Une silhouette marche sur le bords de la route. Il est presque six heures du matin, il n'y a personne, pas un chat. Personne, a part cette silhouette qui se dessine timidement dans le noir. Elle n'est pas quelqu'un mais quelque chose. Tendis que la ville commence à s'éveiller, Eileen elle, part se coucher. Si elle ne vient pas à s'étaler d'épuisement dans les caniveaux. Triste destin, n'est-ce pas jeune demoiselle ? Sa nuit avait été mouvementée. Une mission banale qui avait presque mal tournée avait laissé sur son flanc droit une marque douloureuse qui l'avait empêché de la mener à terme. Il y a des jours comme ça, où Eileen sait qu'elle n'aurait pas du se lever. Rester au lit à écouter ses chansons favorites aurait été tellement agréable pour elle. Mais tuer est devenu son gagne pain, tuer est devenu, en quelque sorte, sa raison de vivre. Quoi qu'il en soit, cette fin de nuit n'avait pas été la plus agréable qui soit. « La tête à couper » était un mordu ayant mangé le repas d'un originel ne désirant pas s'occuper lui-même de la dite justice de ce monde, mais peu importe finalement, c'est un moyen de gagner une jolie somme d'argent. Denrée qu'elle n'avait plus en poche, par fainéantise et surtout par manque de résultats.

Elle monte les marches machinalement, l'air las presque tordu de peine ou de douleur. Après avoir non sans difficulté cherché ses clefs dans toutes ses poches qu'elle ouvrit la porte pour s'engouffrer dans le noir, et c'est du pied qu'elle refermait sa tanière, laissant la porte engloutir les derniers rayons en provenance des lampadaires. Son premier reflex eut été d'aller brancher son mp3 et poser son casque sur le support prévu à cet effet et de balancer ses converses dans diverses directions, après quoi elle alla à la sale de bain allumer son ampoule dite écologique, prenant évidemment quelques minutes avant de se voir briller convenablement. La jeune femme retirait son écharpe ainsi que sa veste en cuir sur mesure et alla se poster devant le lavabo. Soulever son bras droit fut, en cet instant digne d'une épreuve de survie, son débardeur blanc avait une tâche qui, a la faible lumière semblait être noire. Se débarrassant de tout ce qui restait dans les poches de son Jean elle le retira lentement, avant de se pencher en avant pour retirer ses chaussettes et faire couler l'eau tiède de la douche. Et maintenant, s'offre à elle un dilemme de la plus haute importance : Eileen doit-elle, ou pas, couper son débardeur blanc quicksilver édition limitée d'ores et déjà fichu afin de ne pas ouvrir d'avantages la plaie qui commençait à former de jolies croutes purulentes.

Le sang coulait le long de sa jambe, allant se perdre dans la tuyauterie. Les dents serrées elle tamponnais son flanc, essayant de nettoyer la plaie tant bien que mal. Après quelques années sans une telle douleur, le retour à la réalité fut difficile. S'appuyant aux parois de plexiglas la jeune femme s'extirpait de la douche. Elle se saisit de l'une des dernières serviettes sèches pour éponger le sang qui n'avait pas l'air décidé à arrêter de couler. Allant alors jusque sa cuisine, elle tira de sous le bar, une cantine avec, écrit « Pharmatie » au marqueur noir. Après l'avoir ouverte, elle récupéra autant de compresses que possible, les imbiba d'alcool, inondant le sol par la même occasion et les colla sans ménagements sur la plaie toujours a vif. Tentant en vin d'étouffer un hurlement de douleur, elle sortit également les bandages et enveloppa le tout rapidement. C'est une fois fait qu'elle cherchait de quoi se vêtir, laissant en plan tout ce qu'il y avait dans l'appartement pour aller s'étaler dans son lit épuisée tendis que les rayons du soleil enveloppaient déjà la ville.

Il fait tellement bon vivre aujourd’hui, les oiseaux, la fraîche brise, tout est beau ici. Il a fait beau aujourd’hui, le soleil se fera bientôt couchant, tamisant le monde de sa lumière orangée. L’ombre aime cette lumière, car cela signifie le début de son règne. Et lorsque Nyx tirera son voile sur le ciel, c'est là qu'Eileen vivra.. à nouveau. L'Après Midi touchait presque à sa fin et la soirée approchait à grands pas. La lycane comatait dans le noir, attendant le moment adéquat pour se lever. La douleur de son flanc droit avait déjà diminuée, mais pas complètement disparue. Elle décida de tirer de nouveau le drap au dessus de sa tête, essayant de ne pas vomir, puisqu'elle était désormais prise de nausées. Ses yeux se fermaient sur le noir de la piece tendis que la douleur la tenait éveillée. Mais les heures passaient, indubitablement.

Noir. Il faisait nuit noir dans la chambre d'Eileen. Elle ne savait plus si c'était le jour ou la nuit dehors. Elle ne savait pas, elle ne savait plus rien. La Lycane restait là, tassée dans son lit.
Eileen s'éveille, lentement mais difficilement. Elle ne dort pas elle s'éveille simplement. La dose qu'elle s'est injectée devait probablement être un peu trop forte. Bien plus sûr que probable même. Depuis un moment elle monte les doses pour oublier et fuir. Les yeux fixés au plafond, Mlle Moore ne discernait rien. Elle ne voyait que l'obscurité dans laquelle était plongée la pièce depuis la matinée, la veille, ou l'avant vielle peut-être. Comme assommée, Eileen n'en est pas fière, mais ne pouvait s'en empêcher. Immobile. Elle restait allongée dans son lit. Un bras sur le ventre et l'autre placé sous la nuque, elle ne formait plus qu'un tas difforme, difficilement reconnaissable, la raffinée Eileen avait disparue, pour laisser place à sa jumelle, bien moins glorieuse. Un peu comme le vilain petit canard qui noircit le tableau déjà pas bien glorieux justement. 'Eileen, il serait temps de se lever.' Elle se le répète sans cesse, mais elle est toujours sonnée, éteinte. Mais combien de temps avait-elle « dormi » ? Certainement trop longtemps. Lessivée, la masse tentait vainement de se mouvoir. Fatiguée de n'avoir rien fait, fatiguée de cette non-vie qui ne rime à rien, fatiguée de ces dangereuses soirées qui n'ont jamais eu raison d'elle. Mais pour payer sa liberté, il faut travailler.

Elle s'articulait dans le noir tenant sa tête pour ne pas tomber en avant. Sa respiration était difficile, mais sa volonté de se lever était plus forte que son malaise. Il lui fallait bouger, mais avant, repasser une couche de bandages sur sa plaie. Elle refusait de ruiner un autre débardeur, surtout que celui-là était l'un de ses préférés. Reprenant une paire de Jeans Levi Straus elle s'apprêtait à quitter l'appartement. Enfilant des chaussettes ainsi que ses converses hautes montées doublée en « moumoute ». Ouvrant maintenant la porte sur une ville presque plongée dans l'obscurité avec sur les oreilles sa plus fidèle amie, la musique, elle passait le perron. Elle dévalait les escaliers d'une traite, sans crier gare. Marchant vivement dans les ruelles du centre ville, elle s'en allait en direction du centre commercial. Son sac en toile pendu à son épaule gauche, elle avançait au rythme des chansons qui la motivent. Eric Clapton pour ce soir. Fredonnant tantôt les paroles, tantôt les mélodies, elle entrait désormais dans la plus petite échoppe qu'elle connaissait. Son vendeur de Vinyles. De la largeur d'une porte et demie, l'entrée se faisait le plus calmement du monde. Le son de la petite cloche dès que la porte s'ouvre, l'odeur du vieux bois portant les milliers de Vinyles originaux ou d'occasions dans le couloir qui donnait sur une pièce plus large au fond où se trouve le gentil vendeur un peu potelé à la barbe blanche et au tee-shirt des « Clash » qui parle avec un très fort accent américain.

Restant dans le couloir, elle cherchait le Vinyle de Sting. Plus précisément «  The Dream of the Blue Turtles » qu'elle espérait trouver depuis.. quelques années déjà. Eileen était une nostalgique de l'ère du Vinyle alors elle continuait de venir ici, quelques fois par mois pour le trouver, ce fameux Vinyle qu'elle mettrait immédiatement sur le vieux tourne-disque qu'elle avait acheté en 73. Trouvé. Heureuse, elle décalait son casque pour remercier Stanley et lui payer son disque. Une fois son casque remis, elle sortait rapidement de la boutique, faisant sonner de nouveau la petite cloche, pencher la petite pancarte avec écrit « Open » dessus ainsi que vibrer les carreaux salis. Elle fredonnait alors « You can go ahead now little dar... » Lorsque sèchement elle percutait ce qui semblait être un mur, son Vinyle heurtait lui aussi sèchement le sol. Un grondement, lourd, profond émanait d'entre ses dents serrées alors que sa poitrine se soulevait de plus en plus rapidement. Et puis c'est par un pur hasard que son regard se porta sur le col de l'homme qui portait quelques tâches de sang. Ce sont ses muscles soudains raidis qui la firent reculer d'un pas tout en regardant en l'air pour croiser le regard du colosse. Abaissant son casque elle déglutit, ajoutant d'une voix feignant l'assurance.

__Désolé.

La jeune demoiselle était dans l'incapable de détourner les yeux, si bien que le Vinyle, lui, restait à ses pieds.

Outside in the cold distance,

Le colosse se penchait maintenant pour récupérer le Vinyle, chose qu'elle n'aurais pas pu faire, en tant que bête blessée. Penchée ainsi elle deviendrait alors une proie facilement « eradiquable » et il en était absolument hors de question. Ses yeux, s'attardaient maintenant sur les cheveux du monstre. Elle penchait la tête alors qu'elle repensait aux années où elle aussi les portais bleu. Un bleu électrique qui renforçait l'image qu'elle donnait alors. Une coiffure bien particulière pour une demoiselle comme elle. Les années dites « punk » en Angleterre ne l'avaient pas épargnées et Eileen y avait pris un malin plaisir de jouer le jeu, à fond. Quoi qu'il en soit, elle était désormais incapable de penser correctement, mais son corps lui était toujours en alerte et tendis qu'il se relevait pour lui rendre son bien. Elle déglutit à l'entente de sa voix, avant de récupérer la pochette et d'y jeter machinalement un œil, sortant à demi son disque et le faisant tourner pour vérifier qu' il n'y ai aucun accroc ou fissure. S'apprêtant à répondre au bel homme devant elle, Eileen continuait de scruter le vinyle noir, lorsque, soudainement Thanatos, sans probablement le savoir la frappa au visage. Ses doigts se crispèrent sur la pochette en carton qui désormais possédait deux coins cornés, chose dont elle a horreur. Un ricanement, probablement nerveux vint à s'élever dans l'espace, après quoi, elle se contenta de le toiser de haut en bas, détaillant attentivement sa tenue et de cracher en un soupir, résultant une affreuse pression.


Elle le regardait encore, serrant d'avantages sa plaie avec son bras, pressant son sac de toile sous sa veste pour éponger le trop plein de sang, si trop plein il y a, après avoir rangé un peu trop rapidement son vinyle dans le sac. 'Hostile, ou.. ' Difficile à dire Eileen. Son visage ne présente pas de rictus typique de l'hostilité, mais, puisqu'il est possible, certes pas aisé mais possible de berner le détecteur de mensonges, alors peut-être cache-t-il parfaitement son jeu. Oui, peut être. Après tout, ce colosse reste là sans expressions aucune, se contentant de la regarder elle aussi. La respiration de la blonde commençait à se faire lourde et profonde, voire difficile par moments. Faisant mine de vérifier quelque chose dans son sac, Eileen fronçait sensiblement les sourcils lorsqu'elle ne vit pas une goute de sang traverser la toile. Soulagée elle remontait son regard sur lui, s'attardant quelque peu sur sa tenue particulière et soupira de résignation.


Eileen lâcha le tout d'une voix monocorde, sans aucune chaleur. Il lui était difficile de montrer quelque affection envers une race qu'elle ne côtoyait que trop peu. Et puis, celui là lui avait quelque chose qui ne lui plaisait pas, pour commencer. Trop sûr de lui, une hypocrisie flagrante, feignant piètrement quelque intérêt pour son vinyle adoré. Ensuite, aucun sourire, rien. Pas même une commissure qui se relève, un tant soit peu. Rien, néant, nada. Conard. Ses yeux filaient à nouveaux sur ses vêtements, le toisant toujours de haut en bas, ne pouvant s'empêcher de rire sous cape. Enfin, sous cape, pensait-elle.

Sa vision se troublait encore, tendis qu'une goute de sueur vint perler sur sa tempe contractée. Ses sourcils étaient sensiblement froncés et ses yeux commençaient à se fermer sans son accord. Question discrétion elle était bien loin de détenir la médaille d'or. Sa tête lui tournait a présent, et sa main vint la soutenir quand elle se sentit partir en avant, alors qu'en fait elle partait en arrière. Sa jambe droite se reculait pour l'empêcher de plonger vers l'arrière. L'empêchant de justesse la chute, elle fit rapidement demi-tour et commençait a marcher en titubant, elle plongeait maintenant en avant, tout en s'efforçant de garder la tête haute. Sa jambe goofy s'appuyait lourdement sur le sol, et ses mains rencontrèrent sèchement la vitre grossièrement teintée en blanc de la boutique qui avait fermé il y a quelques années déjà. Le front collé à la paroi fraiche, elle respirait difficilement à présent. Serrant la plaie le plus possible elle retenait mal les gémissements de douleur qui s'échappaient d'entre ses dents serrées.

'I'm a wounded & scared wolf now.'
[Désolé pour la réponse un peu trop beaucoup trop courte uu']

Sans un bruit il s’était approché. Elle, basculait sensiblement en arrière, sans en avoir la force, sans en avoir l’envie. De sa bouche aurait dû s’échapper des cris. Mais rien n’y fit, elle ne pouvait pas. Sa douleur restait coincée en travers de sa gorge comme une bouchée mal avalée. N’ayant aucun moyen de l’évacuer ou de la ravaler. Impossible, tout restait bloqué. Elle sentait des bras autour d’elle, plus vraiment consciente de rien, elle serrait toujours difficilement les lanières de toile de son sac pour ne pas laisser son doux Vinyle ici bas, avec quelque brute qui passerait par là récupèrerait le sac et s'occuperait trop mal de son petit bijoux tout neuf. ‘On ne se rencontre qu’en se heurtant, et chacun portant dans ses mains ses entrailles déchirées accuse l’autre qui ramasse les siennes.’ Mais dans le cas présent, c’était seulement Eileen qui perdait de ses entrailles alors que sa tête heurtait mollement l’épaule du géant. Maintenant elle se mangeait un banc. Étonnant, elle ne l’avait pas vu arriver, ni même entendu. Le seul son qu’elle pouvait distinguer c’était son du sang qui battait dans ses oreilles. Elle ne se rendait pas vraiment compte du vertige qu’elle venait de vivre, mais le battement de son cœur lui, avait accéléré. La lycane était stressée du fait qu'elle craignait les conséquences de sa blessure ainsi qu'être aussi vulnérable devant un bestiaux aussi imposant. 'Putain' Elle le gémissait sourdement entre ses dents, tendis qu'elle bloquait sa respiration par a coup croyant que le fait de stoper sa respiration en contractant tous ses muscles allait lui faire stopper la douleur. Croyance débile, et ça ne fonctionnait évidemment pas. Bien qu'après l'intervention de la bête avait semble-t-il stoppé le saignement, la douleur était là, mordante et bien réelle.

'Il profitait ? De quoi il parle ? Il doit être barge. Putain j'suis a la masse. Ca m'arrive toujours a moi, mais quelle conne! J'vais devoir le remercier. Il est mignon, du pain, il me faut du pain. Mais vu ses fringues. Côtes de merde ! Sale pervers mon adresse ? Merde la lessive! Et puis quoi encore.. T'es vraiment conne toi, à quoi tu pense.'Tentant de reprendre sa respiration, beaucoup de choses se bousculaient dans sa tête, n'ayant parfois vraiment rien à voir avec la situation présente. Elle ne peur s'empêcher de penser aux choses auxquelles elle ne pense pas habituellement. Des choses qu'elle oublie toujours, des plus ou moins petites choses. Comme la lessive, ou même le pain. Ses pensées se déroulent sans arrêt, comme un flot de mots qui ne s'arrêtent jamais. Ça se délie en bande une bande continue de joyeux bordel très souvent vulgaire. Une bande qui ne risque cependant pas de s'échapper d'entre ses dents serrées par des mâchoires contractées de douleur. Eileen commençait à doucement souffler par la bouche pour tenter de lui répondre.

Des paroles saccadées qui accompagnaient le regard d'Eileen qui se posait à présent sur Thanatos qui semblait l'observer. Sa tenue avait dut être passée en revue, ainsi que ses accessoires, choses que lui ne possédait pas. Il était marrant celui-là. Tout droit sorti du livre de la jungle. Un Mooglie qui découvre la civilisation. Elle aurait pu en rire, mais touts ses rires risqueraient de se transformer en cris, chose qu'elle ne voudrait pas, surtout devant lui. Bien trop de fierté pour ça, admettre quelque chose qu'elle ne peut simplement pas admettre. Pleine d'orgueil cette petite décidément. Contractant sensiblement les sourcils, elle réprimait un sourire. Sourire? Maintenant, et bien.. Fort, ce lycan est très fort. S'empêchant de ricaner, elle se risquait à un brun d'humour.

« Tu compte me regarder faire ma vidange ou on se met en route? Réfléchissant un instant, elle finit par ajouter, Non, finalement.. je me mets en route. »

Un brun seulement. N'attendant pas de réponse elle lui adressa un sourire, léger. Un sourire qui se crispa au moment où elle prenait appuis sur ces bras affaiblis. Le mouvement saccadé de ses jambes de coton était le produit d'un appuis incertain de ses pieds. Inconsciemment, le bras qui ne serrait pas son sac brassait l'air à la recherche d'un appuis quelconque. Eileen pensait qu'elle n'avait besoins que d'elle. Elle seule pouvait subvenir à ses besoins, toutes ces nécessitées. La lycane pouvait toujours s'occuper d'elle, toute seule comme une grande finalement. Enfin c'est ce qu'elle pensait, mais visiblement, elle se trompait, complètement. Malgré tout, elle continuait de marcher la tête droite, vacillant par moments sur la droite, elle posait un pied devant l'autre, feignant l'assurance comme toujours.

Elle inspirait profondément à chaque fois, comme si elle parfait faire un jogging. Elle avait l'air bien stupide, à marcher comme sur les podiums. Elle défilait aussi bien qu'une chiffonnière saoule et croyait moi, en cet instant, elle aurait préféré avoir la gueule de bois. 'On marche droit, on va faire la lessive. Non, non, relève la tête voilà. Gauche, droit. Ah oui, merde du pain, et du lait bientôt. Ce soir, faritas. Il me faut du piment. Du piment, oui. Du pain et du lait. Déboussolée, elle prenait un virage incontrôlé sur la gauche, en direction du monde, du mouvement. Observant Thanatos du coin de l'oeil elle affichait un sourire en coin.

Reprenant sa marche, elle pensait toujours à sa liste de course. Cependant, toute épicerie était déjà fermée à cette heure. Le centre commercial était enfaite presque vide. Lâchant peu à peu prise sur son sac désormais taché, elle continuait son difficile voyage.

Pendant un court laps de temps, elle avait arboré un petit sourire triomphant, lorsqu’elle l’entendit partir à l’opposé de sa direction. Eileen n’avait besoins de personne. C’est ce à quoi elle pensait pour ne pas ressentir une certaine douleur en son flanc, ainsi que bloquer sa respiration quelques secondes, mais ça, ce n’est qu’un petit détail. Elle s’était arrêtée un instant, le regardant partir avec probablement une once de regret ce qu’elle se refusa vivement après un froncement de sourcil, voulant se faire violence. Se redressant le plus haut possible, Eileen s’était mise à se déhancher au rythme de sa marche, feignant de masquer le flageolement de ses jambes et de leur appui incertain. La Lycane ne put retenir un soupir de soulagement quand son sac ne toucha pas le sol. Non pas par crainte que son Vinyle en prenne un coup, mais parce qu’elle n’était plus seule. Tout était un peu flou, comme après avoir bu quelques verres de trop. Ceci dit, même avec un coup dans le nez elle se sentait mieux qu’à présent, loin d’être difficile pourtant. Sans s’en rendre compte elle s’était arrêtée lorsqu’il se plaçait devant elle, en lui saisissant le poignet. L’usage aurait voulu qu’elle se défasse vivement de ce corps étranger au sien, mais elle n’en avait plus la force ni l’envie. Être seule dans ce genre de conditions n’était visiblement pas appropriées, si bien que son instinct de survie pensait à sa place.

‘Could you hear my heartbeat through the wall ?’

Relevant doucement la tête vers lui, elle comprenait bien qu’il scrutait à présent son visage, après un léger plissement de ses yeux qu’elle trouvait exquis, elle fronçait sensiblement les sourcils, se demandant à quoi il pouvait penser à présent. Elle ne lui faisait toujours pas totalement confiance, mais elle ne pouvait faire autrement sachant pertinemment qu’elle se trouvait en position inférieure, et pas de peu. La porter ? Quelle ridicule idée, elle ne pouvait accepter ça. Cependant, elle laissa passer en un souffle ce qui ressemblait à un ‘d’accord’. Et ils se remirent en route, lentement mais sûrement sous le regard des quelques passants qui restaient là, et des siens à celui-dont-elle-ne-savait-pas-le-nom. Eileen trouvait ça étrange de se fier aussi facilement à un étranger, mais dans le cas présent, le choix ne se présentait pas vraiment. Une fois l’enceinte du centre-commercial passées, les rues se faisaient encore moins peuplées. Une voiture qui avec un ronronnement régulier brisait le silence de temps en temps. Ayant visiblement beaucoup à apprendre sur les relations humaines, elle allait commencer avec lui. Prendre un sujet qui refoule ouvertement ses sentiments et réussir à en faire quelque chose, ce doit être relativement de bonne école.

Les appartements n’étaient plus très loin, mais ils n’avaient pas prit le chemin qu’elle prenait habituellement, si bien qu’ils étaient à une rue d’écart en parallèle avec la sienne. S’efforçant de respirer le mieux possible, elle s’essoufflait plus à ça qu’a marcher correctement. Cependant ses pas se faisaient de plus en plus certains tout de même, s’il n’y avait pas un bout de grava pour la gêner dans son appui. Qu’allait-elle faire de lui ensuite ? Bah, visiblement elle le laisserait entrer pour commencer. Pure question de politesse, il l’avait aidée tout de même et puis elle lui proposerait de s’assoir s’il désire rester pendant qu’elle se soignera toute seule dans la salle de bain dont la porte sera fermée -pour une fois-. ‘ Ou pas..’ Riant sous cape à cette pensée, elle attardait son regard sur les lampadaires disséminés ça et là, ainsi que le pauvre chat qui roupillait sur une poubelle et finalement sur le mouvement régulier de la démarche de ce colosse aux cheveux bleu. Fouillant dans ses poches d’une main, elle cherchait ses clefs qu’elle s’apprêtait à utiliser finalement. D’une voix dont elle voulait masquer son essoufflement certain, elle annonça que, la prochaine à droite serait là où ils devraient tourner.

‘We will be anything but strange.’

Ils prirent donc la rue sinueuse de droite, prenant soin d’éviter la voiture qui se garait difficilement en créneau devant ce qui semblait être une porte d’entrée. Son appartement était en vue, le piteux escalier qui menait à son étage également. Ne faisant rien pour se séparer du contact du Lycan, elle prit les devants pour les mener au bon escalier. Montant tant bien que mal les marches une a une, elle faisait lentement tourner sa clef dans la serrure et poussa la porte pour s’engouffrer dans l’appartement. C’était elle qui le tira timidement à l’intérieur et récupéra ensuite son poignet d’une secousse. Allant vers sa cantine de pharmacie elle prit d’autres bandages propres ainsi que des compresses et posa simplement son casque accompagné de son mp3 sur le comptoir et retira sa veste ainsi que son débardeur. En sous-vêtements donc elle ‘fonca’ en direction de la sale de bain en marmonnant.




Rabattant la porte elle fourra les bandages dans le lavabo à la hâte, regardant la tête de ceux déjà en place. Une tache de sang apparaissait à la surface, mais le halo d’une tache inférieure se voyait également. Retirant lentement la bande, elle ralentit l’action lorsqu’elle arrivait à la compresse. Hurlant sans le vouloir lorsqu’elle décolla la compresse, elle renchérit sur un ‘merde’ sortant du fond du cœur. La blessure ne saignait heureusement plus, et la demoiselle essuya le sang autour de sa blessure avec une serviette de bain ce qui lui arrachait un gémissement étouffé. Posant une nouvelle compresse sur son flanc, elle n’arrivait pas à faire le mouvement nécessaire à ce qu’elle escomptait faire. Soupirant d’énervement elle colla sa tête sur le miroir et se redressa ensuite, s’éclaircissant la gorge. Ses joues rougissaient déjà rien qu’a l’idée qu’il puisse venir l’aider, alors qu’ile ne se connaissaient absolument pas.




Assez gênée elle se retenait sur le bord du lavabo, s’appuyant sur ses deux bras tendis qu’elle soulageait la jambe droite en étirant sa jumelle. Sur un tout autre plan, elle cherchait à qui ce type lui faisait penser. Il fut un temps où elle lisait les histoires qu’une personne postait sur le net, une espèce de forum où elle entreposait tous ses messages de jeu-de-rôle. Il lui semblait évident que le mutisme du nommé Thanatos -prénom qu’elle ne connait pas encore- avait un point commun avec l’un de ses personnages favoris, et pour cause elle se souvint fort bien d’une tirade. ‘Pourtant tu m’attendrirais presque, toi et tes cheveux de feu, ternis par les années qui t’on lessivées encore et encore. Je te déteste presque autant que je t’apprécie, pourtant tu es tout ce que je fuis. Tu es froid, immobile et discret. Tu le sais, j’aime le démesuré, et -…- , tu es démesurément grand. Tu as tout et rien pour me plaire. Mais chez toi, ce que je préfère c’est ta docilité et ta faculté à te taire..’ Oui, celui-ci était tout à fait comme ça. Doté un quasi mutisme a plein temps visiblement, il ne sourit pas souvent, lui non plus. Agacée par le fait qu’elle ne pouvait pas remettre le nom sur ce personnage, elle oubliait presque la présence de l’immense armoire à glace dans la pièce voisine.