Deux chasseurs pour une proie [PV Aleksej]

Athéna redressa légèrement la tête, fixant le ciel qui commençait légèrement à pâlir et eut un vague sourire. La chasse arrivait à son terme, sa proie ne pourrait plus bouger dès que le plus petit rayon de soleil percerait la couche de ténèbres dont la nuit avait enveloppé le monde. Dans le ciel, les étoiles disparaissaient peu à peu, déjà éclipsées par le soleil qui ne tarderait pas à poindre.
Elle accéléra l'allure, râlant à voix basse contre sa forme humaine qui la ralentissait. Mais elle ne pouvait pas se permettre de reprendre sa forme de louve sans risquer de se retrouver brutalement humaine... et nue. C'était l'inconvénient majeur de la vie de lycans.

Son esprit cessa de diriger son corps qui savait déjà où aller pour repasser mentalement les circonstances de la traque...
Un Vampire, comme souvent. Un Mordu pour être précise, abandonné par son créateur depuis manifestement longtemps. Un étage entier de la résidence voisine avait subi sa faim. Le fait que le meurtre se soit passé presque sous ses yeux énervait particulièrement la jeune louve : elle se sentait un peu coupable, ce qui n'arrangeait rien à la colère qui l'avait prise alors que les proches des morts étaient venus enterrer les "victime de l'explosion du chauffe-eau". Comme si un chauffe-eau pouvait causer autant de dégâts. Les humains étaient parfois de vrais génies pour ne pas voir ce qui sautait les yeux.
Dès qu'elle était rentrée de sa chasse, elle avait sentit l'odeur de sang souillée par le parfum du Vampire. En une fraction de seconde, elle avait compris.
Et la rage de ne pas avoir pu empêcher le meurtre l'avait remise sur la piste sans attendre. Elle n'avait pas besoin de repos, elle avait besoin de faire disparaitre la vision des corps desséchés par la mort de leur meurtrier.

Bondissant par dessus une racine traitresse qui tendait un piège tout préparé pour sa course, elle accéléra encore, plissant légèrement les yeux.
Il s'était arrêté un instant près de cet arbre, les vampires pouvaient-ils être essoufflés? Non, il y avait du sang, il avait été blessé.
Ce détail stoppa Athéna. Les Vampires étaient de véritables machines à tuer. Elle ne pouvait pas croire que l'un d'eux s'était laissé blesser par les humains inoffensifs qu'il avait agressé (après tout, une femme de ménage, trois enfants, un couple de retraités et un père anémique représentaient une menace assez faible... peut être que la femme de ménage lui avait envoyé un pchitt d'eau bénite? De produit lave-vitre bénit?). Elle plissa le nez et s'approcha de la tache de sang. Seule l'odeur du Vampire lui paraissait menaçante, quoique noyée dans l'odeur du sang humain...
Et le goût délicatement piquant du métal.

Athéna se recula, contempla le sang avec un sourire et se remit à courir, fixant le ciel avec insistance. Il restait.... Une demi-heure tout au plus avant que les rayons ne deviennent mortels. Le sourire qui étirait ses lèvres était presque... satisfait. En deux cents ans d'extermination méthodique des immortels devenus fous, elle n'avait jamais entendu parler du moindre humain chasseur...
Et pourtant.

Elle avait quelques heures de retard sur le Vampire. Sa chasse précédente l'avait passablement épuisée et elle n'était pas au mieux de sa forme. mais même ainsi, elle restait beaucoup plus rapide que lui, preuve en était la trace qui s'affirmait peu à peu.

Sous forme de louve, elle ne voyait pas bien. La vue était reléguée quelque part à l'arrière, à s'occuper des menus détails tels que les mouvements à la périphérie du champ de vision. Sous forme de louve, elle sentait. Elle sentait le monde sous forme de couleur et de goûts. Elle sentait le passé comme le présent. Les actions comme les sentiments...
Et l'odeur perceptible d'angoisse qui imprégnait la trace du vampire la ravissait.
Mais elle sentait autre chose qui la ravissait encore plus. Difficile à représenter, si elle avait essayé de l'exprimer, cela aurait ressemblé à "une trainée bleu un peu salée avec des filaments rougeâtres très amers". En langage olfactif, cela signifiait un homme (assez jeune, pas blessé) manifestement porteur d'une grande quantité de cuir, au points que la très faible odeur de l'étoffe devenait assez entêtante pour nuancer celle du porteur. L'idée que des humains se décident enfin à faire eux même le sale boulot était nouvelle mais intéressante. Restait à savoir s'ils en étaient capable.

Elle accéléra encore jusqu'à entendre des bruits d'affrontements. Le feulement rageur du souffle d'un Vampire entre ses canines était secondé d'un halètement reconnaissable. Le tout en majorité recouvert par le bruit des chocs sourds... Et de la chair déchirée. Le vent était dans son dos, et le jour était trop avancée pour que son flair de loup qui restait un instant, après toute transformation, lui soit d'une quelconque utilité. Aussi elle n'hésita pas un instant à dégainer ses sabres et bondir en avant.

Son regard balaya l'espace d'une fraction de seconde la scène qui se présentait. Puis, avec le calme d'un jardinier qui arrache patiemment les mauvaises herbes, elle s'avança derrière le vampire, planta avec une précision chirurgicale son sabre jusqu'à la garde sous le cœur et le remonta rapidement jusqu'à ce que l'organe vital soit proprement découpé en deux. Trop occupé par son adversaire qui lui avait manifestement déjà asséné de sérieuses blessures, il n'avait pas perçu le léger chuintement de la lame qui fend l'air.

L'instant d'après, le premier rayon de soleil fit son apparition timide, vint rôder le long des arbres, s'enroula autours d'infimes grains de poussières, traversa quelques feuilles qui lui donnèrent un jolie teinte verte.
Doucement, il effleura le cadavre du Vampire toujours suspendu par l'arme blanche, caressa de ses doigts impalpable la chair blanchâtre de l'homme de l'ombre, puis se réfracta sur les petits grains de poussière qui chutèrent brutalement. Il n'y avait plus qu'un petit tas de cendres aux pieds d'Athéna qui sentait peu à peu la présence sauvage d'Akuma s'endormir. Un soupir de soulagement s'échappa de ses lèvres, faisant tourbillonner quelques particules illuminées par le soleil naissant.

Calmement, elle rangea son sabre dans son fourreau, sans quitter des yeux l'humain qui lui faisait face. Le soleil rasant découpait son visage pâle d'un jeu d'ombres et de lumières qui en révélait la finesse. Trop pâle peut être. L'attention de la jeune femme fut attirée sur un blessure superficielle au niveau de l'avant bras qui laissait écoule du sang en continu, lui apportant la réponse à la question muette qu'elle s'était posée.
Hémophilie. Elle qui croyait que les humains guérissaient pratiquement toutes les maladies de ce genre...

Calmement, elle détacha la petite pochette suspendue à sa ceinture et lui tendit. Elle contenait quelques flacons de désinfectant - la majorité des loups devenus fous ne se brossaient pas les dents et avaient une hygiène déplorable, elle préférait prendre ses précautions - ainsi qu'un épais rouleau de bandage et un nécessaire de couture. Une pochette très utile après n'importe quel combat, qu'elle avait pris l'habitude d'emmener avec elle. Quand on avait le métabolisme d'un lycan, mieux valait se tenir éloigné des hôpitaux pour éviter d'être mis en cage dans un labo.

Tu ferais mieux de bander ton bras, ça pue le sang à des kilomètres, et il n'est pas le seul dans son genre...

Elle donna un léger coup du bout du pied dans le tas de cendre qui s'effondra puis recommença à fixer l'humain. Elle savait que c'était aussi impoli chez les humains que les loups mais ne pouvait guère s'en empêcher. Jusqu'ici, les rares humains à avoir essayé d'abattre les Vampires - mis à part elle, mais il faut dire qu'elle avait l'aide et l'entrainement d'un loup Originel âgé de plus de 1000 ans... - s'étaient retrouvés à terre. Le plus souvent en pièces détachés et nettement plus sec qu'au départ, aussi sa curiosité était compréhensible.

- Au revoir, Aleksej !
- Dasvidania, Hélène.

La jeune femme était en train d'agiter discrètement la main en direction du jeune garçon qui quittait maintenant l'hôpital. Il avait subi un traitement le matin même, pourtant des complications avaient eu lieu et il n'avait pu que déplorer la durée finale de cette simple "visite de routine". Le russe s'était levé de bonne heure le matin, à 8 heures environ, immédiatement il avait gagné l'hôpital, et ce n'est finalement qu'à 21h qu'il le quittait. Les jours passaient les uns à la suite des autres, Aleksej savait qu'un beau jour pourtant il ne pourrait plus ouvrir les yeux. Il savait qu'il était condamné quoi qu'on puisse faire, alors il ne comprenait pas pourquoi on lui infligeait encore et toujours ce traitement. Des injections quotidiennes, des injections qui ne servaient à rien. Cet état de faiblesse énervait le russe, au fond de lui. Il faisait l'effort de suivre les recommandations des médecins au sein de l'hôpital, dès qu'il était dehors pourtant, une seule chose comptait : les vampires. Plus rien n'avait d'importance, surtout pas sa santé. Peut-être souhaitait-il jouer un tour au destin. La plus belle mort qu'il puisse souhaiter serait sans doute des suites d'une blessure grave, une morsure, ou un simple combat. Qu'il soit victorieux ou non, peu lui importait. Il ne voulait qu'une chose : prendre de cours la maladie qui rongeait ses os et sa vie avec. Il ne voulait pas crever vulgairement à la suite de cette maladie qui aurait drainé au fil des années ses forces sans le ménager.

Il n'était pas raisonnable et lui-même le savait, malgré tout, il ne parvenait pas à se faire de raison. D'ailleurs, Aleksej envisageait d'ores et déjà de mettre fin au traitement qui lui avait été prescrit à vie. A quoi bon ? Ce traitement lui faisait perdre un temps précieux, même s'il rallongeait sa vie, en aucun cas il ne pourrait atteindre une moyenne d'âge respectable. Jamais il ne deviendrait vieux, cet état de délabrement ou le corps s'affaiblit et où l'esprit suit peu à peu : jamais il ne le connaîtrait. Son corps serait faible, mais son esprit demeurerait au moins. A peine sorti de l'hôpital, Aleksej se dirigea rapidement vers ses appartements. Le quartier résidentiel était assez éloigné, et il devait se dépêcher puisque la nuit était déjà tombée. Une fois à son appartement, le jeune homme se changea en vitesse avant de récupérer son arme de poing. Un Beretta, plus précisément " Beretta 92 fs compact " de type M. Huit coups pouvaient être portés, il était d'ailleurs assez discret. Le russe ne s'attarda pas plus longtemps chez lui et il sortit directement, quittant la ville en hâte. L'arme qu'il avait, était dissimulée sous une veste de cuir qu'il portait, crochetée à une ceinture d'une matière similaire à un pantalon du même type. Le haut d'Aleksej n'avait rien de spécial, noir, près du corps, il remontait jusqu'au cou du jeune homme. A cela, venait s'ajouter quelques accessoires, et notamment des gants couvrants entièrement les mains du garçon.

A allure normale, le jeune homme quitta rapidement la ville et regagna les bois après avoir dépassé fermes et plaines. Les ruines étaient apparemment calmes, bien trop pour que le jeune homme s'en contente. Il s'était posté dans un arbre comme il avait l'habitude de le faire, et dès lors, il attendait. Longtemps. Aucun vampire ne se montra, et alors que la fatigue gagnait le russe, un bruissement se fit entendre, le faisant tout de suite réagir et porter sa main à son arme. Un vampire se montrait enfin, après tant d'heures passées à attendre sans jamais rien voir venir, un de ces buveurs de sang osait se montrer. Il semblait distrait, car, en effet, il ne remarqua pas la présence du jeune homme. Au moins jusqu'à ce qu'il reçoive une balle de 9mm dans l'épaule gauche. Le russe descendit de son perchoir et tira deux autres balles : la première frôla la gorge et l'autre alla se planter dans le torse. Un feulement rageur résonna alors qu'Aleksej fronçait les sourcils. Un semblant de sourire sembla pourtant étirer ses lèvres un instant. Bien vite, le jeune homme fit volte-face et se mit à courir : le vampire était déjà à sa poursuite. Comme beaucoup d'autres, le monstre avait les capacités pour le rattraper et le tuer en un claquement de doigts, il n'en fit rien cependant, et préféra attendre et profiter. Cette grossière erreur lui valut la vie, mais ça, il ne s'en rendit compte que trop tard.

Un regard vif fut adressé à l'horizon alors que maintenant, le russe ne pouvait plus reculer. Le jour allait se lever d'ici très peu de temps, malheureusement, c'était encore trop de temps et le buveur de sang se trouvait là, droit, juste devant lui. Naturellement, l'arme de poing se pointa de nouveau sur le monstre enragé et décocha trois autres balles. Aucune d'entre elles n'atteignit la cible et le vampire se fit une joie de s'approcher furieusement de l'humain : un coup de griffe et le bras droit du russe était meurtri, ainsi que le tissus déchiré. Pourtant le monstre ne s'en sortit pas indemne puisqu'il eu droit à deux autres coups en plein ventre, à bout portant cette fois-ci. Un feulement de rage perça à nouveau les bois tandis qu'il avait fait plusieurs pas en arrière. Le monstre était en colère, et face à lui, Aleksej demeurait calme et silencieux, pointant son arme sur cet être au teint pâle et à la beauté irréelle. Ses dents étaient serrées mais son regard ne laissait rien paraître. Tout comme son visage inexpressif, il semblait à part, ou concentré à un point tel que plus rien n'était en mesure de l'atteindre. Un évènement imprévu arriva tout de même. Une jeune femme surgit de nulle part et dégaina un sabre alors qu'elle se trouvait derrière le vampire. L'humain avait certaine qualité : sa vie et ce qu'il était aujourd'hui avaient fait de lui une machine froide sans sentiments ou presque. Aucune surprise ne fit vibrer la pupille du jeune homme, son iris ne prit même pas la peine de se décaler sensiblement du vampire à la jeune femme. Rien ne changea dans son attitude et le buveur de sang ne put que sentir la lame transpercer son corps, puis être tranché sur plusieurs centimètres.

Les rayons du soleil apparurent alors et ne laissèrent du vampire qu'un vulgaire souvenir cendré. On parlait souvent de la beauté des vampires, sur ce point, Aleksej était mitigé car jamais il n'avait réellement ressenti un quelconque charme, ou un envoûtement à leur égard. Pourtant il s'avouait au moins une chose : ils étaient beau dans leur mort. Progressivement le corps devenait poussière et se dispersait élégamment au gré du vent. Pourtant, si le vampire avait compté les balles tirées, il aurait su que derrière l'attitude d'Aleksej, il n'y avait plus que du bluff que huit coups avaient déjà été tirés. S'il avait compté, il aurait peut-être entendu la femme qui venait de l'embrocher. Après tout, l'humain n'avait plus rien à perdre même si le buveur de sang lui sautait à la gorge. Il avait réussi à le retenir suffisamment longtemps pour que le soleil ait le temps d'agir. Même s'il avait été tué, le vampire était trop loin des ruines pour les rejoindre avant d'être transpercé de rayons translucides, mieux : il ne pouvait pas non plus trouver refuge du côté des bois car ils étaient bien trop clairs pour laisser un coin d'ombre qui serait alors un quelconque refuge pour un buveur de sang. La jeune femme laissa échapper un soupir tandis que le jeune homme la fixait sans broncher. Comme à son habitude, il était muet et inexpressif. Qui était-elle ?

Le sabre fut rangé dans son fourreau et elle sembla l'observer un moment. Bien peu de temps à dire vrai : rapidement, elle entreprit de chercher quelque chose dans une sacoche à sa ceinture. Que préparait-elle ? Même s'il n'était plus armé, le jeune homme éprouvait une pointe de méfiance et il était prêt, malgré tout, à se défendre si elle s'apprêtait à l'agresser présentement. Il avait des doutes sur ce point : elle ne présentait pas de comportement hostile. Il ne souhaitait pas prendre de risques toutefois. La pochette attachée à la ceinture fut détachée puis tendue au russe alors qu'elle se mettait à parler. Les paroles prononcées, un coup de pied rageur fut donné au tas de cendres encore fumant qui se trouvait entre les deux. Les sourcils du jeune homme se froncèrent un peu plus encore. Pourquoi s'inquiétait-elle de son état ? Après tout, maintenant que le soleil était levé, peu importait que l'odeur de son sang règne encore dans le bois. Un détail attirait toutefois davantage son attention : comment pouvait-elle réellement savoir que son sang pouvait être senti à des kilomètres ? A son tour, Aleksej soupira mais d'une façon inaudible. Tout naturellement alors, son avant-bras se tendit devant la jeune femme, au bout : son arme à feu, directement pointée sur le visage de la demoiselle.

- Vous n'êtes pas membre de la Coalition car je ne vous connais pas. Vous ne semblez pas être vampire puisque le soleil est présent et que vous êtes indemne. Pourtant votre odeur et votre rapidité sont anormales. Il n'est pas aisé de trancher la chair sur une telle grandeur et il faut avoir un puissant odorat pour savoir que mon sang est à ce point imprégné dans les environs. Qui êtes-vous ?

Comme il l'avait fait avec le vampire, Aleksej bluffait simplement puisqu'il n'avait toujours pas rechargé son arme... Pourtant, il n'y avait dans ses yeux pas l'ombre d'un doute. Jamais, sa pupille ne vrilla, et jamais l'expression détachée de son visage ne changea. Un brillant comédien, peut-être. Un triste humain, sans doute.

Le Vampire s'éparpillait peu à peu, alors qu'elle fixait l'inconnu qui ne semblait pas vraiment surpris ou... ou quoique ce soit en réalité. Son visage aux sourcils froncés semblait soupçonneux, mais aucune lueur n'animait ses yeux verts. Sur un soupir presque inaudible, il lui tendit son avant-bras... L'arme pointée directement sur son visage

- Vous n'êtes pas membre de la Coalition car je ne vous connais pas. Vous ne semblez pas être vampire puisque le soleil est présent et que vous êtes indemne. Pourtant votre odeur et votre rapidité sont anormales. Il n'est pas aisé de trancher la chair sur une telle grandeur et il faut avoir un puissant odorat pour savoir que mon sang est à ce point imprégné dans les environs. Qui êtes-vous ?

Son premier réflexe fut *Il est suicidaire celui là...*... Vous en connaissez beaucoup des gens qui menacent d'un pistolet quelqu'un qui viens de découper plusieurs côtes à un vampire sans se faire repérer? Son visage se plissa dans une moue de déception qui ne convenait pas bien à la situation. Puis une étincelle d'intérêt s'alluma dans ses yeux alors qu'elle s'intéressait de plus près aux paroles, laissant son ton presque agressif de côté

- La coalition? Qu'est ce que c'est? Il y en a d'autres comme toi?

C'était intéressant. Elle n'avait encore jamais entendu parler d'un groupes d'humain prêts à se battre contre des Vampires. Même si la stratégie "j'entraine le vampire loin des bois et je me fais tuer sans qu'il n'ai le temps de regagner l'ombre" laissait un peu à désirer, cela signifiait au moins qu'il y avait des gens qui partageaient son point de vue. Bien sûr, les familles des victimes avaient souvent un fils, un père, un cousin (ou les mêmes au féminin) qui se décidaient à venger leurs morts, mais la profession leur était souvent fatale, ce qui amenuisait le nombre de volontaires.
Repoussant du bout du doigt le révolver - elle ignorait si il était chargé après le combat, mais dans le doute elle s'y prenait avec quelques précautions - elle fit un sourire moqueur au visage de marbre qu'affichait le jeune homme. Elle n'était pas vraiment effrayée par la menace, il faut dire que quand on ne peut mourir d'une seule façon qui ne viendrais certainement certainement pas à l'esprit de quelqu'un qui ne possède de toute façon aucun objet tranchant, ça aide à se sentir sûr de soi.

- Techniquement, je suis ce que tu pourrais appeler un Loup-Garou. Sans toutes ces bêtises sur la pleine lune et la folie psychopathe. En gros... je suis une humaine immortelle qui peut se transformer en loup la nuit. Nouveau monstre à ajouter au répertoire.

Elle se moquait un peu de lui, d'accord, mais c'était la vérité. Elle était un peu étonnée de voir qu'on puisse connaitre l'existence des Vampires en ignorant celle des Loups... Malgré la répugnance à l'idée de l'avouer, il fallait bien dire que leurs ressemblances étaient nombreuses : principalement nocturnes, carnivores, immortels, très différent des humains (chacun à sa manière cependant)...
Un rayon plus audacieux que les autres se glissa sur son cou pâle, remonta vers son visage puis se réfléchit sur ses canines un peu trop pointues dévoilées par son sourire.

Ça m'étonne un peu que tu ignore l'existence des Lycans... Qui t'a révélé celle des Vampires?

Bien sûr, elle se doutait que quelqu'un qui pourchassait des vampires avec autant d'imprudence avait sans doute de bonnes raisons de leur en vouloir, mais elle avait eut trop de problèmes avec les vampires pour aborder avec tact la question. D'une certaine manière, la mort de sa vie d'humaine, et de son bonheur de lycanne semblait lui autoriser toutes les "indélicatesses". Et puis le visage parfaitement inexpressif de son interlocuteur lui soufflait qu'il n'était pas du genre à fondre en larme pour une question. C'en était presque effrayant, de voir cette expression... inexpressive. On aurait dit qu'il était prêt à tout. Il était prêt à tout

En un éclair, la main qui tenait repoussé l'arme à feu saisit le poignet de l'humain et le tordit soudainement, faisant tomber le pistolet qu'elle récupéra au vol. Son visage toujours aussi calme observa un instant l'arme qui reposait sur sa paume, pensive, puis soupira de dépit en relevant la tête.

Tu croyais vraiment pouvoir me faire du mal avec un pistolet déchargé?

Elle lui rendit son arme et rangea la pochette de soin que son autre main tenait toujours. Puisqu'il ne semblait pas en vouloir...
Il n'empêche qu'elle était amusée par le bluff éhonté du jeune homme manifestement très bon comédien. Soit il était suicidaire, soit il était très courageux... soit il ignorait comment se servir de son arme, ce qui l'aurait tout de même étonné.

Un reflet vert envahit soudain ses yeux alors qu'Akuma tentait de voir la situation. Le geste trop vif d'Athéna l'avait éveillé, et le fait qu'elle lise dans sa mémoire que ce pathétique humain les avaient menacé l'agaçait. La louve ne désirait qu'une chose : éliminer cet insolent ingrat et rentrer dormir. Athéna se figea brutalement, obligée de refouler la louve et de "l'endormir" de force. Les méthodes... simplistes d'Akuma étaient souvent assez peu appropriées. Un léger frisson parcouru son corps alors qu'elle reprenait le contrôle. Son visage perdant le sourire amusé qui l'avait éclairé pour redevenir aussi calme qu'à son habitude.

Quoiqu'il en soit, évite de le pointer sur n'importe qui... Il y a de nombreux Loups en ville, et tous n'ont pas aussi bon caractère que moi... je t'ai dis qui j'étais, à toi de répondre à mes questions maintenant. Qu'est ce que c'est que la Coalition? Pourquoi combats-tu des Vampires alors que tu es trop faible pour y survivre?

Elle le fixait calmement, ses bras étaient croisés sur sa poitrine, son attitude n'avait rien d'agressif...
Bien sûr, près de ses mains se trouvaient ses bracelets qui servaient également de réserve d'étoile de jet mais il n'avait aucune chance de s'en apercevoir, et elle même ne comptait s'en servir que s'il recommençait à la menacer.
Peu à peu, ses sens acérés de louve s'amenuisaient, et ses réflexes redevenaient humains. Elle savait qu'Akuma sommeillait à peine, prête à revenir si un vrai danger menaçait, mais elle préférait tout de même penser qu'elle n'aurait pas à se battre. Elle n'aimait déjà guère l'omniprésence de la louve la nuit, alors la journée...

[Désolée, c'est pas terrible mais je n'ai pas d'inspi ^^']

Un semblant de déception sembla traverser le visage de la jeune femme face à lui. Elle ne tarda pas à reprendre son sérieux pour poser bon nombre de questions. Aleksej fut d'ailleurs surpris de voir que certains, encore, ne connaissaient pas l'existence de la Coalition. Elle devait en avoir entendu parlé, un peu plus encore parce qu'elle aussi, elle chassait les vampires. Cette chasse mutuelle faisait d'eux des collègues. Mais si on retournait le problème autrement, le russe n'avait lui-même jamais entendu parler d'êtres aussi rapides que les vampires, qui seraient en mesure d'évoluer aussi bien de jour que de nuit. Pourtant face à cette multitude de questions, comme à son habitude, le jeune homme restait simplement inexpressif. Il ne voulait pas répondre maintenant, au moins tant qu'il ne savait pas qui elle était vraiment. La confiance est quelque chose qui se gagne, et Aleksej n'est pas quelqu'un qui fait confiance aveuglément. Bien au contraire, bon nombre se lassent avant d'avoir un quelconque résultat.

Du bout des doigts, la demoiselle repoussa l'arme braquée sur elle. Même s'il continuait de la fixer, le russe ne s'y opposa pas et la laissa faire. Qu'importe de toute façon, puisque l'arme n'était pas chargée. Qu'elle soit braquée ou non dans la bonne direction, s'il était contraint de tirer, les conséquences seraient minimes. Inexistantes, même. Un sourire moqueur étira les lèvres de la jeune femme ce qui amena Aleksej à se questionner. Bien vite, elle reprit la parole alors qu'il n'avait toujours pas cillé. En dépit de l'annonce qu'elle lui faisait, il ne bronchait pas. Il y a peu, il avait découvert l'existence de vampires, voilà maintenant, qu'elle lui annonçait être loup-garou. Pourquoi pas. Toutefois les contes populaires n'étaient pas vrais en tout point : elle prétendait que la pleine lune et la folie ravageuse qui semble allait de pair avec les hommes-loups étaient de simples inepties. Immortelle, hein ? Le russe comprenait soudainement la raison du rire moqueur. De quoi avait-il l'air avec son revolver, si elle était véritablement immortelle ? Cela dit, elle pouvait bien prétendre ce qu'elle voulait, puisqu'il ne connaissait rien à ce sujet. Ce n'est pas lui qui allait la contredire.

Comme pour acquiescer à ces propos, le soleil s'en mêla et l'un de ses rayons fit briller une dentition inhabituelles. Elle avait des crocs, comme les vampires ; des crocs brillants et pointues qui laissèrent une fois de plus, Aleksej perplexe. La jeune femme semblait bavarde, car un court silence avait meublé la conversation avant qu'elle ne reprenne la parole. Elle se disait étonnée par le fait qu'il ignore l'existence des "lycans". Que devrait-il dire au sujet de la Coalition ? La question qui lui fut ensuite adressée le renfrogna un peu plus encore, il n'eut cependant pas le temps de réagir de quelques manières que ce soit car la main qui tenait le revolver à l'écart s'était soudainement emparée du poignet. En quelques instants, elle avait été en mesure de lui tordre la main, le forçant ainsi à lâcher l'arme, puis elle l'avait ramassé. C'est alors qu'elle avait remarqué que l'arme était déchargée, et elle échappa un soupir alors qu'il ne pouvait s'empêcher de sourire. Un brin d'insolence semblait s'emparer de lui alors que cela n'était pas dans ses habitudes. Aleksej était toutefois fier de son coup. Elle avait beau être une lycane, il venait de la berner.

La simple idée de lui faire du mal avec une telle arme ne lui avait pas traversé l'esprit, c'était une façon comme une autre de la tenir éloignée. Ou au moins, d'essayer. De cette façon, elle savait au moins à qui elle avait à faire. Plus ou moins en tout cas. Poliment, elle lui rendit son arme tout en rangeant sa pochette de soin. Le russe récupéra l'arme de poing et la rangea à la place qui lui était due : dans son dos, accrochée à sa ceinture. Même s'il gardait un œil sur la demoiselle pendant ce court rangement, il n'eut pas l'occasion de remarquer la nuance de vert qui traversa l'œil de la lycane, il ne put simplement que constater qu'elle s'était sensiblement raidie après quoi elle avait repris un aspect, somme toute, plus naturel. Le bref silence qui s'était à nouveau installé fut brisé tel un verre en cristal se heurtant au sol. Comme s'il avait oublié la cascade de questions qui lui avaient été posées au préalable, elle venait de lui présenter une sorte de résumé. Elle apportait, qui plus est, des précisions qui lui seraient fort utiles, que ce soit pour lui ou pour ses supérieurs. Mais avec de telles informations, Aleksej n'était sûr de rien. Si toutefois, ce qu'elle lui disait s'avérait être vrai, il ne voyait pas pourquoi elle lui donnait autant d'informations. De l'insouciance, ou de l'innocence ? Peut-être un peu des deux.

Le conseil qu'elle lui donna passa immédiatement à la trappe : il n'y fit guère attention. Elle n'avait aucun conseil à lui donner et même s'il y accordait un minimum d'attention, Aleksej ne pourrait empêcher sa méfiance maladive d'agir et de guider ses mouvements. Par simple automatisme, il menacerait n'importe qui. Selon elle, d'autres loups étaient en ville, ils étaient nombreux qui plus est. Peut-être y en avait-il dans la Coalition sans qu'il ne le sache. Pour le reste, elle avait raison. Comme il lui avait demandé, elle avait répondu à ses questions et la moindre des choses était maintenant de faire de même et de répondre à ses interrogations. Il y aurait presque mis de la bonne volonté si elle n'avait pas ajouté un dernier commentaire. Il aurait presque été heureux de trouver un nouvel allié, aussi étrange soit-il, si ce dernier n'avait pas eu l'audace et le culot de prétendre qu'il était trop faible pour survivre aux combats l'opposant aux vampires. D'ordinaire, le jeune homme était calme, il était également poli et posé. Aucun reproche ne pourrait lui être fait, et pourtant, lorsqu'Elle entrait en jeu, lorsqu'on venait à parler de l'Hémophilie, alors il perdait presque tout contrôle. Ses paroles devenaient sèches, ses termes étaient plus abrupts. Il avait les sourcils plus froncés encore qu'auparavant et un regard glacial était posé sur elle. Elle avait croisé ses bras sur sa poitrine et avait, ainsi, un brin de supériorité dans son attitude. Par-dessus tout, elle attendait une réponse.

- Je vais tacher de répondre chronologiquement, et aussi clairement que votre prouesse. La Coalition est une organisation fondée par des humains, visant à détruire les vampires, quels qu'ils soient. Nous sommes des chasseurs, pour faire simple... Et nos méthodes divergent. Nous avons tous nos propres motivations mais notre but est identique. Je ne suis pas le seul à ignorer l'existence de votre race, je puis vous le certifier. Vous dîtes être nombreux... Combien ?

Cette dernière question avait peut-être été présentée un peu trop sèchement, pour tout dire, Aleksej n'y avait pas fait vraiment attention. Il allait aborder le reste des propos de la demoiselle, ce même reste qui l'avait agacé, voire même énervé. Avant cela il avait encore d'autres questions. Il y a peu, il avait beaucoup appris au sujet des vampires, maintenant il voulait en savoir encore plus au sujet de ces lycans. Étaient-ils nombreux ? Différents ? Y avait-il différents rangs et étaient-ils soudés ? Il fallait qu'il sache aussi leurs capacités, leurs pouvoirs... Leurs faiblesses éventuelles également, mais : comment tuer un immortel ? A nouveau, le russe reprit la parole, plus déterminé que jamais.

- J'ai découvert les vampires par moi-même, de mes propres yeux... Et je pense être mieux placé que vous, et même que n'importe qui, pour savoir si je suis trop faible, ou non, pour combattre les vampires. Ai-je l'air en mauvais état ? Suis-je en pleine agonie ? Vous divaguez... Je ne suis pas faible !

Le jeune garçon essaya de détendre l'expression de son visage, mais ce n'était pas chose aisée. Il avait grand mal à retrouver son calme, et sans qu'il ne sache pourquoi, l'attitude de cette lycane l'agaçait. Peut-être parce qu'il avait l'impression qu'elle le prenait pour peu de choses, peut-être même pour rien.

- Pourquoi tuez-vous les vampires, vous ? Pourquoi ne pas plutôt nous exterminer, "faibles" humains que nous sommes ?

Sa remarque sur sa faiblesse était davantage destinée à sa race qu'à son hémophilie, qu'elle imaginait être une simple précaution à prendre. Athéna avait quitté toute humanité depuis longtemps et n'étais pas vraiment au fait des problèmes du genre humain. Elle n'avait pas vraiment envisagé la maladie comme un inconvénient majeur. De toute manière, quand on affrontait un vampire, la plupart du temps soit on s'en sortait par surprise, indemne, soit... on ne s'en sortait pas. Mais le regard proprement glacial de l'humain lui fit comprendre qu'elle avait touché un point sensible...

- Je vais tacher de répondre chronologiquement, et aussi clairement que votre prouesse. La Coalition est une organisation fondée par des humains, visant à détruire les vampires, quels qu'ils soient. Nous sommes des chasseurs, pour faire simple... Et nos méthodes divergent. Nous avons tous nos propres motivations mais notre but est identique. Je ne suis pas le seul à ignorer l'existence de votre race, je puis vous le certifier. Vous dîtes être nombreux... Combien ?

Cette histoire d'humains était étonnante. Elle ne comprenait pas comment elle avait pu passer à côté d'une organisation pareille pendant aussi longtemps. Sans doute était-elle assez récente...
Quoiqu'à bien y songer, cela faisait bien plus de 60 ans qu'elle n'avait pas parlé à un humain. Elle avait rencontré quelques lycans, avait passé plusieurs semaines en compagnie d'une drôle de louve, purement animale, qui ne semblait pas avoir peur d'elle, elle avait même parlé avec un Vampire venu parlementer pour éviter un combat (c'est à cette occasion qu'elle avait appris l'existence de Vampires "pacifiques". Apparemment, si le Vampire qu'elle pourchassait était en effet passé par cette famille, il en était ressortit en plusieurs morceaux...) mais les humains étaient trop souvent nerveux en sa compagnie, et elle n'avait pas ce besoin viscérale de quelqu'un à qui parler. Elle avait eut Toboe, puis Akuma, cela lui avait bien suffi...
Pourtant, quand elle quitterais cette ville, il lui faudrait songer à être un peu plus en contact avec le monde 'réel", cela pourrait s'avérer... amusant.

Sa question, en revanche, était assez gênante. Bien sûr, elle avait recensé assez d'odeurs pour pouvoir assurer qu'il y avait "beaucoup" de lycans, mais l'idée ne lui était pas venu de les classer, et encore moins de les numéroter. Le vampire qui avait causé la mort de Toboe était dans le coin, c'était une certitude, mais elle n'envisageait pas de s'établir ici... Et n'avais par conséquent aucune intention de rejoindre une meute - s'il y en avait une toutefois - qu'elle aurait alors dû examiner de près.
Elle pencha légèrement la tête de côté sans répondre alors que le visage du jeune homme se plissait pour prendre l'allure de quelqu'un qui a l'envie de paraitre calme mais qui est loin d'y réussir. Il paraissait agacé, ses yeux verts étaient porteur d'une sorte de colère sourde qui transperçait le masque impassible de son visage pâle.

- J'ai découvert les vampires par moi-même, de mes propres yeux... Et je pense être mieux placé que vous, et même que n'importe qui, pour savoir si je suis trop faible, ou non, pour combattre les vampires. Ai-je l'air en mauvais état ? Suis-je en pleine agonie ? Vous divaguez... Je ne suis pas faible !

Il avait craché les derniers mots. Un sourire de plus en plus large s'étirait sur le visage d'Athéna, qu'elle tenta de réprimer en vain. Elle avait la curieuse impression d'être retombée... deux cents ans plutôt. En butte aux moqueries de Toboe sur sa faiblesse humaine, elle avait souvent fait des éclats semblables... Quoiqu'elle avait un caractère plus explosif, au grand dam du loup-garou. Elle avait l'impression tenace que son interlocuteur finirait par recommencer l'histoire, qu'il tomberait sur un loup Originel, qu'il finirait par le faire céder, qu'il deviendrait loup à son tour, qu'il...
Son sourire s'évanouit, et son visage se ferma. Mieux valait espérer que l'histoire ne se répète pas à la réflexion.

- Pourquoi tuez-vous les vampires, vous ? Pourquoi ne pas plutôt nous exterminer, "faibles" humains que nous sommes ?

Ce fut son tour de froncer les sourcils, les mâchoires serrées par l'agacement contenu qu'avait engendré cette question très mal placée. L'idée que quelqu'un la prenne pour un assassin la révulsait. Elle savait qu'elle en était capable. Un instant d'inattention envers Akuma, un petit coup bien placé, un serrement de gorge un peu trop fort... Les humains étaient trop fragiles pour qu'elle se risque à essayer d'éliminer également leurs tueurs.

Parce que les vampires m'ont causé plus de douleur qu'il est normal d'en subir, parce qu'ils m'ont privés de tous les êtres qui me tenaient à cœur, deux fois de suite... Et parce que les lycans sont des humains, simplement avec un petit pouvoir en plus et que tuer un humain serait... un meurtre.

A voir l'expression peu amène de son visage, la moindre touche de compassion ou de discussion était malvenue. Elle reprit son calme et haussa les épaules et le fixa d'un air légèrement agacé.

A propos de ta question sur les Loups, je n'en sais rien, je ne me suis pas amusée à tous les traquer un à un... Et concernant la "faiblesse" des humains...
Non rien.

Elle plissa les yeux, et haussa les épaules avant de reprendre la parole d'une voix plus calme. Elle avait l'espace d'un instant failli laisser échapper qu'une transformation en lycan réglait facilement ce genre de problème mais s'était retenu à temps. Elle savait que seul un loup originel en avait le pouvoir, et mieux valait éviter de donner de faux espoirs... ou de l'effrayer. Elle avait bien l'intention d'en apprendre plus sur cette organisation d'humains. Peut être aurait-elle la chance de trouver quelqu'un de prêt à l'aider pour éliminer l'Originel qui avait assassiné Toboe. Elle n'était pas assez folle pour croire qu'elle pourrait réussir seule là où un Loup plus puissant qu'elle ne le serait jamais avait échoué. Mais elle n'imaginait même pas renoncer, ou mourir avant d'avoir atteint son but...

La Coalition... Comment ça se passe au juste? Vous obéissez à un chef ou vous agissez en solo? Il y a des Lycans... enfin des gens "différents"?

Elle n'était pas là depuis longtemps, et ne connaissait pas bien cet endroit qui semblait être son territoire. L'idée de rejoindre un groupe et de devoir obéir aux ordre d'un chef la révoltait, mais s'il s'agissait d'un groupe de chasseur comme ceux auxquels Toboe appartenait - quoiqu'il s'agissait plutôt de "connaissances" - elle tenterait sans doute de les rejoindre... Après tout, mis à part certaines nuits, elle était humaine, non?

Après les premières paroles d'Aleksej, la jeune femme face à lui pencha la tête sur le côté sans ajouter de quelconques mots. Elle ne lui répondit pas, pas encore, et préféra le laisser parler. Peu après, alors, le russe avait repris la parole et avait déblatéré un second bloc de mots qui avaient eu pour effet de la faire sourire. Moquerie ou amusement, il n'en savait rien, mais au fond, l'un et l'autre étaient identiques. Pourtant, en un claquement de doigts ce sourire s'effaça de ses lèvres et son visage sembla se fermer. Avait-il dit quelque chose pour la contrarier ? Après la dernière prise de parole du jeune homme, elle fronça les sourcils. Alors, elle parla à son tour, répondant progressivement et petit à petit aux mots qu'il avait employé, aux suppositions formulées et aux questions posées.

Ainsi elle combattait les vampires parce qu'ils lui avaient fait subir plus qu'il n'est de coutume de le faire. Parce que, par deux fois, les buveurs de sang lui avaient arraché les personnes qui lui tenaient à cœur. Sur ce point, l'un et l'autre n'étaient pas des plus différents. Seulement, Aleksej avait perdu toute sa famille en une fois, peut-être avait-il était plus heureux qu'elle sur ce point. Il avait souffert beaucoup, mais tout avait été condensé en une fois, il n'y avait pas eu de désagréable piqûre de rappel. Elle disait que les lycans étaient humains, ils avaient simplement la capacité de se transformer et avait une plus longue durée de vie. Pour elle, tuer un Homme était un meurtre et cette simple pensée convenait à Aleksej alors même qu'il ne savait rien d'elle. Son nom, qui elle était. Il savait simplement qu'elle était Lycane et qu'elle tuait les vampires. Il savait qu'elle avait souffert et qu'elle n'était plus, maintenant, qu'animée par la vengeance. Comme lui.

Le calme sembla à nouveau prendre le dessus sur sa personne et elle se contenta de hausser les épaules en le fixant. Malgré ce calme, elle semblait pourtant agacée. Agacée de ce qu'il pouvait lui demander, agacée de sa présence ici et peut-être des réponses évasives qu'il pouvait lui donner par rapport à elle qui s'efforçait d'être claire et précise. Elle ne savait pas combien de ces loups étaient présents dans la ville, elle disait ne pas s'être amusée à les traquer un à un. A son tour d'être agacé. Bien évidemment, lorsqu'il lui avait demandé combien ils étaient, il ne souhaitait pas un nombre précis. Il voulait simplement avoir un ordre d'idées, un nombre global, qu'importe qu'il soit trop large pour se faire une réelle idée. Si elle avait dis " moins de cinquante ", alors ça lui aurait suffit. La seconde moitié de ses propos firent que les sourcils du jeune homme se froncèrent une fois de plus. La voilà qui était repartie sur la faiblesse humaine, pourtant elle se coupa d'elle-même et finit par abandonner son idée. Comportement qui agaça une fois encore le russe, pourtant il ne releva pas. C'était une chose qu'il n'appréciait pas, lorsque quelqu'un parlait, qui plus est, lorsque ce même quelqu'un entretenait des propos intéressants et qu'il se coupait soudainement en prononçant un vulgaire " Non, rien ".

Ses yeux se plissèrent un peu avant qu'elle ne hausse encore les épaules. Que signifiait-elle par ce mouvement ? Cela faisait déjà deux fois de suite qu'elle le faisait, apportait-elle bien peu d'importance à la discussion ? Était-elle lasse ? Se moquait-elle de ce qu'il pouvait bien arriver maintenant ? Cette attitude arracha un soupir au russe alors qu'il détournait le regard sur les bois, pensif. Le soleil, quant à lui, commençait à aborder son ascension en douceur bien que ses rayons deviennent déjà de plus en plus forts. Chauds, lorsqu'ils rencontraient la peau d'Aleksej, il ne pouvait s'empêcher de fermer un temps les yeux. C'était une chaleur bien agréable pour lui qui avait passé sa nuit à courir après un vampire, ou à rester piqué dans un arbre à attendre une proie. Un peu de chaleur ne faisait pas de mal, c'était, actuellement, tout le contraire. Le jeune homme fut surpris de constater que, lorsqu'elle reprit une dernière fois la parole, sa voix se faisait soudainement plus douce et bien plus calme. Pourtant lorsqu'elle finit de parler, il comprit presque ce changement de ton. Elle lui posait une question et réclamait des informations, ceci expliquait sans doute la voix plus apaisée de la demoiselle.

Malgré cette apparente hypocrisie, il allait lui répondre parce qu'un allié de plus n'était jamais de refus. Parce qu'un lycan, qui plus est, serait une aide précieuse. Et si elle disait vrai, jamais elle ne se retournerait contre eux et ne s'attarderait à tuer des humains. Rares étaient les personnes comme cela, et il avait fallu que le jeune homme en rencontre une, lui qui est loin d'être habile lorsqu'il s'agit de relations humaines et de discussion. Il était asocial, en quelque sorte, car trop longtemps mis à l'écart. La Coalition avait un système d'organisation précis. Lors de son arrivée, on était affecté à un poste précis et il ne fallait, dès lors, plus s'en défaire. Chaque nuit ou presque, des patrouilles étaient organisées dans la ville selon un roulement. Alors qu'une partie des membres s'occupait de surveiller la ville et ses proches environs, l'autre partait à la chasse pour éliminer les vampires sur leur terrain. Des fous, en quelque sorte, des personnes comme lui qui, quoiqu'elles puissent bien faire, n'avaient plus rien à perdre si ce n'est leur vie. Des personnes qui, comme lui, ne se préoccupaient plus depuis longtemps de ce qui pouvait bien leur arriver.

Par contre il était incapable de répondre à la dernière question qu'elle lui avait posé. Il venait tout juste d'apprendre l'existence de ces loups, et il avait beau passer un à un les membres de la Coalition qu'il connaissait plus ou moins bien, aucun d'entre eux ne le laissait penser qu'il était lycan. La façon de penser ou d'agir. Le physique simplement. Il détaillait chaque personne une à une. Il revivait les moments avec ces mêmes personnes, chacun d'entre eux était minutieusement détaillé mais rien. Aucun souvenir troublant, aucune attitude suspecte, aucune force inhumaine. Un nouveau soupir secoua le russe alors qu'il glissait ses mains dans les poches de sa veste tout en reportant son regard sur elle. Il la détailla encore, essayant de trouver sur elle, un détail qui laisserait penser qu'elle n'était pas humaine. Elle avait raison, ils n'étaient rien d'autre que des humains avec un peu plus de pouvoirs. De simples humains capables de se transformer et de trancher en deux un vampire. A nouveau, la curiosité du russe était piquée au vif et il se devait de lui poser d'autres questions.

- J'en reviens au nombre de lycans : je ne demandais pas de chiffres précis, juste de quoi se faire une idée. "Beaucoup", c'est relativement vague. Au sujet de la Coalition maintenant... Nous avons un chef mais nous agissons relativement indépendamment. Je m'explique : lorsque nous avons des missions, peu importe la façon dont nous la réalisons tant qu'elle arrive à son terme. Ensuite il y a plusieurs personnes au sein du groupe. Moi je suis un simple combattant, c'est la grande majorité. Il y a une poignée d'espions et des mercenaires... Ces derniers sont payés pour faire des missions mais ils ne sont pas obligés d'accepter. Eux, sont entièrement libres et ils peuvent aller et venir quand bon leur chante. Enfin, j'ignore s'il y a des lycans comme vous, je ne pense pas en avoir remarqué. Vous êtes intéressée par la Coalition ? ; le russe marqua un temps de silence tout en l'observant, ses yeux se posèrent alors dans ceux de la lycane et il se décida à reprendre ; Est-ce que la force des lycans est équivalente à celle de tous les vampires ? D'autres paramètres entrent-ils en jeu, tels que le sexe, l'âge, la morphologie... ?

- J'en reviens au nombre de lycans : je ne demandais pas de chiffres précis, juste de quoi se faire une idée. "Beaucoup", c'est relativement vague. Au sujet de la Coalition maintenant... Nous avons un chef mais nous agissons relativement indépendamment. Je m'explique : lorsque nous avons des missions, peu importe la façon dont nous la réalisons tant qu'elle arrive à son terme. Ensuite il y a plusieurs personnes au sein du groupe. Moi je suis un simple combattant, c'est la grande majorité. Il y a une poignée d'espions et des mercenaires... Ces derniers sont payés pour faire des missions mais ils ne sont pas obligés d'accepter. Eux, sont entièrement libres et ils peuvent aller et venir quand bon leur chante. Enfin, j'ignore s'il y a des lycans comme vous, je ne pense pas en avoir remarqué. Vous êtes intéressée par la Coalition ? Est-ce que la force des lycans est équivalente à celle de tous les vampires ? D'autres paramètres entrent-ils en jeu, tels que le sexe, l'âge, la morphologie... ?

Pour n'importe quel autre lycan, ses questions étaient une intrusion très louche dans leurs secrets, qui risqueraient de lui valoir un sort moins enviable...
Mais Athéna avait vécu avec un Lycan qui avait la franchise dans le sang, et elle même ne voyait pas vraiment le problème... Puisqu'elle entrerait sans doute bientôt dans la Coalition grâce à lui, c'était peut être une compensation... peut être.
Elle ne lui répondit pas tout de suite cependant, répondant point par point à sa tirade. Manière comme une autre de garder l'ambigu pour la fin...

- Pour les lycans, je ne pourrais pas te donner de chiffres, leurs odeurs sont trop entremêlés dans la forêt... Et dans la ville, trop d'humains passent et repassent sur leurs pistes. Il ne doit pas y en avoir plus d'une centaine dans la ville. Et une meute assez conséquente dans les bois, je ne peut pas te dire de nombre, mais ils sont menés par un Originel... Disons un Loup plus puissant que n'importe quel loup comme moi, et nettement plus âgé. Je pense qu'il ne vaudrait mieux pas s'en approcher, les agacer serait sans doute mortel

Athéna était déjà venue dans la forêt, mais l'odeur boisée de l'Originel, mêlée de tant d'effluves lupins, lui avait hérissé l'échine. Elle était louve et par conséquent appréciait en moyenne les loups, mais Akuma, elle, se méfiait de tout ce qui était trop puissant pour leur permettre de vaincre ou de fuir. Et le meneur, lui, était vraiment trop fort, elles avaient donc soigneusement évité le coin de forêt où sa piste était la plus forte : prudence instinctive.

Elle réfléchit un instant aux révélations du jeune homme sur la Coalition. La description qu'il avait fait des gens qui dédiait leur vie à ce but semblait légerment négative, et Athéna revint sur son opinion. Pas des combattants décidés à se charger du sale boulot en fait, juste... des fous, des gens qui n'avaient plus rien à perdre, qui n'avaient plus que leur vengeance à accomplir. Cela transparaissait de ses phrases comme une vérité à peine cachée. l'espace d'un instant, elle se demanda ce qu'il avait subi avant de se détourner de cette question trop facile : s'illui était resté au moins une personne à aimer, il n'aurait pas sacrifié sa vie à sa vengeance. Pas avec autant de légerté.

C'était un milieu qui lui ressemblait, mais elle n'aimait guère l'idée de partager son quotidien avec des dépressifs ou des gens au bord du suicide (souvent en se jetant sur un vampire manifestement, original au moins...). Elle avait eut assez de mal à enfermer le vide béant laissé par la mort de Toboe loin au fond d'elle pour ne pas subir celui des autres. Mais d'un autre côté...

C'est la première fois que je vois des Humains qui acceptent de courir le risque de mourir pour sauver leurs voisins. A vrai dire ça m'étonne... Si tu n'y vois pas d'objection, je vais sans doute t'accompagner un certain temps.

Elle le tutoyait par réflexe, sans y voir d'intention insultante ou familière. Il faut dire qu'elle n'avait vécu qu'avec Toboe, le "vous" avait fini par aquérir une certaine dureté qu'elle ne pensait même pas lui réserver.
Elle hésita un instant, en revanche, à répondre à ses questions mais le regard émeraude de son interlocuteur, plus froid que la pierre dont ils avaient pris la couleur, la décida...
Elle aurait mieux fait de se taire.

Concernant les lycans... Tu n'es pas sensé le saoir et tu ferais mieux de taire ce que je vais te dire, c'est un peu compliqué et pas vraiment autorisé. Mais bon, c'est idiot de le cacher, après tout les lycans fous, ça existe aussi. Une grimace avait tordu ses lèvres alors qu'elle se souvenait d'évènements... pas franchements agréables. mais elle continua tranquillement, chassant ces souvenirs. Les Loups et les Vampires fonctionnent à peu près pareil : il y a trois sortes pour chaque espèce. Les Originels, ceux qui sont nés ainsi et qui sont les plus puissants, les Mordus - ou Lycans - qui le sont devenu après avoir été mordu par un Originel - et les hybrides, qui sont les enfants d'originels ou de lycans. En gros, les originels sont toujours plus forts qu'un lycan ou qu'un hybride, mais après, ça dépend de l'âge, le plus âgé est toujours le plus ... et de l'entrainement bien sûr. Il existe des vampires ou des lycans qui vivent sans se battre, alors ils sont inoffensifs. Après... je ne vois pas trop quoi dire, sinon qu'un homme physiquement très musclé fera un loup trapu au contraire de quelqu'un de fin et rapide qui aura à peu près le même physique lupin...

Elle en avait déjà révélé assez pour que n'importe quel lycan se sente prêt à l'étrangler de rage. Mais Athéna... Elle n'avait jamais pris la peine de retenir les règles, mis à part celles qu'elle s'imposait d'elle même. De toute manière, elle n'en savait pas grand chose, ne les ayant jamais respecté de toute sa vie. Et elle n'était pas naïve au point de lui réveler comment tuer un lycan. C'était quelque chose qu'il pourrait utiliser contre elle, et elle ne lui faisait absolument pas assez confiance pour estimer qu'il n'y avait aucun danger à le lui dire. En revanche, la grosse gaffe qu'elle avait retenu de justesse plus tôt s'échappa, sans qu'elle ne s'en rende compte. Elle reprit, vaguement songeuse, cherchant des choses qu'elle aurait oublié

Après... Un lycan est plus fort, plus souple, plus rapide qu'un humain. Immortel aussi, et insensible aux maladies. Je ne vois pas trop quoi dire de plus... sinon qu'il est pratiquement impossible de nous tuer, car un lycan cicatrise presque instantanément. Une balle dans le coeur, par exemple, me gênera mais ne me tuera pas. Il n'existe pratiquement aucun moyen de tuer un loup en fait...

Elle s'interrompit, les yeux plissés, puis secoua la tête, espérant qu'il n'avait pads fait le lien entre ses phrases et sa condition actuelle. Elle avait juste ommis dans sa description la fureur sauvage d'Akuma et son insensibilité à tuer. Massacrer lui serait tellement facile avec une compagne d'âme aussi sauvage que celle là! Trop facile, beaucoup trop. Mieux vaut ne jamais réveiller la haine du loup. Akuma n'oubliait pas, elle. Au contraire, le souvenir de son "père" restait dans son âme, dans son coeur, et la haine furieuse qui l'animait en permanence s'alimentait dans ce puit sans fond, s'abreuvait au sang noir et visqueux qui avait coulé à flot de la gorge du loup. Si Athéna voulait oublier, noyer la douleur dans une vie humaine et joyeuse, Akuma gardait sa haine et sa colère intacte : on ne touchait pas à sa meute sans en payer les conséquences. Mieux valait ne pas imaginer ce qu'elle ferait subir au meurtrier...

Mentalement, Athéna repoussa la conscience lupine d'Akuma et se concentra sur le jeune homme. Mais les souvenirs avaient réveillé Akuma et ses sens lupins. Fronçant le nez, elle ressortit la pochette de soin qu'il avait refusé et la lui tendit de nouveau.

En revanche, tu as intérêt à bander ton bras rapidement. Tu ne crains rien aujourd'hui, mais je doute que tu apprécierait de retrouver un Vampire complètement dingue chez toi en revenant demain...

L'odeur du sang impregnait l'air, c'était assez désagréable pour elle (sans compter qu'elle devait repousser le museau fouineur d'Akuma, attirée comme tout prédateur par l'odeur de sang frais), mais surtout, cétait assez dangereux de l'emmener chez soi. Elle avait déjà eut plusieurs problèmes de ce genre : les Vampire sétaient prêts à tout lorsqu'ils découvraient une odeur de sang plaisante...

La lycane face à lui se mit alors à lui répondre point par point. " Pas plus de cent " était une information suffisante pour lui. Elle venait de lui expliquer qu'il y en avait certain dans la ville, et d'autres dans la forêt, comme elle actuellement. Cela dit, l'odeur humaine en trop forte quantité, en ville au moins, semblait troubler ses sens. Ça aussi, c'était une information intéressante à noter, il pouvait ainsi cibler davantage les capacités des lycans. Il y avait une meute dans les bois, dans ces environs donc. Pourtant il n'avait jamais croisé de créatures dans la forêt ou même dans ces sous-bois. Peut-êtres étaient-elles excessivement discrètes, alors Aleksej se devrait d'être un peu plus attentif encore. Les " originels ", comme elle le disait elle-même, semblaient donc être plus puissants que les autres, plus puissants que les lycans aussi, apparemment. L'avertissement qu'elle lui donna fut noté, mais il fut imprégné plus légèrement que le reste. Bien sûr, pour Sullivan, il ferait part de ce détail, mais pour ses recherches personnelles, il ne tiendrait guère compte de tout ceci.

Un temps, la jeune femme sembla réfléchir et puis elle se décida à reprendre la parole. Elle semblait étonnée de rencontrer un humain comme lui, elle disait ne jamais avoir rencontré, avant lui, d'humains capables de risquer sa vie pour sauver celle des autres. Cette remarque fit sourire le russe qui laissa couler sans apporter d'autre commentaire. Il n'avait pas un objectif noble, son but n'était pas de sauver les habitants de la ville, de les protéger ou autre. Il voulait tuer les vampires et faire en sorte que tout redevienne comme avant. Mais était-ce possible maintenant qu'il connaissait l'existence des lycans ? Le problème qui était né des vampires n'allait-il pas se répercuter sur ces créatures mi-humaines, mi-louves ? Le fait qu'elle lui propose de l'accompagner l'étonna un peu. Il n'y voyait en effet pas d'objections, mais elle ne pourrait pas toujours le suivre. Lorsqu'il se rendrait au QG de la Coalition par exemple : il était alors hors de question de l'y amener si elle n'était pas certaine de les rejoindre. Cela dit, il pouvait bien l'héberger dans son appartement ou la retrouver certains soirs à des points de rendez-vous fixés préalablement.

Un brin d'hésitation sembla la parcourir alors qu'elle devait continuer, et puis elle s'y décida une nouvelle fois, répondant alors aux questions concernant les lycans. Elle lui demandait de ne pas répéter ce qui allait suivre, alors Aleksej obéirait. Il était un combattant dans les rangs de la Coalition, il voulait aussi tuer les vampires, exactement comme Sullivan. Mais s'il pouvait avoir d'autres alliés et si, pour cela, il devait garder quelques secrets, alors le russe le ferait sans hésiter, qu'importe qu'il en subisse une quelconque conséquence après ça. Comme les humains, les lycans pouvaient aussi être fous, alors ces derniers devaient être tout particulièrement dangereux. Lorsqu'on voyait des faits divers de psychopathes capables de ravager des maisons entières, alors le russe pouvait aisément s'imaginer ce que la folie pure d'un lycan pourrait donner. Une poignet de dix créatures de ce genre suffisait certainement à ravager la ville en quelques jours... Mais alors, pourquoi ne s'en prenaient-ils pas aux vampires ?

Entre deux blocs de paroles, elle avait grimacé comme si des souvenirs désagréables lui revenaient, un peu comme lorsqu'il revivait la nuit de l'attaque du vampire. Elle venait tout juste de répondre à la dernière question qu'il s'était formulé : les loups et les vampires semblaient fonctionner de façon identique. Chaque race était visiblement divisée en trois catégories : les plus puissants étaient les originels, ceux qu'elle avait déjà nommé auparavant. C'était, s'il se souvenait bien, un originel qui dirigeait la meute vivant dans les proches environs. Ils étaient nés ainsi, donc les originels étaient des sangs purs, en quelque sorte. Ensuite, les lycans ou les " mordus " arrivaient. Ils ont donc été transformés par les soins d'un originel... C'était presque logique. Enfin, venait s'ajouter la dernière catégorie : les hybrides qui sont les enfants nés de l'union d'originels ou de lycans. Elle lui donnait bon nombre d'informations et à tout ceci, Aleksej trouvait encore le moyen d'ajouter des questions. Est-ce que les lycans pouvaient aussi transformer les humains ? Et si un originel mord un hybride ? Ou mord encore un Lycan, y a-t-il des changements, un gain de puissance ? A cela, visiblement, venait s'ajouter une sorte de hiérarchie d'âge. C'est sans doute pour cette raison qu'elle avait dit, plus tôt, que la meute dans les bois était dirigée par un originel âgé. Non seulement il était le plus puissant de par son rang, mais il semblait également l'être de par son âge. N'y avait-il pas moyen de se rebeller contre lui, de le faire tomber malgré tout ? S'ils s'y mettaient à plusieurs, sans doute en étaient-ils capables, non ?

Elle venait d'ajouter une information qui avait étonné Aleksej. Certains vampires ne se battaient pas. Que voulait-elle dire ? Ils ne tuaient pas ? De telles créatures étaient en mesure d'exister ? Par ailleurs, pourquoi avait-elle mis aux côtés des mordus, les lycans ? Est-ce que les meurtres perpétrés en ville n'étaient pas tous l'œuvre des vampires, les loups s'en mêlaient-ils aussi ? A cette simple idée, les sourcils du russe se froncèrent et son expression fut plus dure encore. Il garderait le secret, mais il devait d'abord s'assurer de deux choses : d'une part, la véracité de ses propos parce qu'il ne lui faisait pas entièrement confiance - voire même pas confiance du tout ; d'autre part, l'origine de tout meurtre. Si les lycans étaient eux aussi liés à ces affaires macabres, alors les humains se voyaient confrontés à un avenir bien plus sombre que ce qu'il avait jamais pu imaginer. Le physique de l'humain semblait interférer sur son allure en tant que lycan, c'était aussi une information intéressante, bien que moindre par rapport à ce qu'elle venait de lui dire.

Lorsqu'elle reprit encore, elle semblait être un peu plus songeuse, comme perdue dans ses pensées. Mais le garçon lui, ne se laissa pas perturber, il était toujours aussi concentré et il faisait attention à chaque parole prononcée. Les lycans étaient plus forts, plus souples et plus rapides. Noté. Elle lui rappelait une fois encore qu'ils étaient immortels et... Insensibles aux maladies. Même celles qui sont dites incurables ? Quelle ironie. Et dire qu'en devenant lycan, il serait en mesure de se débarrasser de l'hémophilie qui le ronge depuis sa naissance. La médecine fait sans cesse des recherches pour améliorer le quotidien des être humains, elle fait de nouveaux tests et tente de guérir toutes les maladies sans grand succès parfois. Et face à ça, on est en mesure d'apprendre que la simple morsure d'un originel garantie une entière immunité en échange d'une transformation. Aleksej venait de comprendre pourquoi elle lui avait demandé de garder le secret. Une telle information en rendrait plus d'un fou. Les originels seraient chassés pour ce pouvoir, ils voudraient tous devenir lycans sans en voir les côtés négatifs... Tous chercheraient la force, la puissance. Heureusement, c'était à lui qu'elle disait tout ça. Et à lui, ça ne faisait aucun effet. Le russe aurait pu se réjouir d'une telle nouvelle mais il n'en fit rien, il ne prit pas même la peine de la garder en mémoire après l'avoir ainsi étudié. Depuis longtemps déjà, Aleksej avait perdu le goût de vivre et la simple idée de retrouver la pleine santé, par rapport à ce qu'il avait déjà vécu, ne l'emballait pas plus que cela.

Il semble, selon elle, impossible de tuer un lycan parce que ce dernier a une cicatrisation rapide, voire même immédiate. Elle lui donnait même des exemples afin qu'il comprenne un peu mieux, afin qu'il s'illustre tout ce long discours. Cela dit " Pratiquement aucun moyen " ne voulait pas dire qu'il n'y en avait pas. Mais Aleksej n'insisterait pas là-dessus, il n'y avait aucun intérêt, son but n'étant pas de tuer les lycans mais bel et bien les vampires. Brutalement, elle sembla s'interrompre tout en plissant les yeux et en secouant la tête. Un comportement étrange qui détendit un peu l'expression faciale du garçon. A nouveau elle s'empara de sa pochette de soin et la lui tendit, arrachant alors un long soupir au russe. Il avait déjà refusé au préalable, il n'avait aucune raison d'accepter maintenant. Pourtant, cette fois, ses paroles eurent raison de lui. La simplicité dont elle avait fait preuve pour lui donner toutes ces informations l'avait peut-être tenté également. Alors soit, il se soignerait pour ne pas se retrouver avec un vampire chez lui, dès la tombée de la nuit ce soir-même. Nouveau soupir de résignation et le jeune homme s'emparait de la trousse de soin. Sa silhouette tangua un peu avant qu'il ne se laisse tomber au sol, assis en tailleur. La petite trousse fut posée devant lui avec soin et il se chargea de désinfecter la plaie sans prêter attention aux picotements répétitifs ni même au liquide qui suintait de la plaie. Le vampire l'avait salement amoché, et la blessure n'était pas franchement belle. La peau n'avait pas été coupée nette et des lambeaux de chair étaient encore présents ça et là... Pourtant, au beau milieu de la forêt, il n'allait pas chercher à être pointilleux. Il laissa tout juste le temps au désinfectant de faire son effet que déjà, il bandait son bras en s'aidant à la fois de son genoux et de ses dents en plus de sa main libre. Une fois le nœud reliant deux pans de bande fait, le russe rangea le tout et se releva, lui tendant à nouveau cette trousse lui appartenant.

- Je vous remercie de m'avoir apporté ces nombreuses informations. Je pense avoir posé suffisamment de questions vous concernant, pour aujourd'hui. Je vous remercie aussi pour les soins. Sinon... Je ne vois aucune objection à ce que vous m'accompagniez, mais je ne peux vous montrer les locaux qui touchent à la Coalition tant que vous ne faites pas partie intégrante de l'organisation. Comment comptez-vous m'accompagner ? Souhaitez-vous mettre au point des rendez-vous... A moins que vous ne vous décidiez à vivre chez moi. Je pense être en mesure de vous accueillir. Mais peut-être avez-vous une autre idée, auquel cas je suis toute ouïe.

L'idée d'avoir un Vampire affamé chez lui sembla le toucher suffisement pour qu'il accepte d'étancher l'écoulement régulier du sang qui goutait doucement sur le sol, répandant dans l'air une odeur salée, au goût de fer, du sang. Si elle avait été sous forme de louve, elle aurait vu la scène comme dans un brouillard rougeâtre...
Je vous laisse imaginer comment les Vampire, eux, le verraient.

Il banda fermement la blessure, qui n'était d'ailleurs pas très belle, et lui rendit la pochette qu'elle raccrocha à sa ceinture. Lorsqu'il reprit la parole, sa voix était neutre, sans trace de la suspicion légèrement agressive qui avait caractérisé ses précédents propos. Elle ne put s'empêcher de sourire légèrement.

Je vous remercie de m'avoir apporté ces nombreuses informations. Je pense avoir posé suffisamment de questions vous concernant, pour aujourd'hui. Je vous remercie aussi pour les soins. Sinon... Je ne vois aucune objection à ce que vous m'accompagniez, mais je ne peux vous montrer les locaux qui touchent à la Coalition tant que vous ne faites pas partie intégrante de l'organisation. Comment comptez-vous m'accompagner ? Souhaitez-vous mettre au point des rendez-vous... A moins que vous ne vous décidiez à vivre chez moi. Je pense être en mesure de vous accueillir. Mais peut-être avez-vous une autre idée, auquel cas je suis toute ouïe.

Elle se doutait qu'il n'accepterais jamais de la mener aux postes de la Coalition. Ce qui aurait d'ailleurs été inutile : après avoir passé autant de temps à quelques centimètres de lui, noyée dans l'odeur pénétrante de son sang, elle aurait été capable de le reconnaitre entre mille. S'il s'y était rendu au moins une fois dans les 6 derniers mois, elle reconnaitrait sans aucun problème son odeur. Après tout, sa manière d'être couvert de la tête aux pieds donnait une petite touche amère à sa trace qui la rendait très caractéristique.

Mais elle resta silencieuse et attendit qu'il continue.
La proposition de l'héberger ne la surprit qu'à peine. Bien sûr, chez n'importe quel humain normal, une proposition aussi naïve à un être capable de se transformer en monstre au moindre relâchement serait passé pour du suicide. Mais elle avait la funeste impression que l'idée de mourir ne le gênait pas. Comme s'il n'attendait que ça.

Sinon, mis à part ce genre de détails sanglants, elle n'était pas vraiment une colocataire gênante : sa constitution lupine lui permettait le même genre de sommeil que les loups. Elle dormait ainsi quelques heures dans la journée ou la nuit, mais rarement aux mêmes horaires que les humains. Cela lui permettait de conserver sa forme physique, alors que "ses esprits" se reposaient tour à tour : lorsqu'Athéna prenait le contrôle, Akuma dormait en elle, prête à la relayer en cas de problème, ou de fatigue.
Je crois que l'on va éviter d'aborder le problème de la nouriture, vous comprennez assez bien tout seuls.

Bien sûr, elle avait théoriquement son appartement, mais il se posait le léger problème suivant : un Hybride et un loup partageaient le même bâtiment. Ils n'auraient sans doute pas raté la venue la semaine dernière du Vampire qu'elle pourchassait, et qui avait - pour une raison inconnue - décidé de venir se réfugier... chez elle. Quoique concernant l'hybride, il lui restait quelques doutes : son appartenance à la race vampirique semblait si faible qu'il aurait presque pu ne pas remarquer les cendres virevoltantes qui avaient fini par passer par la fenêtre...
Le problème était que, niveau mobilier, c'avait été un véritable désastre. Je vous laisse imaginer l'état d'un studio - déjà meublé assez spartiatement vu le mode de vie d'Athéna - après le passage d'un combat d'immortels. Même si elle pouvait sans peine dormir par terre sous forme de louve - elle l'avait fait assez souvent pour que cela ne la gêne plus - il lui était difficile de trouver agréable les profondes déchirures du parquet.
Elle avait bien entendu évacué les débris, tenté de repeindre les murs écaillés par les chocs (sans avoir la moindre notion d'enduis, elle était après tout une chasseuse, pas une bricoleuse...), mais elle ignorait jusqu'à l'existence des grands supermarchés qui auraient pu résoudre son problème de parquet. Résultat, elle en était encore à se demander comment on rebouchait les trous dans le sol. La proposition d'Aleksej était... assez tentante.

Je ne parlais pas des locaux, je songeais plutôt aux missions. De toute manière, il m'est assez facile de repérer vos lieux de regroupement à présent que je connais l'existence de la Coalition. Concernant ta proposition, j'ai un studio mais il est... disons inutilisable. J'y ai retrouvé un Vampire la semaine dernière...

Elle avait un air vaguement agacé qui donnait envie de sourire. Pour un peu, on aurait dit qu'elle parlait d'un parasite inoffensif mais gênant...

Si cela ne te gêne pas, je pourrais dormir chez toi. De toute manière, j'ai besoin de moins de sommeil que toi, ça ne posera sans doute pas de problème.

Elle prenait la précaution de lui laisser la possibilité de refuser, bien qu'il l'ai lui même proposé. Elle avait beau avoir vécu complètement à l'écart de l'humanité durant plus de 200 ans, elle était parfaitement consciente des problèmes sociaux que pourrait poser sa présence chez un jeune humain, bien qu'il ne paraisse pas avoir beaucoup d'amis qui auraient pu cancanner. Après tout, même Akuma comprenait le fait qu'un loup ne veuille pas partager son territoire avec n'importe qui. Sur ce point au moins elle n'aurait pas à lui expliquer les complications humaines.

* - Et tu compte le laisser nous accompagner à la chasse? Il n'est pas assez rapide...
- Je crois qu'il ne compte pas sur la rapidité, ça pourrait être intéressant.
- Oh, youpi, on va apprendre d'un louveteau comment on chasse le Vampire! Quelle joie! *

La voix rocailleuse, empreinte de sarcasme, d'Akuma lui était familière, mais l'intervention l'agaça. La louve lui paraissait parfois tellement pessimiste...

* - S'il a réussi à survivre aux attaques de Vampire, ça veut dire qu'il est plus débrouillard que toi. Alors tais toi et réfléchis deux minutes! Il est humain, tu t'imagine réussir à vaincre un Vampire sans tes capacités?!
- La question ne se pose pas, je ne suis pas humaine.
- Elle se posera si quelqu'un trouvait le moyen de nous séparer. *

Cela fit taire la louve. Ni elle ni Athéna n'imaginait survivre si l'autre mourrait, mais Akuma savait qu'Athéna était humaine. La faille existait. Si quelque chose parvenait à les empêcher d'être ensemble, Athéna redeviendrais ce qu'elle était avant de rencontrer Toboe. Elle deviendrais ce qu'elle aurait été sans le loup... Et ne survivrait pas. Aussi elle remballa son scepticisme et se tut, enfouie dans son esprit.

Aleksej n'avait pas compris pourquoi mais alors qu'il parlait, elle n'avait pu s'empêcher de sourire. Ses propos n'étaient pourtant pas spécialement amusant, il lui faisait diverses propositions et la remerciait pour ce qu'elle avait bien voulu lui dire. Rien d'extraordinaire et rien de risible en son sens. Peut-être avait-il un sens de l'humour qui le dépassait lui-même. Pourtant ce sourire ne l'empêcha pas d'être attentive à ses propos. Elle semblait presque " passionnée " par ce qu'il pouvait bien dire. Un long moment de réflexion lui fut nécessaire, moment pendant lequel le russe regarda les alentours silencieusement avant de, finalement, reporter son attention sur le soleil n'ayant de cesse de monter dans le ciel. Son ascension était encore rapide et d'ici très peu de temps, le courage qui l'animait allait se dissiper peu à peu. Aleksej n'eut pas l'occasion de voir ce moment pourtant, car la jeune femme face à lui reprit la parole après y avoir réfléchi convenablement.

Lorsqu'elle parlait de la Coalition, elle ne parlait pas des locaux mais simplement des missions. Puisque la plupart du temps, les missions se faisaient en solo, il ne voyait aucune objection à avoir la lycane à ses côtés. Pourtant la phrase qu'elle ajouta le gêna un peu. Ainsi, il lui était dorénavant facile d'accéder aux lieux de regroupement maintenant qu'elle connaissait l'existence de la Coalition. Pourquoi ? Était-elle en mesure de percevoir son odeur où qu'il aille ? Si c'était le cas, alors les vampires pouvaient faire la même chose : Aleksej allait devoir se montrer un peu plus discret que ce qu'il était déjà. Il trouverait une astuce, quitte à faire le tour de la ville d'une façon circulaire en se rapprochant progressivement du lieu désiré. Il était pour lui, hors de question que le but même de l'organisation tombe à l'eau par sa faute. Le repère de la Coalition était peut-être déjà connu, pourtant les membres faisaient bien attention à ne pas y rester trop longtemps ni même à s'y retrouver fréquemment. Les ordres pouvaient être donnés par lettre ou encore par sms. Ceci évitait des rencontres physiques capables de mal tourner s'ils étaient espionnés. La paranoïa semblait le toucher peu à peu, peut-être était-ce des suites de sa rencontre avec Victor, croisé dans la forêt.

Elle lui expliquait avoir un studio, elle prit la peine d'ajouter cependant qu'il était maintenant " inutilisable ". Visiblement, elle avait été contrainte de le mettre à mal en trouvant chez elle un vampire. Un maigre sourire prit place aux lèvres du russe : il s'imaginait assez bien ce qu'un tel combat pouvait donner, il se demandait alors comment les voisins n'avaient pas pu se poser de questions à son sujet. Un tel combat était tout sauf discret, elle devait alors des voisins bien calmes, ou absents fréquemment. Cela dit, le petit air agacé qu'elle avait alors sur le visage était amusant. Agacée par le vampire qui l'avait poussé à détruire son appartement... Mais il avait été dignement puni, de ce qu'il en comprenait : elle ne l'avait pas laissé repartir,il semblerait bien. A nouveau, et elle lui demanda encore si ça ne le dérangeait pas, la proposition de vivre chez lui fut énoncée. Pour ce qui était du sommeil, au final il n'en avait que faire. Qu'elle passe ses journées à dormir ou ses nuits, il s'en fichait un peu. Elle le suivrait en mission et c'était sans doute là les seuls moments où ils seraient tous les deux à pouvoir se parler convenablement.

Pourtant il n'avait aucune idée de ce qui pourrait bien se passer une fois l'un et l'autre dans l'appartement. Il avait la chance nécessaire pour attirer les vampires et elle semblait être du même genre que lui. Il tenait à son appartement et ne souhaitait pas le voir entièrement retourné. En fin de compte, qu'importe ce qu'il pouvait bien arriver, il n'était pas gêné plus que cela par sa nature ou même ce qu'elle pouvait entrainer. Il ne lui en voudrait pas, là où il était plus ou moins sceptique, c'était surtout pour la forme qu'elle pourrait bien prendre en tant que loup-garou. Aleksej avait déjà compris que la morphologie humaine entrait en compte : et elle n'était pas franchement imposante. Sa forme de louve ne devait donc pas être plus imposante que cela... Elle tiendrait dans son appartement, le tout, c'était d'être capable de se maîtriser. Il pouvait y voir là un point positif, pourtant : si elle mettait sens dessus dessous son appartement, il pourrait au moins avoir l'occasion de le ranger au moins une fois dans sa vie. En effet, Aleksej était quelqu'un d'ordonné. Son allure stricte était la suite logique de l'éducation qu'il avait eu, même s'il avait vécu plus ou moins dans le luxe, il n'était pas spécialement maniéré et restait simple. Loin d'être un enfant " pourri gâté ", il savait faire la part des choses et prendre soin de ses affaires ainsi qu'ordonner tout ce qui lui appartenait était une habitude datant de son plus jeune âge. Aucun vêtement ne trainait sur le sol de son appartement, aucune feuille n'était abandonnée sur une table. Tout était classé, plié, rangé.

- Je ne vois aucun problème à ce que vous me suiviez en mission, votre compagnie me sera sans doute bénéfique... Je pense apprendre beaucoup. Encore une fois, je vous invite à venir vivre ou dormir chez moi, faites comme bon vous semble. Votre présence ne me dérangera pas plus que cela, je ne passe que bien peu de temps chez moi, à dire vrai...

En effet, l'hôpital et la Coalition prenaient la majeure partie de son temps, les quatre cinquième peut-être. Alors il ne lui restait plus beaucoup de temps pour profiter de son appartement. Parfois il y dormait et parfois il s'autorisait quelques pauses : prendre le temps de s'assoir dans le sofa et d'observer les alentours, de lire un peu ou même d'observer le ciel à travers la baie vitrée. Seulement, en une semaine, il ne devait pas passer chez lui plus de 24h. Très peu d'heures de sommeil lui suffisait la plupart du temps, même s'il pouvait y avoir quelques exceptions : lorsque parfois, il passait des nuits blanches, par exemple.

- Pour ce qui est du sommeil, je vous crois... Mais encore une fois, ce n'est pas très grave. Considérez mon appartement comme étant le votre, je ne saurai vous dire mieux.

Le visage d'Aleksej se tourna à nouveau sur le ciel presque entièrement bleu maintenant : le soleil venait de commencer son ascension plus lente. La journée commençait bel et bien et le russe se mit à songer. Si elle se décidait à vivre avec lui, il allait devoir faire les courses : son frigidaire était presque constamment vide puisqu'il ne prenait pas la peine de manger chez lui : un restaurant ou un jeun lui suffisait amplement. Il devrait aussi lui faire un double de ses clés, encore que le concierge lui en avait donné un dès le début. Machinalement, la main du jeune homme se glissa dans sa poche intérieure de veste, à l'endroit précis où reposaient encore les clés de son appartement. La politesse lui revint alors à l'esprit et le russe se souvint ne pas s'être présenté. Il avait eu le temps de menacer cette demoiselle, d'apprendre d'elle qu'elle était lycane et immortelle. Pourtant il ignorait son nom. Il l'avait invité à venir vivre chez lui parce qu'elle lui avait demandé l'autorisation de le " surveiller " un temps, intéressée par les objectifs de la Coalition au moins en apparence. Pourtant, elle ignorait son nom. Comme à son habitude et dans un geste plein de formalisme, Aleksej se présenta. Il s'inclina respectueusement devant elle, ses mèches de cheveux masquèrent alors son visage enfantin, et il parla clairement.

- Je pense ne pas m'être présenté. Aleksej. Aleksej Nikolaevič.

Le russe n'avait pas pour habitude de donner son nom à la suite de son prénom. Ceci, pour la simple et bonne raison que l'affaire concernant sa famille avait été médiatisée, ainsi le nom russe avait été inscrit à plusieurs reprises et des informations sur son passé étaient facilement disponibles. Toutefois elle n'avait aucune intérêt à mieux le connaître, strictement aucun. Le jeune homme se redressa et commença un faible sourire bien vite interrompu, puis il se mit en route, semblant se diriger sur la ville qui se profilait à l'horizon. Il s'arrêta cependant en cours de route et se retourna à demi vers la lycane.

- On y va ?

Le garçon n'attendit pas vraiment de réponse car déjà, il lui tournait encore le dos et reprenait sa marche, se dirigeant d'un pas lent jusqu'à la ville.

Ses réponses semblaient avoir déclenché une certaine anxiété dans l'esprit du jeune homme. Evidemment, Personne n'aime penser que, par sa faute, plusieurs dizaines de ses amis pourraient mourir...
Une anxiété qui sembla encore plus présente alors qu'elle sous-entendait l'état dans lequel était désormais son appartement. On pouvait en effet penser qu'il était dérangeant d'avoir son appartement démolis par une bestiole pleine de croc avide de sang. A plus forte raison lorsque l'on était quelqu'un aussi ordonné qu'il le paraissait. Pourtant, il maintint sa proposition.

- Je ne vois aucun problème à ce que vous me suiviez en mission, votre compagnie me sera sans doute bénéfique... Je pense apprendre beaucoup. Encore une fois, je vous invite à venir vivre ou dormir chez moi, faites comme bon vous semble. Votre présence ne me dérangera pas plus que cela, je ne passe que bien peu de temps chez moi, à dire vrai...

Elle hocha la tête sans ajouter un mot. La précision comme quoi il ne s'en servait que rarement l'étonnait légèrement, elle n'imaginait pas en effet qu'il soit du genre "assis-dans-le-canapé-la-TV-allumée", mais la majorité des humains avaient besoin d'au moins 8h de sommeil, et elle le voyait mal cumuler l'hémophilie et l'insomnie tout en restant en forme au point de chasser le Vampire...

- Pour ce qui est du sommeil, je vous crois... Mais encore une fois, ce n'est pas très grave. Considérez mon appartement comme étant le votre, je ne saurai vous dire mieux.

Un sourire éclaira le visage pâle d'Athéna, comme un remerciement, alors qu'Aleksej levait les yeux au ciel. La lumière du soleil appuyait doucement sa présence. Les ombres autours d'eux se raccourcissaient alors que les couleurs réapparaissaient nettement. Athéna leva les yeux vers l'astre diurne qui entamait résolument sa montée quotidienne. Sa lumière encore hésitante, émergeant à peine des brumes matinales, laissait entendre qu'il n'était pas plus de six heures. Un sourire incrédule étira les lèvres d'Athéna alors qu'elle s'apercevait à quel point la nuit avait filé vite, teintée de sang et de cendres.
Son regard retomba sur le russe, qui semblait penser à autre chose, portant machinalement la main à une poche intérieur d'où sortit un cliquetement métalique. Elle comprit qu'il songeait aux conséquences de sa présence. Elle ouvrit la bouche pour lui signaler que ce n'était pas la peine de prévoir quoique ce soit (elle mangeait sous forme de louve, donc pas de soucis de ce côté là. Quand aux clés, aux codes et autres... généralement, elle passait par les toits. Elle savait qu'il existait dans tout bâtiment une fenêtre qui s'ouvrait lorsqu'on tapait de la paume au bon endroit. Comme un défaut commun à tous. Quand aux portes, elle avait découvert depuis longtemps que la majorité des modèles s'ouvrait aisément lorsque l'on glissait une feuille de papier carton dans l'extrémité...), mais il s'inclina devant elle, la déconcertant légèrement. Ses mèches châtains clair glissèrent devant son visage, dénudant le bas de sa nuque dont la teinte pâle ressortit soudainement, illuminée par un rayon de soleil passager. Elle plissa les yeux, songeuse, quand la voix de son interlocuteur la ramena avant qu'elle ne trouve ce à quoi il lui faisait penser.

- Je pense ne pas m'être présenté. Aleksej. Aleksej Nikolaevič.

Cette présentation, lui rappela soudainement qu'elle ne s'était pas présenté. Elle lui avait expliqué les secrets les mieux gardés de la création, elle lui avait sauvé la vie, elle avait accepté de vivre chez lui un certain temps... mais il ne connaissait pas son nom. Un sourire gêné s'étira sur ses lèvres blanches.

- Athéna Akuma... Enfin Athéna, tu croisera Akuma bien assez tôt. Sinon j'ai une carte d'identité japonaise au nom d'Arashi Inoshi, mais c'est un nom d'emprunt...

... Bien sûr dû au fait qu'un humain n'est pas sensé vivre 200 ans. Cela était plutôt pratique cependant. Elle avait été payé de temps en temps pour éliminer tel ou tel Vampire (certains villages étaient prêts à tout pour se débarasser de leur sangsue locale), et les intérêts des quelques centaines d'euros déposés en banque approchaient doucement les 800 mille, soit le prix de deux appartements luxueux en centre ville. Il faut dire que la vie avec Toboe n'était pas très dépensière. Elle avait vécu avec le loup pendant si longtemps que son mode de vie humain, vague souvenir de ses années d'enfance, avait peu à peu cédé place à celui d'Akuma. Pourtant, étant la plus humaine des deux, elle devait tout de même acheter des vêtements (plus souvent que les autres d'ailleurs, ses transformations parfois imprévues ruinaient sa maigre garde robe), remplacer ses lames lorsqu'elles se brisaient (elle détestait les armes à feu. Non seulement ça fait du bruit au point de percer les tympans, mais en plus ça pue la poudre à canon), etc...
Cependant, elle ne se comportait pas comme une humaine, et ignorait tout des répercussions médiatiques des meurtres vampiriques. Elle avait fini par penser que les humains s'en moquaient. Par conséquent, elle ignorait tout de la tragédie subie par Aleksej, et l'idée d'aller voir sur internet ne l'effleurait même pas.

Elle l'observa qui se redressait, un léger sourire - le premier qu'il lui faisait - sur les lèvres, puis se dirigea vers la ville que l'on aperçevait au loin. A quelques pas de là, il se retourna à moitié et s'adressa à elle.

- On y va ?

Le sourire d'Athéna s'élargit alors qu'elle hochait la tête. Elle porta machinalement la main à ses cheveux et dénoua l'élastique usé qui les retenait. Leur flot argenté, répandu en vagues lisses sur ses épaules, dissimula plus efficacement qu'un manteau les sabres accrochés dans son dos (chacun sa technique). D'un pas vif, elle le rattrapa et l'accompagna jusqu'à son appartement

[Désolée de la longueur mais je ne voyais pas vraiment quoi dire d'autre. Si tu veux rajouter quelque chose, j'éditerais la dernière ligne, mais sinon je propose que l'on reprenne chez toi, ou en mission ^^ ]

Deux chasseurs pour une proie [PV Aleksej]

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