Quand Isil quitta le bar, il devait être pas loin de deux heures du matin. Son bras le faisait atrocement souffrir, et son autre main tentait vainement de juguler la plaie béante de son cou. Mais malgré cette folle douleur, il ressentait quelque chose que l'on peut vaguement rapprocher du bonheur: Il avait accompli sa mission.
La nuit avait été difficile, mais bien fructueuse.

Comme à son habitude, Isil était parti en chasse vers dix heures du soir, quand il était sûr que les suceurs de sang avaient eu le temps de quitter sans dommages leurs infâmes trous. Il s'était rendu dans l'un des bars à la plus mauvaise réputation de la ville. C'était en général dans ce genre de taudis qu'on trouvait les Vampires les moins « regardants ».
Il était bien connu là-bas. Comme le Pro-Vampire pas farouche et au sang aussi agréable que son corps. Il avait la-bas des clients « réguliers », dont il attendait des informations importantes qui nécessitaient un « suivi », ou les coups d'un soir, dont les nouvelles étaient toujours bonnes à prendre. Et ce soir-là, c'était l'un de ses réguliers qui l'avait lancé sur une piste des plus intéressantes pour la Coalition.

Mais reprenons tout depuis le début. Isil avait poussé la porte du bar, opérant une rapide reconnaissance du regard afin de savoir qui il allait « honorer » ce soir.

-'Soir Isil! Lui avait lancé l'un de ses plus grands fans, un tout jeune Hybride au doux sourire. Content de te voir!

-Bonsoir! Lui avait répondu le jeune Espion.

Celui-là n'avait jamais voulu coucher avec lui, ni même le toucher. Mais il s'était révélé un ami des plus agréables, bien qu'à l'humour des plus contestables.
Soudain, l'adolescent avait sentit une masse se lever dans son dos. Il s'était retourné et avait découvert son futur client.

Cette mission-ci avait été plus douloureuse que beaucoup d'autres. Mais la récompense avait été à la hauteur.
Celui-ci lui avait cassé le bras, et pris pas loin de trois litres de sang, pénétré plusieurs fois de suite, et à moitié arraché la gorge lors de sa ponction. Mais, quand Isil s'était effondré, mort ou presque, sur le lit aux draps ensanglantés, son client avait lancé:

-Au moins t'es pas comme ces enfoirés de la Coalition. Mais ceux-là sont des abrutis profonds, et ne savent pas ce qui va leur tomber dessus dans deux jours.

Et Isil pu savoir. Si le jeune Humain n'était pas parvenu à arracher cette information, la moitié de la Coalition serait morte, ainsi qu'une vingtaine d'Humains innocents.
Sans se départir de son regard de Pro-Vampire énamouré, Isil était parvenu à prendre congé de son client, et à présent, il parcourait la rue le plus vite possible en direction du repaire de la Coalition.

Isil avait vraiment mal. Il tenait son bras invalide contre lui, tentant de ne pas de mettre à gémir. Résolument, il continuait sa route. Sullivan devait être mis au courant.

Mais les forces lui manquèrent, et s'assit sur un banc non loin. Isil faisait tout ce qu'il pouvait pour ne pas s'évanouir, cependant de gros points noirs avaient la fâcheuse habitude de se promener devant ses yeux.

Tout chancelant, il se releva. T
ous les passants devaient le prendre pour un ado complètement déchiré, mais il n'en avait cure. Du moins jusqu'à ce que l'un d'eux ne lui lance:

-Allez gamin, dégage! C'est avec mon flouze qu'on te paye ta bourse, et toi tu vas te bourrer la gueule avec? 'Tain, les jeunes d'aujourd'hui!

Isil aurait voulu rétorquer que grâce à lui, il ne compterai pas parmi les cadavres qui aurait dû bientôt joncher le sol. Mais c'était inutile? Qu'aurait-il compris?

Un pas. Un pas. Encore un pas. Et un pas de plus. Isil ne voyait plus que ses pieds, concentré à ne pas tomber. Il lui restait un kilomètre environ avant le repaire de Sullivan, et cette distance paraissait au blessé la distance Terre-Lune.

« Mais je ne vais pas y arriver. Au vu de mon état, je vais me vider des restes de mon sang bien avant! »

Malgré tout cela, la douleur dans son bras et dans son cou qui irradiaient dans tout le corps, Isil fit encore un pas. Et deux de plus.

Mais il n'en pouvait plus. Il trébucha, et heurta violemment quelqu'un, qu'il entraîna dans sa chute.
Ce fut son bras blessé qui réceptionna son corps meurtri, ce qui lui arracha un cri. Mais avant de se soucier plus avant de lui, il se tourna vers l'infortunée victime de sa chute:

-Veuillez m'excuser, je ne voulais pas vous faire de mal. Vous allez bien?