Monsieur le psy, laissez moi vous raconter ma vie...
Comme vous me l'avez demandé et vu l'endroit incongru où je me trouve, je vous explique donc mon départ par mail. Cela aura été doux et voir même délicieux de partir de Russie. Un petit accent slave au bout des lèvres charmerait le monde entier et j'avoue jouer de mes petites moues pour charmer le peu de personnes restantes.
Mais pour me comprendre peut-être faudrait-il tout reprendre du début. Oui le début vous le connaissez mais ça me fait plaisir d'en parler, j'aime les souvenirs, et surtout ceux là. Je les trouve... originaux.
Dans mon enfance je me souviens de peu de choses, mais des choses bien décrites. Je venais d'une famille aisée, me permettant de me vêtir chaudement devant les hivers de Russie : une robe rouge, car c'est de ce seul vêtement dont je me souviens, m'habillait des genoux jusqu'aux poignets lorsque l'ange de glace prit le titre de bras droit de mon père, si convoité par tant de personnes. Il y avait eu une fête en son honneur ce jour là et je pouvais ainsi entendre beaucoup de chose : beh oui, à trois ans j'avais pourtant déjà une énorme mémoire et pétrifiait mes nounous en fuguant pour me joindre à des fêtes pour adulte où il ne sentait jamais bon, que voulez vous : j'étais la fille de mon père.
Je me souviens avoir toujours été choyée, tout comme on me demandait toujours de répéter qu'untel m'avait donné une sucette ou autre. j'appris donc très vite à prendre les choses et n'en dire rien à mon père, hormis si la personne ne me le demandait pas et n'avait pas cette lueur de convoitise dans le regard. Mon nom pourtant fut hurlé dans la salle quand butant contre un bord de table, je vis une pile de verres rempli de champagne et montés en pyramide m'arriver dessus. Moi la seule chose à laquelle je pensait était à ma robe, on allait me crier dessus, je ne pensais pas à m'enfuir, jusqu'à ce qu'un bras m'entoure et me tire de là. les verres s'effondraient, et moi je n'avais aucune goute de champagne sur moi.
On m'appelait Korai, la fille du patron. Korai, et les rumeurs allaient à bon vent car ma mère était morte à ma naissance. Korai enfin pour les plus vicieux car j'aurais voulu rester dans le ventre de ma mère lors de l'accouchement, ce qui lui aurait créé cette hémorragie. Qu'y pouvais-je, c'était ma mère, si je m'y sentait mieux que n'importe qui, qu'y pouvais-je si j'étais née dans une marre de sang ?
A cause de cela je n'avais jamais vu mon père... enfin pas à cette époque. Mais j'étais choyée et adulée : il paraissait que j'étais mignonne. lors de cette soirée, je rencontrait le plus beau de tous. Il semblait avoir dix fois plus d'age que moi mais j'étais déjà attirée par tout ce qui brillait. Je ne savais pas alors qu'il était le bras droit de mon père mais je restai pendue à son cou comme s'il était mon nouveau doudou, jusqu'à ce que le sommeil me gagne et que je pleure devant tout un tas de monde : quand même ! j'avais trois ans... Et c'est ainsi que finit mon premier souvenir.
Vers mes dix ans j'étais une adorable emmerdeuse. je savais ce que je voulais et l'avais aussi tôt, sauf une : mon père. Je savais que ma mère était morte et voulait le voir au moins une fois mais paraissait-il, c'était impossible... Il était occupé. Dans la maison je voyais souvent des gens à l'air atroce venir, des fois malheureux, des fois avec des lueurs bizarres et un sourire étrange en me voyant. parfois ils avaient des envies de meurtre mais en me voyant jouaient les vieux oncles : j'avais dix ans je n'étais pas sotte ! Si on se pliait devant moi alors que j'étais si petite c'était qu'on m'était inférieur, et je m'éloignais donc, blasée. La seule personne s'agenouillant pour juste me quérir était Mikhaïl, celui que j'avais pris pour un ange et qui m'avait sauvé environ sept ans plus tôt. Il était le bras droit de mon père, et, certainement occupé de jour, je ne pouvais le voir qu'une fois la nuit tombée. mais maintenant je me couchait non plus deux heures après le coucher du soleil et trois ! Bon dieu ce que cette idée me rendait fière à l'époque, mais j'étais toujours obligée de le lui rappeler quand il me disait de retourner dans ma chambre.
Dix ans et quelques donc, j'en avais assez d'attendre mon père et parti, bille en tête, dans l'idée de le voir. Traversant les couloirs de la propriété, puis le jardin intérieur, je finis par tomber sur un groupe en cercle et me faufilait entre les jambes de tout le monde pour voir mon père qui semblait donner des instructions. je l'avais déjà vu de loin et le reconnu donc comme tel, alors je me lançais.
- Eh tu aurais pas enfin un peu de temps pour moi ? non parce que ça fais dix ans que j'attends hein ?Heureusement pour moi à l'époque j'avais une tête si innocente et adorable que personne ne me prit au sérieux et s'en amusa plus qu'autre chose. Moi j'étais un peu vexée et au bord des larmes mais Mikhaïl m'éloigna de tout ça alors que je fixais l'homme que j'avais désigné comme mon père : il semblait abasourdi de me voir. Savait-il au moins qu'il avait une fille ?
Visiblement oui. Deux jours plus tard quelqu'un vint me voir dans ma chambre. Eh oui, mon père. Apparemment je ressemblais atrocement à ma mère : même grands yeux vert-émeraude, même cheveux noirs ébène, à quelques différences près, car si j'avais son innocence, j'avais le caractère aussi trempé que mon père. Que j'étais fière d'entendre ça de sa bouche ! Bon évidement je m'étais faite grondée pour avoir arrêté une réunion mais je ne m'en faisais pas tant que ça : grâce à cet évènement j'avais pu voir mon père, et le voyait même à présent autant que je le voulais. Quant à Mikhaïl il travaillait toujours autant mais que ça faisait du bien de voir son père s'émerveiller devant nous car on réussissait tout ce qu'on entreprenait, j'avais envie de déplacer des montagnes dans ces moments là.
A la même période environ j'avais commencé à m'approprier mikhaïl, ne supportant pas les petites minettes qu'il ramenait par moment. Chipie, je m'amusait alors à leur faire peur. Évidement je voulais juste les tester mais aucune ne résistait. Parfois elles voulaient être mon amie : celles-là repartaient en pleurant et je regardait mikhaïl avec de grands yeux innocents, l'air de ne pas comprendre. pour celles qui m'ignoraient j'étais plus vicieuse : après tout je passais avant elles et donc par exemple, je poussait en silence un des vases préférés de mon père pour dénoncer la jeune femme à ma place. J'ai toujours réussi mon coup car soit mikhaïl me consolait en engueulant ces jeunes filles, soit la fille repartait le plus vite possible. Encore maintenant je ne les supporte pas mais j'ai d'autres attributs pour convaincre ces sales pestes de ne pas le toucher... et pas que physiques.
A seize ans j'étais la perle de la Russie. Enfin d'après mon père ! C'est vrai que j'avais tout pour moi. Belle, intelligente, douée pour tout ce que j'entreprenais, j'étais consciente du travail de mon père et savait qu'à sa mort tout cela me reviendrait. il m'arrivait donc parfois de le suivre dans des tracts. mais à de rares moments il me fit le coup de m'emmener à l'exécution de quelqu'un. j'aimais pas qu'il me face voir cela mais visiblement il tentait mon endurance : alors je ne bronchais pas. j'avais appris à me battre mais aussi à tuer, et à torturer même. j'étais capable de tenir tête à n'importe lequel des hommes de mon père, et même à son bras droit. Enfin je le pensais, mais il me résistait toujours. qu'est-ce que j'eus l'air sotte quand l'une des conquêtes à mon père me fit remarquer que j'agissais avec lui comme une fille amoureuse : cette idée ne m'avais jamais traversé l'esprit... mais oui.
Il n'empêche, j'avais seize ans. Et lui s'il ne semblait pas vieillir avait au moins la trentaine, résultat bien que je réagissais comme une petite jalouse je voulais me faire une idée, dégoutée de m'imaginer entrain de déprimer pour quelqu'un. Alors j'eus quelqu'un dans ma vie. Cela peut sembler vieux pour certains mais oui, à seize ans je perdis ma virginité, et à l'arrière d'un bar public... Passons les détails, c'est un mauvais souvenir. comprenant que je ne me lassais pas de lui je continuais à jouer les petites protégées pour qu'il me choie mais plus je grandissais moins il semblait s'occuper de moi. Pourtant il n'était pas de ceux m'ayant approché pour bien se faire voir de mon père, alors je tentais de me faire une raison tant bien que mal, en vain. plus le temps passais plus je l'avais dans la peau. mais impossible de savoir ce que lui faisait faire mon père durant la journée. il avait une femme en France ou quoi !? Ça m'enrageait mais je n'eus pas l'occasion de vérifier cette théorie.
Maintenant pourquoi je suis partie... ca fait deux ans que je vous vois une fois par moi pour parler de tout . Vous connaissez la vie de mon père, chef de la mafia russe. Il est aussi dans le trafic d'humains, de prosélytisme, de drogue, d'arme... Il est le pire. Mon papou !
Cependant j'ai découvert il y a quelques semaines quelque chose d'un peu plus étrange. Des poches de sang... un des hommes de mon père trafiquait ce genre de choses. Pensant qu'ils les revendaient aux hôpitaux du coin je ne m'en suis pas mêlée jusqu'à ce que je descende dans un bar louche pour une affaire de dette. Le gars torturé et le papier de dette signé des sons m'avaient rendue curieuse et malgré les protestations des hommes que mon père avait mit sur ma sécurité je descendais voir. Des vampires s'abreuvaient sur des hommes bel et bien vivant. Et une chose me perturbait car ce bar, eh bien il appartenait à mon père. Quelques semaines après j'appris que les poches étaient destinées à ces créatures en piratant le système informatique de Père. J'avais du avoir un bol monstre de disparaitre de ce bar avant qu'ils ne me remarque. A vrai dire, je ne connais rien sur eux. mais après avoir vu ça je sais qu'ils existent...
C'est pourquoi je me trouve dans cette ville à vous envoyer ce mail. en tant qu'héritière je me dois de me faire une opinion. je n'ai pas envie de reprendre le flambeau de mon père exactement comme lui et donc il faut que je me face une idée de ces..; créatures ? Oui. Bon dans cette ville il y a des rumeurs de lycans aussi mais bon je n'y crois pas trop : déjà que les sangsues existent ! J'ai donc repris le casino de mon père. A la base il y faisait aussi du trafic d'humain cependant à cause de cela ce lieu est devenu un véritable repère à vampire, et donc les humains ne venaient pas dépenser leur argent. Ça n'étais pas rentable. En enquêtant j'ai appris l'existence d'une entreprise dans cette ville qui elle aussi faisait du trafic de sang... Je n'ai pas mis longtemps à rencontrer cette personne et à trouver un terrain d'entente... je lui achèterait du sang pour assouvir ces vampires et ainsi permettre au gens d'utiliser ce casino pour ce qu'il est réellement, un lieu de jeu, d'argent, de risques et de luxure... de séduction également. Cependant rien n'empêche les serveurs et humains ayant des dettes avec moi ou mon père de réguler cela en offrant leur cou dans 'arrière boutique, après tout les vampires paient bien pour ce genre de... service.
Voilà, vous savez à présent pourquoi je suis partie monsieur le psy.
J'ajouterai que père est certainement inquiet et vous a donc surement fait surveiller...
Avec ce que vous savez, je vous conseillerai de faire vos bagages et vite.
En fait non, prévenez juste votre famille, car les secrets de mon père ne doivent quitter la famille et si vous avez reçu ce mail...
c'est qu'il l'a déjà lu.
K.Lesskov