Amour, Sang et Meurtrier (Maria)

Shu était sorti de chez lui. Le crépuscule étant bien annoncé, il pouvait sortir à sa guise. L'air frais lui fouettait le visage. La clarté vespérale éclairait ses pas. Il s'était vêtu pour l'occasion d'une chemise à carreaux et d'un jean pas trop moulant. Il affichait avec fierté son piercing à l'arcade, représentant un dragon. Violet, à l'identique de son collier d'améthystes. Sa pierre précieuse préférée.

Les rues étaient peu fréquentées bien que l'heure ne soit pas si tardive. Il arrivait de croiser une personne rentrant chez elle à la hâte, le regard figé sur le sol. Shu s'amusait à imaginer qu'ils lui servaient leurs révérences. D'autres en revanche étaient sous l'effet d'une quelconque substance et parlaient aux lampadaires en montrant les étoiles du doigt. Cependant, les gens qui attiraient le plus l'attention du vampire étaient les bourgeois qui étalaient leurs richesse et prenaient tout le monde de haut. Ceux-là, le vampire les avait en exécration. Aussi s'amusait-il à aller à leur rencontre afin de les obliger à s'écarter sur le trottoir.

Le vampire se dirigeait vers le parc. Il n'avait jamais vraiment aimé le bitume dont l'Homme avait enduit la Terre. Aussi loin que remontaient ses souvenirs, il ne se sentaient jamais mieux que les pieds dans l'herbe sous la pluie. Le parc était le seul endroit auquel Shu accordait de l'importance en ville. Il s'y dirigeait avec cependant une idée derrière la tête.

Le bon temps lui manquait. Il avait soif. Cela faisait bien longtemps qu'il n'avait bu d'humain évaporé. Il appelait ainsi ses victimes qui étaient consentantes et qu'il amenait au point culminant du plaisir avant de les boire. Car rien n'était plus savoureux que le sang chaud, pétillant et exalté des humaines. Sa gorge le brûlait. Et il savait que plusieurs humaines étaient peu farouches et qu'il pouvait facilement charmer. Et au parc, ces victimes potentielles étaient plus aptes à se laisser sombrer. C'est un sentiment simpliste que Shu ne comprenait toujours pas. Le romantisme. Il suffisait d'avoir le clair de lune ou les étoiles, ainsi que de belles paroles et n'importe qui fondait d'émerveillement. Tels étaient les humains. Simples et manipulables.

Shu s'assit sur le premier banc venu. Il tendit ses jambes, laissa tomber sa tête sur son épaule et fit semblant d'observer les étoiles. Faisant bien attention à laisser la pâle lueur vespérale se refléter dans les pierres précieuses dont était formé son collier. Il se mit de telle façon que n'importe quel individu passant à moins de dix mètres sur le chemin soit aisément détectable et visible. Assit, il attendit. Peut-être n'était-ce pas cette nuit qu'il pourrait assouvir son désir, auquel cas il irait se rassasier sur un humain banal.

Theme musical du post

« To be or not to be ? »

Le soir était tombé. J'étais fatiguée et je n'avais pas envi d'aller au travail. Serveuse au Blood Suck n'était pas un métier des plus facile. Bien entendu c'était parce que j'étais la protégée de Morgana, ma patronne, et d'Amélia, qu'aucun vampire n'avait encore osé planter ses crocs dans ma gorge. Mais, lorsque je sortais de mon travail, je redevenais la simple humaine au sang enivrant qui attirait de nombreux vampires opportunistes. Très peu savait que je travaillais pour eux, puisque j'étais membre des Pro-Vampires depuis pas très longtemps. Amélia m'avais promis qu'elle essaierait de trouver quelque chose pour diminuer l'effet de mon sang ... Pourtant ... je vivais encore dans la crainte de servir de dîner. Mais cela, je ne l'avouerais jamais.

Je me dépêchais. A peine avais-je fini mon bénévolat pour soutenir la cause vampirique, que je devais me rendre au Blood Suck pour y gagner un salaire. J'avais du mal à tenir les deux boutes ces derniers temps. Je faisais de mon mieux ... Alors, je courrais pour me rendre dans ce fameux bar. Je n'avais pas eu le temps de me maquiller parfaitement : du mascara et un trait noir soulignaient mon regard bleu perçant. Je m'étais aussi habillée rapidement dans l'espoir de ne pas arriver trop en retard, ce qui était raté. Une mini-jupe en jean, un décolleté noir avec une veste tout aussi sombre, et des escarpin à talon qui allaient avec cette touche d'obscurité. Je ne me sentais jamais à l'aise au milieu des élégants clients du bar. Toujours bien habillés, et coiffé avec minutie, je me sentais hors contexte avec mes longs cheveux roses qui flottaient négligemment dans mon dos. Déjà que j'étais l'une des rares humaines ...

Mon sac ne cessait de glisser de mon épaule. Je le replaçais machinalement, en essayant de garder la cadence. Même si je n'aimais pas cela, je décidai de couper par le parc. Désert, rien de plus normal à cette heure, il y dégageait une ambiance lugubre. Seul le bruit de mes talons coupaient le silence. Je me mordis les lèvres. Et si je faisais une mauvaise rencontre ... Vampire comme humain, je ne saurais me défendre. Alors, j'aperçus un homme assis sur un banc. J'avais bien envi de l'imiter, de m'asseoir sur un banc et me détendre ... j'en avais bien besoin. A quoi bon aller au travail ... J'étais déjà si en retard. Plus je m'approchais de l'homme, plus je me rendis compte qu'il n'avait rien de commun. Une sorte de gothique, punk ... Un de mes sourcils se leva lorsque je remarquai son percing à l'arcade ... De plus il paraissait bien jeune. Dix-sept ans tout au plus. Pourtant, c'était une étrange jeunesse qu'il avait là. Une autre personne ainsi vêtu, je l'aurais qualifier de jeune excentrique, comme la plupart l'était ... Mais il dégageai autre chose d'assez ... inhumain. J'avais appris à différencier les vampires des humains, et même si j'avais des doutes sur ce jeune homme, je n'aurais pu le qualifier de totalement humain.

Vampire ou pas vampire, je préférais passer mon chemin. J'accélérai le pas, et je fus rassurée lorsque je passai devant lui et que rien ne se produisit. Je poussai, même, un soupir de soulagement qui m'échappa. Mais je m'étais rassurée trop vite. J'osai un regard en arrière, et je me rendis compte que le banc était vide. Je m'arrêtai et déglutis. Non ... ce n'étais pas possible ! Personne ne disparaît comme ça ... c'est impossible ! Alors que la panique m'envahit, je voulus poursuivre mon chemin, et quitter au plus vite cet endroit désert, mais mes muscles ne répondaient pas. Curiosité ou paralysie ? Je l'ignorai ... je constatai simplement, qu'encore une fois, je me retrouvais dans une drôle de situation. Alors une phrase me parcourut l'esprit :

* Ils ont leur part d'humanité ... *

Elles ne cessait de résonner dans ma tête, tandis que la peur m'envahissait peu à peu.

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