Cette nuit là, Itami était une ombre qui flânait dans les rues de la banlieue, à la recherche de sang. La soif n'était encore qu'une sourde douleur, mais la Mordue savait parfaitement de quoi elle était capable si cette souffrance augmentait trop rapidement.

Un Humain la regardait de l'autre bout de la rue. Sans doute un Pro-Vampire. Malgré le côté stupide du pro-vampirisme, Itami était parfois très heureuse d'en trouver un sur sa route. Ainsi peut-être, pourrait-elle étancher sa soif naissante sans faire de mal à personne.

Elle allait s'approcher de l'Humain -un étudiant, à première vue-, une aura s'imposa à elle comme une tempête de sable.
Un Vampire.
Sans plus regarder le jeune Pro-Vampire, elle se détourna, cherchant à déterminer la race du Vampire inconnu, sa position, -et aussi ses intentions.
Cette aura était vraiment très étrange, il était très difficile de la rattacher à quoi que ce soit de connu pour la Mordue. Elle avait quelque chose de plus qu'une aura ordinaire. C'était une sensation bien fugace, une sorte de...contradiction permanente. Mais cette aura était si riche en sensations, que Itami, dans le doute, ne put que la rattacher à un Originel.

Malgré tout son self-contrôle, Itami eut toutes les peines du monde à ne pas dégainer ses deux sabres. C'était une pulsion difficilement répressible, elle qui avait tant peur des Originels.
Elle avait peur des Originels. Elle détestait les Originels. C'étaient eux qui avait fait de Itami ce qu'elle était aujourd'hui, il n'y avait rien pour se vanter: Une Mordue mélancolique, violente, contradictoire et dérangée.
Au cours de ses siècles d'errance, la Vampire avait rencontré nombre d'Originels, peu faisaient exception à la règle: Méprisants. C'était le mot qui pouvait le mieux les décrire pour la plupart. Ils n'avaient que haine et dégoût pour les Mordus dont ils sont responsables de la transformation. Quant aux Hybrides....N'en parlons même pas.

Se servant de sa perception aigüe des auras, elle se dirigea dans la direction du Vampire Originel. Elle bifurqua dans une ruelle, tourna de nouveau...Et se retrouva face à lui.

Instinctivement, elle chercha dans le visage poupin de celui qui lui faisait face des caractéristiques propres aux Originels. Elle ne put que lui accorder cela: Il ne possédait cette étincelle de mépris dans le regard.
Fière, elle fixa le Vampire dans les yeux, refusant de baisser le regard. Elle fut très surprise qu'il lui adresse la parole:

- Je dois bien l'avouer, je ne m'attendais pas à voir quelqu'un pendant cette soirée. J'ai l'impression de ne vous avoir jamais rencontrée, si c'était le cas je m'en rappellerais. On voit que vous jouez la sécurité, vu les armes qu'en ce moment vous tenez. Nous sommes donc de la même race, la nuit commençait à m'être lasse. Mais avant d'aller dans d'autres sujets, j'aimerais pouvoir vous jugez. Je ne sais rien de vous je le sais, mais ma curiosité m'a encore agacé. Puis-je savoir votre prénom, suivi ensuite de votre nom? Je ne désire pas la violence, je veux seulement faire connaissance. J'espère que ca ne vous gêne pas, que je tiens à faire le premier pas.

Itami fut tellement surprise de ces paroles, qu'elle en resta silencieuse durant une bonne minutes avant de pouvoir reprendre le contrôle d'elle-même. D'une voix qui se fit murmure, pourtant très clairement compréhensible, elle répondit:

-Itami BlueMoon.

Elle n'avait pas besoin d'en dire plus. De toute façon, que pouvait en avoir à faire un Originel, de son nom?

-En quoi mon nom pourrait-il bien t'intéresser? Je ne savais pas que les gens comme toi étaient capable de se soucier des autres inférieurs.

Quelle inutile mascarade. Itami était quelqu'un de direct, et ne supportait pas les faux-semblants.
D'un geste large et clair, elle posa ses deux mains sur la garde de ses sabres, et les fit quitter leurs fourreaux avec un chuintement feutré. Sans laisser aucun doute sur ses intentions, elle les plaça devant elle.

Soudain, elle n'était plus là. Elle avait disparu, grâce à sa vitesse. La seconde d'après, elle était derrière le Vampire, une lame en travers de sa gorge, l'autre entravant l'un des bras de l'Originel. Celui-ci tenant une canne, et Itami n'avait eu aucune difficulté à comprendre que cette fausse canne recelait une épée légère de défense.

-Je ne sais pas ce que tu veux, mais je tiens à ma liberté. Je ne te suis pas inférieure, Originel...

Itami, au fond d'elle, savait que l'inconnu ne lui voulait pas de mal. C'était la seule raison qui la poussa à ne pas se défendre lorsque celui-ci dégaina sa propre arme, alors qu'elle pouvait lui couper le bras d'un simple geste. L'Originel souhaitait se défendre, par répliquer. Soit. Tandis que le Vampire tenait ses armes pointées vers le bas, la Mordue les lâcha brusquement. Elles ne lui serviraient plus pour l'instant, autant garder les mains libres en ce cas.

-Ne me confond pas avec ses êtres sans âmes, qui ne pensent qu'à leurs petites personnes, je ne suis pas de ce genre. Tu n'arrives pas à savoir que je suis mordu tout comme toi? C'est assez étrange je trouve, c'est la première fois qu'un vampire se trompe. Cependant je dois bien te l'avouer, je croyais que tu étais toi même une originelle et sache que je m'en excuse. Ainsi donc tout comme toi tu les détestes, en fin de compte je trouve que tu es assez sympathique.

Au comble de la surprise, Itami resta quelques secondes parfaitement silencieuse. Elle s'était trompée???!!! En six siècles de vampirisme, c'était bien la première fois qu'elle n'interprétait pas bien les auras!
Itami aurait voulut s'arracher les yeux tellement elle se sentait stupide, inutilement belliqueuse.
Elle contourna le Mordu, et se plaça droit devant lui.
Elle savait que quand les excuses sont de mises, un simple « pardon » ne suffit souvent pas. Lors de ses voyages dans de lointains pays, elle avait découvert une manière bien solennelle de demander le pardon à quelqu'un. Son corps en retrouva instinctivement les mouvements.

La Mordue s'agenouilla, et posa les mains au sol. Le front posé au sol, elle dit:

-Je vous demande pardon. Je ne n'aurais pas du m'emporter de la sorte, et une erreur de ma part en est seule responsable.

Itami était triste de voir que tout ce qu'elle savait faire en rencontrant un inconnu était de l'attaquer sans sommation. Une larme quitta ses yeux pour s'abîmer dans le pavé poussiéreux de la ruelle. Elle se releva, et, toujours agenouillée, observa le jeune Mordu s'installer sur une voiture avec agilité.

Avant cette « mise au point », elle se s'était concentré que sur ce qui pouvait faire de lui un être dangereux. Maintenant que tout danger était provisoirement écarté, elle pouvait mieux le regarder.
Il était très beau. Son visage d'enfant ne demandait qu'à faire sourire, et le seul œil visible -l'autre était caché par une mèche de cheveux- recelait beaucoup d'émotions qui ne demandaient qu'à s'exprimer.
Mais cette innocence apparente était gâchée par quelque chose. Comme une lettre d'enfant à moitié brûlée. Itami était pour l'instant incapable de savoir quoi -et puis, pourquoi le jeune Mordue voudrait-il se confier à elle?

-Il faudra faire attention la prochaine fois que tu t'attaqueras à quelqu'un. Tu as due remarquer que je n'ai pas utilisé mon arme pour t'attaquer, mais plutôt pour te dire que tu n'en avais pas besoin. Je sais que le monde est rempli de dangers, mais il faut savoir analyser la situation avant d'attaquer. Quand on fonce tête baissée, on a plus de risques de se faire piéger, je dis ca pour ta sécurité mais tu n'es pas obligé de m'écouter, c'est ton choix et c'est ta vie ! Tu t'appelles Itami alors ? Moi je me nomme Cyon Canovas, enchanté de te rencontrer amie mordue!

Ce ne sont pas tant les paroles qui l'émurent que le geste. Le dénommé Cyon Canovas, tendait la main! Il lui tendait la main!
C'est un geste qu'elle n'a que trop oublié au cours de son éternité. Sous une sorte de choc, Itami saisit la main, et se hissa à sa suite avec grâce sur le voiture.

-Enchantée de te rencontrer, Cyon.

Itami est quelqu'un de très instinctif. Sans se rendre compte de la portée que pouvait avoir ses actes, elle leva lentement une main, qu'elle posa sur la joue gauche du Vampire. Sans le regarder dans les yeux, la Mordue détailla tout son visage, comme pour y lire une histoire -son histoire.
Elle eut le geste de trop. Avec délicatesse, elle écarta la mèche de cheveux, dévoilant la cicatrice qui marquait l'œil gauche du dénommé Cyon. Toujours sans le regarder dans les yeux, elle caressa la cicatrice, s'attendant à se prendre un coup devant tant d'insolence, même envers un autre Mordu.

Elle lâcha enfin le visage du Mordu, et observa la mèche de cheveux retomber à sa place, devant la blessure.
Itami passa alors les mains dans sa nuque, et défit le lien qui retenait son tour de cou. Elle le laissa tomber sur ses genoux, dévoilant une hideuse cicatrice qui déchirait son cou. Le regard dans le vague, elle murmura:

-J'ai dû te faire beaucoup de mal en te nommant Originel...Ce sont eux qui t'ont fait ça, n'est-ce-pas?

Quand la main du Vampire toucha la plaie, Itami frissonna quelque peu, non pas de peur ou de dégoût, mais tout simplement parce que la caresse était si agréable que la Mordue n'y était plus habituée. Sans un mot, elle le laissa parler:

- Je ne t'en veux pas de m'avoir appelé Originel, tout le monde à le droit à l'erreur. On dit que l'erreur est humaine, mais ca compte aussi pour les vampires pas vrais? En tout cas, celui qui m'a fait ca n'était qu'un Originel remplie de cruauté et sans aucune pitié. Il a détruit ma vie en tuant les personnes que j'aimais, mes parents... Ils ne méritaient pas cette fin et ensuite, il m'a emmené avec lui pour que je devienne son esclave.

Itami hocha doucement la tête. Elle comprenait en grande partie ce qu'avait put ressentir Cyon, pour avoir subit quelque chose de similaire. Le regard dans le vague, la Mordue s'imaginait sans peine le jeune garçon qu'il avait été se faire emmener par un Vampire sans visage, avec en fond une maison en flammes...
Soudain, Cyon se recroquevilla sur lui-même, semblant revenir à cette période de peur et de larmes. En cet instant, il ressemblait à une poupée d'enfant que quelqu'un a laissé tomber. Et la fêlure n'était dissimulée que par une mèche de cheveux...

Itami se releva, et sur les genoux, enlaça le jeune Mordu. Ses deux bras enserrèrent ses bras, et sa tête vint se poser sur son épaule. Silencieuse, elle écouta:

- J'étais pour lui qu'un simple animal de compagnie, je devais le servir sans faire de commentaires, il me faisait des choses que je ne souhaite à personne, ni même au plus cruel des hommes. C'était horrible, ses mains crochues se baladant nombres de fois dans la journée pour son plaisir personnel, son rire sadique montrant toute sa méchanceté, j'étais un objet. Quelle joie quand vint le jour de sa mort et qu'en plus, dans son testament, il me laissait la totalité de sa fortune. J'aurais pu la refuser, mais savoir que cette fois j'étais enfin libre, que je devais quand même avoir de l'argent et un lieu où dormir, je n'avais pas d'autres choix que d'accepter. Cette blessure s'en ira avec moi quand j'irais dans l'au-delà, mais la pire des choses qu'il m'aura laissé, c'est sa signature...

Le Mordu commença à agripper le bas de son vêtement, et Itami s'écarta. Tandis que le haut dévoilait le papillon ensanglanté, elle se mit à trembler. Pas de peur ou de dégoût. De rage. De haine. Elle serra si fort les mains qu'on aurait pu croire que les jointures allaient exploser.
La Vampire aurait voulu labourer la chair avec ses ongles pour voir le papillon disparaître. Les larmes débordaient de ses yeux sang. Elle les essuya d'un geste rageur de la main, mais un ongle traça un sillon dans sa peau, et une larme de sang coula sur sa joue. Sang comme ses yeux, sang comme son passé, sang comme son âme de Vampire...

- Et toi... que t'est-il arrivé exactement?

-Mon fiancé était l'amant d'une Originelle. Elle n'a pas supporté qu'une Humaine telle que moi ne le lui vole. "Voilà ce qui arrive quand on me prend ce qui m'appartiens". Ce sont ses mots.
Je suis responsable de sa mort. Et, naïve comme j'ai pu l'être, j'ai cherché à me venger. Que pouvait une Humaine avec un couteau face à une village entier de Vampires? (Cette question fut ponctuée d'un rire amer) Et pour me...punir, j'ai été le grand divertissement de ce village durant ma transformation.
Leur question favorite était "Est-ce-qu'un Humain qui se transforme survit si..." Ajoute à cela toutes les humiliations et les tortures que ton esprit peut envisager. L'une parmi tant d'autres était de m'ouvrit un poumon et de couler du mercure liquide dans la plaie pour l'empêcher de cicatriser. D'après ce que j'ai compris, je suis la seule de leurs "expériences" à y avoir survécu.

Pour appuyer ses paroles, Itami plaça sa main devant sa bouche et toussa. Elle montra sa main au jeune Mordue:
Elle était maculé de sang.

-Je passerai toute mon éternité à me remémorer ces images. Celle de mon fiancé, celui que j'aimais plus que tout au monde...avec la moitié du visage arraché. Celle de l'Originelle, la chef du village, me regarder comme un chat doit regarder une pelote de laine...ou une souris.
Et maintenant, qu'est-ce-je suis? Juste un fantôme qui ne veut plus vivre, mais qui a peur de la mort. Pitoyable...

La Mordue se tut. Durant quelques minutes, elle resta parfaitement silencieuse, cherchant à sortir de ce cauchemar nommé "passé".
Elle commençait à émerger, quand ça se produisit.

Durant tout le temps où elle avait parlé, elle l'avait senti monter. Mais la Vampire n'y avait accordé que peu d'attention. Mais à présent que le silence était revenu, il était impossible de l'ignorer.
La Soif.

Prise de peur, elle fixa Cyon avec l'expression de la peur. Mais celle-ci ne fit qu'empirer quand, à la place du visage d'enfant du Mordu, elle ne vit que le réseau d'hémoglobine qui courait sous sa peau blanche.
Itami descendit aussitôt de la voiture.

-Il ne faut pas que je t'approche...Je, je...Je vais te faire du mal.

Sous l'effet de la douleur, alors que la Mordue cherchait à partir, elle trébucha, complètement désorientée. Se tenant la gorge à deux mains, elle cherchait à combattre.
Mais la Soif est un adversaire contre lequel elle ne peut rien...

Mais sache dès à présent que tu n'es plus tout seul
Accepte l'aide du monstre qu'également je suis
Ensemble, combattons nos fantômes, le regard du passé
Après tout, nous sommes amis...n'est-ce pas?

Le vent du désert un jour cessera de souffler
L'Eden perdu ne s'offrira jamais à ton regard
Je ne pourrai jamais te rendre ce que l'ont t'a volé
Je ne te ferai cadeau que d'une vie à recommencer...


Itami souffrait. Étendue sur le sol, elle cherchait à se battre.

"NON, c'est assez! J'en ai assez d'être esclave du sang, assez du faire mal aux autres!"

Mais ses pensées étaient brouillées par le douleur, qui ne commençaient plus à tourner que dans un sens:
Se jeter sur le jeune Mordu et le vider de son sang. Ce serait facile! Il était bien plus jeune, et son épée ne ferai pas le poids face à ses deux sabres longs!
NON!!

Alors que la Vampire tentait de se relever afin de s'enfuir, elle se sentit soulever avec délicatesse. C'était Cyon qui la portait, et qui partait avec elle.

"Non! Ne fais pas ça! Tu ne te défendrai pas longtemps si je décide de te faire du mal! JE VAIS TE FAIRE DU MAL!"

Itami essayait de le prévenir, mais les mots ne parvenaient plus à franchir ses lèvres, et elle ne put que rester silencieuse.

C'est alors qu'elle sentit que le Mordu la posait contre un mur -de façon à ce qu'elle ne puisse pas bouger, mais tout de même avec douceur. La Vampire avait très bien compris ce qu'il cherchait, mais il ne fallait pas, parce qu'elle allait lui faire du mal.
Les gestes de Cyon étaient empreints d'une douceur telle que Itami n'avait pas connu depuis...depuis son fiancé Humain, celui dont elle avait détruit la vie, sans doute. Au moment où il approcha son visage pour ôter le sang qui maculait sa joue, deux émotions contradictoires se bousculaient en elle.
Elle aurait voulu serrer Cyon dans ses bras aussi fort qu'elle en était capable, et lui demander de ne plus jamais la lâcher. Elle lui aurai demandé de rester avec elle, parce qu'elle avait tant besoin d'un ami tel que lui.
Mais l'autre moitié lui hurlait de se jeter sur lui et de le vider de son sang.

- Le sang... c'est un nectar vital pour nous les vampires... toi et moi on aurait pu vivre comme des humains mais le destin en a décidé autrement. Je t'apprécie beaucoup Itami, nous nous connaissons que depuis quelques minutes, mais j'ai l'impression plutôt que tout cela dure depuis des années.

Itami parvint à hocher la tête, les larmes débordant de nouveaux de ses yeux sang. Larmes contradictoires, faites de joies, celle d'avoir rencontré quelqu'un tel que Cyon, mais aussi faites de douleur, celle née de l'envie de se jeter sur lui.
Quand la Mordue vit le regard que le Vampire posait sur elle...ses larmes redoublèrent d'intensité. Tout ce qu'il voulait, c'était la débarrasser de la souffrance qui la rongeait de l'intérieur. Contrairement à tant d'autres, il n'attendait rien en retour, si ce n'est son amitié. Itami ne voulait pas qu'il détourne le regard, on ne l'avait jamais regardée comme ça, et cela rendait la Mordue tellement heureuse.

- Avant toi personne n'a jamais versé une larme pour mon sort... en 180 ans de vie en temps que vampire, c'est la première fois que l'on a mal pour moi. J'ai l'impression de me voir en toi... j'ai eu mal lorsque tu m'as parlée de tout ce que tu as vécu... je me suis vu à ta place en l'espace d'une seconde, mais je sais que je ne pourrais jamais connaitre tes douleurs, même si elles sont proches des miennes. J'aimerais te remercier comme il se doit et ce n'est pas une proposition, c'est un ordre que je te donne, je ne te laisse aucun choix. Prend un peu de mon sang, n'est aucune crainte pour moi j'en ai pris avant de te croiser. Cela me fait mal de te voir ainsi et je ne supporte plus de te voir ainsi alors boit et maintenant!

Quand Cyon prononça ces paroles, il avait avec douceur approché sa gorge de ses crocs. Mais au lieu de mordre, comme il lui en donnait l'ordre, elle passa ses bras autour du cou du jeune Mordu, et le serra de toutes ses forces contre elle.

-Tu ne comprends pas, parvint-elle à articuler, la voix entrecoupée de sanglots convulsifs. Si je cède, je vais t'arracher la gorge! Je suis fatiguée de faire du mal où que j'aille, parce que la Soif est si violente chez moi. Je ne veux plus faire de mal aux gens que j'aime, tu comprends? Je suis trop faible pour résister, alors ne me tente pas! Je ne veux pas te faire souffrir, parce que j'ai besoin de toi! TU ES MON AMI, TU COMPRENDS?

Itami devait résister, elle le savait. Même si elle devait pour cela s'aliéner l'amitié du Mordu, ce serait toujours mieux que de le vider de son sang. Sans hésiter, elle se dégagea violemment de la si agréable étreinte de Cyon, et dégaina ses katanas. Elle pointa les deux lames dans la direction du Vampire. Cependant, il était visible que, comme son corps, les lames tremblaient. La vision brouillée par la Soif, elle dit:

-VA-T'EN! Avant que je ne sois incapable de résister. Je ne veux plus être un monstre...Tu comprends?

Après avoir parlé, Itami baissa la tête, épuisée. Elle le savait, son corps commençait à atteindre ses limites, mais pour rien au monde elle ne l'aurait admis. Elle continua à pointer ses lames sur Cyon, dans un dérisoire geste défensif.
Elle ne releva la tête que quand elle entendit les sabres cliqueter: Cyon avait attrapé les sabres à mains nues et tentait de les lui faire lâcher!
Au moment où le parfum du sang monta à la tête de la Mordue, elle eut toutes les peines du monde à ne pas se jeter sur lui. Ce ne fut qu'au prix d'un gros effort qu'elle parvint à rester à peu près immobile, sans s'appuyer contre le mur. Itami laissa alors les sabres lui échapper, permettant à Cyon de les récupérer. Celui-ci les planta dans le mur derrière elle.
Ce n'est qu'à ce moment qu'elle put voir le regard et l'expression de celui qu'elle considérait déjà comme son ami.

Un mélange de grande colère et de tristesse lasse.
Itami savait qu'elle était unique responsable de cette douleur, et quelques larmes dévalèrent de nouveau ses joues. Elle ne voulait plus faire souffrir personne, et pourtant même dans ses efforts, c'était tout ce dont elle était capable.

Soudain, Cyon lui saisit les poignets et les colla contre le mur, forçant la Mordue à reculer, puis à l'immobilité.
Itami ne tenta même pas de se débattre: c'était complètement inutile. Elle était à bout de forces, et en cet instant incapable de résister au Vampire, bien qu'il soit plus jeune que lui. Son regard était celui de la peur, celle de faire mal, de la souffrance, de la Soif, mais peu après, une autre émotion vient compléter le sombre tableau de ses yeux:
Une résignation teintée de confiance.
Peut-être était-il temps de lâcher prise?

Les mots de Cyon lui firent mal. Chacun de ses mots. Parce que ce n'était pas vrai. Elle n'était pas un exemple pour le genre vampirique, loin de là! Au début de son éternité, avait tué des CENTAINES d'Humains avant de commencer à envisager ce qu'était sa Soif. Et même encore maintenant.Elle faisait tout ce qu'elle pouvait pour éviter le meurtre, mais quand la Soif était forte, mains néanmoins vicieuse, elle devenait un Vampire dans le sens le plus meurtrier du terme. Elle se mettait "en chasse", parce qu'elle avait besoin de sang, et surtout de mort.
Mais Itami ne pouvait pas expliquer tout cela à Cyon. Elle ne le voulait pas. Il était le premier à le voir comme une amie, elle avait trop besoin de lui à présent.

A cause de ses poignets maintenus contre le mur, la mobilité de Itami était quasiment nulle. Mais cette obligation de Cyon de la plaquer au mur le forçait à se tenir suffisamment près pour Itami fasse ce qui devait être fait...et ce qu'elle souhaitait faire, également.

La Mordue pencha la tête en avant, et colla son front contre celui de Cyon. Ce simple contact lui fit bien, et elle put oublier quelques secondes la douleur qui secouait son corps. Dans un souffle, elle murmura:

-Je t'en prie, arrête de pleurer...je n'en vaux pas la peine...

Elle détacha son front de celui du jeune Vampire, et posa sa joue contre la peau blanche de Cyon. Les yeux mis-clos, elle frotta doucement son visage contre sa joue, recueillant les larmes salées de son ami sur sa propre peau exsangue.
C'est alors que, d'un coup violent de l'épaule, Itami dégagea une main. Une seule. L'autre poignet resta plaqué contre le mur, mais une seule était suffisante.

La Mordue passa son bras libre autour de l'épaule de Cyon, et le serra un peu plus contre elle. Avec douceur, elle caressa les longs cheveux noirs qui tombaient dans le dos du jeune Mordu. Longtemps, elle les fit couler entre ses doigts, un petit sourire lointain flottant sur ses lèvres avides de sang.
Puis, toujours avec douceur, elle les enroula autour de sa main, et les fit passer sur l'épaule gauche de Cyon, tandis qu'elle se penchait sur l'épaule droite. Itami déposa un baiser fugace sur le cou de son ami, et murmura:

-D'avance, pardon.


Ce fut violent. Au moment où elle demanda le pardon de son ami, tout le reste d'humanité en elle s'évanouit, ne laissant plus que la violence d'un Vampire en manque de sang.
Itami planta férocement ses crocs dans la chair, allant chercher le sang le plus profondément dans le cou qui s'offrait à elle. Le sang chaud commençait à couler dans sa gorge, inondant tout son corps d'un violent frisson de plaisir. En demandant toujours plus, elle planta plusieurs fois ses crocs ensanglantés, cherchant toujours plus de sang. Elle ne parvenait pas à faire attention au corps qui lui offrait sa renaissance, incapable d'entendre les gémissements, seulement le goût du sang effaçant tout le reste. Elle tentait de refermer la mâchoire dans l'épaule de Cyon, manquant sans doute de lui arracher l'épaule.

Cela dura très longtemps? Une seconde? Itami est incapable de s'en souvenir. Mais elle finit par redresser la tête, fixant Cyon dans les yeux: Le bas de son visage , son cou, et sa poitrine étaient maculés de sang.

Après s'être écartée de Cyon, Itami resta quelques secondes à le fixer, sentant qu'elle avait repris tout le contrôle d'elle-même. Mais que la douleur de son ami en ai été le prix à payer l'attristait profondément. Elle savait qu'il avait eu mal, elle l'avait senti, entendu, et un éclat de douleur au fond de son regard horizon le lui disait encore.

Itami allait s'avancer, lui demander comme il se sentait, quand elle sentit le doigt fin du jeune Mordu se poser sur sa lèvre. Surprise, elle ne bougea pas tandis qu'il recueillait le sang qui gouttait encore sur sa bouche. La Vampire vit alors les yeux de Cyon, s'assombrir brusquement, et virer au pourpre. Cela devait être ainsi que se manifestait son plaisir de boire du sang.
Itami était couverte de sang. Dans sa folie, elle ne s'était pas contrôlée, laissant l'hémoglobine gicler. Le bas de son visage, toute sa gorge et une partie de sa poitrine étaient rougis par le précieux liquide. La trace s'arrêtait au bustier de la Vampire, qui, noir, semblait sauvable.

Mais que dire de l'épaule du jeune Mordu. Ce n'était plus qu'une bouillie écarlate, faite d'os et de muscles. Itami grimaça à cette vue. Elle aurait voulu effleurer la plaie pour tenter d'envisager l'étendue des dégâts, mais elle ne bougea pas, attendant de voir ce que Cyon, qui observait son corps couvert de son propre sang, comptait faire.

Avec la tendresse que Itami lui pensait coutumière, le visage du jeune Mordu s'approcha du sien, et il commença à lécher doucement le sang qui commençait déjà à sécher. Elle ferma les yeux, laissant son ami reprendre ce qui lui appartenait. Elle ne fit que se blottir un peu plus contre le torse de Cyon, appréciant pour la première fois depuis des siècles le contact avec un autre corps. Lors de sa période Humaine, elle avait été très tactile, et ressentait le besoin de toucher les gens pour les réconforter, et pour se réconforter elle-même. Mais lors de sa transformation, tant de personnes s'étaient « amusés » avec son corps déjà en torture que tout contact ne lui inspirait plus qu'horreur.

Mais aujourd'hui, Itami se sentait bien, appuyée contre le Mordu, qui commençait à caresser son cou avec sa langue. Elle sentit plusieurs fois qu'il recueillait le sang sur sa cicatrice, et elle serra les dents. Mais elle ne fit pas un geste pour lui demander d'arrêter: Le Mordu avait le droit de reprendre ce qui lui appartenait. Cependant diverses souffrances, dont celle qui était à l'origine de cette blessure, lui revinrent en mémoire.

Tandis que le Mordu ne penchait à la limite de son bustier, la Vampire baissa la tête, pour l'appuyer contre celle de son ami, qui avec une douceur presque douloureuse, léchait sa peau parsemée de sang. Toujours les yeux clos, elle profitait juste de cette émotion qu'elle redécouvrait: Le sentiment de n'être plus seule.

- Une fille comme toi n'a pas méritée une vie comme celle là. La personne qui t'a rendue ainsi et qui t'a fait du mal... je ne lui pardonnerais jamais. Ce monstre va payer ses crimes par sa vie et je t'en fais la promesse. Tu n'es plus toute seule maintenant, je suis là pour te guider, je serais toujours là pour d'aider. Tu es mon amie Itami... tu es la seule amie que j'ai...

Itami resta quelques secondes silencieuse, le temps d'envisager toute l'envergure de ces paroles. Cela la remplit de joie et la glaça de terreur à la fois.

-Cyon, je ne pourrai jamais me venger d'elle. Et tu ne pourras pas m'aider. C'est une Originelle qui a derrière elle tout un village de Vampire. Si tu tombes entre ses mains...

Itami laissa sa phrase en suspends. Elle se mordit les lèvres jusqu'au sang en s'imaginant Cyon subir des tortures auxquelles elle avait déjà goûtées pour la plupart.
La Mordue décida de se servir d'une image forte. Elle sentait le Vampire très sérieux, et cette promesse lui faisait peur;

-Je ne veux pas que tu aie à revivre le siècle qui a suivi ta transformation. Parce que ce serai ça. Pour moi, c'était les tournantes, les blessures avec tous les instruments possibles et imaginables...
Cyon j'ai besoin de toi. Et je refuse de passer le reste de ma pitoyable existence à me lamenter entre deux crises de manque sur les deux êtres chers que j'ai envoyé à la mort. Reste avec moi, c'est tout ce que je te demande. Je t'en prie, reste...

Le visage enfoui dans les longs cheveux ailes de corbeau de Cyon, Itami se mit à trembler de tout son corps, son imagination élaborant déjà les tortures que Skaiya ne manquerait pas d'infliger au jeune Mordu s'il tombait entre ses mains. Quand elle se fut un peu calmée, elle murmura à son oreille:

-J'aurais dû être là, moi. Quand tu n'étais encore qu'un Humain, j'étais déjà un... (Le mot « monstre » faillit franchir les lèvres de Itami, mais elle en changea au dernier moment) Vampire. J'aurais dû être là le jour où ta maison a prix feu, le jour où il t'a emmené. J'aurais dû empêcher le jour où il t'a fait cette cicatrice, celui où il t'a fait ce tatouage, d'arriver. J'aurais dû empêcher ton corps de devenir objet, tes sourires de devenir cris. J'aurais dû empêcher tes yeux si bleus de devenir rouge. J'aurais dû t'épargner tout cela, mais je ne l'ai pas fait...

Doucement, Itami se libéra de l'étreinte, et se laissa tomber sur le sol, soudain fatiguée. Elle leva la tête pour regarder Cyon, toujours debout. La Mordue lui tendit une main, comme lui l'avait fait peu de temps auparavant. A voix basse, elle chantonna:

-Naze hito wa tsubasa wo suteta no ka ?
Naze hito wa kanashimi wo daku no ka ?
Naze hito wa yasashiku nareru no ka ?...*


*Princess, Versailles.

Cyon avait une voix absolument magnifique, Itami en avait la chair de poule. Il devait avoir un souvenir particulier rattaché à cette chanson, pour que son interprétation en soit si...à fleur de peau.
Blottie dans ses bras, elle sentait tout le corps du jeune Mordu vibrer avec ses murmures. Et les paroles étaient si belles...
Quand Cyon se tut, un long silence se prolongea. Itami aurait pu ainsi rester silencieuse, à fixer les yeux redevenus bleus du Mordu jusqu'à ce que le jour se lève et ne les pousse à fuir ses rayons.

Mais ce fut la Vampire qui brisa le silence: Renversant la tête en arrière elle éclata de rire.
Le rire n'était pas le moins du monde moqueur ou méchant. C'était un rire de libération, totalement heureux, sans le moindre faux-semblant ou sous-entendu gratuit.
Elle serra de plus belle le Mordu dans ses bras, et elle lui murmura à l'oreille:

-Dans ce cas, cela voudrait-il dire que je suis ta princesse?

Avec un sourire aux lèvres, elle s'écarta de Cyon, et se mit à chanter, cette fois en usant de sa puissance vocale:

- Meguriau kodoku ya kanashimi wo anata wa subete uketomete
Ame no hi no hana no you ni tsuyoku saite iru tsumori demo
Hontou wa mada tsubomi de dareka ni tayoritainda yo ne ?
Wakatteru... Dakara ima wa kokoro wo namida de uruoshite

Quand elle termina son couplet, le visage de Itami s'illumina, et elle fit quelque chose d'étrange.
Elle passa ses mains derrière sa tête, et ôta la pince qui donnait à ses cheveux un semblant d'ordre. Des cascades blanches tombèrent sur ses épaules nues, semblant changer la forme de son visage. Elle saisit une mèche de ses cheveux, et une de la chevelure de Cyon. Sans se départir de son sourire, elle s'amusa simplement à les croiser. Le blanc et le noir s'entremêlèrent, pour le plus grand plaisir de la Vampire, qui semblaient transfigurée par son sourire. Doucement, elle murmura:

-J'aurais dû être là...Mais il est trop tard à présent. Tout ce que je peux faire à présent, c'est faire en sorte que tu ne souffre plus. Je serai ton bouclier, ta défense!
Tant que je serai là, je prendrai toutes tes douleurs, comme toi tu as été là pour moi!

Et pour appuyer ses paroles, elle se releva pour récupérer ses deux katanas, toujours planté dans le mur, qu'elle rengaina d'un geste expert. La Mordue s'agenouilla de nouveau, et serra très fort le Vampire dans ses bras.

-Je veux te protéger en te tenant avec mes mains plus fortement
Comme cela pourrait se transformer en toi un jour plus que certain*
Mais avant cela, je t'en prie: Encore une fois...Chante pour moi, s'il-te-plaît...

*Versailles, Princess

Quand Itami entremêla les deux mèches de cheveux, Cyon rit. Un rire bref, certes, mais tellement beau que Itami en était émue. C'était la première qu'elle l'entendait rire, et cette première fois rendait la Mordue très heureuse. Après tout, le sourire est tellement plus beau que les larmes, et un rire plus mélodieux qu'un hurlement...

Itami se laissa soulever, et reposer avec douceur par Cyon, le dos contre le mur. Mais elle ne cacha pas sa surprise quand celui-ci s'agenouilla pour terminer de chanter.
C'est à ce moment que, tandis que la chaude voix du Mordu berçait Itami, elle cacha le haut de son visage avec sa main, s'arrachant presque un doigt avec un croc pour s'empêcher de pleurer. Il y avait trop d'émotions d'un coup, trop de bonheur d'un coup, et Itami sentait ses yeux s'embuer de larmes, brouillant légèrement la vue du Vampire qui chantait pour elle.

-Je sens que...je sens que je vais te chercher toutes les nuits pour que tu chantes, maintenant. Je ne pourrais plus te passer de ta voix!

La Mordue avait dit cela sur un ton légèrement hoquetant, cherchant toujours à retenir ses larmes. Cependant, elle souriait toujours, sans parvenir à détacher son regard des yeux de Cyon. Elle qui, pendant des siècles, avait souffert du mépris et de l'indifférence des gens de sa race, n'était plus habituée à ce que quelqu'un se soucie d'elle ainsi. Elle murmura:

-T'es content de toi, t'auras réussi à...à me faire pleurer!

Itami ne put s'empêcher de remarquer le côté absurde de sa phrase. Depuis le moment où elle avait rencontré le Mordu, le prenant pour un Vampire Originel, elle avait pleuré à plusieurs reprises. Mais encore jamais de bonheur. Et même depuis des siècles: Ses larmes avaient toujours un goût de souffrance, de regret. Mais, pour la première fois depuis...un temps tellement long que la Mordue n'était plus capable de s'en souvenir, ses larmes étaient joyeuses.

Puis, sur une impulsion, Itami se saisit de la main de Cyon, et tira sur son bras pour qu'il se relève. Sans lâcher sa main, la Vampire se mit à tournoyer sur elle, invitant Cyon du geste à la suivre. Elle exécuta quelques pas un peu hésitants, avant de chanter à nouveau pour s'accompagner:

-Hakanai hodo doumeina kokoro ni fureta koware sou na karenna tsubomi yo

She said "I wish to be a flower"
She said "I'm not the moment"

Itami lâcha doucement la main de Cyon, attendant qu'il la rejoigne dans cette danse improvisée. La Mordue savait qu'elle dansait très mal, mais elle n'en avait cure. De toute façon, avec une telle chanson, ce c'était pas tant une danse que des mouvements servant à appuyer la mélodie.
Fixant le Vampire dans les yeux, elle ouvrit grands les bras, en rythme avec ce qu'elle continuait de chanter. Elle aurait voulu que Cyon la prenne dans ses bras, et ne la lâche plus jamais. Ils ne se connaissaient que depuis...une heure? Deux? Plus? Cependant, il avait déjà acquis une importance énorme aux yeux de la Mordue, qui ne demandait qu'à lui offrir tout ce qu'elle pourrait pour le rendre heureux.

La joie d'exister et de pouvoir profiter du moment présent, voilà ce que ressentait le mordue en restant avec la demoiselle vampire. Il vit alors des larmes coulant le long des joues de la demoiselle qui essayait tant bien que mal à les retenir sans résultat, les chassant de suite avec son doigt pour remarquer alors qu'il n'y avait aucune tristesse dans ce nectar, mais plutôt une joie immense qui fit plaisir au jeune homme qui lui sourit de suite. Mais ses yeux s'écarquillaient quand il fut rapidement relevé du sol pour se mettre à danser avec elle dans une chorégraphie improvisée. On pouvait dire que c'était une danse de la joie qui montrait alors tout le bonheur des deux vampires qui riaient ensembles en tournant encore et encore, même après lui avoir lâchée la main il resta avec elle pour danser, tellement il croyait que son cœur se remettait à lui donner de la joie.

Les deux continuaient de chanter et de danser, pour eux la vie n'était qu'une fête où tout était permis, ils se fichaient pas mal des personnes pouvant les voir s'amuser ainsi, ils étaient trop occupés à faire attention à eux dans leurs jeux. Hélas une chose allait bientôt gâcher leur fête qui avait l'air sans aucune fin, le lever du soleil. Relevant alors l'oreille quand il commençait à entendre le bruit des oiseaux se réveillant, il vit le ciel commencer à changer de teinte pour accueillir l'astre du jour. De suite il s'arrêta dans sa danse et prit la main de la demoiselle pour qu'elle s'arrête et qu'elle comprenne aussi la situation dans laquelle ils étaient. S’ils restaient encore trop longtemps en ces lieux, leurs rêves deviendront de véritables cauchemars remplie de sang et de douleur. Se tournant alors vers la demoiselle, il se remit à genoux et lui offrit un doux sourire

- The time has come for us.
Long time sleep passed.
The world turns in hand of descendant of the rose.
Our clan's blood will not stop forever.
Stay, choir of sorrow and pains.
Our clan's blood is a lifetime lover.
Without you, would be gone far away... *

Sur ses derniers mots, il offrit à la paume de sa main un doux baiser et se relevant, Il détacha de son chapeau la broche de papillon qui était dessus pour le mettre sur sa robe avec un sourire amical.

- Ce bijou te portera bonheur, depuis le jour où mon maitre me l'a offert, il est mort juste après en me laissant son héritage. Il m'a toujours servi quand j'en avais besoin, je te le donne. Ne le perd jamais, si jamais nous devions perdre contact, tu pourras penser à moi grâce à cette créature. J'espère pouvoir de nouveau chanter à tes côtés, je me sens bien avec toi, avec une véritable amie. A bientôt Itami... mon amie...

Il serra la demoiselle dans ses bras, il avait du mal à la quitter alors que le soleil se levait dangereusement. Mais fermant alors les yeux avec regret, il lâcha Itami et courra au loin pour fuir le soleil et rentrer chez lui pour pouvoir dormir et repenser ainsi à cette belle soirée.

* Versailles - The Revenant Choir