritage de papa et...

La jeune femme plisse les yeux, elle n'arrive pas à utiliser ses baguettes, se dépatouillant avec comme elle le pouvait, elle finirent par lui échapper des doigts, tombant sous la table.

- Oops...

Gena sourit et se glissa sous la table pour les ramasser. A quatre pattes, elle les cherchant, il faisait sombre à cause de la nappe qui tombait presque jusqu'au sol. Gena posa sa main sur la cuisse de Sullivan, s'y agrippant et lâche:

- Sulli ! Je trouve pas mes baguettes !

Gena remonta sa main, caressant inconsciemment l'intérieur de la cuisse du pauvre Sullivan alors que le serveur s'approcha, apportant les boissons.

- Hey Sulli ! Arrête de bouger ! J'ai presque fini !

Le serveur se stoppa, fixant Sullivan avec des yeux ronds.

- Ah ! Écarte les jambes nom de dieu ! J'y suis presque !

Oui, les baguettes avaient roulé jusque sous la chaise du bel homme. Autant dire la situation était particulièrement gênante du point de vue de Sullivan..et du serveur. Soudain,la tête de Gena fit irruption entre les cuisses de Sullivan , la nappe remontée sur ses cheveux et elle s'écria, sa main brandissant les baguettes:

- Je les ai !!!

Souriante, la jeune femme fixa Sullivan et demande, innocemment:

- Bah quoi ? Pourquoi tu fais cette tête ?

Le serveur hésitait... devait il en déduire que les premières impressions n'étaient pas les meilleures ni les plus justes? C'était plus simple a Shanghai... personne n'y laissait tomber ses baguettes et les tables étaient trop basses pour qu'on passe en dessous ne serait-ce que pour chercher ses baguettes... mais ça pouvait aussi être une mise en scène. Les jeunes d'aujourd'hui avait des idées bizarres.

Sullivan lui adresse un geste las. Compris. La fille avait le don de faire paraitre ce qui n'était pas et il avait presque l'habitude qu'on le regarde bizarrement.
Ce dernier devait admettre que la main de Gena n'était pas désagréable. Mis a part le fait que c'était involontaire et dans un lieu public.

Bah quoi ? Pourquoi tu fais cette tête ?

Il lui fait un sourire mi-figue mi-raisin. Elle était trop naïve pour comprendre l'esprit pervers des gens. Et a quel point certains gestes innocents pouvaient changer de sens vus de l'extérieur.

Pour rien pour rien... tu veux bien te rassoir? A ta place?

Il évitait de regarder le serveur pendant que celui ci distribuait les plats. C'est sans doute pour ça qu'il ne remarque pas que celui ci leur a donné une bouteille d'alcool de riz chinois... du baijiu, 65°. Il faut lui accorder ça le pauvre homme avait bien le droit d'être confus. Après tout son propre cerveau venait de lui faire des suggestions a propos de la nouvelle aide en cuisine et il ne se serait jamais cru nourrissant des pensées pareilles a son propre insu.
Toutefois une bouteille esseulée et manifestement pas a sa place ne reste pas longtemps inaperçue. Sullivan lui adresse un haussement de sourcils avant de s'en emparer pour lire l'étiquette puis de la reposer.

Évite de boire ça, ça tire haut dans les degrés.

Il la pousse dans le coin le plus éloigné de la table, du côté du mur, avec Gena une bonne dizaine de protection c'était un minimum vital. Il se retourne vers elle et lui sourit, l'incident "baguettes" n'avait pas d'importance après tout. C'était déjà fini on pouvait l'oublier et ne plus jamais en reparler. Il fait un instant tourner distraitement ses baguettes entre ses doigts, sans les faire tomber lui.

Oui donc, tu disais quelque chose a propos de ton héritage?

Gena prit appui sur les cuisses de Sullivan, serrant ses baguettes dans sa main. La jeune femme n'avait vraiment pas conscience que cette position portait à confusion, elle n'était absolument pas gênée, tout comme elle ne se rendait pas compte que ce contact pouvait plaire à son protecteur...

- Pour rien pour rien... tu veux bien te rassoir? A ta place?

Gena sourit et hocha la tête, résultat, elle se heurta à la table qui se mit à trembler tandis que la fille gémit discrètement de douleur en se massant le haut du crâne. Quel poisse, il fallait toujours que sa tombe sur elle. Rapidement, elle retourna sous la table et vient se hisser sur sa chaise en soupirant. D'un geste machinale, elle remonta la bretelle de sa robe qui avait glissé, dévoilant une épaule nue ses cheveux ne pouvaient cacher étant attachés en une queue haute. Sullivan semblait préoccupé par une bouteille déposé par le serveur, si bien, qu'il la repoussa, bien sûr, loin de Gena...

- Évite de boire ça, ça tire haut dans les degrés.

- Mais ! J'ai jamais gouté !

La jeune femme lui fit un sourire rayonnant qu'elle perdit bien vite en voyant l'expression de son protecteur. Visiblement, il était inutile d'insister... Non mais..avait-il conscience au moins qu'avec cet air sérieux il faisait peur ? Gena ne lui aurait bien dit mais, froussarde comme elle était, elle préférait se taire de peur de se faire disputer par Sulli, après tout, il pourrait mal le prendre.

- Oui donc, tu disais quelque chose a propos de ton héritage?

Gena se stoppa net, fixant Sullivan puis murmura:

- Ah ! euh... oui...alors voilà...

Elle prit la grosse enveloppe marron et continue, timidement.

- Papa et maman m'ont légué beaucoup d'argent...vraiment...beaucoup.

Gena fixait toujours Sullivan, elle insista bien sur le mot "beaucoup", histoire de lui faire comprendre.

- Je...je suis inutile à la coalition alors...j'ai décidé de vous aider..à ma façon..voilà... Sullivan j'ai...j'ai racheté le Théâtre.

La pauvre fille s'attendait à un reproche de la part de son protecteur, si bien qu'elle continua, pour sa défense.

- Écoute ! Vous squattez le vieux Théâtre... mais, si la police ou je ne sais quelle forme d'autorité se rend compte de la présence de quelqu'un là bas et voit tout ce que vous y faites...tu sais ce qui va se passer non ? Or... maintenant, le Théâtre est à moi... donc... je peux en faire ce que je veux...et je veux... vous l'offrir.

Doucement, elle sortit une petite liasse de papiers de l'enveloppe et les tendit à Sullivan, esquissant un sourire tendre.

- Je l'ai fait..pour toi Sulli. Et pour ceux qui croient en toi.

De sa main libre, elle prit celle de Sullivan, la serrant doucement et chuchota avec douceur en le fixant:

- Je te dois la vie Sullivan... et moi...Je crois en toi.

- Je te dois la vie Sullivan... et moi...Je crois en toi.

Il avait été trop choqué pour répondre avant. Elle avait dépensé tout ce qui lui restait pour les aider? Mais... comment pourrait-elle retrouver son indépendance après ça? Elle serait condamnée... il balbutie un peu en reprenant la parole.

- Tu... tu es sûre de ta décision? Je veux dire... ça doit faire beaucoup d'argent non? Tu aurais pu te payer un appartement, regagner ta liberté... tu veux vraiment nous aider? Tu sais déjà que notre vie n'est pas facile... je sais que tu pourras assumer ta décision...

Menteur, tu en doute.

Mais tu pourrais vivre mieux... nous serons plus a l'abri grâce a toi mais ça avait fonctionné jusque là et ça aurait pu continuer...

Il se penche en avant et lui chuchote, il ne faudrait pas qu'un autre client en entende trop ou ils auraient de gros ennuis.

- Et puis si on découvre qu'un groupuscule armé habite TON théâtre je te laisse deviner sur les épaules de qui les problèmes retomberont en premier... Je préférerais t'éviter ça, tu as déjà assez d'ennuis.

Sans s'en rendre compte il entremêle ses doigts aux siens, serrant sa main en douceur. Pour l'instant le paquet de papier trône intouché sur la table, dans les assiettes les victuailles chaudes refroidissaient lentement. Et tout ça n'avait strictement aucune importance pour le moment. Sullivan se sentait bien, en partie parce qu'une partie de ses problèmes avaient disparu, aussi un peu a cause de la main de Gena dans la sienne mais il ne s'en était pas encore rendu compte... surtout a cause de ce qu'elle lui avait dit.

- Tu es vraiment sûre? Tu ne le regretteras pas?

Il se penche un peu plus en avant et la regarde dans les yeux... était-ce le bon moment? Oui sans doute il devait le lui dire sinon il n'oserait jamais. S'il n'osait pas il n'oserait jamais... on pouvait trouver mieux comme phrase. Plutôt mourir que de mourir? Hem... je m'éloigne du sujet moi.

- Gena... moi aussi j'avais quelque chose a te dire... Je voudrais que tu restes calme même si tu le prends mal...

Pourquoi tout cela était il si compliqué? Elle le considérait comme son grand frère bien sûr qu'elle serait choquée et qu'elle le prendrait mal! Elle verrait bien qu'il abusait de la situation et ça sera fini aussi vite que ça n'avait pas commencé mais voilà... il devait le dire parce qu'il en avait assez de garder ça pour lui a son insu.

Sullivan semblait prendre la nouvelle de manière..étrange. Il ne semblait pas plus heureux que cela en fait. Remarque, il était peu être étonné, voir choqué..après tout , Gena, cette fille aux allures enfantines qui passe ses journées à manger des bonbons, racheter le vieux Théâtre pour le gérer ? C'était risible ! Pourtant, c'est bien ce qui arrivait.

- Tu... tu es sûre de ta décision? Je veux dire... ça doit faire beaucoup d'argent non? Tu aurais pu te payer un appartement, regagner ta liberté... tu veux vraiment nous aider? Tu sais déjà que notre vie n'est pas facile... je sais que tu pourras assumer ta décision... Mais tu pourrais vivre mieux... nous serons plus a l'abri grâce a toi mais ça avait fonctionné jusque là et ça aurait pu continuer...

- Je..je ne regrette pas mon geste.

Il se penche, se rapproche.

- Et puis si on découvre qu'un groupuscule armé habite TON théâtre je te laisse deviner sur les épaules de qui les problèmes retomberont en premier... Je préférerais t'éviter ça, tu as déjà assez d'ennuis.

Elle ne répond pas. Il se rapproche encore, ses doigts s'entremêlant aux siens, elle sent ses doigts chauds, sa poigne virile mais douce se refermer sur sa main...quelle torture... il se rapproche encore, déjà, elle sent son souffle brûlant sur son visage.

- Tu es vraiment sûre? Tu ne le regretteras pas?

- Oui, j'en suis sûre, je ne reviendrais pas sur ma décision.

Sullivan fixait ses yeux, à demi cachés derrière ses lunettes rose fuchsia à double épaisseur. Gena les repoussa nerveusement, quand Sullivan murmura:

- Gena... moi aussi j'avais quelque chose a te dire... Je voudrais que tu restes calme même si tu le prends mal...

La jeune fille déglutit, ce coup là, elle le sentait mal, trop mal. Et puis..pourquoi Sullivan lui tenait-il la main comme ça ? Pourquoi la fixait-il avec un tel regard ? Non, quelque chose n'allait pas... lui aussi il allait lui donner de faux espoirs, comme les autres... elle pouvait pas le laisser faire..désolée Sullivan, désolée.

- J'ai acheté un appartement.

Sa phrase fut balancée comme une fusée, coupant Sullivan dans son élan.

- Je...j'emménage ce week end.

Gena sentit son cœur se serrer, elle le quittait, elle partait, ne le verrait que "professionnellement" à la coalition, dans le théâtre, rien d'autre.

- Il me reste encore de l'argent... j'ai même déjà préparé de quoi te payer le loyer depuis que tu m'as accueilli chez toi.

Doucement et à contre cœur, Gena retira sa main de celle de Sullivan. Elle n'avait qu'une envie, hurler un bon coup, pleurer, fuir.

Sullivan se contente d'abord d'écarquiller les yeux, puis la lumière se fait dans son esprit et il se rassoit brutalement dans son siège. Est-ce que moins naïve qu'elle en avait l'air elle avait déjà compris ses sentiments? C'était une façon discrète de le repousser hein? Forcément.
Il avait beau faire bon dans le restaurant il se sentit soudain glacé jusqu'aux os, jusqu'au cœur... Oui c'était ça elle le repoussait, elle avait comprit.

- Je...j'emménage ce week end.

Il secoue tristement la tête. C'était beaucoup trop près a son goût... si seulement... Avait elle peur de lui? Oui c'était possible. Il était grand et fort surtout par rapport a elle, il avait une arme : il aurait facilement pu abuser d'elle. Oui logique qu'elle ait peur. Qu'elle le fuit... même si ainsi son cœur hurlait de douleur.

- J'imagine que ça devait finir un jour...

Il sourit mais il avait du mal a cacher sa déception. Il baisse vivement le visage, prenant pour prétexte une baguettée de beignet de crabe. Il faillit s'étouffer a la phrase suivante.

- Il me reste encore de l'argent... j'ai même déjà préparé de quoi te payer le loyer depuis que tu m'as accueilli chez toi.

Il parvient finalement a avaler, réalisant qu'elle a retiré sa main de la sienne, c'était comme si le couteau assassin de sa précédente remarque avait été retourné dans la plaie.

- Quoi?! Je refuse! Tu as déjà dépensé trop d'argent pour nous je ne vais tout de même pas te réclamer un loyer en prime!

Il s'efforçait de rester calme même s'il se sentait honteux et indigné a la fois. Elle ne le craignait pas a ce point tout de même?

- Garde ce qu'il te reste de ton argent tu vas en avoir besoin. Je t'ai accueilli chez moi comme une amie... comme un membre de ma famille... mais surtout comme quelqu'un qui avait besoin d'aide. Il ne me serait jamais venu a l'idée de te réclamer... quoi que ce soit. Tu en fais trop. J'aurais pus continuer de te loger des années ça ne m'aurait pas gêné et il ne me serait... je ne t'aurais jamais rien réclamé.

Il secoue la tête et la regarde, il avait a peu près repris le contrôle de lui même. Il sentait toujours Gena... Pourquoi ne lui avait elle même pas laissé une chance de lui dire ce qu'il ressentait pour elle?
Et pourquoi ne pas le dire de toute façon? Elle déciderait ce qu'elle voudrait... elle avait montré qu'elle pouvait prendre des décisions par elle même et s'y tenir.

- Gena... il y avait quelque chose que je voulais te dire... tu peux prendre la décision qui te plait, je te l'ai dit je ne te forcerais a rien...

Il hésite un peu... comment présenter ça?

- Je... depuis que tu es arrivée chez moi... je sais que tu m'as surtout considéré comme un grand frère... et de mon côté j'ai essayé de voir en toi une sœur. Mais je n'ai pas réussi a me cacher mes propres sentiments... alors je ne veux pas te les cacher. Gena...

Il se penche en avant pour la regarder dans les yeux... il aurait voulu qu'elle puisse lire a travers ses pupilles ce qu'il ressentait pour elle, toute cette tendresse qui accompagnait son amour. Mais il ne pouvait pas lui prendre la main, elle risquait de le voir comme une pression, un ordre de rester.

- J'aurais aimé pouvoir te le dire plus tôt et mieux... Gena... Je t'aime.

Il se sent mal a l'aise, quel accueil pouvait elle réserver a une pareille déclaration? Finalement il lui avait pris la main sans s'en rendre compte... Cette main si douce et si fragile...

L'ambiance commençait à être tendue. Bien trop au gout de Gena, elle qui supportait mal le stress, déjà, elle sentait sa tête tourner.La jeune femme baissa les yeux sur son assiette à moitié où trônaient deux nems, une feuille de salade et un petit bol de sauce. Étrangement, elle qui avait si faim et qui s'était jetée sur sa nourriture avec gourmandise, sentait une vague de dégout vis à vis d'elle l'envahir, sensation particulièrement désagréable. Sullivan quant à lui semblait sous le choc. Pourquoi le fait que Gena s'en aille le mettait-il dans cet état là ? Ça n'avait aucun sens, ils se verraient chaque jour au vieux théâtre, inutile d'en faire tout un foin... à moins que ce soit autre chose... Cette fois il s'énerva, refusant le loyer, prétextant qu'il avait accueilli Gena par gentillesse, comme un membre de sa famille blabla... Mais Gena était déjà loin, tourmentée dans ses pensées , elle écoutait les mots de son protecteur d'une oreille seulement, fixant son assiette, comme une enfant qui se faisait réprimander par son père.

- Mais je...

- Je... depuis que tu es arrivée chez moi... je sais que tu m'as surtout considéré comme un grand frère... et de mon côté j'ai essayé de voir en toi une sœur. Mais je n'ai pas réussi a me cacher mes propres sentiments... alors je ne veux pas te les cacher. Gena...

- Non.. Sulli..Arrête..ne continue pas...je ne veux pas entendre... ça...

La jeune fille se mit à trembler, à deux doigts de la crise de larmes. Si fragile, elle se laissait facilement submerger par ses émotions. La pression était trop forte. Après, elle ne l'avait jamais vu comme un frère elle ! Gena en avait été incapable... Et puis c'est lui qui avait commencé à dire qu'il la voyait comme une sœur... c'était sa faute à lui ! C'est Sullivan qui avait engendré cette horrible situation et cette relation dite "fraternelle", Gena n'en avait jamais voulu...

- J'aurais aimé pouvoir te le dire plus tôt et mieux... Gena... Je t'aime.

Gena ferma les yeux, la respiration difficile alors qu'un flot de larmes s'écoulèrent sur ses joues. Les mots de son protecteur se répercutant avec force dans son esprit au point de lui donner une migraine abominable, son cœur battant à vive allure lui donnait l'impression d'une bombe qui ne tarderait pas à exploser. C'était de trop.

- Pourquoi.... pourquoi tu me dis ça ? On sait tous les deux que c'est faux.

Gena ouvrit les yeux, fixant Sullivan au travers de ses lunettes et ajouta tristement.

- T'es comme les autres en fait ! Tu t'amuse à m'aguicher, me donner de faux espoirs et ensuite, quand t'en auras l'occasion tu viendras m'humilier devant tout le monde !

La pauvre fille éclata en sanglot, baissant le visage.

- Pourquoi tu me tortures comme ça ? Je te croyais pas pas comme ça Sulli... et puis je sais très bien que tu aimes encore Luce au fond de toi ! C'est pour ça que tu as tant de haine envers les vampires ! Pas seulement parce que tu as de la peine d'avoir perdu ta famille mais parce que tu n'arrives pas accepter que la femme que tu aimes plus que tout soit un monstre !

Elle le regarde avec colère et commence à se lever.

- Ne le nie pas. Et n'en n'aies pas honte, c'est un sentiment normal.

Doucement, elle attrapa son gilet et son sac, essuyant ses larmes sur son visage et passa à côté de Sullivan.

- Je dormirais à l'hôtel jusqu'à ce que j'ai les clés de mon appart', inutile qu'on reste à dormir sous le même toit... J'ai pas envie d'endurer encore une telle douleur.

Sans réfléchir Sullivan se lève et part a sa poursuite, prenant a peine le temps de laisser le triple du prix du repas. Pas le temps de demander l'addition ni de compter... encore moins de demander la monnaie. De toute façon il aurait été incapable de se concentrer alors que Gena s'éloignait avec des idées fausses.

Mais elle avait raison non? En ce qui concernait Luce... Il ne pouvait tout de même pas le nier ? Si. Si il pouvait continuer... mais a quoi bon? Elle savait tout mieux que lui... il avait réussi a voir presque jusqu'au fond de son esprit... Mais elle n'était pas parvenue a voir l'amour qu'il avait pourtant tellement de mal a cacher.

Il arrive derrière elle et pose doucement sa main sur son épaule. Pourvu qu'elle ne le prenne pas mal... il avait suffisamment de problèmes avec elle sans en ajouter... mais il n'avait pas le choix.

- Je craignais que tu ne réagisses comme ça mais... je devais le dire. Te le dire...

Il la force doucement a se retourner a le regarder en face.

- Tu as raison... mais les vampires sont aussi une menace pour les hommes. Luce... Elle ne compte plus, elle est morte et c'est moi qui l'ai tué. Gena... s'il te plait... crois moi, je t'aime et c'est vrai.

Le monde extérieur perdait de son importance, il la prit dans ses bras approchant son visage tout contre le sien.

- Oui je n'y peux rien, j'ai essayé de te laisser tranquille... j'ai tenté de ne pas voir en toi autre chose qu'une amie ou au mieux une sœur parce que je ne voulais pas... que tu penses que j'abusais de la situation. Je comprends ton choix de ne pas rester... après ça mais... Excuse moi...

Ses lèvres étaient trop tentantes il ne pouvait pas résister un instant de plus. En douceur il vient y déposer les siennes. Il lui semblait que l'instant durait une éternité... une éternité où il sentait l'arôme délicat de sa peau et le gout subtil de ses lèvres auquel se mêlait celui salé des pleurs qu'elle avait laissé échapper. Une éternité a tenir contre lui son corps chaud et fragile entre ses bras puissants. Une éternité qui finirait sans doute bien trop vite comme toutes les éternités de ce genre.
Mais pour l'instant il voulait en profiter. Le sceau d'eau glacé de la réalité le ferait revenir bien assez vite sans qu'on les gâche tout seul. Autant un profiter avant que tout ne soit perdu.

Fuir. C'est tout ce qui importait. Oublier Sullivan et ses mots, ses mensonges. Il représentait une trop grande tentation et il était prêt à tout pour pousser Gena sur le chemin de la perversion... comme les autres. Pourtant, vous et moi, nous savons que ce n'est pas vrai... que les sentiments de Sullivan sont tout ce qu'il y à de plus sincères... Quel dommage, la pauvre fille ne savait pas ce qu'elle ratait, ou plutôt si, mais ne voulait pas y croire... un homme comme Sullivan Herns, beau, grand, fort, un homme qui fait tomber les filles comme des mouches sur son passage ne pouvait PAS être amoureux d'une fille comme Gena. C'était impensable. Impensable oui...mais pas impossible.

Gena marchait d'un pas rapide dans la rue, essayant d'arrêter ce flot de larmes qui dégoulinait le long de ses joues, mais rien à faire, son cœur lui faisait trop mal. Mais une chose à laquelle la jeune femme ne s'attendait pas, c'était à voir Sullivan débouler si soudainement, l'empêchant d'aller plus loin, la retenant... que voulait-il encore ? Il n'avait pas compris ? Pourquoi s'obstinait-il à ce point ? Pour lui ce n'était qu'un jeu ! C'est ce que pensais Gena, mais là, rien que le fait de la retenir, d'insister ainsi, venait à mettre le doute en elle. Il lui expliqua la crainte de sa réaction... réaction prévisible. Gena ne dit rien, le laissant parler, qu'aurait-elle bien pu lui dire ? Le traiter de menteur ? Lui faire encore la morale sur ses sentiments ? Le gifler peut-être ? Non... tout ça, c'était trop cruel. Même blessée, Gena ne se sentait pas le cœur à lui faire du mal, elle préférait subir en silence.

Il insistait encore, lui disant qu'il l'aimait... Et puis il l'enlaça, fixant son visage baigné de larmes. Gena se sentait horriblement mal, à tel point qu'elle ne se sentait plus la force de profiter de cette étreinte qui se devait d'être agréable.

- Oui je n'y peux rien, j'ai essayé de te laisser tranquille... j'ai tenté de ne pas voir en toi autre chose qu'une amie ou au mieux une sœur parce que je ne voulais pas... que tu penses que j'abusais de la situation. Je comprends ton choix de ne pas rester... après ça mais... Excuse moi...

Avant même d'avoir eu le temps de répondre, Sullivan vint à l'embrasser. Cette fois, ce contact la fit réagir, d'autant qu'il s'agissait là du première baiser de la demoiselle. Les lèvres de Sullivan dégageaient une incroyable chaleur et une douceur incroyable. C'était tout simplement délicieux. Gena ferma les yeux, ses pleurs se calmèrent rapidement, d'un pas, elle se rapprocha, son corps, frêle, vint se coller contre celui de son protecteur, serrant sa chemise entre ses doigts fins. Oui, ce baiser elle le considérait comme un cadeau inestimable, une preuve d'amour puissante et chaleureuse, sans doute la première d'une longue lignée. A contre cœur, Gena mit fin au baiser, les joues empourprées de gêne. Repoussant ses lunettes à l'aide de son doigt, fixa Sullivan, répondant timidement:

- Sulli... je... Je t'aime... tu sais...

Après une telle expérience Sullivan se sentait un peu... égaré. Il avait du mal a sortir de l'instant passé pour se concentrer sur le présent. Mais il y parvint. Gena avait elle même rompu le baiser, ce qui pouvait être mauvais signe. Dans le même temps il n'avait pas encore reçu de claque, ça pouvait être bon ou très mauvais signe.
Elle était visiblement gênée mais pas en colère... c'était déjà ça... elle prit le temps de repousser ses lunettes. Ce simple geste pouvait lui assécher la gorge, elle était vraiment irrésistible quand elle remettait la monture en place.

- Sulli... je... Je t'aime... tu sais...

Il mit un moment a y croire mais il la gardait serrée contre lui... elle était plus proche. Elle s'était rapprochée et elle serrait sa chemise entre ses doigts pâles et délicats. Elle avait répondu a son baiser... était il possible qu'elle l'aime vraiment?

- Tu... m'aimes aussi? Je... Je n'aurais... je n'aurais jamais osé rêver un pareil bonheur... Toi... comment une fille comme toi peut elle aimer une grande brute comme moi?

Sa tête glisse contre celle de Gena, leur peau se frôlent alors que ses lèvres viennent murmurer au creux de son oreille.

- Je crois que je ne me lasserais jamais de te le dire... Gena je t'aime, je t'adore et je t'adule.

Il se détache d'elle pour la regarder dans les yeux le regard plein de la tendresse qu'il ressentait pour elle, mais ils devaient éclaircir quelques détails... ça serait bête de la perdre sur un malentendu comme ils avaient déjà failli se quitter.

- Est-ce que... tu veux toujours habiter un appartement a part? Je veux dire... tu peux si tu veux mais... je... je me sens mieux lorsque tu es près de moi.

Il se penche... il voulait l'embrasser mais... ne risquait elle pas de le prendre mal? N'allait il pas gâcher sa première expérience? Il finit par lui sourire et l'embrasser malicieusement sur le front avant d'y poser le sien en douceur pour plonger son regard dans le sien.

Sullivan ne semblait pas se remettre de cette déclaration, alors que la sienne fut bien plus poignante. Gena quant à elle, se contentait de rester silencieuse, abasourdie, gardant tout de même une once de méfiance... après tout, un baiser c'était simple à donner, cela ne voulait rien dire, il y avait toujours une chance que Sullivan se moque d'elle.

- Tu... m'aimes aussi? Je... Je n'aurais... je n'aurais jamais osé rêver un pareil bonheur... Toi... comment une fille comme toi peut elle aimer une grande brute comme moi?

Gena le fixa avec des yeux ronds. Sullivan était vraiment en train de se rabaisser vis à vis d'elle ? Non ! Mais.. était-il si aveugle ? Elle avait bien .. Gena.. le regard des femmes sur le passage de Sullivan... grande brute certes, mais attirant, charmant (des fois), très bel homme... comment se fait-il qu'un homme comme lui ait une si mauvaise estime de lui même?

- Tu blagues j'espère. Toutes les filles te courent après... pas comme moi ! Tout le monde me fuit sauf toi et Jack ! Je suis niaise, gamine, naïve, maladroite...et puis je suis pas belle, je suis une binoclarde.

Gena baissa le visage. Sullivan s'approcha encore, ses lèvres frôlant celles de sa protégée, une délicieuse torture.. son souffle chaud, ses bras puissants qui la maintenaient contre lui... il n'avait vraiment pas conscience de l'effet qu'il produisait aux femmes ? Quel dommage...

- Je crois que je ne me lasserais jamais de te le dire... Gena je t'aime, je t'adore et je t'adule.

La jeune fille le fixa, étonnée, puis se mit à rougir, replaçant une mèche de ses cheveux derrière son oreille et murmura:

- Sulli... tu perds la tête...

Doucement, elle se mit à rire, tout de même flattée par ses mots, fixant le regard tendre de son...petit ami ? Pouvait-elle le qualifier ainsi maintenant ? La pauvre, elle n'y connaissait rien à l'amour...

- Est-ce que... tu veux toujours habiter un appartement a part? Je veux dire... tu peux si tu veux mais... je... je me sens mieux lorsque tu es près de moi.

Était-ce là une façon de dire à Gena que tous les deux formaient un couple à présent ? Construire une histoire concrète ? Pas une simple relation amoureuse d'adolescents ?

- J'appellerais le notaire cet après midi.. J'annule tout...je veux rester avec toi mon Sulli...

Il embrassa son front. Elle voulait plus... elle voulait encore sentir ses lèvres sur les siennes, mais elle n'osait pas, c'était trop nouveau pour elle...

- Dis..est-ce que tu peux..euh..je veux...comment dire..hum... encore..un...

Pour se faire comprendre, elle se contenta de tapoter ses petites lèvres roses du bout du doigt en rougissant.

Sullivan souriant et il avait l'impression que la vie toute entière en faisait autant. Gena n'allait pas partir, elle resterait avec lui et elle l'aimait... Comment était il possible qu'elle ne se rende pas compte de sa propre beauté? Il se sentait aussi un peu gêné, il ne pensait pas faire tomber la gente féminine en pâmoison sur son passage et ça ne lui inspirait guère de fierté. Il avait assez de problèmes et n'avait pas besoin de ça en sus.

- Dis..est-ce que tu peux..euh..je veux...comment dire..hum... encore..un...

Elle était trop mignonne ainsi bredouillant essayant de se faire comprendre en lui montrant ses lèvres. Elle rougissait de sa demande... comment refuser quelque chose a pareille expression de l'innocence? Il faudrait être capable de ne pas trouver les chatons mignons.

- Tu en auras autant que tu voudras...

Il unit ses lèvres aux siennes. Le précédent baiser lui avait semblé intense, l'expression de tous ses sentiments accumulés dans un geste d'amour simple. Mais le second baiser lui fit l'impression d'un brasier presque éteint qu'un violent coup de vent faisait bondir jusqu'au ciel. Son cœur accélère, il ne sait plus a quoi penser car Gena est partout. En douceur ses mains glissent sur son dos pour la serrer a la taille. Il ne pensait pas la désirer autant, sa proximité était une torture agréable: l'embrasser c'était verser du sel sur les plaies. Un délice... mais il devait se retenir pour ne pas exiger plus. Pas encore, elle était trop pure et innocente...
Et puis ils étaient en pleine rue.
Ce baiser fut plus long que le précédent, et c'est Sullivan qui y mit fin lorsqu'il se dit que Gena devait manquer d'air. Il lui sourit d'un air émerveillé. Mais il se rend très vite compte qu'il ne sait pas quoi dire.

- Heu... tu... tu as encore faim? La table n'a peut être pas encore été débarrassée... mais j'ai payé alors si tu préfères... rentrer.

La pression de ses bras se raffermit involontairement sur elle. Le corps avait ses propres pensées... mais non, c'était trop tôt point final. Tout ce qu'il voulait là c'était lui dire combien il l'aimait. Des tas et des tas de fois... et plus encore... mais... qu'est-ce qu'elle allait penser? Qu'est-ce qu'elle allait vouloir? Elle non plus n'irait pas trop vite, il se rappelait encore comme l'incident de la douche l'avait choqué. Et ce n'était rien. Ne te précipite pas Sullivan... laisse lui le temps.

Autant de baisers qu'elle le voudrait ? Voilà quelque chose d'encourageant. Gena fixa Sullivan qui obéit à la demande de sa protégée, plaquant ses lèvres sur les siennes une fois de plus, la serrant contre lui. Pour Gena, c'était une expérience nouvelle et particulièrement agréable. Cette chaleur qui l'envahissait à chaque fois qu'ils avaient un contact intime, un puissant frisson remonta le long de son dos, la faisant rougir. Gena sentait que Sullivan avait de l'expérience, ses baisers étaient francs, directs, montrant une habitude prononcée à ce genre de pratique, tandis que ses lèvres à elle, tremblaient légèrement, remuant à peine de peur de faire une bêtise, de mal faire. Combien de temps le baiser avait-il duré ? Peu importe... tout ce qui comptait, c'est qu'il avait eu lieu, et qu'il fut fait avec amour. Sullivan mit fin au baiser. Gena en profita pour prendre une légère bouffée d'air frais, rougissant comme jamais.

- Heu... tu... tu as encore faim? La table n'a peut être pas encore été débarrassée... mais j'ai payé alors si tu préfères... rentrer.

- Euh... je préfère rentrer... et rester avec toi au chaud à la maison.

Gena posa son front contre le torse de Sullivan, passant ses bras autour de sa taille, serrant sa chemise entre ses doigts.

- Tout le temps... je veux être toi... quand tu as du temps à m'accorder...

La jeune fille se mit sur la pointe des pieds et vint embrasser timidement le menton de son aimé, ses lèvres tièdes et humides se posant sur sa peau chaude, ses doigts resserrant l'emprise sur le tissus.

- Je t'aime de tout mon cœur tu sais...

Gena regarda Sullivan, son visage sérieux, son regard tendre, ses lèvres fines... il était beau, trop beau. Comment résister à un homme pareil ? Était-ce possible au moins ?

- Dis... tu veux bien me tenir la main jusqu'à la maison ?

- Tout le temps... je veux être toi... quand tu as du temps à m'accorder...

Sullivan lui sourit tristement, il voudrait pouvoir passer ses journées entières avec elle. Mais ça serait difficilement possible, entre les patrouilles et le reste il ne la verrait pas assez a son propre gout. Il frissonne lorsque la fine peau de ses lèvres dépose un léger baiser sur sa mâchoire.

- Je t'aime de tout mon cœur tu sais...

C'était une déclaration toute simple mais il eut l'impression de fondre en l'entendant. Une ingénue parfaite, pure et belle... belle, elle ne se rendait même pas compte d'à quel point elle pouvait être attirante? Elle n'était certes pas le genre de tout le monde mais certaines choses restaient...

- Dis... tu veux bien me tenir la main jusqu'à la maison ?

Sa main droite glisse du dos de Gena jusque sur son avant bras, effleurant sa peau jusqu'à arriver à sa main qu'il saisit avec délicatesse. Il se penche et lui murmure a l'oreille.

- Si tu me le demandais j'accepterais de te porter jusque là bas...

Il se demande s'il pourra se retenir de l'embrasser toutes les cinq minutes maintenant qu'il sait qu'elle partage ses sentiments... mais mieux valait attendre. Il parait que l'attente augmente le désir et donc le plaisir a le voir accomplit. Il l'entraine a sa suite, veillant tout de même a ne pas la trainer derrière lui, il se sentait pousser des ailes... et il voulait l'entrainer dans son envol.
Le trajet lui semblât durer une fraction de seconde. Un instant avant ils étaient dans une rue près du restaurant chinois, l'instant suivant ils entraient dans le théâtre, toujours main dans la main. Entre les deux instants... des fragments d'éternité, le souvenir de la peau de Gena entre ses doigts... Et tout les moments minuscules ou il s'est arrêté pour l'embrasser et la prendre dans ses bras simplement parce qu'il n'avait pas pu faire autrement...
Il se sentait gêné de son peu de contrôle sur lui même... lui qui était habituellement si calme et posé ; Gena lui faisait perdre la tête. Juste avant de passer la porte il lâche sa main...

... Pour passer son bras autour de sa taille et traverser le théâtre ainsi, de toute façon a cette heure il était presque vide... et puis il se moquait éperdument du regard des autres. Mais Gena? Peut-être que pour elle ça comptait? Il resserre son étreinte pour lui montrer son soutien et son amour.

Une simple caresse, remplie de tendresse. Chaque geste de Sullivan exprimait l'amour qu'il ressentait pour Gena. Une tendresse qu'elle n'avait jamais eu, parque Sullivan était le premier homme dans son cœur, le première à partager un amour réel. Mains serrées l'une dans l'autre, doigts entrelacés avec douceur, c'est ainsi que Gena et son aimé quittèrent le quartier du restaurant chinois pour retourner au théâtre.

Gena sentait une vive bouffée de bonheur envahir son cœur, son esprit, elle qui depuis la mort de ses parents se sentait vide intérieurement, elle se sentait revivre. Comment le simple fait d'avoir quelqu'un pour partager votre vie, votre amour , suffisait à vous faire oublier le reste ? Et justement... Si Sullivan se détournait de son devoir à cause de Gena ? Elle ne le voulait pas, ne le souhaitait pas. Car contrairement à elle, Sullivan était important, il avait un rôle à jouer dans cette ville... c'est lui et ses confrères de la coalition qui s'arrangeaient pour que le chaos ne prenne pas d'assaut cette superbe ville...

Plonger dans ses pensées, Gena ne se rendit pas compte de la vitesse à laquelle ils étaient retournés au théâtre. Relevant le visage, elle repoussa ses lunettes machinalement, suivant Sullivan dans la pièce principale du vieux bâtiment. Il lâcha sa main... oui, voilà, il avait honte, il y avait quelques membres de la coalition, il ne voulait pas s'afficher avec elle, ne pas perdre la face... Gena savait qu'elle s'était fait une fausse joie... Mais non, sa main vient glisser autour de sa taille fine et c'est la tête haute, dignement, qu'il passa près des hommes et femmes présents, serrant la jeune fille contre lui. Gena sourit légèrement rougissant alors que les membres de la coalition les fixèrent étonnés pour certains, d'autres s'en fichaient, occupés à nettoyer leurs armes, regarder des plans de la ville, bref... chacun semblait avoir son point de vue différent.

Gena soupira, lovée contre Sullivan, maintenant elle savait qu'il l'aimait vraiment, au diable la honte ou le dégout, lui il assumait, alors elle ferait pareil... elle était amoureuse et comptait bien en profiter.

Révélations? [Gena]

Révélations? [Gena]

Sujets similaires

Sujets similaires