Zackiel mesure 1m 85 pour 70 kg. Il possède un corps relativement svelte et élancé. Détrompez-vous, car malgré cette carrure peu imposante, il n’est guère dépourvu de muscles ; fruit d’un entraînement quotidien et intensif. En effet, il aime particulièrement faire un jogging la nuit tombée sous l’œil mystérieux de la lune. La peau légèrement halée, des yeux de couleurs noir, lui confère un regard sévère voire dur. Une fine bouche qui ne s’est que trop rarement tendue pour offrir un sourire, des traits marqués témoignent d’un certain vécu et d’une grande retenue dans les sentiments. Des cheveux mi- longs noirs aux reflets gris qu’il laisse pousser au gré du vent et dont il se soucie peu de la tenue. Zackiel possède un style vestimentaire qui n’obéit à aucune mode, préférant des vêtements amples qui lui offrent un certain confort. Ayant une certaine affinité avec le froid, le mot pull lui est étranger. Préférant le confort d’un débardeur, d’une fine chemise ou d’un quelconque t-shirt. Il lui arrive également de porter de temps à autre un paire de lunette de soleil de couleur noir pour dissimuler son regard et ainsi se sentir en harmonie dans un style qui lui est propre.

Zackiel est un être banal qui se fond aisément dans la foule. Peu loquace, c’est une personne très discrète. Il vit reclus dans un petit appartement et ne le quitte que quand cela est vraiment nécessaire. Résolument introverti, le contact avec les autres lui est insupportable. Le monde tel qu’il se dessine ne l’intéresse pas. Au fil des années, il a développé une forme de rancœur, de haine envers son prochain jusqu’à en devenir narcissique. Fonctionnaire dans une grande entreprise, il est véritablement exploité et impuissant face à la rigueur d’un patron totalitaire qui le diminue à la moindre occasion. Ce n’est qu’au retour de son travail qu’il peut exprimer son soulagement et s’abandonner à la lecture de nombreux ouvrages jusqu’aux petites heures de la nuit. Zackiel fait partie de ses êtres subissant le joug des autres et qui attendent l’opportunité qu’un futur improbable pourrait leurs offrir. Il n’en reste pas moins une personne imprévisible, calculatrice et prête à tout pour se faire une place de choix dans la société. C’est une personne cultivée qui aime beaucoup la lecture et la musique, marcher seul dans les froides nuits d’hiver et un dessinateur amateur à ses heures. Sans cesse en manque de confiance, il tente de se forger un corps par de nombreuses séances de sport afin de s’affirmer.

Le regard perdu dans les ténèbres d’un appartement aux lumières tamisées, la trotteuse de l’horloge semblait évoluée au ralenti. Avachi dans un vieux fauteuil néanmoins confortable, son regard se baladait au gré entre l’horloge et les pages d’un livre quelconque. La grande aiguille glissa lentement et annonça l’heure. Il était grand temps de quitter l’appartement et ainsi prendre le bus qui le conduirait en enfer, du moins sur son lieu de travail.

Les portes de l’autobus s’ouvrirent sur le sourire édenté mais chaleureux du chauffeur. Zackiel lui rendit à peine son bonjour, préférant au plus vite trouver une place de choix. A peine avait-il pris place que déjà le délicieux silence d’un matin naissant fut troublé par les pleurs d’un enfant. Décidément, l’éducation semblait être le dernier souci de cette mère qui préférait lire le journal. Que dire de ce jeune homme qui grossièrement réprimait ce qui semblait être sa compagne. Quelle que soit la direction de son regard, tout était sujet à l’importuner. Il aurait tant aimé se lever et rendre la politesse à ces odieuses personnes, mais un sursaut de courage lui manquait, comme chaque jour et depuis toujours. Il quitta ce cercueil roulant à l’air confiné et déjà les portes de la société apparurent à quelque mètre de l’arrêt du bus. Il déglutit péniblement comme à son habitude lorsqu’une nouvelle journée débutait.

Une pile de dossiers l’attendait annonçant une journée très chargée. Une main robuste se referma sur son épaule avec vigueur provoquant un sursaut de surprise, une mauvaise surprise. En effet, cette main il la connaissait très bien. Monsieur Halmer : responsable du département économique de la société. Le sourire mauvais, des yeux de fouines et un embonpoint frisant l’obésité. Un être tout simplement abject qui exerçait son odieuse autorité à sa manière : des sarcasmes, des moqueries voire des humiliations.


- Il serait fâcheux que ces dossiers ne soient pas sur mon bureau avant l’inspection.

- Je ….. je ferai aussi vite que possible, comptez sur moi Monsieur Halmer. Dit-il d’une voix troublée.

- Votre possible ? Vous plaisantez j’espère, on ne vous paie pas pour de l’incertain. Dit Monsieur Halmer avec une pointe de menace dans la voix.

- Bien sûr, ce sera fait.

Son bourreau au loin, il put enfin relâcher la tension et le stress accumulé en l’espace d’un instant. Décidément, que lui arrivait-il ? Quand aurait-il enfin le courage de remettre cette immonde chose à sa place. Pour qui se prenait-il. Cinq ans de bons et loyaux services à une société qui engrangeait d’énormes bénéfices non sans exploiter ses travailleurs jusqu’à la dépression et le repos forcé. Il faudrait bien un jour que tout ceci cesse. Ce rythme devenait insupportable, les exigences s’accumulaient bien plus encore que les dossiers. La solidarité n’existait pas entre les travailleurs bien plus inquiets par leur productivité que leur état d’âme.

Zackiel détourna le regard de son écran d’ordinateur pour regarder une vielle photographie : une photo de ses parents. Durant sa plus tendre enfance, il n’avait jamais manqué de rien, il était fils unique d’une famille modeste. Une mère couturière et un père fonctionnaire tout comme lui. Une jeunesse sans trop d’histoire, des études et un travail au salaire alléchant au premier abord mais qu’il ne l’était plus au vu des heures prestées et de la pression exercée. Zackiel avait quitté le doux foyer pour le travail, ne prenant que rarement la peine de donner de ses nouvelles. Il avait en quelque sorte exigé son indépendance et ne voulait plus être le fardeau de qui que ce soit. Ses parents avaient fini par renoncer face à un fils borné et haïssant jusqu’à même son propre reflet.

Il était déjà vingt-heure lorsqu’il endossa en toute hâte son manteau avant de prendre sous le bras la pile de dossiers. Son labeur accomplit, il esquissa enfin un sourire quand il put respirer l’air que lui offrait cette froide nuit d’hiver. Comme à son habitude, il préféra manquer le bus et ainsi admirer un ciel richement étoilé en cette nouvelle lune. Il prit rapidement son repas qu’il avala en quelque bouchée tout en contemplant la vitrine de sa librairie préférée. Il faudrait revenir le lendemain, du moins en espérant quitter le travail bien plus tôt.

Il n’était plus très loin de son appartement lorsqu’un bruit le fit sursauter. Aux aguets, il tenta de mettre un visage sur sa peur. Probablement la fatigue. Un bon thé avant de se coucher lui ferait le plus grand bien. Il avait sans doute rêvé ou ça ne devait être qu’un chat ou un quelconque autre animal. Reprenant ses esprits, il poursuivit son avancé vers l’appartement qui siégeait fièrement au bout d’un chemin garnit de chênes centenaire. Il ignora à nouveau le bruit qui vint sur sa droite mais soudain, un terrible malaise s’empara de lui. Le froid envahit son corps sans prévenir. Quelque chose n’allait pas. Tout se passa très rapidement, il sentit une forte pression à hauteur de son cou. Complètement tétanisé, il semblait être l’esclave d’un mauvais rêve. Sa tête lui tournait et il chuta lourdement sur le sol avant d’apercevoir l’espace d’un instant l’ombre d’une femme qui déjà disparut dans les profondeurs de la nuit.