L'éveil [Morgana - Zackiel] [Abandon]

L'éveil - Chapitre Premier

Le regard rivé sur l'horloge posée sur un meuble ancien, Zackiel immergeait d'un sommeil profond et de plusieurs heures. Il n'était pas chez lui, mais profitait du confort de la maison de Patrick, ce profiler qu'il avait rencontré lors d'un entretient avec Martin, son ami légiste. Tentant de remettre de l'ordre dans son esprit tourmenté, il se leva et observa la pièce. Enfin , son regard rencontra celui d'une note. Cette dernière excusa l'absence de Patrick et justifia son absence par un nouveau corps retrouvé. Décidément, cette affaire prenait une tournure des plus sordide. Zackiel, saisit le bic qui avait servit à écrire la note, et en écrit une pour Patrick : "Patrick, merci de m'avoir hébergé, mais il me faut à présent vous laisser, je travaille dés demain, au plaisir de vous revoir"

La porte grinça à son ouverture, le couloir était désert. Pas bien difficile vu l'heure. On aurait pu croire qu'il commanditait dans une sombre affaire ainsi bardé d'une veste large et douteuse. Il marchait dans la rue et ses pas résonnèrent sur un pavé d'époque ou il y a des centaines d'années, des voitures et leurs cheveux empruntaient ses rues larges et surtout bruyantes.

Zackiel avait un peu froid et jugea bon d'augmenter ses foulées et son rythme afin d'arriver rapidement chez lui. Il ne voulait guère s'éterniser dans ce parc, même si il était coutume qu'il aime y traîner les autres jours. Ici, c'était différent, la fatigue le gagnait et il pensait à la journée de demain. Demain ? il ria, on était précisément demain ou du moins c'était le matin déjà.

Il n’était plus très loin de son appartement lorsqu’un bruit le fit sursauter. Aux aguets, il tenta de mettre un visage sur sa peur. Probablement la fatigue. Un bon thé avant de se coucher lui ferait le plus grand bien. Il avait sans doute rêvé ou ça ne devait être qu’un chat ou un quelconque autre animal. Reprenant ses esprits, il poursuivit son avancé vers l’appartement qui siégeait fièrement au bout d’un chemin garnit de chênes centenaire. Il ignora à nouveau le bruit qui vint sur sa droite mais soudain, un terrible malaise s’empara de lui. Le froid envahit son corps sans prévenir. Quelque chose n’allait pas. Tout se passa très rapidement, il sentit une forte pression à hauteur de son cou. Complètement tétanisé, il semblait être l’esclave d’un mauvais rêve. Sa tête lui tournait et il chuta lourdement sur le sol avant d’apercevoir l’espace d’un instant l’ombre d’une femme qui déjà disparut dans les profondeurs de la nuit.

L'ennui... il semblerait qu'il était le pire ennemi de Morgana depuis quelques semaines. Ses affaires marchaient pour le mieux bien que sa vie, elle, restait plutôt monotone. Debout dans l'ascenseur, la femme tout de rouge vêtu attendait sagement que celui-ci finisse de descendre les trente étages de son immense agence. Lentement, elle tourna la tête, fixant son reflet sur l'immense miroir qui recouvrait d'un des murs de la cabine d'ascenseur. Son regard, généralement d'une jolie teinte perlé commençait à prendre quelques zébrures rougeâtres. Un soupir de lassitude s'extirpa des lèvres charnues de la vampire, teintées d'un jolie rouge, son regard perlé, rehaussé d'un trait de eye-liner vint à ses plisser.

La faim. Sans doute l'instinct le plus fort chez un vampire. Tout être vivant quel qu'il soit y est soumit. Morgana, d'un geste lent, réajusta son tailleur, bombant légèrement la poitrine... Ce soir, elle sortait chasser. Dans un bruit de sonnette, la porte de l'ascenseur s'ouvrit doucement, la vampire sortit et s'éloigna d'un pas rapide, démarche sensuelle qui se voulait féline tandis que le bruit de ses escarpins en daim, aux talons aiguilles vertigineux claquaient sur le sol. Une fois hors de l'agence, la splendide créature aux allures de pin-up huma l'air glacé de l'hiver. Pas un passant, rien...elle était seule dans la nuit... Lentement, Morgana glissa sa main dans sa longue chevelure argentée rattachée en une haute queue de cheval, pas un cheveux ne dépassait, comme toujours, la femme était impeccable, ce qui avait pour effet d'en énerver plus d'un, chez les humains comme chez les vampires.

Enfin, une odeur... masculine, peu entêtante et même très agréable. La vampire tourne la tête en direction du parc face à son agence... c'est de là que provenait le parfum, sans attendre, la vampire s'élança, devenant une ombre plongée dans la nuit, un simple courant d'air, rapide, fluide, insaisissable. C'est alors qu'elle le vit... l'humain, seul qui déjà, ne semblait pas rassuré dans ce décor sombre, vide, presque mort à cause de l'hiver. Elle le fixait, sa faim grandissait... mais elle se contentait de le suivre silencieusement. Morgana en profita pour détailler l'inconnu... grand, assez bel homme, il semblait entretenir son physique... beau brun... froussard. Un sourire amusé se dessina sur les lèvres tentatrices de la pin-up, soudain, elle se retrouva derrière l'homme, ses bras passèrent autour de ses hanches tandis que ses canines, aiguisées, vinrent se planter dans sa chair. Morgana n'était pas particulièrement sadique, elle ne faisait jamais souffrir ses victimes et d'ailleurs, elle les laissait toujours en vie. Oui, aussi étrange soit-elle, Morgana avait un certain respect pour la vie, peut importe la forme sous laquelle elle se présentait. Certain de ses congénères prenait ça pour de la faiblesse...

La vampire se délectait du sang chaud de l'inconnu, ses mains fines aux ongles parfaitement manucurés et vernis de rouge se resserrèrent sur son vêtement, ses lèvres effleurèrent la peau de l'humain, si chaude malgré le froid hivernal et revinrent s'y plaquer, la suçotant, la mordillant... Rassasiée, elle se retira et doucement, s'accroupit, allongeant l'homme sur le sol avec une extrême douceur. Il était pâle comme la mort, pas étonnant avec la quantité de sang qu'elle venait de lui pomper. La femme passa la pointe de sa langue à la commissure de ses lèvres rouges et ensanglantées. Elle le fixait... sa main vint repousser une mèches de cheveux qui barrait le visage de l'humain puis vint caresser sa joue. Il semblait si serein ainsi... Morgana avait fait vite, sans douleur et en plus il avait la chance de rester en vie. Elle se pencha, sa longue chevelure glissant par dessus son épaules retomba contre le torse de l'humain toujours inconscient puis doucement, elle posa ses lèvres sur la mâchoire de l'homme, embrassant sa peau en douceur.

Le frêle baiser à peine terminé, la vampire disparut aussi subitement qu'elle était arrivée, laissant l'homme, seul, inconscient dans le froid qui avait eu l'audace d'attirer l'attention de l'originel. Il n'avait pas encore conscience de ce que cela venait d'engendrer, comme cette rencontre bouleverserait sa vie... à jamais.

La tête lourde, la bouche sèche, Zackiel semblait émerger d'un profond sommeil. Mais cela ressemblait davantage à un matin difficile à la suite d'une soirée arrosée. Il n'était pourtant pas grand buveur, mais sa tête était prête à exploser. Serrant ses poings comme pour reprendre le contrôle de ceux-ci, une douleur lui lacéra le dos. Il sentait à peine son corps qui avait du mal à reprendre son activité normale. Il resta un longtemps moment le regard vide à fixer le néant d'un ciel trouble. Il tentait en vain de reconstituer ce qu'il l'avait conduit à cet endroit précis. Le repos chez le profiler, son départ et cette possible agression.

Comme pour répondre à un doute, il entra sa main dans l'ouverture de son pantalon, le porte-feuille y était encore. Sa montre au poignet, sa chaîne. Rien n'avait disparût. Sans doute le passage d'une bande de jeune qui avait cru bon de s'amuser avec lui. Levant sa blouse sous le reflet d'un réverbère, il ne constata pas le moindre hématome, aucune rougeur , pas la moindre trace d'agression. Il se tourna légèrement déversant le contenu d'un estomac vide. Même un simple café était devenu en l'espace d'un instant ingérable par un corps qui exprimait la plainte de diverses façon. Il avait très froid, il tremblait. La migraine diminua un peu, mais la sensation d'avoir été tabassé à mort persista. Enfin, il se releva péniblement, gémissant de douleur lors qu'il demanda la contribution à ses jambes frêles. Il porta un regard interrogateur sur le parc qui n'avait pas changé pour le moins du monde. Toujours ce même aspect sombre et à la fois chaleureux. Décidément, ce n'était pas son jour, il n'irait pas travailler, prétextant une maladie quelconque. Il réfléchit à nouveau aux évènements, il lui avait semblé voir le visage d'une très charmante dame. Mais il doutait, privilégiant la thèse du choc et de la défaillance d'une mémoire qui n'avait plus connu le confort d'un oreiller depuis bien trop longtemps.

Au retour de cette marche nocturne, il poussa la porte et ne prit même pas la peine de se déshabiller, se jetant directement au lit. Une lumière rouge et agressive titilla son attention, deux nouveaux messages. Dans un élan de courage et tout en maudissant cette douleur aux origines méconnues, il parvint à enfoncer ce diable de bouton. Il put entendre comme une voix étouffées, un rire quelconque et quelqu'un qui respire. Le second message était celui d'une femme, cette fameuse rencontre au bar. Posant sa main dans son cou, il tata celui si d'un geste désinvolte avant de s'abandonner à l'étreinte de Morphée.

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