La nuit - pendant cette saison tout particulièrement -, était bien trop courte à mon goût... Rares étaient les matins où je ne me faisais pas surprendre par les rayons du soleil paresseux venant tout juste de se lever à l'horizon. Combien de fois avais-je failli flamber non loin de l'entrée des Ruines ? Je ne les compte plus, les fois furent nombreuses, c'est tout ce que je suis en mesure d'affirmer. Peut-être qu'inconsciemment, je souhaitais crever en partant en cendres un bon matin... Parfois, oui, j'osais me demander pourquoi mes ascendants se donnaient la mort à leur millième année. Y a-t-il un interdit à ne pas franchir ? Peu m'importe, au point où j'en étais, je pouvais bien aller au-delà des deux milles années. Aujourd'hui cependant, aucun rayon n'avait eu le temps de caresser ma peau parce qu'un son familier m'avait extirpé à ma chasse. Son familier ou ronronnement assourdissant qui m'arracha un faible soupir. Me retirant silencieusement de la forêt, je voyais filer au loin une ombre noire slalomant au gré de la route coupant la plaine en deux. Et puis, comme à son habitude, la voiture bifurqua soudainement avant de se mettre à rugir en approchant des Ruines. Combien de fois lui avais-je répété que son monstre de métal allait faire s'effondrer les sous-sols les uns sur les autres ? Des milliers, sans exagérations. Alors que je me mettais doucement en route pour rejoindre, à mon tour, le lieu de vie des vampires, la Chevrolet s'arrêtait silencieusement, poussant son éternel soupir de soulagement alors qu'elle s'immobilisait enfin. La portière avant gauche s'ouvrit donc, laissant sortir une grande et belle femme au corps élancé et à la chevelure d'argent... Bien évidemment, la demoiselle en question portait du rouge, fidèle à elle-même. Ne comprenait-elle pas qu'en portant pareille couleur, elle attisait bien des envies ?

La belle vampire s'enfonça dans les Ruines tandis que je m'approchais un peu plus encore de ce point de chute... C'est alors que j'entendis sa voix. Même si ici, elle hurlait presque à en faire trembler chacun des sous-sols des Ruines, je savais sa voix agréable, douce et suave. Bien évidemment, ces caractéristiques ne sautaient pas aux yeux de tous, particulièrement pour les Mordus et Hybrides. Comme chaque matin, sans doute étaient-ils tous non loin de l'entrée, à s'échanger leurs dernières paroles. Avec Morgana, ils n'allaient pas rester longtemps. Suivant la douce fragrance qui s'extirpait du corps de la belle, j'arrivais à mon tour dans le hall d'entrée de notre antre à tous... Bien évidemment, la belle aux cheveux grisâtres s'était occupée de faire fuir tous les êtres inférieurs - comme elle aimait si bien à les qualifier - et à mon arrivée, il n'y avait plus personne, pas même un idiot capable de défier la Vampire m'ayant précédé. Je ne pus retenir un faible soupir alors que mes pas s'enchaînaient dans le labyrinthe de l'étage... Depuis le temps, je n'avais même plus besoin de regarder devant moi, connaissant le chemin menant à ma chambre par cœur. A ma chambre, mais également à celles de quelques autres comme celle de Nikolaï ou, justement, Morgana. Puisque j'avais été en forêt plus tôt, c'est pieds nus que je me déplaçais dans les sous-sols, ce qui m'évitait d'être repérée... Autre que par mon odeur.

Il ne me restait qu'un long couloir à parcourir à l'échéance duquel je devrais bifurquer à ma droite et me rendre, là encore, à l'extrémité du corridor. Même si nous vivions dans des Ruines, les sous-sols étaient parfaitement aménagés et même décorés, j'aimais à me balader sans but précis au travers de ce labyrinthe mortel. Mes pieds marchaient jusqu'à présent sur un carrelage froid et unicolore, aussi blanc que le marbre, mais bientôt ils foulèrent une matière plus douce, bien plus agréable et moins glaciale. Je devinais alors être entrée dans la zone des Originels, et ce que je sentais sous mes pieds n'était autre qu'un tapis agréablement posé là, d'une couleur rouge vive, bien atténuée par l'obscurité régnant à cet étage ainsi qu'à celui du dessous qui m'était en bonne partie réservée. Je redressai alors la tête faiblement pour l'apercevoir devant la porte de ma chambre, elle venait de frapper à en juger par sa position, ce qui m'amena un sourire. N'était-elle donc plus en mesure de savoir si j'étais là ou non ? En matière de discrétion, je n'étais pas mauvaise, mais de là à inventer un stratagème pour masquer mon parfum... Une brève accélération me fit la rejoindre rapidement, et c'est un sourire aux lèvres que je passais aux côtés de cette grande dame. Quelques centimètres de plus que moi au naturel, et le fossé n'avait de cesse de se creuser puisqu'elle portait des talons un peu plus importants à chaque visite... Et dire que j'étais pieds nus à côté d'elle ; je devais faire pâle figure. Mon regard se posa alors sur son charmant minois tandis que ma main droite frôlait la poignet de la porte de ma chambre.

" Tu sais que toi, tu n'as pas besoin de frapper, Lady... "

Lady. Surnom que j'avais été forcée de lui trouver face aux diverses appellations qu'elle n'avait de cesse de me trouver. Ma main actionna la poignet et ouvrit la porte de ma chambre tandis que je l'invitais à entrer d'un mouvement de tête. Presque systématiquement, cette belle Originelle frappait à la porte de ma chambre, mais elle faisait partie de ces rares personnes qui n'en avaient pas besoin. Après tout, que pouvais-je bien lui cacher ? Depuis le temps que nous nous fréquentions, elle parvenait à me cadrer relativement bien, que ce soit sur le plan psychologique, ou physique tout simplement ; quant à mes goûts vestimentaires... Elle se chargeait personnellement de ma garde-robe, pour mon plus grand bonheur. Après l'avoir invité à entrer, je la laissais faire comme chez elle, elle avait le champ libre, quelque part, tandis que je me devais d'aller prendre une douche, comme à chaque retour d'excursion, tout particulièrement en forêt. Ainsi je la laissai seule pendant une dizaine de minutes, revenant plus pâle que jamais, les cheveux encore mouillés et enveloppée dans un peignoir fermé négligemment. Lascivement, je pris place sur un fauteuil situé dans un recoin de ma chambre, observant la belle en souriant un peu, ne parvenant pas à empêcher mes doigts de jouer avec la fine cordelette qui retenait mon peignoir.

" Alors, quel bon vent t'amène ? "

Une dame se devait d'être polie en toutes circonstances, mais avais-je véritablement l'allure d'une dame ? Si ce n'est la tenue et peut-être les propos, je n'avais rien à voir avec les grandes dames sophistiquées de l'époque que nous chérissions, Morgana et moi. C'est parfois avec une certaine nostalgie que je nous revoyais, elle et moi, dans les vieilles rues des villes, se tenant par le bras et flânant de boutiques en boutiques... C'était un simple passe-temps, il était inutile d'acheter quoique ce soit puisque ma belle compagne avait des doigts de fée. Bref. Voilà qu'elle me répondait de nouveau, rétorquant à ma question par une question également. Je n'avais aucun avis, Morgana était tellement à part que je ne cherchais même pas à calculer ce qu'elle pouvait bien désirer ou non. Les raisons de ses visites étaient en général liées aux tenues, que ce soit les siennes ou les miennes. Soit elle voulait me montrer ses nouvelles créations, soit elle voulait me faire une nouvelle robe : retouche, essayage ou je-ne-sais-quoi. A ces mots, la belle Originelle se retourna et prit en sa possession la valise qu'elle avait en arrivant. La posant sur mon lit, elle l'ouvrit délicatement, dévoilant ainsi une magnifique robe blanche parsemée de dentelle et de bordures aux couleurs d'or. Comme toujours, la robe avait un charme certain et je ne pouvais empêcher mes yeux de luire face à cette œuvre.

Alors que je demeurais immobile à fixer la nouvelle création de mon amante, cette dernière reprit la parole et m'expliqua la raison d'un tel présent. Ainsi donc, elle avait appris ce qui s'était passé aux entrepôts ? La nouvelle avait sans doute fait le tour assez rapidement, j'y avais laissé quelques lambeaux de peau, après tout. Mais elle n'avait pas tort, des suites de cette mésaventure, ma robe s'était retrouvée en charpie, elle ne ressemblait plus à grand chose, voire même à rien. Un drame certain pour les deux Vampires que nous étions. Toutefois, rien que pour avoir cette splendide robe tout juste arrivée, j'aurai été en mesure de sacrifier moi-même la robe que je chérissais tant. La toute nouvelle robe fut alors placée sur le lit tandis que Morgana reprenait la parole, avec un ton que je ne lui connaissais que rarement, un ton glacial. Ses manières et commentaires m'amusaient, je devais l'avouer. La belle aux cheveux argentés avait un charme certain que je ne connaissais qu'à bien peu de monde, elle avait une classe naturelle mais, tout aussi naturellement, son attitude et tout ce qui touchait à elle avait quelque chose d'anormal, un côté irréel, sortant de l'ordinaire. C'est sans doute ce qui me plaisait le plus. Et puis cette habitude qu'elle avait de piquer des crises pour l'aliénation de vêtements ou de chaussures. Elle était pire que moi sur ce point-ci.

Morgana sortit alors du matériel de couture ainsi que des escarpins customisés par ses soins - je suppose -, entraînant chez moi un certain scepticisme. Parfois, les goûts de la belle me dépassaient un peu, et ces rubans ajoutés me gênaient dans le sens où ils me donnaient des airs de poupées. Je voulais bien lui servir de mannequin à mes heures perdues, elle pouvait même me coiffer comme elle l'entendait, mais elle se devait de respecter tout de même une certaine limite... De nouveau la Vampire se retourna vers moi, une main portée à sa poitrine avec un air que je ne connaissais que trop bien ; elle était choquée, mais de quoi, encore ? Ma tenue actuelle bien plus que négligée ? Mes cheveux encore faiblement emmêlés ou autre chose ? En l'occurrence, il s'agissait d'autre chose, elle était choquée par le combat qui s'était déroulé entre Adelicia et moi-même au cours duquel, oui, elle m'avait arraché l'oreille, mais si seulement il n'y avait eu que cela... Et pour ce qui est d'expliquer tout ceci, j'en étais bien incapable, tout s'était passé si vite. Je me souviens juste l'avoir un peu provoqué, après quoi elle avait repris le dessus sur sa faiblesse passagère et c'est là qu'une bonne partie de ma gorge avait été arrachée, que mon oreille avait suivi et enfin, qu'elle avait écrasé mon visage avec l'une de ses affreuses bottes. Toujours dans son monde, Morgana secoua un peu la tête avant de grimacer - sans doute s'imaginait-elle mon état à cet instant -, puis elle se mit à murmurer quelques paroles qui me firent rire.

" Si seulement elle n'avait fait que m'arracher une oreille, Lady... Tu ne connais que quelques instants de cette soirée. Et je suppose que si je me suis retrouvée dans un tel état, c'est parce que je l'ai poussé à bout ; un bref sourire étira mes lèvres alors que je me redressai, reprenant alors ; Elle est plutôt agréable à toucher, aussi 'impure' soit-elle. Mais je sais que tu n'aimes pas les êtres inférieurs. "

Un léger ricanement amusé s'extirpa d'entre mes lèvres alors que je prenais le cordon de mon peignoir entre deux doigts, tirant progressivement dessus avant qu'il ne cède, dévoilant ainsi partiellement mon corps. Lascivement, je retirai le tissus de mes épaules et le posais doucement sur un accoudoir du fauteuil que je venais de quitter avant de m'approcher de Morgana, et plus particulièrement, de la robe qu'elle m'avait apporté. Une fois toute proche, je pouvais l'observer d'un peu plus près, venant presque à en oublier ma compagne de plusieurs soirs. Un sourire satisfait étira mes lèvres alors que mon regard se posait sur la belle. Parfait. De toute façon, tout était parfait avec elle, elle ne me connaissait que trop bien. Délicatement, je m'emparai de la robe et la posai contre mon corps quelques instants afin de voir si des retouches seraient nécessaires. Nouveau sourire alors que j'enfilais ce vêtement léger et gracieux. Oubliant une nouvelle fois Morgana, je passais à ses côtés afin de rejoindre un autre coin de ma chambre, là où un miroir sur pied trônait silencieusement. J'observais alors mon reflet, ajustant quelque peu la robe pour limiter les plis, entre autre.

" Parfait Lady, comme toujours. "

Mes yeux pivotèrent alors sur son reflet que j'apercevais juste derrière moi. Alors que je faisais toujours face au miroir, l'une de mes mains vint se glisser dans mes cheveux, les démêlant un peu tandis que je pivotais la tête pour apercevoir Morgana du coin de l'œil. Rares étaient les fois où j'étais sérieuse, pourtant en cet instant, je n'avais ni sourire accroché au visage, ni attitude enfantine ou encore voix fluette. La belle Originelle allait d'ailleurs vite le comprendre, puisque je ne comptais pas utiliser le surnom habituel la caractérisant.

" J'aurais un service à demander à l'espionne que tu es, Morgana. Un service un peu particulier. Vois-tu, l'hybride qui m'a réduite à peu de choses fréquente intimement un Vampire, or j'ignore qui il est. Serais-tu en mesure de m'éclairer sur ce point ? "

Alors que je parlais de l'hybride, vantant plus ou moins ses mérites ou au moins, quelques une de ses qualités, je voyais Morgana se raidir considérablement au fil des mots sortant d'entre mes lèvres. Peut-être était-elle jalouse, à moins qu'il ne s'agisse là que d'agacement ou encore de rage. Toutefois, mon regard se perdit dans le sien un faible instant et je compris alors que c'était bel et bien de la colère. C'était assez amusant de voir ses pupilles la trahir sans même qu'elle ne s'en rende compte parfois. C'est d'une façon pour le moins hachée que la demoiselle se mit à rétorquer. Si seulement ma chère amante savait ce que l'hybride avait fait lors de cette soirée. Sans nul doute, elle partirait sur le champs pour réduire à néant cette pauvre Adelicia. Encore que... Un instant, Morgana parut en colère mais bien vite, tout ceci disparut. Après tout, une dame se devait de se tenir impeccablement, qu'importe le moment et les évènements. Ses fichus principes la rattrapaient, mais elle n'avait que ce qu'elle méritait. Depuis longtemps j'avais abandonné de telles barrières, mais puisqu'elle avait souhaité les garder de son plein gré, Morgana n'avait plus qu'à assumer et se contrôler. Quoi qu'elle y arrivait plutôt bien, il fallait l'admettre.

Toutefois je me contentai de sourire en guise de réponse. Elle ne saurait rien, rien de plus. De même, elle n'aurait pas non plus de réponse au sujet du " agréable à toucher " pour la simple et bonne raison que c'était suffisamment explicite ainsi. A moins qu'elle ne se fasse des idées et pense que je suis allée un peu plus loin que la simple vérité. Qu'importe. Par contre, la phrase qui suivit m'amusa un peu. Elle m'amusa autant qu'elle me désola finalement ; Hitler n'avait rien à voir là-dedans, et qu'elle le laisse donc où il était. D'un autre côté elle n'avait pas nécessairement tort, s'il y avait eu des Vampires comme lui, le nombre d'Hybrides et de Mordus auraient considérablement diminué. Peut-être même auraient-ils été tous annihilés. Bref. Elle m'observait silencieusement, et les commentaires qui suivirent eurent presque pour effet de me faire étouffer avec ma propre salive. Dépravée dégénérée. Cela résumait assez bien ma situation mais tout de même, elle ne cherchait pas à me ménager ainsi. Toutefois, elle se rattrapa sur la fin. Je le pense en tout cas. Certes, dépravée dégénérée, mais au moins splendide, et venant de sa part, je ne pouvais que la croire.

Si jusqu'à présent, Morgana était pour le moins neutre, je la vis renaître à l'annonce de cette nouvelle mission. Sa vie était-elle ennuyeuse à ce point ? J'avais bien fait de ne pas faire ma propre enquête en ce cas. Quoiqu'il en soit, son attitude ne me surprit pas le moins du monde, je savais qu'elle allait rire de cette histoire. Voir un Vampire s'enticher d'une louve, hybride de surcroît lui semblait sans doute impossible. Pourtant j'ignorais tout de ce Vampire, peut-être n'était-ce qu'un Hybride également, auquel cas ce n'était pas d'une extrême gravité... Toutefois s'il s'agissait là d'un Originel... J'avais beau me moquer de ce que pouvaient faire les membres de mon clan, une discussion s'imposerait sans doute. Les questions s'enchaînèrent alors, plus ou moins rhétoriques et finalement, Morgana montra d'elle-même un visage que j'avais du mal à décrypter. La belle qui aimait que tout soit parfait se mordillait en cet instant un ongle. Je ne savais pas encore s'il s'agissait là d'excitation ou d'appréhension.

" Non, je ne plaisante nullement, Lady, et j'ignore le rang du Vampire en question. Par ailleurs, quand bien même je n'aurais pas réduit cette robe en cendres, je ne te l'aurais pas donné... Je ne vais pas non plus te mâcher le travail. "

Mon sourire s'étira un peu plus alors que je venais déposer un tendre baiser sur sa joue. Remerciement pour la robe et simple envie passagère également. Mon reflet disparut alors du miroir alors que je regagnais une immense armoire. Il fallait maintenant que je m'habille mais je ne savais pas encore quoi mettre. Les lourdes portes de bois s'ouvrirent en un grincement symbolique alors que je reportais mon regard sur toutes ces robes accrochées les unes derrière les autres. Mon choix se porta sur une longue robe blanche, presque transparente que les humaines jugeaient "de soirée". Je défis alors la fermeture située dans le dos avant d'enfiler la robe gracieusement, parvenant à remonter la fermeture éclair jusqu'à un certain point - disons en-dessous de mes omoplates -, après quoi j'avais besoin de quelqu'un pour m'aider, fatalement. Souriante, je reportai alors mon regard sur Morgana avant de m'avancer vers elle. J'aimais beaucoup cette robe alors même qu'elle faisait plus ou moins moderne et n'entrait pas forcément dans l'époque que j'affectionnais. Excessivement longue, elle était en mesure de cacher mes pieds alors même que je portais de hauts escarpins, et par dessus tout : elle épousait mon corps à merveille. Mes pas me guidèrent de nouveau à Morgana alors que je lui tournais le dos, l'invitant ainsi à remonter entièrement ma fermeture éclair tandis que je ramenais mes cheveux vers l'avant.

" Tu as tout ton temps pour me trouver ce Vampire, Lady... Je ne suis pas nécessairement pressée... Alors dis-moi, le petit trafic que tu entretiens au sein de ton agence... Comment se porte-t-il ? "

En effet Morgana tenait une agence pour le moins spéciale. Si en apparence ce n'était qu'une agence de mannequinat comme une autre, dans le fond, c'était tout autre chose et un véritable trafic de sang y circulait. Parfois je me surprenais à l'envier, elle et ses demoiselles aveuglées par des rêves de gloire et de richesses... Des êtres si simple à manipuler, si frêles, si faibles. Il était aisé de les faire souffrir, de les torturer, de briser leur cœur, leur corps et enfin leur esprit... Et ce genre de choses lui était réservait... Un soupir excessivement las parvint à s'extirper de mes lèvres closes alors que je pivotais une nouvelle fois la tête pour l'observer.

" Lady... M'inviteras-tu à ton agence, prochainement... Que je puisse voir tes mannequins, moi aussi ? "

Je n'étais pas sans savoir qu'elle aimait la difficulté, en effet. Après tout, cela faisait maintenant un certain temps que je fréquentais cette douce demoiselle, la connaître et la comprendre ne s'était pas fait en un seul jour, mais maintenant que c'était une chose acquise, il m'était pour le moins aisé d'user de tel ou tel argument pour la convaincre facilement. On pourrait presque parler de manipulation, l'ennui dans tout ceci, c'est qu'elle en est consciente. Pire : elle est consentante. Quand bien même j'aurai ignoré ce côté de sa personne, sa simple présence en ces lieux, au sein même de ma chambre et en ma compagnie prouvait en soi que Morgana aimait la difficulté. Certes, elle était venue avec cette nouvelle robe, mais depuis combien de temps n'avions-nous pas eu de tête-à-tête plus ou moins intimes ? Sans nul doute, ma douce amante avait d'autres projets que de me montrer cette toute nouvelle création, ce qui expliquait également sa venue aussi précoce. Elle n'avait pas perdu de temps et contrairement à des fois, elle n'était pas venue au beau milieu de la nuit alors même que je suis censée être bercée par les bras de Morphée.

La suite de ses mots n'eurent pas nécessairement d'effet sur moi, je venais de lui expliquer qu'au fond, la vitesse de la mission n'était pas la plus importante puisqu'elle n'était pas capitale. Pour autant, elle savait que j'attendais toujours d'elle la perfection. Mais comme elle se plaisait à le dire elle même : Parfait était son second prénom. Qu'il en soit ainsi, tout comme Nikolaï, Morgana avait mon entière confiance et j'avais la conscience tranquille lorsque l'un et l'autre étaient en mission sous mes ordres. Qu'importe ce qu'ils pouvaient bien faire en dehors des Ruines, tant qu'ils trouvaient le temps d'être à ma disposition lorsque j'avais besoin d'eux. J'avais ensuite été me changer et alors que j'étais revenue à elle, un changement ne m'avait pas percuté alors que j'aurais dû prêter attention à un détail si conséquent. S'il on désirait connaître Morgana, savoir ce à quoi elle pensait, ses pensées les plus intimes et ses sentiments refoulés, il suffisait de lire en ses yeux. Or, alors que j'étais revenue à elle - lui tournant innocemment le dos qui plus est -, je n'avais pas remarqué la teinte qu'avait pris son regard.

Ses pupilles arboraient maintenant une teinte bleutée aux reflets divins. J'aimais cette couleur plus que les autres pour la pureté qu'elle représentait. Un parfait opposé entre la lueur de cette couleur et l'être qui l'avait, mais qu'importe, cela éclairait un peu plus le visage de la vampire et elle n'en était que plus belle. Son teint pâle était accentué mais ses lèvres rouges attiraient un peu plus l'attention encore. Quelques mèches de ses cheveux grisâtres venaient de temps à autre perturber le flot calme du véritable océan siégeant en sa pupille, mais cela n'avait finalement pour effet que d'embellir le tout. Ainsi, on reprenait un peu conscience pour mieux se perdre une nouvelle fois dans ces variantes élégantes. Pour une raison qui me dépassait - et de loin -, Morgana se refusait à avoir de nouvelles fréquentations, par respect pour son défunt Ewilan. Pourtant, avec un tel regard, il lui serait aisé de faire tomber un à un les mâles à ses pieds. Mais qu'importe. Quoi que je puisse bien dire à ce sujet, la demoiselle campait inexorablement sur ses positions. Autant parler à un mur, il serait bien plus réceptif. Quoi qu'il en soit, si j'avais prêté un peu plus d'attention à son regard, j'aurais su qu'une toute autre envie parcourait actuellement le corps de la belle. L'envie était telle qu'elle en oublia une réponse pour passer directement à un sujet bien plus intéressant. Peu importe, la question au sujet du trafic n'avait été que rhétorique.

La distance entre nos deux corps était relativement faible, néanmoins j'entendais le cœur de Morgana battre violemment dans sa poitrine, de la position que j'occupais. A en juger par ses yeux d'abord, puis par un tel emballement, j'étais forcée de constater que notre éloignement lui avait pesé pour le moins considérablement. Telle était la différence entre nous deux. Puisque je ne me limitais pas à un amour perdu - la simple idée me dégoûtait d'ailleurs -, je n'avais pas la même envie qu'elle, mais c'était plutôt jouissif de la voir dans un tel état... Je ne pouvais ainsi que mieux la torturer. Les mains délicates et parfaitement manucurées de la belle se posèrent sur mes épaules, et comme je l'avais plus ou moins prévu, plutôt que de remonter ma robe, elle la défit, la laissant glisser négligemment le long de mon corps pour venir se tasser au sol en un froissement de tissus sec alors que ses lèvres chaudes se posaient sur ma nuque. Avec cette attitude, elle parvint au moins à m'arracher un soupir. Cependant, il ne s'agissait pas là d'un soupir d'agacement, bien au contraire. Un fin sourire étirait mes lèvres en cet instant et je ne pouvais être qu'amusée par Morgana... Un peu plus encore maintenant qu'elle acceptait de me voir entrer dans son agence.

J'en ignore encore la raison maintenant, toujours est-il qu'un subtil frisson parcourut mon corps du creux de mes reins jusqu'à ma nuque, altérant ainsi faiblement ma respiration optionnelle. Peut-être était-ce l'effet du ton qu'elle avait employé, de la façon qu'elle avait eu de susurrer ces quelques mots à mon oreille ou encore les conséquences de son souffle doux caressant sensuellement ma peau glacée. A moins que ce ne soit la simple idée de faire une véritable orgie dans l'agence de la belle... Au fond, qu'importe ce qui en était à l'origine, les frissons étaient là, insistants, nombreux, intenses. Ma Lady était actuellement sous le charme semble-t-il, comme prête à céder à mes quatre volontés, qu'importe ce que je puisse lui demander. Systématiquement, elle avait une telle attitude alors que, justement, je n'avais rien d'important à lui demander. Quelque part, c'était frustrant. Un faible soupir s'échappa d'entre ses lèvres et vint se perdre sur ma nuque tandis que, de nouveau, Morgana reprenait la parole, s'aventurant à faire une proposition qui me fit sourire.

" Bien sûr... Tout ce que tu désires, Lady... Je te l'offrirai. "

C'était parfaitement faux et elle le savait très bien. Bien évidemment, il m'arrivait de lui offrir quelque cadeau, cependant, pour de tels services, elle savait que la sélection était rude. Je n'acceptais que ce qui était en mesure de m'arranger parce que j'étais égoïste avant tout et que je ne faisais rien gratuitement, pour le bon plaisir des autres. Morgana ou d'autres. Ils n'étaient pas sans savoir, tous, que mon cœur n'était qu'un bloc de pierre inattaquable. La dépravée dégénérée avait bien d'autres caractéristiques toutes aussi flatteuses les unes que les autres ; et malgré cela, certains trouvaient le moyen de me livrer un véritable culte.
Idiots.

" Lady... "

Mes pieds pivotèrent lentement alors que je m'efforçais de ne pas déloger les bras de Morgana, m'enlaçant actuellement. Je ramenais mes cheveux dans mon dos alors que j'étais de profil par rapport à elle, puis je lui fis enfin face. Mes mains glissèrent lentement jusqu'à ses épaules, puis mes avant-bras s'y posèrent alors que mes mains se nouaient derrière son crâne.

" ... Vas-tu rester avec moi, aujourd'hui... ? "

Menteuse ? Il est vrai que je ne m'adressais pas à n'importe qui. Après tout, Morgana me connaissait plutôt bien pour m'avoir longuement côtoyé. Qu'espérais-je en usant d'un tel mensonge ?Pas grand chose si ce n'est rien, je ne pouvais pas la tromper, pas elle, c'était une chose tout bonnement impossible. Ou tout du moins, si je devais la tromper, il faudrait y mettre un peu plus de bonne volonté et lui mentir sur un point qui, finalement, n'a toujours été que mensonge depuis notre rencontre. Aucun exemple ne me venait à l'esprit, mais en cherchant bien... Quoique. Sans doute savait-elle déjà que je n'avais de sympathie pour personne, qu'aucun être sur ces fichues terres n'était en mesure de m'arracher un seul sentiment positif. Tout le monde était en mesure de voir mon sourire, tout le monde était en mesure de fréquenter ma couche. Pas de quoi se vanter, et malheureusement, Morgana ne faisait pas exception à la règle. Elle était comme les autres, si ce n'est qu'elle était au moins Originelle et compétente. Pas au-delà. Sans doute n'était-elle pas sans savoir, au fond d'elle-même, que je n'avais aucune attache vis-à-vis d'elle. Si à ses yeux, j'étais une amie, ou une confidente, je ne sais trop. Une sorte d'épaule sur laquelle elle pouvait pleurer. Pour moi, elle n'était qu'une espionne, et une amante. Tout au plus. Solitude, quand tu nous tiens. On m'a toujours dit que ce côté de ma personne me jouerait des tours, cette petite caractéristique qui me ferait finalement crever seule sous les rayons puissants du soleil. J'ai quelques appuis sur lesquels je peux compter, mais qui sait, mon ingratitude pourra peut-être avoir raison d'eux. Le pire dans toute cette histoire, c'est sans doute de savoir que tout ceci m'amuse inexorablement. Trahir, être trahie. Le jeu éternel n'en est que plus jouissif, au moins, on est loin de la monotonie de certains.

Ses propres mots la firent rire, ce qui m'arracha donc un léger sourire. J'aimais l'entendre rire, ça m'évitait au moins d'avoir à l'écouter geindre sur son passé, et sur la mort de son mari. A cette pensée, d'ailleurs, mes yeux se portèrent un instant sur la bague enroulée définitivement autour de son annulaire gauche. Plus j'y songeais et moins mes réflexions avançaient, je pense ne jamais être capable de comprendre pourquoi elle s'était ainsi liée à un autre. Encore pire que l'amour, le mariage, bien qu'il ne soit finalement qu'une preuve du premier "démon". Tout ceci ne m'empêcha nullement de lui faire une demande, cette dernière ne manqua d'ailleurs pas de la faire sourire, sans doute était-elle amusée par mes propos même si j'étais parfaitement sérieuse. Par contre, la réponse fut loin de me satisfaire. Me montrer convaincante ? Mais je n'avais pas besoin de cela, ne venait-elle pas de dire qu'elle m'offrirait tout ce que je désire ? La question que je venais de lui poser n'était que purement rhétorique, et ce n'était finalement qu'une requête camouflée. Elle n'avait pas vraiment le choix, je ne voulais pas la laisser partir. Non pas que son corps me fasse envie - bien qu'en y songeant, l'idée de boire son sang était relativement séduisante -, j'avais surtout besoin de compagnie ce soir. Et le hasard avait voulu que Morgana soit la première à se présenter. Un sourire charmeur prit place sur les lèvres de la belle vampire alors que sa main s'emparait de ma nuque, m'attirant contre elle en joignant nos lèvres sensuellement. Étrange tout de même. Elle se refusait à d'autres relations, toutefois si son défunt mari voyait pareille scène, sans doute serait-il un peu plus choqué encore que si elle se contentait d'embrasser un homme. Les secondes défilant, le baiser se fit un peu plus intense encore alors que ses mains glissaient le long de mon dos. Au final, l'une se retrouva bloquée au creux de mes reins, et l'autre, au beau milieu de ma chevelure. Doucement mes lèvres se séparèrent des siennes alors que j'esquissais un maigre sourire.

" Ne viens-tu pas de dire que c'est à moi, d'être convaincante... ? En te voyant ainsi, j'ai plutôt l'impression inverse. "

Nouveau sourire alors que je me détachais de son étreinte. Puisque Morgana ne semblait pas être d'humeur à m'aider dans ma tenue vestimentaire, je n'avais plus qu'à reprendre mon peignoir. Quelques pas m'amenèrent donc de nouveau à mon lit et en quelques mouvements élégants, mon corps était de nouveau caché par le tissus fin du peignoir. Je récupérai alors les affaires de la vampire à mes côtés avant d'aller les porter sur une petite table accolée à un mur. Avec bien plus de précaution toutefois, je m'emparai de la robe pour la poser sur une chaise, tachant de ne pas froisser son tissus, après quoi je revenais enfin à mon lit, après un bref regard à Morgana, tout en souriant.

" Tu as dit vouloir m'offrir tout ce que je désirais, Lady, n'est-ce pas ?... T'avoir à mes côtés est tout ce que je veux ce soir. Ton parfum entêtant me manque. "

Encore un sourire alors que mon corps basculait en arrière, se heurtant délicieusement au matelas alors que mes yeux se fermaient tout naturellement, laissant échapper un faible gémissement, signe qu'il était agréable de s'allonger et de se poser un peu. Pour une fois, j'allais peut-être pouvoir dormir paisiblement et un peu plus longtemps que d'ordinaire. Sans que je ne bouge davantage, quoique ma tête bascula sensiblement en arrière, ma main gauche vint tapoter doucement le matelas, invitant ainsi Morgana à s'allonger sagement, tout près. De toute façon, nous avions une nuit presque entière à notre disposition... Sans compter l'éternité qui se prolongeait sans cesse derrière...

La grande Morgana s'inclina alors pour récupérer sa création au sol, et un léger soupir s'extirpa de ses lèvres. Ainsi donc, j'avais malgré tout à la convaincre car selon elle, le baiser n'avait été qu'un simple plaisir. Une "friandise" comme elle le disait si bien ; sans doute la belle était-elle gourmande. J'avoue ne jamais avoir prêté grande attention à ce côté de sa personne. En dehors de la peine qu'elle éprouvait depuis la perte d'Ewilan, et de ses talents de créatrice, j'étais forcée d'admettre que je ne la connaissais pas tant que ça. J'arrivais à appréhender ses réactions, par moment, mais d'autres fois, la chose m'échappait. Pourtant elle devait savoir que j'étais plus ou moins susceptible, elle savait sans nul doute que j'avais horreur d'avoir tort ou pire, de subir un affront. Alors pourquoi avoir délibérément continué aux risques de faire naître la colère en mon sein ? Morgana, ton insouciance me dépasse par moment, et cela me désespère.

Un faible sourire étira pour le moment ses lèvres alors qu'elle marchait jusqu'à mon armoire pour y ranger sa sublime création. Puis, le sourire s'effaça sans doute puisqu'un soupir s'extirpa de ses lèvres carmins. A la suite de mes paroles, à la suite de mon geste, la belle se retourna lentement, me laissant contempler ses yeux changeant doucement de couleur. Le bleu aussi limpide qu'une eau océane se dilua alors, laissant sa place à un gris métallique, tirant faiblement sur la couleur naturelle de ses yeux : noisette. Ainsi donc l'envie n'était plus d'actualité, je l'avais blessé, ou juste offusqué, comme bien souvent. Elle allait s'en remettre à n'en pas douter. Ce que j'ignorais encore, c'est que les critiques allaient suivre, chose que je ne pouvais supporter. Elle réajusta alors sa tenue avant de lâcher sur un ton plus que déplaisant qu'elle était soudainement épuisée après avoir ainsi travaillé... Après quoi elle se coupa dans sa phrase. Un faible mouvement de tête lui servit à désigner l'armoire, puis elle reprit. L'attention que je portais à ses tenues n'était pas suffisante semble-t-il, et son regard, plus dur que d'ordinaire, se posa alors sur moi, cherchant peut-être à me le faire comprendre plus sèchement, à moins qu'elle attende des excuses de ma part.

Contrairement à elle, mes yeux ne changeaient pas de couleur, et mon expression demeurait bien souvent la même : un maigre sourire et un regard malicieux. Pourtant en cet instant, si mes yeux améthystes avaient pu revêtir une nouvelle couleur, ils seraient devenus noirs, aussi ténébreux et lugubres que ce que je devais être au fond. Avant tout, ils seraient vides, vides de sentiments, de ressentiments. Alors ainsi je l'avais vexé ? Qu'à cela ne tienne. Son regard se heurta une nouvelle fois au mien alors qu'elle faisait les cent pas devant mon lit sans que je ne m'attarde à broncher. Immobile, seules mes pupilles bougeaient à son rythme, suivant sa silhouette alors qu'elle reprenait encore la parole tout en serrant des dents. Si d'ordinaire, les airs qu'elle se donnait m'amusaient, aujourd'hui et en cet instant précis, ils m'agaçaient. J'avais certaines pulsions que j'aurais voulu exécuter mais que je ne le pouvais pas. Morgana m'étais bien trop précieuse et il n'y avait qu'elle pour tenir ce fichu trafic de sang dont la plupart des miens dépendait. Je n'avais pas pour coutume de penser aux autres, mais lorsqu'un clan entier en dépend et que face à ce même clan, un ennemi tout aussi puissant siège, je ne pouvais pas être libre de mes choix, ni même de mes pensées.

Elle n'était pas mon jouet ? Quoi d'autre alors ?... Peut-être allait-elle finir par inter-changer nos deux rôles si je la laissais continuer, chose qui pourrait presque en devenir amusante. Mon expression changea exceptionnellement. Mon sourire s'effaça et toute la lassitude de mes siècles d'existence s'abattit alors sur mon visage tandis que je me redressais lentement, continuant de l'écouter distraitement. J'étais maintenant, semble-t-il, la fautive de tout ceci et il "valait mieux pour moi" que je me fasse pardonner. Dans le cas contraire, la demoiselle partirait. Choix difficile, mais pour une raison que j'ignore toutefois, la meilleure solution me sautait aux yeux. Mes mains s'égarèrent alors sur mon ventre, réajustant mon peignoir avant d'en saisir la cordelette qui le retenait, le serrant un peu plus encore. Lascivement, ma tête se laissa faiblement tomber en arrière alors que mes yeux améthystes s'abattait sur Morgana. Si mon expression avait changé, ma voix subissait le même effet et elle n'était plus aussi gracieuse que d'ordinaire. Plus grave, plus sèche.

" Si ton travail n'avait pas été à la hauteur de mes espérances, je te l'aurais dis et je n'aurais d'ailleurs, pas même pris la peine d'essayer ta robe. Tu es censée savoir que je suis franche sur ces points-ci. "

Ma tête se redressa alors que quelques mèches de cheveux, légèrement ondulées, venaient cacher mon visage et notamment mes yeux. Je me mis alors à marcher gracieusement dans ma chambre, mes pas m'amenèrent presque à frôler l'autre Vampire mais mes pieds bifurquèrent avant de s'arrêter un peu plus loin. Ma main se leva alors et se posa élégamment sur la poignée de la porte avant que je ne l'actionne pour ouvrir cette vulgaire planche de bois. Je fis un lent volte-face et m'appuyai un peu contre la porte, reportant mon regard sur Morgana, avec ce même air las en guise de masque.

" Cela dit, je n'ai plus aucune envie de partager cette nuit avec toi, ne serait-ce que pour dormir. Au plaisir de te revoir un jour, Morgana. "

[HRP: désolée pour le retard darling T.T]